07/08/2009
_A clash of symbols : The triumph of James Blish_
A clash of symbols : The triumph of James Blish : Brian STABLEFORD : Borgo Press (série "Milford Popular writers of today" #24) : 1979 : ISBN-10 0-89370-234-X : 62 pages (y compris bibliographie) : coûtait 3 USD à l'époque pour un TP (existe aussi en HC et en édition limitée).

Pour ce vingt-quatrième opus de la collection de petites monographies de Borgo, Stableford (écrivain britannique et auteur de nombreux ouvrages sur le genre) s'attaque à un autre écrivain/critique/théoricien de la SF : James Blish. Ce dernier a toujours été un personnage un peu à part, à la fois critique féroce (des textes parus sous le pseudonyme de William Atheling Jr., réunis en volume par Advent), auteur d'ouvrages ambitieux (A case of conscience, la série 'After such knowledge') à la réception favorable auprès des amateurs mais sans véritable succès populaire et auteur de textes de commande ou purement alimentaires (y compris des Star Trek) qui rencontreront paradoxalement plus leur public et le feront mieux connaître que ses deux autres activités.

Le livre est organisé en huit chapitres serrés qui balayent la carrière de Blish dans un ordre chronologico-thématique. Logiquement les textes du début sont abordés en premier (dont certains serviront de fondations à des romans ultérieurs). On trouve ensuite des chapitres consacrés à divers ensembles (les textes sur la pantropie rassemblées dans The seedling stars, la série 'Cities in flight') ou a des modes de traitement particuliers du genre (la réflexion avec Beep puis l'aventure avec des romans aux marges du genre comme The frozen year ou The night shapes). Suivent les juveniles (comme Welcome to Mars) et l'oeuvre majeure de Blish, la trilogie 'After such knowledge'. On termine par une courte conclusion et une bibliographie squelettique (EO seulement). Aucun index n'est fourni.

Comme d'habitude, force est de constater qu'il est difficile de rendre justice à un auteur aussi complexe (certains diront torturé) que Blish en une soixantaine de pages. La tentative de Stableford est fort honnête et plutôt objective (il n'hésite pas à égratigner l'auteur) mais ne fait que gratter la surface. On appréciera quand même l'évocation et la discussion d'oeuvres assez méconnues parmi les textes moins ambitieux de Blish (And all the stars a stage, Titan's daughter, etc...), oeuvres qui sont généralement passées sous silence dans les essais sur l'auteur.

Il faut prendre cet essai comme une introduction à un auteur important mais peu facile à cerner de par la multiplicité de ses visages. En ce sens, Stableford accomplit sa mission mais, pour aller plus loin, il faudra alors lire le Blish critique de SF (The issues at hand, More issues at hand et The tale that wags the god) et surtout le massif Imprisoned in a tesseract de Ketterer qui est la principale étude en profondeur sur cet auteur.

On regrettera quand même l'absence d'index et la bibliographie indigente qui nuisent aux utilisations possibles de cet ouvrage.
Note GHOR : 2 étoiles
10:22 | 10:22 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles, blish | Tags : anglais, 2 étoiles, blish
06/08/2009
_Christopher Priest_
Christopher Priest : Nicholas RUDDICK : Starmont House (série "Starmont reader's guide" #50) : 1989 : ISBN-10 1-55742-109-9 : 104 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 10 USD à l'époque pour un PB (existe aussi en HC), la solidité de mon exemplaire est plutôt moyenne et la couverture a mal vieilli.

Ecrit par Nicholas Ruddick, un spécialiste de la SF britannique (on lui doit The ultimate island sur le sujet, voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/01/06/ultimate-is...), cet ouvrage fait partie de la longue série de monographies d'auteurs de SF publiées par Starmont. On notera que lors de la sortie de cet ouvrage Priest n'était pas aussi connu (ou à la mode) que de nos jours, particulièrement pour le public français, ce qui n'est guère étonnant vu qu'il fait partie de ces auteurs de SF qui ont une étrange relation d'amour/haine avec le genre, le quittant régulièrement à grand fracas pour toujours finir par y revenir (comme Malzberg ou Silverberg).

Cet essai suit le format habituel des monographies Starmont, à savoir qu'il contient parties suivantes : une chronologie; une courte biographie rédigée; plusieurs chapitres de moins d'une dizaine de pages consacrés chacun à un des sept romans de l'auteur existants à la date d'écriture de l'essai; un chapitre spécifique pour les nouvelles; une courte conclusion; une bibliographie commentée complète (fiction, non-fiction et secondaire) comprenant entre autres des extraits des nombreux textes de Priest sur le genre; un index termine le tout.

Je trouve que cet ouvrage est l'un des meilleurs de la série. Tout d'abord parce que le relativement faible nombre de textes écrits par Priest (à l'époque seulement sept romans et moins d'une trentaine de nouvelles) permet de passer en revue toute son oeuvre malgré un format assez limité en taille; ensuite par le fait que Ruddick maîtrise bien son sujet et que son discours permet bien de décrypter, au-delà de la fiction, les prises de position de l'auteur vis à vis du genre et de son évolution; enfin par la qualité des annexes, dont on louera la bibliographie secondaire, remarquable et extrêmement informative justement sur ces prises de positions.

Outre ses qualités intrinsèques, ce livre est donc une très bonne base de départ pour appréhender la partie ancienne de l'oeuvre de Priest et ce qu'il ne dit pas, par exemple pourquoi l'auteur a presque arrêté d'être publié entre 1984 (The glamour) et 1990 (The quiet woman), ou qu'il développe peu (son reniement du genre) est riche d'interrogations passionnantes que l'on regrette seulement de ne pas voir abordées faute de place.
Note GHOR : 3 étoiles
10:20 | 10:20 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 3 étoiles, priest | Tags : anglais, 3 étoiles, priest
04/08/2009
_The science fiction handbook_
The science fiction handbook : M. Keith BOOKER & Anne-Marie THOMAS : Wiley-Blackwell : 2009 : ISBN-13 978-1-4051-6205-0 : 348 pages (y compris index et annexes) : 72 Euros chez l'éditeur pour un HC avec jaquette (http://eu.wiley.com/WileyCDA/WileyTitle/productCd-1405162...), existe aussi en PB.

Il s'agit là d'un ouvrage d'un type assez classique, à savoir celui des introductions un peu sophistiquées au genre (par opposition à des livres plus simples, généralement plus courts et plus illustrés). Ses auteurs sont deux professeurs d'anglais (au Texas pour l'une, dans l'Arkansas pour l'autre) qui, pour Brooke, ont déjà plusieurs ouvrages sur la SF à leur actif (plutôt orientés cinéma et télévision).

Le livre est divisé en quatre parties inégales : une brève (10 pages) histoire de la SF dans la culture occidentale, un bref (ce sont les termes des auteurs, il fait une centaine de pages quand même !) survol des divers sous-genres de la SG (Cyberpunk, Space Opéra, Dystopie...), dix-neuf fiches (deux pages) sur des auteurs "représentatifs" (on va dans l'ordre alphabétique de Asimov à Wells) et vingt discussions de textes individuels (par ordre chronologique de The time machine à River of gods en passant par Snow crash) qui occupent une centaine de pages.

L'ouvrage offre plusieurs annexes : un glossaire détaillé qui explique bien (parfois en une bonne dizaine de lignes) les principaux termes (fix-up, steampunk), concepts (cognitive estrangement, cautionary tale) ou éléments marquants (Astounding Science fiction, Worldcon) du genre; une bibliographie sélectionnée copieuse et riche en ouvrages de référence et un index thématique.

Sur la forme, il n'y a pas grand chose à reprocher à cet ouvrage qui remplit parfaitement le contrat de présenter la SF (du moins celle de ses auteurs, voir plus bas) et ses multiples facettes (sous-genres, styles, chapelles, écoles, périodes historiques...), le tout avec un discours clair et argumenté et des analyses (tant des oeuvres que des auteurs) pertinentes. Mon souci est sur l'image de la SF qui est donnée, image que je trouve peu conforme à la réalité. Par leurs choix d'auteurs discutés et d'oeuvres passées en revue, ils décrivent une SF que l'on pourrait voir comme un peu trop idyllique. En effet les sensibilités présentées sont parfaitement et strictement multiculturelles, mutli-ethniques, écologiques, anticapitalistes, feministes, lesbiennes, homosexuelles, tolérantes, post-colonialistes, humanistes, pacifistes, etc...

Par exemple, on a, sur les 19 écrivains représentatifs de toute l'histoire du genre (c'est le terme utilisé par les auteurs), 3 auteurs afro-américains (Butler, Delany et Hopkinson), une proportion tout simplement irréaliste. Dans le même ordre d'idée, on pourrait croire que la majorité des textes de SF récents sont écrit dans une perspective féministe ou que le militarisme a complètement disparu du genre. Cette vision très particulière de l'état du genre peut être résumée par un petite recherche sur l'index où l'on découvre que Baxter n'est cité qu'une seule fois (pour The time ships dans l'article sur le Time Opéra) alors que Piercy l'est pas moins de quatorze fois (elle fait d'ailleurs partie des "auteurs représentatifs" et Woman on the edge of time fait partie des oeuvres analysées). Je ne peux cautionner une telle vision du genre, certes bien propre sur elle (pour ne pas dire PC) mais simplement trompeuse.

Il est clair que chacun voit sa propre version du vaste ensemble protéiforme qu'est la SF, mais il est difficile de voir dans cet ouvrage une image objective de l'état du genre. Cela n'ôte rien à ses qualités ni à la pertinence de ses analyses mais le rend trop biaisé pour être complètement satisfaisant.
Note GHOR : 2 étoiles
09:32 | 09:32 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
03/08/2009
_Other spaces, other times_
Other spaces, other times : Robert SILVERBERG : Nonstop Press : 2009 : ISBN-13 978-1-933065-12-0 : 199 pages (y compris index et bibliographie) : 30 USD pour un HC format carré abondamment illustré (disponible chez l'éditeur : http://www.nonstop-press.com/).

Cet ouvrage est une sorte d'autobiographie de Robert Silverberg. Je dis une sorte parce qu'il s'agit en fait d'une compilation des écrits existants de Silverberg qui ont une connotation biographique. Sont donc rassemblés ici des éditoriaux, des introductions à des nouvelles et une mise à jour datant de 1998 de son récit autobiographique (Sounding brass, tinkling cymbal) paru initialement dans Hell's cartographers.

Cet ensemble est organisé en quatre parties très inégales : "Beginnings" (la jeunesse de l'auteur), "On writing SF" (des focus sur certains textes précis), "Autobiography" (la mise à jour de son autobiographie officielle) et "Miscellany of a life" (sujets divers). Ces textes de Silverberg sont suivis par une copieuse bibliographie (à la mesure de la productivité de l'auteur mais néanmoins partielle) organisée de façon classique, à savoir avec une partie pour les livres (romans, recueils et non fiction) et une partie pour les nouvelles. On notera une couverture géographique assez variable qui ne traite que certaines traductions (VF par exemple). L'ouvrage se termine par un index et le tout est magnifiquement illustré par de nombreuses reproductions (moitié couleurs, moitié N&B) tant de couvertures des diverses éditions internationales des textes de l'auteur que de photos ou documents personnels.

Il est toujours très intéressant de pouvoir lire les propos d'un auteur sur sa propre carrière, puisque c'est souvent riche d'enseignements de première main (évidemment). Silverberg étant de plus un raconteur d'histoires né, ce livre se lit avec facilité et plaisir. Bien sûr, on regrettera que certains épisodes clés soient un peu escamotés (on pensera à son départ théoriquement définitif du genre dans les années 70, son premier mariage ou ses relations avec Randall Garrett) et un ton général dont la modestie n'est pas le point fort (on croirait parfois lire du Asimov), mais ce qui gêne le plus la lecture est le côté épisodique de l'ensemble. Cette succession de textes écrits en des occasions diverses sur plusieurs décennies n'évite pas les redites et manque surtout d'une vraie ligne directrice autobiographique, certes classique mais éprouvée. En fait, il aurait mieux valu que Silverberg reprenne sa troisième partie et l'enrichisse plutôt que de se livrer à ce collage de divers documents qui a surtout dû lui demander nettement moins de travail.

Autre point regrettable, la bibliographie fournie est difficilement exploitable. Incomplète (des éditions sont omises tant en VO qu'en VF), parfois erronée (on y lit par exemple pour la VF que les J'ai Lu sont des HC), elle souffre surtout de l'absence de choix clairs dans ce qui est couvert (tout ? les premières éditions ? les premières éditions par pays et format ?...) et d'un niveau de détail variable (certains textes sont commentés, d'autres non). C'est donc une partie importante du livre (une trentaine de pages) qui est à la fois inutilisable pour faire de la recherche parce que manquant de fiabilité et de précision mais qui est alors presque trop détaillée pour un simple listing. En fait cela ressemble plus à la compilation du contenu d'une bibliothèque (celle de l'auteur ?) qu'à un travail de fond.

Tout cela ne doit pas faire oublier que c'est un ouvrage qui se lit bien et qui apportera à ceux qui n'ont pas déjà lu Silverberg sur lui-même un éclairage bienvenu. En plus, physiquement l'ouvrage est très beau, solide, agréable à manipuler et comporte de magnifiques illustrations. Ce n'est pas la biographie définitive de l'auteur mais un bon moment à passer avec lui.
Note GHOR : 2 étoiles
13:18 | 13:18 | Biographies & autobiographies | Biographies & autobiographies | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles, silverberg | Tags : anglais, 2 étoiles, silverberg
08/07/2009
_The Cambridge companion to Science Fiction_
The Cambridge companion to Science Fiction : Edwards JAMES & Farah MENDLESOHN (éditeurs) : Cambridge University Press : 2003 : ISBN-10 0-521-01657-6 : 295 pages (y compris index) : se trouve chez l'éditeur (http://www.cambridge.org/catalogue/catalogue.asp?isbn=978...) pour une vingtaine d'Euros pour un TP, existe aussi en HC.

Cet ouvrage fait partie d'une longue (leur liste fait plusieurs pages) série de livres qui ont pour but d'offrir une présentation validée par l'université de Cambridge (donc sérieuse) sur les sujets les plus divers liés à la littérature. Sous la direction de James et Mendlesohn, deux spécialistes britanniques du genre, c'est donc la SF qui est abordée dans ce volume. Après une préface et une introduction, ce guide est divisé en trois parties principales d'inégale importance :
- "The history" : raconte l'histoire du genre, divisée pour la littérature en quatre chapitres (proto-SF, ère des magazines, new-wave et SF depuis 1980) ainsi qu'un chapitre sur le télévision et le cinéma et un sur le rôle des "editors".
- "Critical approaches" : passe la SF au prisme de plusieurs approches critiques habituelles dans les milieux universitaires (marxisme, féminisme, post-modernisme et queer-theory).
- "Sub-genres and themes" : un sorte de catalogue des principaux sous-genres (Hard-SF, SO, Uchronie...) et des principales problématiques abordées ou révélées par la SF (genre, race, politique, religion).
Le livre se termine par une longue (dix pages) et très intéressante liste d'ouvrages de référence à consulter pour approfondir ses connaissances, organisée suivant les mêmes divisions, à cela s'ajoutent un index et une chronologie.

La liste des contributeurs se lit comme un Who's who du monde (plutôt britannique) de la réflexion sur le genre. On y retrouve toutes les pointures habituelles dans leurs domaines de prédilection avec (liste non exhaustive) des gens comme Stableford (proto-SF), Clute (SF actuelle), Csicsery-Ronay (analyse marxiste), Westfahl (Space Opéra), MacLeod (politique)...

Il n'y a pas grand chose à reprocher à cet ouvrage qui remplit parfaitement son objectif de fournir une introduction au vaste ensemble qu'est la SF. L'érudition et la compétence des intervenants assurent un discours structuré et sans faille qui offre un vrai plaisir de lecture. Il est évident que le tout est forcément schématique, ce qui est normal quand on est forcé de résumer l'histoire du genre en une soixantaine de pages. Cette contrainte de format explique aussi probablement le survol de certains sous-genres (Cyberpunk, Time-Opéra, Science-Fantasy...) ou de certaines approches (Critical Theory).

Outre le fait qu'il soit trop court, le seul reproche que l'on pourrait faire à ce livre est l'espace dévolu aux théories critiques (une cinquantaine de pages) à la mode ou en odeur de sainteté actuellement, qui ne sont pas indispensables sur une telle longueur dans un ouvrage d'introduction. Il n'en reste pas moins l'un des meilleurs et des plus récents de son type. Pour ne rien gâcher, la copieuse bibliographie fournie est une mine d'idées de lecture ou de pistes de recherches.
Note GHOR : 3 étoiles
10:09 | 10:09 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (3) | Commentaires (3) | Tags : anglais, 3 étoiles | Tags : anglais, 3 étoiles