21/01/2024
_First Impressions_
First Impressions : Dancing about Literature since 1986 : Glen ENGEL-COX : 2021 : Blue Agama Books : ISBN-13 978-1-950035-07-6 (la fiche ISFDB du titre): xxii+509 pages (y compris index) : coûte normalement 14.99 USD pour un tp type POD (le mien est imprimé en France par Amazon), disponible en ligne (là, pas de site d'éditeur).
Sous la plume d'Glen Engel-Cox, un critique américain à qui l'on doit des centaines de textes dans tous les supports (papier ou en ligne) qui était un des participants actifs de rec.arts.sf.written (le FRAS anglo-saxon), cet ouvrage est une compilation d'une partie de ses critiques. À vue de nez, il doit y en avoir plus de trois cents, allant d'une dizaine de lignes à plusieurs pages (pour les Year's Best par exemple) qui couvrent plusieurs décennies. Sur le lot, une moitié (à la louche) concerne la SF et la Fantasy (et un peu la troisième sœur l'Horreur). Le reste couvre un peu tous les genres, du roman "classique" à l'ouvrage de référence (y compris sur la SF) en passant par les comics. On y trouve aussi plusieurs introductions (écrites à divers moments), un index particulièrement complet (ça nous change des publications françaises) et une chronologie des parutions en ligne.
Comme l'auteur est plutôt du genre à ne choisir de critiquer que les livres qui l'intéressent ou ceux de ses auteurs favoris (Banks, Lethem, Kessel), le ton général est globalement positif mêmes si certains (Ellison par exemple) en prennent quand même pour leur grade au passage. Après, et comme souvent avec ce type d'ouvrage finalement très personnel, l'utilisation pratique de ce livre n'est pas évidente. Avant de s'en servir comme de lecture ou d'anti-lecture, il faut d'abord comparer ses goûts avec ceux de l'auteur. Le fait que Engel-Cox donne plusieurs fois ses "best-of" peut d'ailleurs aider dans cette démarche.
Le résultat se laisse picorer sans problème (par petits bouts de préférence) mais ne révolutionnera pas l'analyse du genre puisqu'il s'agit, comme ce blog, de simples notes de lecture (avec parfois des spoilers). Même si les écrits de l'auteur sont sans doute disponibles d'un clic en fouillant le web (ici par exemple), leur disponibilité sous ce format papier est bien pratique.
Note GHOR : 2 étoiles
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21/04/2019
_An Informal History of the Hugos_
An Informal History of the Hugos: A Personal Look Back at the Hugo Awards, 1953-2000 : Jo WALTON : 2018 : Tor : ISBN-13 978-0-7653-7908-5 (la fiche ISFDB du titre) : 573 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 41.99 USD pour un hc avec jaquette non illustré (existe aussi en ebook 978-1-4668-6573-0).
Les Hugos, décernés par les participants lors des conventions mondiales (Worldcons) restent, malgré quelques récentes années difficiles, sans doute les prix les plus importants du genre. Constitué d'un nombre de catégories variables au fil des années (même s'il existe un socle maintenant pérenne pour les textes de SF) ce prix existe depuis 1953 et est toujours autant source d'une infinité de discussion et d'avis. Jo Walton, qui a elle-même remporte un Hugo en 2012 pour Among Others et à qui l'on doit pas mal de critiques et d'essais sur le genre (dont certains sont rassemblés dans What Makes This Book So Great) s'est essayé à une sorte de rétrospective critique des Hugos de 1953 à 2000.
Basé sur une série de posts, l'ouvrage est donc organisé par ordre chronologique (1954, année sans Hugo étant l'exception) avec un canevas standard pour chaque année. Le premier Hugo évoqué est celui du meilleur roman (à l'inverse de la véritable cérémonie qui finit par lui) où sont listés le (ou les) vainqueur(s) et les nominés (qui sont habituellement quatre). Après une évocation minimale du contexte et des autres prix décernés la même année, Jo Walton nous livre un assez bref avis sur ces romans et sur la qualité globale des lauréats. On trouve ensuite le palmarès des autres catégories (y compris le Campbell qui n'est d'ailleurs pas un Hugo) avec parfois le sentiment de Walton sur telle ou telle catégorie. Une sélection des commentaires postés en réponse (où l'on retrouve souvent les mêmes intervenants comme Richard Horton et Gardner Dozois sur les nouvelles) vient juste après. Finalement, on a aussi en règle générale une plus longue (deux ou trois pages) critique de Walton sur le vainqueur. A noter que le livre ne propose pas d'index ni de bibliographie.
