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08/08/2013

_Bibliothèque(s) #69 : Littératures de l'imaginaire_

Bibliothèque(s) #69 : Littératures de l'imaginaire : 2013 : Association des Bibliothécaires de France : ISSN 1632-9201 : 80 pages (pas d'index ni de bibliographies) dont une cinquantaine consacrée à l'imaginaire : coûte 20 Euros pour un magazine grand format illustré en couleurs, disponible chez l'éditeur (là : http://www.abf.asso.fr/publications#bibliotheques).

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On me permettra de passer rapidement sur ce charmant magazine qui consacre un dossier à la SF et autres genres de l'imaginaire. Le résultat est une suite de publi-reportages sur des lieux ou des manifestations à visiter : Les Utopiales c'est trop de la balle, Zone Franche c'est trop bien, Les rencontres de Sèvres c'est trop génial, la Maison d'Ailleurs c'est une tuerie, Les Imaginales c'est trop super; ou sur des ouvrages de référence à posséder absolument tellement ils déchirent (Vas-Deyres, Barrillier ou Rouillier); ou sur des éditeurs super-sympas (L'Atalante sur deux pleines pages ou les courageux indépendants de l'imaginaire). Si l'intention (présenter ces genres à des bibliothécaires) est louable, le résultat fait plus penser à un magazine people qu'à une revue d'étude tant il est léger en terme de matière (il y a au plus deux pages de texte par article en comptant large) et tant il se complaît dans un traitement uniformément laudatif.

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A cela s'ajoute une certaine impression de microcosme (les auteurs des articles ont justement d'autres articles qui les évoquent eux ou leurs activités ou leurs entreprises) et de copinage (dans certaines appréciations ou les mentions de certains prix) et une iconographie due à la fameuse "Agence Martienne" (cf. le Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres) dont la pertinence peut parfois prêter à sourire (les publicités US futuristes des années 50 dont plusieurs exemples sont repris) et dont les légendes (du style "... Freas Full Cycle Clifford D. Simak") sont à réserver aux initiés (illustration de Kelly Freas pour la nouvelle Full Cycle de Simak). Au final, je ne suis pas convaincu que les bibliothécaires aient appris quelque chose sur la SF&F et, à l'inverse, je ne sais rien de plus sur la réception de ces genres par les emprunteurs alors que cela aurait pu être très intéressant. On n'atteint pas le niveau abyssal de la revue de la BNF mais l'ensemble est bien maigre pour le prix demandé.

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Note GHOR : 0 étoile

07/08/2013

_Science Fiction : Its Criticism and Teaching_

Science Fiction : Its Criticism and Teaching : Patrick PARRINDER : 1980 : Methuen (série "New Accents") : ISBN-10 0-416-71400-5 : xix+160 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait une dizaine d'USD pour un pb non illustré qui existe aussi en hc (-71390-4).

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Sous la plume de Patrick Parrinder (un professeur d'anglais dans une université britannique et un familier des ouvrages sur le genre), ce petit opus est un ouvrage à destination des étudiants (en lettres ?) visant à leur présenter le genre. Il s'agit d'un type d'ouvrage typique des années 70-80 où la SF (comme il est précisé sur la quatrième de couverture) devient un légitime "subject for serious study" et doit donc être expliquée d'une façon un peu académique à des lycéens ou des étudiants, voire à des enseignants désireux d'attirer un nouveau public.

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Après une préface générale (qui concerne la série "New Accents" tout entière), l'ouvrage débute par une assez longue introduction qui note l'émergence d'un discours critique et académique sur la SF (on notera qu'il n'est pas encore question de Fantasy). Le livre est ensuite divisé en sept chapitres de taille variable dont le premier (et le plus long) est l'habituel condensé de l'histoire du genre mâtiné de la non moins habituelle tentative de définition. Suit une brève analyse sociologique (on y croise notre Gérard Klein national) puis trois chapitres qui lie la SF à d'autres genres littéraires, respectivement la "romance", la fable et l'épopée. Le sixième chapitre est une approche de la SF par son langage (avec un focus sur Solaris) et le dernier rassemble des idées relatives à un éventuel cours sur la SF. Les notes, une bibliographie secondaire sélectionnée et un index terminent l'ouvrage.

