26/06/2009
_Beneath the red star : Studies on international science fiction_
Beneath the red star : Studies on international science fiction : George ZEBROWSKI : Borgo Press (série "I. O. Evans Studies" #9) : 1996 : ISBN-10 0-89370-450-4 : 120 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait une vingtaine d'Euros à l'époque pour un TP (il existe aussi un HC), parfois trouvable d'occase mais assez peu fréquent comme la plupart des ouvrages de cette série.

Cet ouvrage est dû à la plume de George Zebrowski, un auteur de SF assez peu connu en traduction (un roman au Masque qui fait partie d'une trilogie) mais qui a une production non négligeable, une bonne réputation et qui participe à la vie du genre depuis des années. Etant natif de Pologne, il est un peu devenu le spécialiste US de la SF venue des pays de l'Est (il a traduit des textes du Russe), et par extension de la SF non anglo-saxonne (donc y compris Française).

Ce court livre rassemble donc une série de textes de Zebrowski sur cette SF peu connue du public américain. On trouve tout d'abord 6 articles synthétiques (tirés de F&SF pour les cinq premiers) qui listent et commentent les parutions SF traduites au USA sur une année (1974, 1977, 1979, 1981, 1982 & 1987). Suivent trois autres articles qui se concentrent sur quelques titres des Strugatsky et de Lem et qui viennent de sources diverses. L'ouvrage se poursuit par une bibliographie des livres (romans et quelques rares recueils ou anthologies) de SF parus en traduction en Anglais entre 1970 et 1995 et se termine par un index.

J'ai été confronté à plusieurs sentiments à la lecture de cet ouvrage. En premier un drôle d'impression de voir discuter de livres que je connais mais avec des titres bizarres (en anglais), on perd complètement le lien mental avec Le temps incertain quand on lit un avis sur Chronolysis. Ensuite, quand on s'aperçoit que sur une période de 25 ans il s'est traduit en Anglais une petite centaine d'ouvrages (et dans le lot moins d'une vingtaine du Français, essentiellement Barbet et Klein), on mesure bien le côté isolationniste du monde anglo-saxon et la grande asymétrie dans la production et la diffusion du genre. Je n'évoque même pas les allemands ou les italiens.

Malgré tout, c'est un bon petit ouvrage dont on peut surtout regretter la focalisation sur Lem (qui doit remplir à lui seul la moitié du livre), même s'il contient un retour éclairant sur la fameuse affaire homonyme. Un sujet peu traité et qui a, on peut en tout cas l'espérer, à l'époque ouvert les yeux sur l'existence d'une autre SF (mais ne rêvons pas).
Note GHOR : 2 étoiles
10:03 | 10:03 | Recueils de critiques | Recueils de critiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
25/06/2009
_Benchmarks : Galaxy bookshelf_
Benchmarks : Galaxy bookshelf : Algis BUDRYS : Southern Illinois University Press (Série Alternatives) : 1985 : ISBN-10 0-8093-1187-9 : 349 pages (y compris index) : coûtait à l'époque une vingtaine de dollars pour un HC avec jaquette, épuisé.

Cet ouvrage rassemble les écrits critiques de Budrys parus dans le magazine américain Galaxy. Cet auteur de SF, célèbre pour des textes comme Rogue moon, y a tenu une rubrique régulière (à peu près un mois sur deux) de critiques de livres entre 1965 et 1971 où il arrêtera à la fois sous la pression de son travail de publicitaire, de l'usure et de difficultés à se faire payer. Au total, il en aura écrit 54 qui sont donc rassemblées ici avec l'adjonction de deux préfaces et d'une introduction par Budrys. A la fin se trouvent une liste des livres critiqués et un index général.

Il est évident à la lecture que Budrys est un fin connaisseur du genre et que sa plume peut parfois être acérée (certains livres sont démontées en quelques lignes), signe d'une louable exigence vis à vis de la SF. Logiquement, le format choisi ne se prête pas à des analyses en profondeur mais le discours est clair et argumenté et les oeuvres sont bien mises en valeur (ou pas). L'éclectisme de Budrys est un autre point positif puisqu'il ne se cantonne pas seulement aux textes qui risquent de devenir des classiques mais parcourt aussi la production d'oeuvres moins ambitieuses comme des Ace Doubles. Autre côté appréciable pour les francophones, l'ancienneté de l'ouvrage fait qu'une grande partie des oeuvres évoquées par Budrys sont disponibles en traduction.

Cette plongée commentée dans l'état de la SF telle qu'elle était publiée à la charnière des années 70 est au final une promenade bien agréable qui ravivera des souvenirs de lecture aux plus anciens. Seul bémol, un accès peu pratique aux livres critiqués par Budrys (par titre seulement).
Note GHOR : 2 étoiles
10:30 | 10:30 | Recueils de critiques | Recueils de critiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, budrys, 2 étoiles | Tags : anglais, budrys, 2 étoiles
24/06/2009
_The battle of the sexes in science fiction_
The battle of the sexes in science fiction : Justine LARBALESTIER : Wesleyan University Press : 2002 : ISBN-10 0-8195-6527-X : 295 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait à l'époque 20 USD pour un TP au pelliculage défaillant.

