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03/09/2009

_Critical encounters II_

Critical encounters II : Tom STAICAR (éditeur) : Ungar (série "Recognitions") : 1982 : ISBN-10 0-8044-6876-1 : 165 pages (pas d'index) : coûtait 7 USD pour un TP, existe aussi en HC (-2837-9).

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Cet ouvrage, qui fait logiquement suite à Critical encouters I (que je n'ai pas encore), est un recueil d'essais sur des auteurs et des sujets variés. Il est paru dans une collection consacrée au polar et à la SF et qui mélange des monographies (Chandler, P. D. James, Asimov, Bradbury...) et des ouvrages de ce type. Dirigé par Staicar, il fait appel à des plumes moyennement connues dans le domaine de la réflexion sur le genre (Yoke, Chauvin, Rabkin...).

Ray Bradbury (Ungar).jpg

Ce recueil contient donc neuf essais d'une petite vingtaine de pages chacun. On y trouve, dans l'ordre : Krulik sur deux tomans de Matheson (I am legend & The incredible shrinking man), Salmonson sur les premiers romans de Doris Piserchia, Rabkin sur la rhétorique de la SF, Chauvin sur Watson, Hassler sur The nitrogen fix (un roman de Clement non traduit), Yoke (déjà auteur d'une monographie de l'auteur) sur les mythologies de Zelazny, Alterman analysant Dying inside (Silverberg), McGuire sur l'oeuvre des frères Strugatskty comme histoire de futur et enfin Wendell sur la rebellion dans trois romans de Vonda McIntyre. On remarquera l'absence d'index et le report des notes en fin d'ouvrage (et non en fin d'article ou en bas de page) avec parfois l'inclusion d'une bibliographie.

The nitrogen fix (Ace 1980).jpg

La force de cet ouvrage vient de  sa grande variété. A la fois variété de style d'article avec des réflexions théoriques (Rabkin), des panoramas généraux (McGuire ou Yoke) ou des analyses décortiquant un seul texte (Hassler ou Alterman) mais aussi variété des auteurs abordés et des sous-genres (Hard SF, post-apocalyptique, quasi novellisation...). Chaque intervenant maîtrise son sujet (ce sont souvent justement les spécialistes des auteurs étudiés) et le discours est dans l'ensemble d'un bon niveau tout en restant facile à lire.

The nitrogen fix (Ace 1981).jpg

Il faut aussi louer l'originalité très forte de certains textes qui sont parfois des premières comme par exemple celui sur Piserchia (un auteur qui n'est que très rarement mentionnée) ou celui sur The nitrogen fix qui nous change de la n-ième étude de Mission of gravity, même si ce roman assez moyen ne restera pas dans les mémoires des amateurs de Clement. On pourra juste discuter sur l'essai de Rabkin, parfois assez loin du coeur de genre puisque se concentrant essentiellement sur de la proto-SF (Bacon, Defoe, Dante) et celui de Yoke qui présente un peu trop de similitudes avec son livre sur Zelazny sorti chez Starmont. On regrettera aussi l'absence d'index qui rend difficile la réutilisation de cet ouvrage.

Dying inside (S&J 1975).jpg

Au final un bon petit livre, agréable comme un repas gastronomique fait de plusieurs plats originaux.

 

Note GHOR : 2 étoiles

02/09/2009

_The creation of tomorrow : Fifty years of magazine science fiction_

The creation of tomorrow : Fifty years of magazine science fiction : Paul A. CARTER : Columbia University Press : 1977 : ISBN-10 0-231-04211-6 : 318 pages (y compris index) : coûtait 7 USD pour un TP illustré en N&B, existe aussi en HC qui semble avoir eu au moins trois impressions.

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Présenté par la quatrième de couverture comme une "illustrated history of magazine fiction", cet ouvrage de Paul A. CARTER (un connaisseur du genre, juré du Campbell Award) est plus proche d'une histoire du développement de certains thèmes au travers des pulps (de leur naissance en 1926 au milieu des années 70) qu'une histoire éditoriale des magazines de SF. En gros, on est plus près de Moskowitz (qui cherche à déterminer les filiations des grands concepts du genre) que de Ashley (qui a une approche plus socio-économique de l'évolution de ce secteur de la SF).

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Pratiquement, ce livre est divisé en onze chapitres (dont les deux premiers ne sont pas inédits). Il commence par une sorte de présentation globale de la scène des magazines SF. Suivent ensuite une dizaine de parties qui tracent chacune l'histoire d'un thème particulier (la conquête de la Lune, Hitler et les nazis, les utopies, le post-apocalyptique...) ou de ce que l'on pourrait assimiler à un sous-genre (space-opéra, time-opéra). Cette analyse se fait donc dans l'ordre chronologique et s'appuie sur une certain nombres de textes issus des magazines (pas toujours d'ailleurs comme le montre l'inclusion de The sound of his horn ou Dhalgren) dont Carter montre les changements de perspective ou de préoccupation principale. Un dernier chapitre donne diverses pistes de recherche (bibliographies, ouvrages de référence, collections de magazines conservées par des universités...). Un index thématique clôt ce livre qui est en plus agrémenté d'une vingtaine d'illustrations intérieures reprises des pulps (on en retrouvera certaines chez Sadoul). La reproduction est de qualité et l'impression en N&B correspond bien à leur apparence initiale.

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Il faut bien comprendre que Carter n'est probablement pas dans une démarche historique exhaustive ou synthétique, chose impossible en 300 pages comme le montre la taille atteinte par un tel travail chez Ashley. Il nous convie plutôt à une relecture des trésors que recèlent ces magazines. Ses recherches lui permettent d'ailleurs de bousculer, preuves à l'appui, certaines idées reçues comme le racisme que l'on a toujours affirmé comme étant omniprésent dans les pulps.

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L'impression qu'il reste est celle d'un livre très agréable à lire, qui mélange informations précises, anecdotes et discussions pointues de textes tant connus que plus rares, assez proche dans l'esprit de l'histoire de la SF de Sadoul. C'est aussi un ouvrage qui permet de remettre en perspective des auteurs importants mais maintenant oubliés comme Schachner, Del Rey ou Weinbaum. L'existence récente de textes nettement plus fouillés sur le même thème (Ashley mais aussi Westfahl) font hélas que ce côté "léger" est un peu moins séduisant de nos jours. Pour relativiser cette déception, il faut quand même se souvenir que c'est un livre qui a désormais plus de trente ans.

Fantastic Novels 1948-09.jpg

Note GHOR : 2 étoiles

01/09/2009

_The craft of science fiction_

The craft of science fiction : Reginald BRETNOR (éditeur) : Harper & Row : 1976 : ISBN-10 0-06-010461-9 : 321 pages (y compris index) : Coûtait 10 USD à l'époque pour un HC solide avec jaquette, se trouve d'occasion dans divers pays.

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Malgré les dénégations exprimées sur le rabat de la jaquette, cet ouvrage est à la base un guide pour écrivains aspirants. Effectivement, ce n'est pas un manuel du type "Devenez un écrivain à succès" en dix étapes. Le choix de Bretnor (un des premiers à rassembler un ouvrage d'essais sur le genre avec son précurseur de 1953 : Modern Science Fiction : its meaning and its future) est plutôt de faire profiter à ses lecteurs du retour d'expérience d'écrivains professionnels confirmés du genre. Du coup, la liste des contributeurs ne contient que des auteurs en activité et comporte des noms aussi prestigieux que ceux de Anderson, Ellison, Sturgeon, Pohl ou Herbert.

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Organisé en trois parties principales, l'ouvrage comporte donc 15 essais originaux d'une vingtaine de pages chacun. Les quatre premiers concernent la plutôt la construction du décor, un point essentiel dans la SF en n'oubliant pas une présentation de celle-ci. Les cinq suivants sont consacrés aux sociétés ou aux habitants (humains ou extraterrestres) qui vont peupler ces décors. Enfin, les six derniers essais sont essentiellement des conseils pratiques sur le métier d'écrivain (les marchés, les formats, les termes techniques, les contrats...) avec en particulier un long article de Harlan Ellison sur les techniques d'écriture propres à l'audiovisuel. Un index clôt l'ouvrage.

Ainsi sera-t-il (Marabout 1971).jpg

Comme je le dis à chaque fois que j'évoque un ouvrage de ce genre, je ne suis pas un apprenti écrivain et ne suis donc pas la meilleure personne pour juger des qualités des conseils prodigués dans ce livre. Je puis juste dire que cet ensemble d'essais est assez dense et que, au détour d'un conseil, on peut découvrir des analyses assez fines sur le genre. C'est d'ailleurs assez normal au vu du calibre des plumes convoquées par Bretnor.

The best of Jack Williamson (Del Rey 1984).jpg

Un autre des bénéfices de cet ouvrage est d'obtenir une vision plus "intime" et en tout cas de première main du processus de création de certains écrivains comme l'illustre parfaitement l'essai de Williamson qui, par exemple, détaille bien la genèse de With folded hands... (la nouvelle à la base de The humanoïds). Au final, le simple amateur de SF pourra toujours piocher dans cet ouvrage des informations sur certains auteurs, leur perception du genre ou leur façon de travailler, même s'il ne fait pas partie de la cible directement visée.

Astounding 1947-07.jpg

Note GHOR : 1 étoile

28/08/2009

_Kim Stanley Robinson maps the unimaginable_

Kim Stanley Robinson maps the unimaginable : William J. BURLING (éditeur) : McFarland (série "Critical explorations in SF & F" #13) : 2009 : ISBN-13 978-0-7864-3369-8 : 303 pages (y compris index et bibliographie secondaire) : TP disponible en neuf chez l'éditeur pour 45 USD (http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-3369-8).

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Auréolé de ses nombreux prix, de ses trilogies à succès (Orange County, Mars, Science in the capital), sa double casquette d'Utopiste et d'Ecologiste et patronné par Jameson, il est normal que Robinson intéresse beaucoup les milieux académiques américains. Cet ouvrage est donc le premier qui lui est spécifiquement consacré malgré l'existence d'une foule d'articles à son sujet.

Red Mars (Harper Collins 1983).jpg

Ce recueil d'essais rassemble dix-neuf textes dont seulement cinq sont inédits, le reste ayant déjà été publié dans les endroits habituels du genre et dans les organes de la mouvance Utopiste. D'une longueur très variable (de quatre à une trentaine de pages), on doit ces essais pour partie aux plumes habituelles (Jameson, Luckhurst, Moylan) et pour partie à des enseignants en littérature ou des spécialistes de l'utopie. On notera quand même la présence de l'écrivain de SF John Kessel et du chroniqueur Nick Gevers.

Green Mars (Harper Collins 1994).jpg

L'ouvrage est divisé en quatre parties inégales : 1) "Utopia and alternative history" qui traite du désir utopique chez KSR avec un long article (par Moylan) sur la trilogie Californienne et le seul texte du recueil qui porte sur The years of rice and salt. 2) "Theory and politics" sur les diverses représentations de la politique essentiellement (c'est logique) dans la trilogie Martienne. 3) "Ecology and nature", des courts essais sur les représentations de la nature dont le seul texte sur Antartica. 4) "Interview and select bibliography" qui offre ce qui est annoncé, à savoir une interview de KSR qui date de 1994 et une bibliographie secondaire de trois pages. Un index clôt ce volume.

Blue Mars (Voyager 1996).jpg

Pour être méchant, je dirais que mon avis sur ce livre est le même que celui que j'ai de l'oeuvre romanesque de KSR : "brillant mais ch... comme la pluie". Des pages entières de discussions sur la trilogie Martienne (les deux tiers du livre y sont consacrés) avec force diagrammes aux titres aussi évocateurs que "The actantial mythical model of the Ares debate" ou "A semantic rectangle of the Boone-Chalmers contrast" conjugués à ma lecture assez ancienne de l'oeuvre maîtresse de KSR et multipliés par une police de caractère assez petite ont eu raison de ma patience. Il est clair que la pleine appréciation des analyses parfois hyper détaillées des romans de l'auteur nécessite d'avoir relu récemment les quelques milliers de pages qu'elle représente. N'ayant pas eu ce courage, je n'étais probablement pas en situation de lecture idéale.

The martians (Voyager 1999).jpg

Ce qui est aussi embêtant est cette détestable habitude des écrits universitaires sur la SF qui, dès qu'il s'agit d'un auteur un tant soit peu ambitieux, font en règle générale complètement abstraction du corpus au sein duquel ces oeuvres s'insèrent et dont elles se nourrissent. Si l'on excepte certains (Markley ou Wegner), on pourrait croire que (par exemple) la trilogie Martienne est une oeuvre splendidement isolée et qui n'a donc jamais fait partie du "dialogue sur Mars" des années 85-95. Ce phénomène est un classique qui s'est déjà vu pour des gens comme Le Guin et Bradbury, voire même pour Dick; une volonté de couper l'auteur de racines populaires à base de calmars dans l'espace.