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Compte tenu des contraintes de place, du domaine à couvrir et de l'orientation choisie (une présentation à des néophytes), il est clair que l'auteur a dû effectuer des choix et adapter son discours à la cible choisie. On est donc face à un ouvrage qui n'apportera absolument rien de neuf à un lecteur un tant soit peu au fait de l'histoire, des sous-genres et des possibilités de la Science Fiction. Ce d'autant plus que le choix des exemples utilisés est extrêmement conservateur et ne propose uniquement que des auteurs qui "présentent" bien (Wells bien sûr mais aussi Lewis, Lem, Le Guin, etc.) et qui ont logiquement déjà été étudiés des dizaines de fois.

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Ces choix "légitimants" ne font pas forcément que l'ouvrage est mauvais (l'auteur fait d'ailleurs preuve de sa grande connaissance du genre et de son histoire) mais simplement que son public n'est pas à rechercher chez l'amateur qui a déjà lu tout cela. Même la partie la plus originale, celle consacrée à l'enseignement de la SF, reste trop courte (même s'il s'agit d'une des premières fois que le thème était abordé) par rapport à des ouvrages postérieurs à la finalité identique mais bien plus détaillés comme le Tymn (voir là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/09/01/science-fic...). Au final un ouvrage non dépourvu de qualités mais dont l'utilité est, de nos jours, discutable.

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Note GHOR : 1 étoile

03/08/2013

_Et si on parlait... du Seigneur des Anneaux_

Et si on parlait... du Seigneur des Anneaux : Irène FERNANDEZ : 2002 : Presses de la Renaissance (Série "Et si on parlait..." : ISBN-10 2-85616-863-9 : 137 pages (y compris bibliographie) : coûtait 12 Euros pour un TP non illustré parfois trouvable d'occase.

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Visiblement destiné à surfer sur la mode déclenchée par les adaptations cinématographiques de Peter Jackson, comme le montre bien la ressemblance de Gandalf avec l'acteur qui le joue, cet ouvrage a été publié dans une collection dont le but semble d'expliquer certaines choses (le haschich, les miracles) à des parents un peu "déconnectés". Ecrit par une universitaire titrée (Normalienne, agrégée de lettres, etc.) et spécialiste de Lewis et Tolkien ce petit opus vise à décrypter le sens caché de l'oeuvre (c'est en tout cas ce qui est marqué sur le simili-bandeau de la couverture) à savoir un texte profondément catholique.

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Après deux courtes mises au point (une sur la structure du SdA, l'autre sur les noms propres et leur traduction), l'ouvrage se divise en quatre parties inégales. La première est une succession d'introduction à la Fantasy, l'Heroïc-Fantasy, Tolkien et son oeuvre. La deuxième précise les valeurs développées par l'auteur valeurs que la partie suivante tente de relier au catholicisme. Une courte conclusion rappelle la "bonne" grille de lecture à employer. Une minuscule bibliographie (un article et cinq ouvrages dont le Kocher évoqué là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/04/07/master-of-m...) complète un ensemble qui ne comporte pas d'index.

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La première partie du livre rappellera de nombreux souvenirs aux amateurs de SF en ce sens qu'elle tente de démontrer que la Fantasy est un genre sérieux et digne d'intérêt qui va au-delà du conte pour enfant ou des clichés de guerriers combattant des dragons, un discours justificatif lu de nombreuses fois sous une forme à peine différente concernant la Science-Fiction. Au final, il sonne toujours aussi pathétique dans sa vaine tentative de légitimer des genres (que cela soit la SF ou la Fantasy) qui, somme toute, se passent fort bien de l'aval de l'académie.

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En ce qui concerne la thèse principale de Fernandez, à savoir le côté catholique du SdA, je trouve que les arguments apportés sont singulièrement minces. Cela se résume soit à se baser sur les convictions religieuses de Tolkien qui sont certes largement documentées et affirmées mais dont l'intégration dans une oeuvre de fiction n'est pas automatique, soit sur quelques maigres indices. Ces éléments sont tellement fugaces que l'auteur prend bien soin de nous préciser qu'il faut être très perspicace pour les déceler. Je dois avouer que l'éclairage d'une "lampe invisible" (pour reprendre l'expression même de Fernandez) n'est pas d'un grand secours pour se diriger, une spiritualité si bien dissimulée peut aussi ne se trouver que dans l'oeil du lecteur. La légèreté de la démonstration rend cet ouvrage (qui est de plus peu roboratif au vu de son prix) dispensable pour une analyse en profondeur du SdA.

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Note GHOR : 1 étoile

16/07/2013

_The span of mainstream and science fiction_

The span of mainstream and science fiction : A critical study of a new literary genre : Peter BRIGG : 2002 : McFarland : ISBN-10 0-7864-1304-2 : 212 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 35 USD pour un tp non illustré (probablement en POD), disponible chez l'éditeur (là : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?isbn=0-7864-1304-2).

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Le problème de l'intersection du mainstream (qu'on l'appelle "mundane fiction", littérature générale ou roman réaliste) et de la SF a toujours été présent dans les réflexions sur le genre. Il est d'autant plus d'actualité qu'un nombre toujours plus grand d'auteurs hors de la SF utilisent (certains diront pillent) les conventions ou les concepts propres à celle-ci et qu'en parallèle une frange d'écrivains étiquetés "SF" tentent de se débarrasser de cet encombrant label qui les empêche visiblement de recueillir le succès commercial et critique auxquels ils estiment avoir droit (on pensera à des gens comme Bradbury, Ballard ou Vonnegut). La solution de Brigg (un professeur d'anglais), développée dans cet ouvrage est de créer ex-nihilo un nouveau genre qu'il nomme le Span (traduisible en français par "empan" ou la portée d'un pont, l'image étant complètement pertinente) et qui se situe "entre" la SF et le mainstream en empruntant à la première sa vision scientifique du monde et à une partie du second un ensemble de techniques de distanciation (je schématise bien évidemment).

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L'ouvrage de Brigg se divise donc en six chapitres de taille très variable (de moins de dix à plus de soixante-dix pages). Le premier définit donc ce nouveau genre qu'il se propose de déterminer, un genre bâti sur deux piliers : l'utilisation techniques narratives sophistiquées (presque postmodernistes) et la science comme base de perception du monde. Les deux chapitres suivants explorent justement ces deux approches par le biais de deux auteurs représentatifs de chacun de ces points : Doris Lessing pour le premier et Thomas Pynchon pour le second. Le quatrième (le plus long) recense les autres auteurs et oeuvres candidats à l'entrée dans le Span côté mainstream (de Gordimer à McElroy en passant par Crichton, Vonnegut et DeLillo) alors que le cinquième fait de même mais côté SF (une liste plus courte allant de Priest à Russ via Lem). Une courte conclusion récapitule la démonstration de l'auteur et précède les notes, une bibliographie et un index.

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Je dois avouer n'avoir pas été vraiment convaincu par la proposition de Brigg. Même si pour s'en défendre, il la cite ironiquement en exergue de son cinquième chapitre, son principe ressemble beaucoup à la vieille antienne "Si c'est bon, ce n'est pas de la SF" dans la mesure ou l'excellence littéraire est en filigrane l'une des caractéristiques des oeuvres que l'auteur place dans le Span. Cela lui permet d'ailleurs de confisquer à son profit la frange la plus "acceptable" des auteurs de Science Fiction (Le Guin, Lem, PKD, Delany, Ballard, Russ) mais ne résout pas vraiment la problématique de la détermination de critères d'inclusion (ou d'exclusion) ce qui laisse son ensemble de textes plutôt flou et d'une profondeur limitée. En effet, malgré le fait que l'auteur évoque une croissance "exponentielle" de son genre, le nombre d'exemples fournis dépasse péniblement la vingtaine.

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Du coup, on peut en déduire que ce Span n'est au final que la simple partie de la SF un tant soit peu ambitieuse sur le plan littéraire (avec un prix Nobel dans le lot), ce qui ouvre la voie à une division du genre sur des critères stylistiques purement subjectifs avec le Span au sommet, la SF "normale" au milieu et (si l'on pousse la logique de l'auteur à son terme) la "Sci-Fi" tout en bas. Une telle classification "au mérite" est la seule à pouvoir expliquer pourquoi Brigg met The Alteration de Amis dans le Span (alors qu'il en exclut Pavane de Roberts) alors que ce texte, tel qu'il est présenté par l'auteur, est clairement un ouvrage de pure SF, ce qui n'est pas le cas de certains autres exemples dont l'adhésion aux critères de Brigg semble parfois, au vu des informations fournies, parfois douteuse même si l'enthousiasme de l'auteur est indéniable au point d'inclure des romans dont la contenu SF (voire même simplement scientifique) semble vraiment négligeable. Au final, une tentative d'inventer une über-SF sur des bases peu convaincantes car trop subjectives qui aura visiblement sombré sans laisser de traces.

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Note GHOR : 1 étoile

09/07/2013

_Science Fiction in the real world_

Science Fiction in the real world : Norman SPINRAD : 1990 : Southern Illinois University Press (série "Alternatives") : ISBN-10 0-8093-1671-4 : xvi+234 pages (y compris index) : semble avoir coûté 25 USD pour un tp non illustré.

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Norman Spinrad est particulièrement connu pour son acitvité d'écrivain au cours des années 70 (Bug Jack Barron, The Iron Dream) et aussi, chez nous, pour son côté francophile avérée (il réside d'ailleurs en France et y trouve un public fidèle). Comme son oeuvre la plus célèbre (The Iron Dream) peut le faire penser dans la mesure où elle est aussi une satire sur certaines dérives du genre, il mène depuis longtemps en parallèle avec l'écriture une réflexion sur la SF. C'est le résultat de ces analyses qui nous est proposé par les SIUP au sein d'une collection (Alternatives) qui mêle essais et recueils de fiction.

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Cet ouvrage est donc un recueil d'essais de Spinrad, certains étant inédits et d'autres ayant vu leur première parution dans le magazine américain Isaac Asimov's Science Fiction (avant qu'il ne devienne Asimov's Science Fiction) aux alentours de 1986. Après une introduction Spinrad, les treize textes rassemblés (qui vont de dix à vingt pages) sont regroupés en cinq sections : la première fixe les standards critiques de l'essayiste, la deuxième traite de la SF "visuelle" (comics et adaptation à l'écran), la troisième traite certains sous-genres (Hard Science, Cyberpunk), la quatrième aborde l'angle politique et la dernière se focalise sur des auteurs précis (Sturgeon, Vonnegut, Ballard et Dick). La conclusion revient sur la place de la SF dans le monde réel et est suivie par un index. On notera l'absence de bibliographie (et d'ailleurs plus généralement de notes).

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Avec un connaisseur du genre comme l'est Spinrad, il est inévitable que le discours tenu soit empreint d'une grande maîtrise de son sujet. Sur tous les thèmes abordés, on est face à un ensemble d'information souvent de première main et la description des rouages de l'édition et de la condition et des contraintes pesant sur les écrivains sonne juste. C'est parfois féroce comme du Disch avec un regard sans concession sur le genre et ses dérives mais où transparaît quand même une grande affection pour celui-ci (ce n'est donc pas aussi désespéré que du Malzberg).

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Le passage du temps a transformé cet ouvrage d'une étrange façon. Lors de sa parution (en livre ou initialement en essais dans IASFM), il s'agissait presque d'un pamphlet qui dénonçait certains travers contemporains et évoquait une actualité immédiate (par exemple l'irruption du Cyberpunk). Avec le recul, une partie des textes s'est transformé en témoignages historiques sur des soubresauts du genre dépassés depuis longtemps. Même si certains essais (surtout ceux consacrés par Spinrad aux autres écrivains) échappent à ce phénomène, la majorité du livre ne présente maintenant plus qu'un intérêt strictement historique, même s'il est indéniable.

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Note GHOR : 2 étoiles