04/11/2013
_Walter M. Miller : A reference Guide to His Fiction and His Life_
Walter M. Miller : A reference Guide to His Fiction and His Life : William H. ROBERSON : 2011 : McFarland : ISBN-13 978-0-7864-6361-9 : 208 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 40 USD pour un TP non illustré, disponible chez l'éditeur (là : http://www.mcfarlandbooks.com/book-2.php?id=978-0-7864-63...).
L'éditeur américain McFarland a, depuis, quelques années, pris l'habitude de publier des ouvrages consacrés à des auteurs de Science-Fiction modérément connus et parfois en passe d'être oubliés. Ceci comprend des titres sur Kornbluth (Rich), Leinster (Stallings & Evans), Boucher (Marks) ou Piper (Carr). Cet ouvrage est quand à lui consacré à Walter M. Miller, un de ces auteurs dont la réputation ne s'est bâtie que sur une oeuvre : A Canticle for Leibowitz. En effet, hormis ce roman (le seul de lui qui ait été publié), la production de Miller est des plus minces puisque ne dépassant guère la quarantaine de nouvelles disponibles dans plusieurs recueils. Malgré son côté peu prolixe, l'auteur, avec son unique roman, occupe une place importante dans les études sur le genre (c'est d'ailleurs le troisième titre lui étant consacré) et dans le système scolaire américain tant il est devenu l'archétype de l'auteur de textes post-apocalyptiques.
Après une courte préface et une chronologie de la vie de Miller (de sa naissance en 1922 jusqu'à son suicide en 1996), l'ouvrage de Roberson (qui nous avait déjà donné une bio-bibliographie de l'auteur en 1992) est organisé d'une façon originale. Il se présente en effet sous la forme d'un dictionnaire de référence sur Miller et son oeuvre. Pour ce faire, il rassemble un bon millier d'entrées de taille variable (de quelques lignes à plusieurs pages) qui : 1) listent les textes de l'auteur en donnant leur synopsis détaillé, 2) citent et décrivent tous les personnages y apparaissant, 3) traduisent toutes les expressions dans une langue autre que l'anglais (essentiellement le latin mais aussi un peu de français) et 4) définissent tous les concepts (surtout liés à la religion catholique) employés par Miller. Diverses bibliographies (primaire, secondaire et générale) ainsi qu'un index clôturent l'ouvrage.
Après l'ouvrage de Secrest (évoqué là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2012/11/03/glorificemu...) qui présente certains points communs avec celui-ci, force est de reconnaître que Walter M. Miller n'est pas vraiment "gâté" en matière d'ouvrages de référence. En effet, on peut légitimement se demander quel est l'intérêt de cet ouvrage. Est-ce un précis de catholicisme ? Un dictionnaire anglais-latin de messe ? Un résumé d'intrigues ? Une liste de personnages qui s'intéresse même à ceux qui ne sont pas décrits ("an unseen character") et/ou qui n'interviennent pas dans le récit ? La réponse de Roberson, qui appelle son livre un "Reference Guide", n'est pas claire et son projet l'est tout aussi peu.
La lourdeur du principe d'organisation choisi (celle d'un dictionnaire ou d'une encyclopédie) et l'atomisation consécutive du discours de Roberson (qui se trouve alors éclaté sur plusieurs entrées) font que l'ensemble est à peu près impossible à lire comme un tout cohérent et ne peut que se "déguster" que par petites touches qui, même dans ce cadre, restent assez indigestes. Même si le côté catholique de Miller peut être perçu comme exotique par des Américains, une partie des entrées peuvent s'apparenter à du remplissage, d'autant plus quand elles traitent de sujets comme Hiroshima ou Hitler, Adolf. Au final un ensemble qui, de par sa structure, ne permet aucunement d'avoir une vue d'ensemble de l'oeuvre de Miller surtout au vu de l'absence presque totale de contextualisation de ses écrits au sein du genre puisque Roberson donne l'impression que l'auteur écrivait dans un splendide isolement alors que, comme l'ont montré de nombreuses études, le courant post-apocalyptique était à son zénith lors de la période "féconde" de l'écrivain.
Note GHOR : 1 étoile
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21/09/2013
_Lois McMaster Bujold : Essays on a modern master of Science Fiction and Fantasy_
Lois McMaster Bujold : Essays on a modern master of Science Fiction and Fantasy : Janet Brennan CROFT (editor) : 2013 : McFarland (série "Critical explorations in Science Fiction and Fantasy" #37) : ISBN-13 978-0-7864-6833-1 : viii+207 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 40 USD pour un TP non illustré disponible chez l'éditeur (là : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-6833-1).
Lois McMaster Bujold est une auteur(e) au positionnement un peu atypique dans le paysage des ouvrages consacrés au genre. En effet (et on peut faire le parallèle avec une autre grande dame de la SF comme Connie Willis), il s'agit d'une auteur(e) extrêmement populaire (les multiples rééditions ou traductions de ses oeuvres le montrent bien), récompensée de nombreuses fois tant par les lecteurs (elle a obtenu de nombreux Hugos) que par ses pairs (elle a aussi reçu plusieurs Nébulas) et qui bénéficie d'un cadre de fans très actifs. Pourtant, elle n'a jamais vraiment intéressé les rédacteurs d'ouvrages de référence (à l'exception du quasi fanique The Vorkosigan companion, voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/02/11/the-vorkosi...) et son oeuvre reste relativement peu évoquée ou analysée dans les études sur le genre. Outre la valeur intrinsèque de ses écrits, cette "invisibilité" est peut-être aussi due à la typologie de ses oeuvres (essentiellement du Space-opéra classique assez loin du NSO ou de la Fantasy elle aussi classique) et à une insertion dans l'idéologie féministe dominante parfois peu évidente.
Paru dans la vaste collection "bleue" d'ouvrages sur le genre de McFarland, ce volume 37 est un recueil d'essais (rassemblés par Janet Brennan Croft) écrits par des professeurs ou des doctorants généralement américains et en pratique assez peu connus dans le domaine. Outre une introduction de Croft et une courte (7 pages) interview de Bujold elle-même, le livre se compose de 11 essais (d'une quinzaine de pages) qui abordent plusieurs thèmes récurrents (le handicap, la famille, les problématiques liées au genre, les cyborgs, etc.) dans les écrits de Bujold avec un focus assez marqué sur les plus récents (à la date d'écriture s'entend) titres de la saga Vorkosigan même si la Fantasy de l'auteur est étudiée dans les deux derniers textes. Une très brève bibliographie, une liste des prix obtenus et un index clôturent un ensemble assez court et du coup assez cher.
Même si je suis, comme d'autres, plutôt un grand amateur de Bujold, il faut quand même reconnaître que ce recueil d'essais met rapidement en lumière le relatif manque de matière sur lequel baser un ouvrage aussi ambitieux. En effet, il faut bien convenir qu'une partie de l'oeuvre de l'auteur (au demeurant plutôt réduite en quantité) ne mérite guère de s'y attarder. On pensera aux premiers titres parus à l'époque chez Baen (par exemple Shards of Honor ou Ethan of Athos) qui sont du Space-opéra militaire (mais pas militariste) tout à fait standard. Même la lecture Falling Free, pourtant récipiendaire du Nébula, peut amener à se demander pourquoi ce roman a reçu un tel prix. Du coup, une bonne partie des écrits de Bujold n'est quasiment pas évoquée et donne à l'ouvrage un côté un peu partiel et d'ailleurs aussi partial, les divers essayistes étant peu avares de louanges.
Comme l'auteur n'est pas non plus Shakespeare, les essais ont parfois du mal à se différencier entre eux car ils "tournent" souvent autour des thématiques les plus évidentes de Bujold que sont les difformités de Miles et son personnage comme porte-parole/drapeau de diverses minorités ou la critique du système patriarcal de Barrayar qui s'oppose à lui. En fait, ce sont les textes qui sortent du Vorkosiverse qui sont, à mon avis, les plus intéressants. Celui d'Oberhelman approfondissant les parallèles historiques dans notre monde de la série Chalion et celui de Lennard analysant les religions inventées pour la série Wide Green World. Le tout forme un recueil assez dispensable qui peine à sortir d'une approche très fanique et qui manque souvent d'interaction avec le reste du genre (l'index fourni montre d'ailleurs bien comment le livre est très "Bujold-centré", le seul autre auteur étant un tant soit peu cité étant Tolkien).
Note GHOR : 1 étoile
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03/08/2013
_Et si on parlait... du Seigneur des Anneaux_
Et si on parlait... du Seigneur des Anneaux : Irène FERNANDEZ : 2002 : Presses de la Renaissance (Série "Et si on parlait..." : ISBN-10 2-85616-863-9 : 137 pages (y compris bibliographie) : coûtait 12 Euros pour un TP non illustré parfois trouvable d'occase.
Visiblement destiné à surfer sur la mode déclenchée par les adaptations cinématographiques de Peter Jackson, comme le montre bien la ressemblance de Gandalf avec l'acteur qui le joue, cet ouvrage a été publié dans une collection dont le but semble d'expliquer certaines choses (le haschich, les miracles) à des parents un peu "déconnectés". Ecrit par une universitaire titrée (Normalienne, agrégée de lettres, etc.) et spécialiste de Lewis et Tolkien ce petit opus vise à décrypter le sens caché de l'oeuvre (c'est en tout cas ce qui est marqué sur le simili-bandeau de la couverture) à savoir un texte profondément catholique.
Après deux courtes mises au point (une sur la structure du SdA, l'autre sur les noms propres et leur traduction), l'ouvrage se divise en quatre parties inégales. La première est une succession d'introduction à la Fantasy, l'Heroïc-Fantasy, Tolkien et son oeuvre. La deuxième précise les valeurs développées par l'auteur valeurs que la partie suivante tente de relier au catholicisme. Une courte conclusion rappelle la "bonne" grille de lecture à employer. Une minuscule bibliographie (un article et cinq ouvrages dont le Kocher évoqué là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/04/07/master-of-m...) complète un ensemble qui ne comporte pas d'index.
La première partie du livre rappellera de nombreux souvenirs aux amateurs de SF en ce sens qu'elle tente de démontrer que la Fantasy est un genre sérieux et digne d'intérêt qui va au-delà du conte pour enfant ou des clichés de guerriers combattant des dragons, un discours justificatif lu de nombreuses fois sous une forme à peine différente concernant la Science-Fiction. Au final, il sonne toujours aussi pathétique dans sa vaine tentative de légitimer des genres (que cela soit la SF ou la Fantasy) qui, somme toute, se passent fort bien de l'aval de l'académie.
En ce qui concerne la thèse principale de Fernandez, à savoir le côté catholique du SdA, je trouve que les arguments apportés sont singulièrement minces. Cela se résume soit à se baser sur les convictions religieuses de Tolkien qui sont certes largement documentées et affirmées mais dont l'intégration dans une oeuvre de fiction n'est pas automatique, soit sur quelques maigres indices. Ces éléments sont tellement fugaces que l'auteur prend bien soin de nous préciser qu'il faut être très perspicace pour les déceler. Je dois avouer que l'éclairage d'une "lampe invisible" (pour reprendre l'expression même de Fernandez) n'est pas d'un grand secours pour se diriger, une spiritualité si bien dissimulée peut aussi ne se trouver que dans l'oeil du lecteur. La légèreté de la démonstration rend cet ouvrage (qui est de plus peu roboratif au vu de son prix) dispensable pour une analyse en profondeur du SdA.
Note GHOR : 1 étoile
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09/06/2013
_Robert Silverberg's many trapdoors_
Robert Silverberg's many trapdoors : Critical essays on his science fiction : Charles L. ELKINS & Martin Harry GREENBERG (editors) : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF & F" #53) : 1992 : ISBN-10 0-313-26308-6 : x+156 pages (y compris bibliographies et index) : coûtait 50 USD pour un hc sans jaquette, peu facile à trouver.
Robert Silverberg est sûrement l'un des auteurs de SF les plus emblématiques. Le déroulement de sa carrière qui l'a mené d'obscur tâcheron capable d'écrire des millions de mots par an à grand maître du genre et valeur commerciale assurée en passant par une période expérimentale et un renoncement à l'écriture (d'ailleurs rapidement oublié), fait de l'auteur un sujet riche et fascinant pour tout universitaire ou théoricien du genre. C'est donc logiquement dans la longue série de titres de Greenwood Press qu'est paru ce recueil d'essais. On notera d'ailleurs que Silverberg a même été le sujet d'un deuxième ouvrage de la même série (le plus tardif The road to castle mount édité par Chapman).
Cet ouvrage est donc un recueil d'essais originaux (seuls quelques fragments de deux des articles semblent avoir été précédemment publiés), rassemblés par Elkins (de la revue SFS) et Greenberg (plus connu comme anthologiste). Après une courte préface, il se poursuit par une assez longue introduction de Clareson. Suivent ensuite les essais proprement dits : Letson qui récapitule longuement la carrière de l'auteur jusqu'aux début des années 90; Chapman sur Dying inside et la déflation du mythe du surhomme; Francavilla sur les chutes des textes courts de l'auteur; Flodstrom sur l'identité individuelle dans divers romans; Dietz sur The world inside comme dystopie ambiguë; Reilly sur la transcendance et enfin Manlove avec une comparaison entre Tom O'Bedlam de Silverberg et The postman de Brin. Une copieuse bibliographie primaire et surtout secondaire et un index clôturent l'ouvrage.
Logiquement, au vu de la liste des contributeurs (des habitués de l'exercice souvent fins connaisseurs du genre), l'ensemble proposé est d'une grande qualité. On appréciera par exemple l'article de Letson qui pose un certain nombre de questions pertinentes sur la légende de l'écrivain Silverberg et ses multiples renaissances et transformations, une légende largement auto-écrite et qui, à force d'être répétée, en devient un lieu commun unanimement accepté. Le choix de certains essayistes de concentrer leurs analyses sur des textes plus "mineurs" comme Tom O'Bedlam ou The world inside est aussi un plus certain qui nous permet d'échapper à la n-ème étude des quelques romans des années 70 considérés comme "majeurs" (même si l'on n'échappe pas à un essai sur le quasi-mainstream Dying inside).
Le seul reproche que l'on peut faire à cet ouvrage est qu'une partie des essais semblent trop courts par rapport aux possibilités offertes par le sujet. Par exemple et pour revenir sur Letson, son évocation du parcours de l'auteur et du finalement peu de changement littéraire de celui-ci aurait gagné en punch et en originalité en étant encore plus approfondie. D'une façon générale, on pourra quand même trouver que l'ouvrage est bien court (une fois ôtés les annexes, les notes et les pages blanches, il doit rester à peine une petite centaine de pages de texte) surtout quand on rapporte la quantité de matériau (faible) au prix (fort). C'est d'autant plus flagrant quand on compare cet ouvrage avec le titre consacré à l'auteur chez Starmont (voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/12/04/robert-silv...). Au final, de la belle ouvrage mais qui fait payer assez cher un ensemble trop court.
Note GHOR : 2 étoiles
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10/02/2013
_John Brunner_
John Brunner : Jad SMITH : 2012 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction") : ISBN-13 978-0-252-07881-1 : xiii+184 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 22 USD pour un tp (légèrement illustré en en n&b), disponible chez l'éditeur (là : http://press.illinois.edu/books/catalog/96pne3gh978025203...), existe aussi en hc (-03733-7 pour 80 USD).
Cet ouvrage, que l'on doit à un professeur d'anglais de l'université de l'Illinois (qui en est d'ailleurs l'éditeur) est une étude consacrée à l'écrivain britannique John Brunner (1934-1995). Il s'agit là, me semble t-il, seulement du deuxième titre consacré à cet écrivain (le premier étant le recueil de De Bolt évoqué ici : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/01/11/brunner.html). Comme Eric Frank Russell, Brunner est un de ces écrivains britanniques qui, de part ses choix littéraires (raconter avant tout une histoire), a eu plus de succès outre-atlantique que dans son propre pays. Parfois en décalage avec le petit monde de la SF (de part son positionnement ou son caractère parfois assez rude) et aussi victime des circonstances, la carrière de Brunner sera loin de se dérouler comme il le méritait, prenant même parfois des tours tragiques avec des périodes d'intense pauvreté, le tout jusqu'à sa mort en pleine convention mondiale à Glasgow.
Relativement court (puisque ne contenant que 140 pages de texte proprement dit), cet ouvrage débute par une introduction qui place Brunner sous le signe des mondes parallèles, à la fois dans son écriture et dans sa place au sein du genre. La partie principale de l'ouvrage est composée de trois longs chapitres (couvrant les périodes 1951-1966, 1967-1975 et 1976-1995) qui détaillent dans l'ordre chronologique les oeuvres et la vie de l'écrivain en s'appuyant sur les textes de fiction eux-mêmes et sur un important paratexte (préfaces, interviews, critiques tant dans des revues professionnelles que dans des fanzines). Une conclusion essaie enfin de réévaluer la place et la perception de l'auteur. Les annexes fournies sont importantes : une longue interview de Brunner parue en 1975 dans Thrust, l'excellent fanzine de Doug Fratz; une bibliographie copieuse de l'auteur (partielle pour la non-fiction, premières parutions seulement); plusieurs pages de notes (essentiellement les références bibliographiques des points évoqués); une longue bibliographie secondaire et un index. A noter qu'une dizaine d'illustrations en N&B (couvertures et photographies de l'auteur) parsèment l'ouvrage.
Il est extrêmement agréable de rencontrer enfin un ouvrage qui propose une vision de Brunner qui sorte des clichés habituels. Il faut remercier Jad Smith pour son analyse solidement étayée qui dépasse le cadre habituel de la seule prise en considération des 4 romans dystopiques (Stand on Zanzibar/The jagged orbit/The sheep look up/The shockwave rider, la "tétralogie noire", un terme inventé et circoncis à certain sites francophones). Smith détaille dans son premier chapitre les oeuvres précédentes (avec les fameux Ace Double) et montre leur qualité et leur importance pour le genre, il ne s'agit pas d'écrits parfaits, souvent à cause de contraintes financières, mais il s'agit d'un ensemble qui témoigne d'une réflexion sur le genre bien plus sophistiquée et intéressante que leurs couvertures criardes ne peuvent le laisser penser. Tout aussi pertinente est l'évocation de la position "parallèle" de Brunner vis à vis de la New Wave britannique, dont les principaux acteurs (Moorcock, Aldiss, Platt) ne ressortent guère grandis de cet ouvrage qui montre leurs petites mesquineries envers Brunner.
On appréciera aussi la partie consacrée à la dernière partie de la carrière de l'auteur. Elle met en valeur un certain nombre de textes dont le mérite est indéniable, du connu The crucible of time au plus confidentiels A maze of stars ou The traveler in black dans un registre Fantasy. D'une façon miséricordieuse, Jad Smith occulte même les tous derniers travaux de Brunner (les nouvelles de vague fantasy chinoise parues dans ASF en 1995), pour évoquer en détail les reprises améliorées par Brunner de certains textes anciens (par exemple Bridge to Azrael/Endless shadow devenant Manshape). Bien sûr, on pourra regretter certaines choses comme la relative brièveté de l'ensemble (qui du coup rend excessif le prix demandé pour l'édition HC); la présence de l'interview de 1975, peu passionnante et dont la raison d'être n'est guère évidente; ou un système de notes trop laconique. Il me paraît aussi important de signaler que la pleine appréciation du travail de Smith nécessite l'accès à une bibliothèque plutôt conséquente, que cela soit en VF ou en VO, avec par exemple une collection quasi-complète des Ace Double, l'intégralité des numéros de certaines revues britanniques ou, pour la VF, des vieux Futurama ou le peu fréquent Le passager de la nuit (FN ou Edito-Service). En tout cas, l'ouvrage de Smith rend le meilleur hommage possible à un auteur malchanceux dans sa carrière mais central, une réussite que l'on aimerait même voir étoffée.
Note GHOR : 3 étoiles
14:41 | 14:41 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, brunner, 3 étoiles | Tags : anglais, brunner, 3 étoiles