Malgré un titre que l'on pourrait trouver un peu racoleur, ce livre est plutôt une histoire croisée du féminisme et de la SF ou du féminisme dans la SF ou plus simplement de la place des femmes dans le genre (ce qui pour l'auteur semble être la même chose). Ce livre utilise comme fil rouge les textes de SF du type "bataille des sexes" pour déployer une histoire commentée de l'évolution du positionnement de la SF sur les problématiques de genre (au sens sexe), à la fois par l'apparition de producteurs féminins et par un changement d'attitude vis à vis des aspirations féministes.

L'ouvrage est divisé en sept volumineux chapitres (entre trente et quarante pages chacun) qui suivent un vague ordre chronologique pour les premiers d'entre eux. Ils tentent de brosser la trame de l'évolution du genre dans son positionnement par rapport aux aspirations féministes tant par l'évolution des mentalités et des textes produits que par l'intégration d'auteurs femmes et/ou de thématiques connotées fémininement. Le sixième se focalise sur le personnage de Alice Sheldon/James Tiptree/Raccoona Sheldon, dont la complexe existence a toujours fasciné les universitaires. Le septième et dernier évoque l'histoire du prix littéraire homonyme pour lequel l'auteur a été jurée. Le livre possède un riche ensemble d'annexes : une comparaison sémantique de deux scènes de baiser (par Cooper et Bond), plusieurs pages de notes, un glossaire, une copieuse bibliographie (une trentaine de pages) et un index.
On sent bien derrière cet ouvrage la quantité importante de travail fournie par Larbalestier. Il faut dire que pour quelqu'un qui en 1992 et selon ses propres dires, se trouvait compétente en SF mais ignorait par exemple qu'il existait des magazines de SF, la marge de progression possible n'était pas négligeable. Elle a donc épluché des quantités de fanzines et de vieux pulps pour pouvoir bâtir son argumentation qui est du coup largement étayée. Son histoire de l'émergence d'une sensibilité féministe au sein de la SF est plutôt consensuelle, donnant la parole tant à Russ qu'à Willis. Elle est d'autant plus intéressante qu'elle plonge aux racines du genre dans le fandom et ne se contente pas des quelques lieux communs habituels sur le machisme éditorial et autres histoires de pseudonymes masculins.

Je suis plus réservé sur la partie relative à Tiptree, qui souffre (maintenant) de la comparaison avec la biographie de Phillips ainsi que sur le Tiptree award qui nous est un peu présenté comme un conte de fées bien gentillet offrant des objets en chocolat (la liste nous en est même fournie) alors que les enjeux de pouvoir et d'influence sur le genre sont au coeur de sa création.
L'impression générale est en fait celle d'un ouvrage assez brouillon avec un plan peu lisible qui multiplie les allers-retours chronologiques et les digressions. Ceci est peut-être dû à la masse d'informations rassemblée par Larbalestier, d'une telle richesse qu'elle prend parfois le pas sur la clarté d'exposition.
Note GHOR : 2 étoiles
11:16 | 11:16 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
23/06/2009
_The ballantine teacher's guide to science fiction_
The ballantine teacher's guide to science fiction : L. David ALLEN : Ballantine : 1976 : ISBN-10 0-345-24621-7 : 346 pages (y compris bibliographie secondaire) : coûtait à l'époque 2 USD pour un PB, se trouve aisément d'occase.

Cet ouvrage est la réimpression d'un titre paru initialement en 1975 (sous la même forme). Il fait partie d'une catégorie d'ouvrages dont il existe au moins un exemplaire en VF (le livret pédagogique d'Aziza/Goimard) et dont le but est de fournir à des enseignants une sorte de cours "clefs en main" sur la SF et ses oeuvres. Malgré tout, ce type de livre reste quand même bien plus fréquent aux USA où l'enseignement de la SF (quel que soit le niveau) est une chose commune parce que s'avérant un bon moyen de "recruter" des étudiants.

Allen nous propose donc ici d'abord une introduction assez classique sur l'enseignement de la SF puis un survol des principales catégories (le genre est ici ventilé en Hard SF, Soft SF, Science Fantasy & Fantasy puis re-divisé plus finement). Suivent quinze chapitres consacrés chacun à l'analyse détaillée d'une oeuvre extraite du catalogue Ballantine (ici pas d'ambiguïté sur la provenance éditoriale des textes choisis, elle est clairement indiquée dans le titre). Les oeuvres abordées sont soit des classiques du genre datant plutôt des années 70 (Ringworld, Rendezvous with Rama, More than human ou The space merchants), soit des romans un peu moins connus (Nerves, The ginger star). On trouve aussi un recueil de nouvelles (le best-of de Weinbaum), une anthologie originale (Stellar 1) et un juvénile (Starman Jones).

Chaque oeuvre est traitée en une vingtaine de pages avec un résumé de l'intrigue (ou des nouvelles), un approfondissement de certains thèmes ou de certaines techniques des auteurs, le tout étant appuyé par des extraits. En prime, une liste de sujets de devoirs ou d'exposés en rapport avec le texte ou sa thématique est fournie pour chaque ouvrage. Le livre se termine par une courte bibliographie secondaire commentée qui liste les quelques habituels titres existant à l'époque (Amis, Aldiss, Knight, Panshin). On notera l'absence d'index et le fait que certaines parties sont reprises d'autres ouvrages de Allen.

Même si les analyses de Allen ne sont pas d'une profondeur énorme et malgré le fait qu'une partie du texte est une simple paraphrase de l'intrigue, c'est un bon petit livre qui pourra intéresser des amateurs qui ne sont pas enseignants. On pourra bien évidemment se passer des parties sur des romans abordés des dizaines de fois (Clarke, Niven, Bradbury, Pohl & Kornbluth) avec des approches parfois plus sophistiquées. Par contre, la couverture de certains textes parfois restés dans l'ombre d'oeuvres nettement plus célèbres du même auteur (Under pressure pour Herbert par exemple), d'écrivains plus confidentiels (Del Rey, Brackett) ou de nouvelles est un plus indéniable.

Pas compliqué, mais sympathique, un ouvrage facile à trouver pour un prix modique, pourquoi s'en priver ?
Note GHOR : 1 étoile
10:58 | 10:58 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile
22/06/2009
_Astrofuturism : Science, race, and visions of utopia in space_
Astrofuturism : Science, race, and visions of utopia in space : De Witt Douglas KILGORE : University of Pennsylvania Press : 2003 : ISBN-10 0-8122-1847-7 : 294 pages (y compris index) : une vingtaine d'Euros en neuf pour un TP.

Tout d'abord, il faut savoir que l'astrofuturisme est un mouvement qui prône la conquête de l'espace comme remède aux problèmes de toute nature (sociétaux, économiques, écologiques...) qui accableront l'humanité tant qu'elle restera confinée à notre bonne vieille Terre. C'est un courant plutôt américain (bien que son homologue ait dû exister en URSS) qui mêle un ensemble d'acteurs très disparates : les gens des fusées (des rêveurs comme O'Neill aux techniciens comme Von Braun), les gens de la SF (qui voient la possibilité de guider le futur), les gens du complexe militaro-industriel (qui voient les ventes possibles), les militaires (attirés par la doctrine du "high ground") ou diverses factions politiques, allant des utopistes aux libertariens tous attirés par la promesse d'un territoire vierge pour expérimenter leurs théories politiques.

Malgré toute cette diversité, ce mouvement a longtemps été très majoritairement composé d'individus de race blanche et de sexe masculin. C'est pourquoi Kilgore a décidé de retracer son évolution face aux tensions sociales liées aux problèmes raciaux ou sexuels (au sens de genre) qui se sont manifestés dans la société américaine depuis la 2GM. Après une très longue introduction (30 pages), il suit les diverses phases des rapports de l'astrofuturisme à ces sujets polémiques. Il le fait à travers sept chapitres dont la plupart se focalisent sur un des acteurs principaux du mouvement. Il commence donc par Lasser (le fondateur de l'American Interplanetary Society), puis aborde Von Braun et l'encombrant héritage nazi, Heinlein et la tradition politique américaine, Clarke et la fin de l'empire, O'Neil et l'espace proche comme banlieue et finit par Bova et ses tentatives d'infléchir l'idéologie parfois réactionnaire du milieu de la SF. Un dernier chapitre ouvre sur l'état actuel du genre et l'émergence d'utopies raisonnées (Steele, Robinson).

Même si c'est un ouvrage sur un sujet assez pointu et peu étudié, qui est de plus parfois (mais pas souvent) seulement tangentiel à la SF, cet ouvrage est une réussite. Fruit d'un travail important qui est bien visible, Kilgore nous offre un éclairage très cru mais nécessaire sur certaines limites du genre qui peine parfois à prendre en compte d'autres aspirations que celles de la petite bourgeoisie technophile, blanche et masculine. Il nous montre bien que la place actuelle des afro-américains et des femmes dans cet univers résulté d'un long processus, parfois de ce qui ressemble à un long combat pour l'égalité.

Ses analyses des positions et des actions de certains auteurs me semblent très pertinentes et n'épargnent personne, voir par exemple son traitement du sexisme chez Heinlein, même si l'on sent une grande admiration ou affection de la part de Kilgore pour tous ces personnages. On appréciera aussi particulièrement le chapitre sur Ben Bova qui décrit bien cet homme assez peu connu mais dont l'influence sur le genre a été certainement plus grande qu'il n'y paraît ou que ne le laisse penser l'histoire de la SF telle que l'on la raconte ici.
Même si l'astrofuturisme à l'américaine n'est pas facilement transposable à la France où la conquête spatiale a longtemps été une affaire non de visionnaires mais de militaires, ce récit de l'évolution d'un rêve est fort séduisant.
Note GHOR : 3 étoiles
10:25 | 10:25 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 3 étoiles | Tags : anglais, 3 étoiles