Remaking history (Tor 1991).jpg

Malgré tout, quelques textes sauvent un peu l'ensemble de l'ennui profond qu'engendrent des phrases comme "These syntactical relations having been established, the final step is to interrogate the 'lexematics' (i. e., discursive regularities) of the story, identifying semantic relations among concepts implicated in the text.". Celui de Kessel sur le KSR nouvelliste aurait mérité un plus grand développement ainsi que les rares fois où l'on nous parle des textes moins connus de l'auteur. On mange certes du Mars à toutes les sauces mais il est quand même étrange qu'une novella aussi importante et puissante que A short sharp shock, un texte qui nous montre une autre face de KSR ne soit tout simplement JAMAIS mentionnée dans les 300 pages de cet ouvrage.

A short, sharp shock (Ziesing 1990).jpg

Un recueil d'essais dont l'ensemble ne m'a guère convaincu, sans doute à cause d'un manque de connaissance de ma part des techniques d'analyse littéraire les plus sophistiquées et d'une concentration des auteurs sur une seule facette des talents de Robinson.

 

Note GHOR : 1 étoile

27/08/2009

_Cosmic engineers : A study of hard Science Fiction_

Cosmic engineers : A study of hard Science Fiction : Gary WESTFAHL : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF & F" #67) : 1996 (pour la première impression) : ISBN-10 0-313-29727-4 : 148 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 50 USD pour un HC sans jaquette sur mon exemplaire, qui, au vu de la ligne de chiffres de la page de garde est une deuxième impression.

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La Hard Science est, en bon sous-ensemble de la SF, un sous-genre de celle-ci qui pose exactement les mêmes problématiques de définition. De la même façon que l'on s'amuse depuis des lustres à tenter de définir la SF en une jolie expression synthétique, on essaie (certes depuis un peu moins longtemps) d'isoler les caractéristiques propres à la Hard Science. C'est donc Gary Westfahl qui s'attelle à cette tâche dans cet ouvrage paru chez Greenwood, un des spécialistes de l'édition d'ouvrages de référence, essentiellement à destination des bibliothèques.

SOS Lune (FN 1962).jpg

Organisé en sept chapitres principaux partiellement inédits (ainsi qu'une introduction et une conclusion), ce livre peut se diviser en deux grandes parties. La première est consacrée à la Hard Science "en général" et couvre l'histoire du concept (de Gernsback jusqu'à la fin des années 80), fait participer les auteurs (principalement Hal Clement) en montrant comment ce sous-genre est perçu par ceux-ci et quelles sont les procédures d'écriture qui lui sont propres et revient finalement dans le passé pour découvrir d'autres exemples de HS dans la proto-SF. Cette partie est suivie par trois chapitres consacrés chacun à une oeuvre emblématique : A fall of Moondust (Clarke), Mission of gravity (Clement) et Between the strokes of night (Sheffield). L'ouvrage se termine par une bibliographie (qui ne liste que les ouvrages cités dans le texte et renvoie pour le reste à un article de SFS) et un index.

Between the strokes of night (Baen 1996).jpg

Comme à son habitude le travail de Westfahl est de qualité, mêlant recherches approfondies et opinions tranchées (voire polémiques). Les parties historiques sur l'émergence du concept au sein de l'ensemble plus vaste qu'est la SF sont particulièrement intéressantes et permettent surtout de ce rendre compte du flou générale qui entoure cette notion de HS. Entre SF relativement rigoureuse à la Anderson, extrapolations scientifiques à la Benford et "TP de physique" à la Clement, on trouve un vaste spectre de textes. Du coup, il n'est pas étonnant que HS soit parfois employé comme simple synonyme de SF, la partie devenant alors le tout.

Variations on a theme by sir Isaac Newton (NESFA 2000).jpg

Malgré ses qualités, deux points principaux m'ont gêné dans cet ouvrage. Le premier est d'ordre strictement mercantile, à savoir que 150 pages (dont 30 d'annexes), très aérées et seulement partiellement inédites pour la modique somme de 50 USD représentent un tarif aux limites de l'acceptable. Le second est lié au choix des ouvrages étudiés en profondeur dont deux (le Clarke et le Sheffield) me semblent se situer aux marges de la Hard Science. Un esprit soupçonneux pourrait d'ailleurs penser que l'inclusion du texte sur Clarke (une assez banale histoire d'exploration lunaire proche de l'anticipation technologique) est due au fait qu'il s'agit d'une reprise d'un travail déjà effectué. 

Les naufragés de la Lune (FN 1962).jpg

C'est malgré tout un ouvrage qui offre de nombreuses pistes de réflexion et d'interrogation sur un sujet problématique ("la Hard Science c'est quoi ?") à partir d'éléments factuels et historiques indiscutables.

 

Note GHOR : 2 étoiles