Il est difficile de dire du mal d'un tel ouvrage dont le capital sympathie est indéniable (il va peut-être remporter lui-même un Hugo). La prose de Walton est agréable, chaleureuse et bénéficie à plein de l'effet Madeleine de Proust quand elle évoque avec un visible plaisir qu'elle partage des textes qui ont sûrement fait partie des premières lectures de la plupart des amateurs du genre (de Au carrefour des étoiles pour les plus anciens à Hypérion pour d'autres). Ce livre surfe donc sur une certaine nostalgie et, dans ce contexte, est plutôt efficace et distrayant.
Une fois celui-ci refermé et digéré, un certain nombre de points plus problématiques apparaissent. Tout d'abord, on ne peut que regretter que Walton (même si elle revendique ce choix) n'ait pas fait l'effort de lire les quelques Hugos qui lui manquent. Cela nous aurait évité par exemple une nième discussion dans le vide sur They'd Rather Be Right et la pertinence du Hugo qui lui a été décerné (le roman faisant nettement moins de 200 pages, l'obstacle n'était pas insurmontable, la preuve, même moi je l'ai lu). On pourra aussi critiquer le choix de n'avoir publié que certains posts réponses ce qui dans certains cas nous prive d'une grande partie de la discussion. Outre ces points "techniques", l'impression que m'a laissé après réflexion cet ouvrage est d'avoir payé assez cher (une cinquantaine d'Euros) des choses que j'ai en grande partie plus ou moins déjà lues (et payées). Si l'on compte les listes de résultats elles-mêmes que l'on trouve facilement dans divers ouvrages (chez DeVore, Guillemette, Mallett & Reginald...) ou sur de nombreux sites et qui prennent pas loin de deux cents pages ou les listes commentées de Dozois ou Horton (que l'on a pu lire à l'époque dans Locus ou les divers Year's Best ou que l'on peut extraire de divers outils) qui prennent deux cents autres pages, on s'aperçoit assez vite que la partie vraiment originale de l'ouvrage est assez limitée, celui-ci ressemblant plus à un exercice de compilation de données existantes qu'à une réflexion poussée et roborative. Du coup, je trouve que cela fait un peu cher et/ou facile la nostalgie.
Note GHOR : 1 étoile (sans doute parce que je ne suis pas le public visé)
19:48 | 19:48 | Recueils de critiques | Recueils de critiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0)
13/11/2018
_Speculative Fiction 2012_
Speculative Fiction 2012 : Jusin LANDON & Jared SHURIN (editors) : 2013 (pour la première édition) : Jurassic London : iSBN-13 978-0-9573475-2-6 (la fiche ISFDB du titre) : 339 pages (pas d'index) : Semble avoir coûté une dizaine de GBP pour un tp non illustré produit en POD (mon exemplaire semblant être une réimpression), qui existe aussi en ebook (-5-7).
D'une façon assez savoureuse, cet ouvrage est la preuve que la disparition du papier au profit de l'électron n'est sans doute pas une cause aussi entendue que cela. En effet, le but des concepteurs (deux blogeurs américains) de ce recueil est de rassembler une sélection des meilleurs articles/essais (anglo-saxons, of course) publiés sur la toile en 2012. A noter qu'il existe un volume similaire pour 2013 (là) mais que la série ne semble pas avoir été poursuivie les années suivantes. En ce qui concerne les auteurs, certaines signatures sont reconnaissables pour les habitués de la réflexion/du commentaire sur les genres (Adam Roberts, Liz Bourke, Lavie Tidhar, Christopher Priest, N. K. Jemisin...).
Après une courte préface de Mur Lafferty et une introduction des editors, l'ouvrage est divisé en trois parties. La première (Reviews) rassemble comme son nom l'indique une grosse vingtaine de critiques d'ouvrages. Elles sont de longueur variable et ne concernent pas exclusivement des ouvrages parus en 2012 (même si c'est la majorité). La deuxième (Essays) compile une petite vingtaine de textes allant de deux pages à une dizaine, le tout sur des sujets divers intéressant la blogsphère. La dernière partie (SF Life) est parfois assez difficilement différentiable de la précédente, en tout cas elle rassemble plutôt des essais qui sont sans doute plus polémiques (du moins c'est ce que j'ai ressenti). Une postface annonçant le volume de 2013 clôt un livre qui propose ni index ni bibliographie.
