02/04/2021
_Alien Imaginations_
Alien Imaginations : Science Fiction and Tales of Transnationalism : Ulrike KULCHER & Silja MAEHL & Graeme STROUT (editors) : 2015 : Bloomsbury (série "Film & Medias Studies) : ISBN-13 978-1-62892-115-1 (la fiche ISFDB du titre) : xvii+249 pages (y compris index) : coûte 90.00 GBP pour un petit hc non illustré disponible chez l'éditeur (en petite promo), existe aussi en tp et ebook.
On va faire rapide, pour la modique somme d'une grosse centaine d'euros (c'est quand même un peu moins cher en tp ou ebook), vous avez donc une grosse dizaine d'essais autour du concept de l'Alien (mais plutôt au sens d'étranger que d'extraterrestre). Une bonne moitié des textes n'ont aucun rapport avec la science fiction (malgré le sous-titre de l'ouvrage), le reste émane d'auteurs dont la culture es-SF s'arrête à District 9 ou Avatar (à William Gibson et Ray Bradbury pour les plus cultivés). De Derrida à d'obscurs romans allemands antisémites de la fin du XIXème siècle en passant par Hamlet (de Shakespeare) comme représentation du cyberspace (sérieux !), c'est un immense foutage de gueule perpétré par des universitaires (allemands) inconnus en mal de copie.
Dire qu'il y a au dos de cet ouvrage des recommandations élogieuses de gens aussi pointus que Bould, Rieder ou Vint, cela a de quoi surprendre et amener à se poser la question de savoir s'ils ont vraiment lu le livre. Le seul essai à sauver est celui de McCabe sur le plutôt méconnu roman d'Eleanor Arnason : Ring of Swords et sa société homonormative (les hwarhath). Au final, un truc inutile pour un amateur du genre et, à ce tarif, une belle escroquerie.
Note GHOR : 0 étoile
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04/02/2021
_Cyberpunk_
Cyberpunk : Histoire(s) d'un futur imminent : Stéphanie CHAPTAL & Jean ZEID & Sylvain Nawrocki : 2020 : Ynnis Editions : ISBN-13 978-2-37697-189-4 : 208 pages (y compris bibliographie "sélective" et index) : coûte 29.90 Euros pour un grand tp au format carré largement illustré en couleurs, disponible chez l'éditeur.
Ah, le Cyperpunk ! Comme le Steampunk, ce sous-genre éphémère a toujours eu la grosse cote auprès des amateurs francophones au point même que l'on a pu parfois penser que, pour certains, la SF n'a été à un moment donné constituée que de textes d'inspiration CP. Sans doute est-ce là l'expression de l'inconfort fondamental de la culture française vis-à-vis de ce pur produit US qu'est la Science Fiction.
C'est donc à une promenade dans cette sous-section de la SF que nous convient les trois auteurs (inconnus) de cet ouvrage qui joue clairement dans la catégorie des "beaux livres". Pour toucher un large public, la structure de l'ouvrage est parfaitement claire avec une division en sept parties de taille variable (la partie littérature étant la plus fournie, la partie musique la moins riche) : les origines du Cyberpunk (qui sont essentiellement littéraires), le CP à l'écrit (y compris en BD/mangas/Comics), le CP à la télévision, le CP au cinéma, le CP dans le jeu (surtout vidéo), le CP dans la musique et enfin une conclusion sur le futur du CP. Le tout est très richement illustré (mais pauvrement légendé) et propose un nombre significatif d'interviews de divers acteurs. Un index (trop léger pour être exploitable) et une bibliographie "sélective" (c'est à dire réduite à une petite dizaine de références) complètent l'ensemble.
Le résultat est sans doute conforme au cahier des charges que l'on peut supposer avoir été celui des auteurs : présenter le Cyberpunk dans ses multiples expressions et montrer visuellement sa présence indiscutable dans la culture geek actuelle. C'est parfaitement flashy, d'une mise en page sans doute branchée (la lisibilité est un autre problème), très largement illustré (mais comme d'habitude dans l'édition française sans aucun détail) et assez facile à lire. J'avoue que j'ai quand même eu un gros instant de doute dès les premières pages quand j'ai lu que Van Vogt écrivait de la Hard Science et que Flow My tears de PKD était la suite de Blade Runner. Heureusement, l'ensemble s'est ensuite révélé d'une facture beaucoup plus sérieuse avec des recherches un peu plus approfondies même si quelques membres du "club" CP ont été un peu laissés de côté (on pensera à Pat Cadigan ou à Wilhelmina Baird).
Conceptuellement, il y a deux problèmes avec les positions de cet ouvrage. Tout d'abord, et comme de nombreux interviewés le soulignent, le Cyberpunk est une branche de la SF qui est morte depuis longtemps en tant que mouvement autonome et structuré. Il est donc assez trompeur de vouloir en dresser une chronologie qui s'étend jusqu'en 2020. Comme d'autres mouvements/clubs/courants/sous-genres avant et après lui (de la New Wave à la climato-fiction en passant par le Steampunk ou les mouvements féministes), les spécificités de ce mouvement (ses thématiques, son "ton", ses techniques narratives voire même ses stéréotypes) ont fini par être intégrées dans le discours "général" de la SF et ne sont plus au mieux qu'un des "modes" du genre (et au pire une étiquette commerciale). Du coup, et face à un mouvement défunt, la tentation est parfois de coller systématiquement l'étiquette CP sur tout ce qui passe et qui comporte un ordinateur (ou des bas-fonds). C'est ce choix de "ratisser large" qui a été visiblement fait par les auteurs. Pour eux, un texte CP doit : 1) être situé dans le futur, 2) contenir des ordinateurs et/ou des robots et 3) explorer la thématique d'un monde inégalitaire (souvent suivant l'axe Riches vs. Pauvres). Ces critères particulièrement généraux expliquent comment une large partie de la SF se trouve rattachée au CP par les auteurs. C'est aussi la raison pour laquelle on peut trouver dans cet ouvrage des essais aussi incongrus que ceux sur John Scalzi, Red Dwarf ou Une créature de rêve qui sont respectivement présentés comme un auteur CP, une série télévisée "d'inspiration" CP et un film CP. Au final un ensemble plutôt intéressant et pas mal exécuté (même si un peu fouillis) mais qui donne parfois l'impression dans son désir d'annexer la majorité du genre que la grenouille Cyberpunk a voulu se faire aussi grosse que le bœuf Science Fiction.
Note GHOR : 2 étoiles
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14/12/2020
_Death and the Serpent_
Death and the Serpent : Immortality in Science Fiction and Fantasy : Carl B. YOKE & Donald M. HASSLER (editors) : 1985 (pour l'édition originale) : Greenwood Press (série "Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy" #13) : ISBN-13 978-0-313-23279-4 (la fiche ISFDB du titre) : ix+236 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait plusieurs dizaines d'USD pour un hc non illustré sans jaquette, disponible en neuf en ligne.
Même si les mentions portées sur le livre indiquent une date de publication en 1995, mon exemplaire est visiblement une photo reproduction en POD (via Lightning Source) postérieure comme l'atteste la présence d'un ISBN-13 en 4ème de couverture (à noter aussi un revêtement de couverture brillant et lisse à la différence de l'habitude chez Greenwood). Rassemblé par Yoke et Hassler, deux vieux routiers des ouvrages de référence, ce volume est un recueil d'essais (tous originaux me semble-t-il) autour du thème de l'immortalité tant dans la SF que dans la Fantasy.
Outre une introduction, une bibliographie thématique et un index, l'ouvrage est composé d'une vingtaine d'essais de taille homogène (une dizaine de pages). Sous des plumes parfois connues (les editors eux-mêmes, Barr, Krulik, Siegel) ou venant de novices, les essais proposent divers niveaux d'analyse, allant de la vulgarisation à l'étude d'une oeuvre précise (The Immortals, To Live Forever, Childhood's End) ou d'un cycle (LOTR, Dune) en passant par l'étude d'un auteur (approche qui sous-tend la majorité des textes avec Heinlein, Tiptree, Eddison, Stapledon, Niven, Zelazny) ou d'un thème (Merlin, les elfes, les zombies, les vampires, les communautés féministes).
Comme souvent avec ce type de recueil d'essais par plusieurs auteurs qui est hétérogène par définition, la qualité dépend fortement de l'auteur. L'ensemble est ici de bon niveau avec peu de scories même si certains textes sont parfois datés pour cause d'avancées de la science ou sont plus "énumératifs" qu'analytiques. Mentions spéciales au texte sur To Live Forever de Vance, à l'amusante comparaison entre les elfes de Tolkien et ceux de Warner ainsi qu'à l'analyse de l'immortalité chez Niven un auteur habituellement peu étudié.
On regrettera quand même l'habituelle intrusion du politiquement correct au sein de cet ensemble avec deux textes en particulier, celui de Barr sur les "Immortal Feminist Communities of Women" (on pourra ironiser sur le fait qu'une Feminist Community a de grandes chances d'être composées de Women) qui est un nième rabâchage au sujet de toujours les mêmes textes de Russ, Piercy et Tiptree (avec Merril pour changer) ou celui sur Tiptree dont le rapport avec le thème de ce recueil est particulièrement ténu. Au final un bon ensemble assez varié.
Note GHOR : 2 étoiles
17:02 | 17:02 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
28/10/2020
_Time Machine Tales_
Time Machine Tales : The Science Fiction Adventures and Philosophical Puzzles of Time Travel : Paul J. NAHIN : 2017 : Springer (série "Science and Fiction") : ISBN-13 978-3-319-48862-2 (la fiche ISFDB du titre): xlviii+383 pages (y compris index et annexes) : coûte 21.09 Euros chez l'éditeur (là) pour un tp légèrement illustré qui existe aussi en version e-book (-48864-6).
Sous la plume de Paul J. Nahin (un professeur d'ingénierie américain à qui l'on doit un certain nombre d'ouvrages aux frontières de la science et de la SF ainsi qu'une vingtaine de nouvelles courtes), cet ouvrage est (d'après la préface) une sorte de troisième édition de Time Machines, un titre paru en 1999. Selon Nahin (dans sa longue préface), cette version met moins l'accent sur le côté physique et plus sur la philosophie et la science fiction.
Malgré cela, et de façon encore plus marquée que d'autres titres de la même collection, le résultat reste quand même à la base un gros livre de vulgarisation scientifique et philosophique où les (petits) morceaux de SF ne sont donnés qu'à titre d'illustration des diverses théories ou des divers phénomènes quantiques. Du coup, l'ensemble m'a été particulièrement pénible à lire à cause d'un sujet (le voyage dans le temps en général et pas que les machines à y voyager comme le mentionne le titre) qui se révèle être purement spéculatif et parfois fort peu scientifique et pour lequel la partie SF est juste illustrative de façon ponctuelle.
Si l'on ajoute à cela les petites habitudes de cette collection (des sujets de devoirs à faire, un programme informatique, des nouvelles de l'auteur en bonus...), le tout n'est pas vraiment satisfaisant pour l'amateur de SF que je suis, un ensemble décevant comme parfois avec les titres de Springer qui sont un peu trop à cheval sur plusieurs genres.
Note GHOR : 0 étoile (pas vraiment un ouvrage sur la SF)
17:39 | 17:39 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 0 étoile | Tags : anglais, 0 étoile
12/10/2020
_Representations of Technology in Science Fiction for Young People_
Representations of Technology in Science Fiction for Young People : Noga APPLEBAUM : 2010 : Routledge (Série "Children Literature and Culture" #64) : ISBN-13 978-0-415-98951-0 (la fiche ISFDB du titre) : xv+199 pages (y compris bibliographie et index) : semble coûter une centaine d'USD pour un hc non illustré qui existe aussi en tp et ebook.
Pour être franc, voici un livre auquel je n'ai pas du tout accroché. J'ai même dû m'y reprendre à trois fois pour parvenir à le finir (en le survolant). Ecrit par une spécialiste de littérature enfantine (c'est son seul texte se rattachant à la SF), cet ouvrage vise à montrer le biais anti-technologique qui existe dans la SF pour jeunes adultes des années 1980 à 2010. Divisé en cinq chapitres (dont certains ont déjà été publiés sous une forme différente dans des journaux académiques), le livre aborde divers thèmes majeurs dans la littérature YA : le retour à la nature, le clonage ou la technologie.
Je suis souvent déçu par les titres proposés par Routledge et ce livre ne fait pas exception comme indiqué plus haut. En vrac, parmi mes motifs d'insatisfaction, je citerai :
- un corpus trop étroit (une vingtaine d'œuvres traitées en profondeur), visiblement non représentatif (afin de coller à aux théories de l'auteur) et de plus presque pas traduit en VF.
- une structure en mille-feuilles avec des grosses tranches de théorie littéraire (Baudrillard) ou de puériculture et un mince vernis de SF.
- une absence totale de relation avec le reste de la SF "non-YA" (alors que les passerelles entre ces deux parties du genre sont innombrables).
- une écriture particulièrement pénible à lire, avec parfois une seule (grosse) phrase par paragraphe.
La seule partie relativement intéressante est le court chapitre trois qui essaie de déterminer quelles influences ont les nouvelles technologies sur les techniques narratives "écrites". Par exemple, est-ce que les structures narratives propres aux jeux vidéo (différences entre le "event time" et le "play time") se retrouvent dans certains romans YA ? Ce point aurait sans doute mérité une étude plus approfondie et surtout sortant du cadre trop limité du corpus choisi par Applebaum.
Note GHOR : 1 étoile
16:57 | 16:57 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile