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06/05/2009

_All our yesterdays : An informal history of science fiction fandom in the 1940s_

All our yesterdays : An informal history of science fiction fandom in the 1940s : Harry WARNER Jr. : NESFA Press : 2004 : ISBN-10 1-886778-13-2 : 299 pages (y compris index, glossaire et paratexte divers) : une trentaine d'Euros pour un HC avec jaquette qui s'achète chez l'éditeur (www.nesfa.org/press/).

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Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage est une histoire du fandom des années 40. Il se place donc chronologiquement avant A wealth of fable (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/02/17/a-wealth-of...) qui couvrait les années 50. Divers éléments permettent de préciser qu'il s'agit là de la réédition d'un ouvrage de 1969 auquel l'équipe de la NESFA n'a apporté qu'un minimum de corrections. Par contre, elle a ajouté nombre de photos d'époque, tant des personnages évoqués que de copies de documents (fanzines, affiches, couvertures).

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Le plan de l'ouvrage est assez complexe puisqu'il semble à première vue être divisé en une dizaine de parties mélangeant une approche soit chronologique (les fans dans la 2GM), soit géographique (les fans par région ou pays où l'on peut même croiser Georges H. Gallet), soit thématique (les APA, les conventions). On s'aperçoit en réalité que le mode d'organisation principal de ce livre est basé sur une suite de bibliographies des principaux fans (une cinquantaine), la fusion de cet ensemble de destins individuels donnant une vue globale des débuts du fandom.

Il s'agit là bien évidemment d'un témoignage de première main mais dont il faut se rappeler qu'il a été rédigé des années après. Il sera donc utile de prendre avec des réserves la relation de certains faits par Warner puisque d'autres sources peuvent différer. Cet ouvrage est toutefois une véritable mine d'anecdotes sur des gens dont certains deviendront des acteurs majeurs du genre ou sur des affaires (le mystère Shaver par exemple) qui pourraient paraître ridicules mais dont les répercussions seront importantes.

Fantasy commentator Spring 1953.jpg

En tout cas cette plongée dans le temps montre que le fandom (de SF ou autre) reste toujours le même. Les outils changent, les personnes vont et viennent, le genre lui même évolue mais la passion est toujours là avec son cortège d'amitiés fidèles ou de haines tenaces, ses monuments, ses complots, ses vengeances ou ses triomphes. Tous ces gens ont beaucoup donné de leur temps, de leur énergie ou de leur argent pour un genre en lequel ils croyaient, ce livre est un juste hommage qui leur est rendu.

Parfois un peu embrouillé, ce témoignage ne peut que passionner la (petite) frange des historiens du genre, les autres y gagneront un aperçu de cette bizarre sous-culture d'une sous-culture.

Note GHOR : 1 étoile

05/05/2009

_Aliens : The anthropology of science fiction_

Aliens : The anthropology of science fiction : George E. SLUSSER & Eric S. RABKIN (éditeurs) : Southern Illinois University Press (série Alternatives) : 1987 : ISBN-10 0-8093-1375-8 : 243 pages (y compris index) : une vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

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Sous une des couvertures les plus laides que l'on ait jamais vues, cet ouvrage est (encore) le recueil des minutes de la J. Llyod Eaton Conférence. Il s'agissait là de la 8ème édition de ce rassemblement d'universitaires, édition qui a eu lieu en 1986.

Les 17 essais qui composent ce volume tournent autour du concept de l'Alien. L'ouvrage est divisé en trois parties :

- "Searchings : The quest for the alien" qui traite du problème général de la représentation de l'alien et en fait une typologie.

- "Sightings : The alien among us" étudie les cas où les aliens sont parmi nous, que cela soit de véritables ETs, des supermen ou qu'ils soient simplement issus d'autres cultures.

- "Soundings ! Man as the alien" est la suite logique de la partie précédente et nous montre l'homme comme l'inconnu, le seul alien qui existe peut-être véritablement.

Les auteurs des essais se divisent encore une fois en les trois catégories usuelles, les auteurs de fiction (ici Niven, Benford, Greenland), les habitués (les deux éditeurs, McConnell) et les "intérimaires". La participation francophone est confiée à Pascal Ducommun (de la Maison d'Ailleurs).

Enemy mine (Tor Double 6).jpg

Avec un sujet aussi vaste que l'Alien (qui est quand même une des figures centrales du genre), et si l'on étend comme ici le concept à l'aliénation sociétale, on aboutit forcément à un traitement plutôt impressionniste du thème.

Cet ouvrage part donc un peu dans tous les sens avec toutefois (c'est suffisamment rare pour être noté) une certaine discipline des intervenants qui basent à peu près tous (sauf McConnell) leur réflexion sur des oeuvres appartenant clairement à la SF. On papillonne donc entre les vrais aliens de Clement ou de Rosny et les aliens plus "culturels" de Neuromancer.

Starlight (Del Rey 1978).jpg

Malgré tout, l'étendue du thème choisi et la multiplicité des approches possibles de l'altérité font que certains essais induisent une sorte d'effet "catalogue" (les sortes d'aliens, la liste des aliens chez Wells, les images du dragon dans la SF US, la typologie des monstres au cinéma...) qui rend la lecture un peu répétitive.

Au final peu de scories (seules certaines tentatives humoristiques tombent à plat en ce qui me concerne) et un moment intéressant à passer pour un ouvrage qui aurait plutôt tendance à ouvrir l'appétit plutôt qu'à rassasier l'amateur.

Note GHOR : 2 étoiles

04/05/2009

_Mindscapes : The geographies of imagined worlds_

Mindscapes : The geographies of imagined worlds : George E. SLUSSER & Eric S. RABKIN (éditeurs) : Souther Illinois UNiversity Press (série Alternatives) : 1989 : ISBN-10 0-8093-1454-1 : 302 pages (y compris index) : une vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

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Ce volume fait partie de la série des minutes de la J. Llyod Eaton Conférence, un rassemblement thématique d'universitaires autour de la SF et de la Fantasy qui a lieu aux USA tous les ans. Sont recueillis ici 18 essais (+ 4 addenda) parmi ceux qui ont été présentés lors de la 9ème conférence (en 1987). Le thème était cette année-là les paysages mentaux, chose que l'on peut comprendre de multiples façons, que ce soit comme la cartographie de l'imaginaire au sens strict ou comme la simple géographie fictive.

Les textes présentés sont d'une longueur assez hétérogème (de huit à trente pages) et sont signés des trois catégories d'intervenants habituelles : les auteurs de SF (ici Anderson, Brin et Benford), les spécialistes du genre (Westfahl, Hassler) et les autres universitaires. On notera même la présence française parmi eux de Pascal J. Thomas.

D'une façon encore plus aigüe que d'habitude, il serait vain de chercher un fil conducteur à cet ouvrage (le préface est d'ailleurs assez elliptique sur ce sujet). Cela va d'un recensement des stations spatiales dans le genre (Westfahl qui recycle une étude qui lui a été commandée par la NASA) à une analyse de l'immortalité dans l'oeuvre de Card (Collings) en passant par une réflexion sur les contes pour enfants (Lee) et une lecture serrée de L'île de béton (Lutz).

Espoir-du-cerf (Denoel 1996).jpg

Paradoxalement, c'est un peu ce côté touffu qui fait une partie de l'intérêt de cet ouvrage. Bien sûr il y a les habituels textes dûs à des extérieurs au genre qui enfourchent leurs dadas favoris que ce soient la poésie italienne (en VO) ou Shakespeare (McConnell). Il y a aussi les tentatives alambiquées et vouées à l'échec comme celle de Slusser. Ce dernier tente une analyse de certains livres de SF d'après leur couverture. Outre la curieuse idée de traiter d'un tel sujet sans fournir aucune illustration, le fait qu'il s'agisse de couvertures de Powers, illustrateur célèbre pour ses dessins sans aucun rapport avec le texte (qu'il ne lisait même pas) ou de la même période (voir ci-dessous un des livres évoqués par Slusser) montre le côté futile de la chose.

Driftglass (Signet 1971).jpg

Malgré ces quelques loupés, les textes sont pour la plupart assez intéressants. La variété des approches (L'hypothèse Gaia en SF, les cités futures, l'utilisation des neurosciences dans le genre...) et la qualité des intervenants rendent donc au final l'ouvrage plus agréable à lire que les autres de la même série, et ca malgré l'absence d'unité thématique.

 Note GHOR : 2 étoiles

30/04/2009

_Who shaped science fiction ?_

Who shaped science fiction ? : Robert SABELLA : Kroshka Books : 2000 : ISBN-10 1-56072-520-6 : 281 pages (pas d'index, bibliographie secondaire) : une vingtaine d'Euros en neuf pour un HC.

Who shaped science fiction.jpg

Pour cet ouvrage, l'auteur est parti d'une idée très originale. Plutôt que de faire une n-ième liste des 100 meilleurs auteurs ou des 50 meilleurs livres ou des 350 meilleures nouvelles, pourquoi ne pas essayer de déterminer quels ont été les 100 personnages les plus influents de la SF, sachant qu'il s'est délibérément restreint à une perception américaine du genre. Histoire de corser la difficulté, Sabella a en plus décidé de classer ces 100 acteurs du genre par influence décroissante.

Ces principes nous donnent donc un ouvrage au schéma assez simple. Il y a exactement 100 articles classés par ordre d'importance, du premier et plus important (John W. Campbell) au centième (Kim Stanley Robinson). Chaque entrée consiste en une mini-biographie de la personne (entre une et deux pages) suivi d'une mini-chronologie (une demie-page). La biographie est clairement orientée afin de permettre au lecteur de comprendre pourquoi son sujet est crédité d'une influence sur le genre. Sabella inclut dans ses 100 sélectionnés des auteurs (la grosse majorité), des éditeurs, des rédacteurs en chef, des cinéastes ou des hommes de télévision, assurant ainsi une couverture large du genre. En seule annexe, on notera la présence d'un bibliographie secondaire squelettique (voir plus bas).

La machine suprême (RF 1963).jpg

Ma première réaction à ce livre a été de trouver l'idée excellente, particulièrement originale et courageuse, la plupart des best-of de ce type n'osant jamais aller jusqu'au classement réel.

Bien sûr, on pourra toujours discuter justement de ce classement dont je vous livre les dix premiers : 1) Campbell, 2)Wells, 3)Heinlein, 4) E. R. Burroughs, 5) Gernsback, 6) E. E. Smith, 7) Verne, 8) Stapledon, 9) Wollheim et 10) Clarke. En ce qui me concerne, je le trouve parfaitement cohérent avec la perception du genre (de son histoire, de ses mouvements ou de ses fondateurs) telle qu'elle est aux USA. Par exemple, à la différence de la France, les éditors y ont été beaucoup plus influents (on en trouve logiquement trois dans les dix premiers). On peut aussi noter l'ombre de RAH et d'auteurs prisés des américains. On sera donc surpris si l'on compare avec la situation de la SF traduite en francophonie de ne trouver Dick qu'en 15ème place, Van Vogt en 69ème et Vance en 70ème alors que leur influence sur le genre est, chez nous, nettement plus marquée.

Le dieu venu du Centaure + bandeau (OPTA 1974).jpg

Je suis nettement plus dubitatif en ce qui concerne les entrées elles-mêmes. Pour être franc, elles m'ont fait l'impression, à la lecture, de n'être constituées que de collages de divers éléments d'analyse ou biographiques pris çà et là dans une minorité d'ouvrages de référence. Cette regrettable impression est hélas confirmé par la bibliographie des ouvrages utilisés qui se réduit à une petite demie-douzaine d'ouvrages (le C&N, Trillion year spree, le 20th century SF writers de Curtis Smith et les oeuvres complètes de Sam Moskowitz). Les notes relatives à chaque article confirment d'ailleurs le fait que quasiment aucune autre source n'a été utilisée.

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Même si ces sources sont généralement excellentes (on mettra un bémol pour les Moskowitz), je trouve un peu dommage que Sabella ne soit pas allé plus loin que la paraphrase. Il ne manque pourtant pas d'ouvrages pointus sur ces cent personnes, ouvrages qui auraient pu permettre à l'auteur (s'il les avait synthétisés) de faire la différence en apportant sa propre analyse.

Au final un ouvrage décevant (il y a aussi quelques erreurs comme le fait de parler à longueur de livre de Brian STAPLEFORD) gâchant une bonne idée par une réalisation trop superficielle même si son classement est parfaitement valable. Il peut être utilisé pour faire découvrir rapidement les principaux acteurs du genre mais n'est pas assez fouillé pour permettre d'aller beaucoup plus loin.

Note GHOR : 1 étoile

28/04/2009

_Alien encounters : Anatomy of science fiction_

Alien encounters : Anatomy of science fiction : Mark ROSE : toExcel : 1999 : ISBN-10 1-58348-533-3 : 216 pages (y compris index et notes regroupées en fin de volume): Quelques Euros pour un TP.

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Tout d'abord, il me paraît important de préciser que cet ouvrage là est en fait une ré-impression (non modifiée) d'un essai publié initialement en 1981 aux presses universitaires de Harvard (il s'agit visiblement d'une photo-reproduction de l'ouvrage original). En effet, la réflexion de Mark Rose, un des théoriciens de la SF de l'époque est fermement ancrée dans les années 70.

Cet essai est basé sur l'idée que le paradigme de base de la SF est l'aliénation, un terme qui se prête bien à diverses interprétations, celle littérale de rencontre de l'autre et celle plus sociétale developpée par Marx ou Freud.

Après un premier chapitre qui, exercice habituel, tente de définir le SF (ici un genre en opposition mutuelle avec le réalisme et la fantasy) et d'en brosser un historique (qui pour Rose ne commence pas à Frankenstein mais plus tardivement en fin du XiXème siècle), l'auteur va développer son paradigme dans le deuxième chapitre ("Paradigm"). Pour l'illustrer, il va ensuite l'appliquer à plusieurs classes d'objets, ce qui donne quatre chapitres qui abordent donc successivement les possibles aliénations par rapport à la nature ("Space"), à l'histoire et aux processus historiques ("Time"), à l'automatisation ("Machine") et par rapport à soi-même ("Monster").

Frankenstein (Marabout 1971).jpg

Globalement la réflexion de Rose n'appelle guère de critiques quand on la replace dans le contexte de la réflexion sur la SF de la fin des années 70, période où elle en est à ses débuts théoriques (Suvin, Wolfe). Les deux premières parties sur la constitution du genre sont d'un fort bon niveau et apportent des idées novatrices sur les processus à l'oeuvre dans la création d'un nouveau genre et son évolution (en trois temps pour Rose). La technique de récupération après-coup de grands anciens (Cyrano, Swift) est particulièrement pertinente.

En ce qui concerne le thèse centrale de Rose (la SF comme littérature de la rencontre avec l'autre), elle est assez classique pour être considéré comme pertinente même si elle conduit l'auteur à des classifications parfois arbitraires. Ceci conduit les derniers chapitres à parfois être plus une liste des variantes d'un même thème qu'une réflexion clairement dirigée.

Ce côté un peu "catalogue" peut paraître artificiel mais il faut reconnaître à Rose une grande varité dans le choix de ses exemples. Toutes les facettes du genre sont convoquées, tant en matière de médias (romans, nouvelles, films) que d'origines géographiques (qui dépasse largement le cadre anglo-saxon) ou d'écoles (du space-opéra d'Hamilton à la new-wave de Zoline).

Planète interdite (RF 1957).jpg

Au final c'est en fait un ouvrage assez court (pas beaucoup de pages ni de lignes par page) qui peut offrir une bonne base de départ pour débuter dans la réflexion sur le genre. Son âge est toutefois à prendre en compte à la fois pour l'originalité de sa démarche mais aussi pour la pertinence de ses démonstrations.

Note GHOR : 2 étoiles