S'agissant d'une sorte de "best-of" de l'Internet, les articles choisis sont généralement d'une certaine qualité (il ne s'agit pas d'extraits de skyblogs). La partie "critique de livres" est sans doute la plus solide avec un juste équilibre entre SF et Fantasy et généralement un espace suffisant pour voir se développer un discours structuré autre que "J'aime/J'aime pas" (c'est à dire que c'est plus étoffé que mes courtes contributions ici-même). Je suis plus dubitatif sur la partie "essais" où une bonne moitié des textes tourne autour des problèmes de genre (au sens masculin/féminin), un sujet certes à la mode mais qui n'est pas forcément (AMHA) très représentatif de la blogsphère. Par exemple, et même si l'essai est intéressant et que je suis plutôt d'accord avec ses conclusions, le sous-titre de celui de Kameron Hurley Rethinking Gender Assumptionist Power Structures est tellement cliché qu'il ne donne pas forcément envie de le lire.
La dernière partie est la plus insignifiante en ce sens qu'elle semble parfois juste purement polémique et est assez révélatrice des tendances aux flame wars qui agitent le net. On a droit par exemple à une nième dénonciation de livres censément racistes et, plus dommage, aussi à une critique au vitriol par Priest des livres nominés au A. C. Clarke Award. L'exercice consistant pour le membre d'un groupe (ici celui des auteurs de SF britanniques) à cracher sur ses collègues m'a toujours paru suspect malgré le fait que l'attaquant jure habituellement ne pas avoir d'arrière-pensées. C'est aussi le cas du long essai du critique Jonathan McCalmont (qui complète celui de Kincaid) un où les accusations vis-à-vis d'autres critiques du genre (Clute ou Wolfe) volent bas. Je ne suis pas convaincu que ce genre de règlement de comptes ait sa place dans un best-of de l'année. En tout cas, l'initiative de conserver sous forme durable (du moins tant que durera le papier qui compose ce livre) ces textes est louable.
Note GHOR : 2 étoiles
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20/08/2018
_Rave and Let Die_
Rave and Let Die : The SF & Fantasy of 2014 : Adam Roberts : 2015 : Steel Quill Books (#SQ003) : ISBN-13 978-1-907069-80-2 (la fiche ISFDB du titre) : 269 pages (pas d'index) : coûte 14.99 GBP pour un tp légèrement illustré (imprimé en POD), disponible chez l'éditeur (là).
Publié par une "filiale" de Newcon Press, un éditeur britannique indépendant (une sorte d'ActuSF local ^_^), cet ouvrage rassemble les critiques d'Adam Roberts sur les parutions SF&F de 2014. Il est inutile de présenter Adam Roberts aux lecteurs de ce blog, cet auteur britannique prolifique ayant aussi écrit de nombreux ouvrages de référence, y compris Sibilant Fricative chez le même éditeur, un livre qui est, comme celui-ci, un recueil de critiques (dont certaines semblent avoir été publiées alors que d'autres sont originales à ce volume). La seule différence est que Rave and Let Die ne se concentre que sur les sorties 2014 (que ce soient d'ailleurs des romans ou des films), cette concentration étant due au fait que Roberts a été juré pour deux prix littéraires cette année là.
Après une longue (30 pages) introduction de Roberts qui donne un peu son ressenti sur l'état de la SF, l'ouvrage est constitué de 90 essais d'une longueur très variable, allant d'un seul mot "Interminablestellar" pour qualifier le film de Nolan à plusieurs pages pour le film The Hobbit de Jackson. Les essais eux-mêmes peuvent prendre des formes très différentes (on y trouve un poème, un script, un synopsis, une nécrologie de son ami Graham Joyce ou des dialogues) et peuvent partir dans à peu près n'importe quelle direction au gré des envies de Roberts. Le tout est par ordre alphabétique de nom d'auteur, ce qui fera remarquer l'absence d'index.
On retrouve bien dans ce livre la verve et l'érudition de Roberts ainsi que son côté un peu touche-à-tout, passant de blockbusters du cinéma US à des recueil parus dans des small press en passant par des pièces de théâtre. Paradoxalement, c'est ce joyeux mélange qui, en ce qui me concerne, se trouve être préjudiciable à la lecture. A force de partir dans toutes les directions et d'adopter une structure protéiforme, le livre manque d'unité et demande sans doute une lecture par petits bouts pour profiter à chaque fois de la "surprise" qu'est chaque critique tant dans son sujet que dans sa forme.
De plus, une partie des ouvrages évoqués par Roberts sont des titres et/ou des auteurs qui me sont complètement inconnus (sans doute ceux lus par l'auteur en tant que juré) et, au vu de ce qui en est écrit, risquent de le rester. Au final, une moins bonne lecture que le précedent opus de l'auteur qui n'a pas perdu de ses qualités de critique plutôt incisif mais qui balaye une sélection qui me "parle" beaucoup moins (c'est aussi dû au fait qu'il n'existe probablement pas 90 ouvrages suceptibles d em'intéresser parus en 2014) . Du coup, d'autres lecteurs aux gouts différents pourront avoir une impression plus positive de l'ensemble.
Note GHOR : 1 étoile
09:23 | 09:23 | Recueils de critiques | Recueils de critiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, roberts, 1 étoile | Tags : anglais, roberts, 1 étoile
23/12/2015
_Sibilant Fricative_
Sibilant Fricative : Essays and Reviews : Adam ROBERTS : 2014 : Steel Quill Press (#SQ 001) : ISBN-13 978-1-907069-75-8 (la fiche ISFDB du titre) : 269 pages (pas d'index ni bibliographie) : coûte 14.99 GBP pour un tp non illustré produit en POD, disponible chez l'éditeur (là).
Publiés par une des composantes de NewCon Press, la maison d'édition de Ian Whates qui publie pas mal de titres intéressants (et joliment produits comme la série Imaginings) tant en fiction qu'en non-fiction par la nouvelle vague des auteurs britanniques, cet ouvrage est un recueil d'essais et de critiques d'Adam Roberts. Ce dernier est un auteur britannique à la bibliographie conséquente (mais seulement partiellement traduite) qui mêle des parodies (alimentaires ou de commande ?) de séries à succès (Star Wars, Harry Potter, TLOTR, etc.) et des titres nettement plus ambitieux. On lui doit aussi un nombre non négligeable d'ouvrages sur le genre dont certains ont été évoqués sur ce blog (ici, là, ou là).
Après une introduction mi-figue mi-raisin de Paul Kincaid et une préface de Roberts où il explique son optique de la critique (franche), cet ouvrage rassemble une cinquantaine d'essais critiques, une majorité étant consacrée à la SF (la partie "Sibilant") et le reste à la Fantasy (la partie "Fricative"). D'une longueur (d'une demie à une quarantaine de pages) et d'une forme (il y a des poèmes, une FAQ, des tweets, des dialogues entre réalisateurs...) variables, ces essais ne semblent pas être inédits (certains viennent du webzine Strange Horizons) et abordent essentiellement des romans même si l'on y trouve quelques films et une série télévisée (Lost). A noter l'absence d'index et de bibliographie.
Une fois évacué dans la préface le classique dilemme de voir un auteur critiquer ses collègues et/ou connaissances, Adam Roberts fait clairement le choix d'une critique acérée (pour le moins). Il y a dans cet ouvrage un certain nombre de massacres à tronçonneuse qui sont, il faut l'avouer, assez jubilatoires. Dans cette catégorie (et pour rester dans l'écrit) on retiendra l'exécution de Titan (Ben Bova), de Willis (avec une fine analyse de sa popularité) et de l'interminable cycle The Wheel of Time de Robert Jordan (dans le plus long essai du livre). Même quand il est méchant, Roberts reste toujours factuel (ses critiques stylistiques sont appuyées par des extraits) et ouvre le débat sur des réflexions de fond, comme par exemple de savoir pourquoi tant de gens achètent Jordan, pourtant un auteur exécrable et ce que cette attitude nous indique sur le lectorat.
Roberts n'est pas que négatif (même si finalement peu de titres sont vraiment encensés) et certaines de ses critiques peuvent inciter à découvrir des textes, même si dans le cas de certains (comme Rajaniemi ou Tidhar) il vole un peu au secours de la victoire. Même quand il n'est que tiède, ses analyses sont toujours pertinentes et leur forme plutôt amusante malgré des cibles parfois un peu faciles comme les divers blockbusters cinématographiques US (Le livre d'Eli, Star Trek -le reboot-). Au final un ouvrage agréable à lire (même si la qualité technique d'impression n'est parfois pas au rendez-vous) et qui augure favorablement du nouvel opus critique de Roberts : Rave and Let Die (chez le même éditeur).
Note GHOR : 2 étoiles
11:46 | 11:46 | Recueils de critiques | Recueils de critiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles