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25/03/2009

_When the fires burn high and the wind is from the north : The pastoral science fiction of Clifford D Simak_

When the fires burn high and the wind is from the north : The pastoral science fiction of Clifford D Simak : Robert J. Ewald : Borgo Press (série Milford #73) : 2006 : ISBN 1-55742-218-4 : 158 pages (y compris index, bibliographie primaire sommaire, bibliographie secondaire complète et commentée) : une douzaine d'Euros pour un TP.

When the fires burn high and the wind is from the north.jpg

Cet ouvrage au titre à rallonge (la citation est extraite de City) est probablement le premier ouvrage d'une taille significative consacré exclusivement à C D Simak.

Il fait partie de la série "Milford" éditée par Borgo Press, une longue série d'ouvrages consacrés aux écrivains populaires (et le plus souvent de SF). L'optique de cette série est plus celle d'un ouvrage de découverte d'un auteur que d'une étude en profondeur. D'une certaine façon, ceci est logique vu qu'il parait assez illusoire de vouloir disséquer un auteur comme Simak, qui a écrit plusieurs dizaines de nouvelles et de romans, en 130 pages d'analyse.

Demain les chiens (Le Sagittaire 1954).jpg

On retrouve donc dans ce livre le canevas habituel de la série, avec une chronologie de la vie de l'auteur, un premier chapitre plutôt biographique puis un traitement globalement chronologique de l'oeuvre de Simak. Cette promenade est assez complète, puisqu'elle parvient à traiter tous les romans de l'auteur (en au moins une page) ainsi que la plupart des nouvelles importantes.

Les compléments sont intéressants. La bibliographie primaire est sommaire (premières éditions pour les romans, une simple sélection de nouvelles et de recueils) mais elle est annotée. Pour les puristes, il existe des bibliographies "pures" de Simak (celle de Stephensen-Payne chez GCP et celle de Becker, plus ancienne, chez G. K. Hall). La bibliographie secondaire est un plus par ses commentaires sur les appréciations de Simak par les ouvrages de référence standards.

C D Simak a primary and secondary bibliography.jpg

Comme il est dit plus haut, il est clair que, dans le format choisi, la place manque pour une analyse serrée et exhaustive des textes. Ceci conduit Ewald à nous donner seulement un résumé (parfois un peu trop détaillé) de l'intrigue ainsi qu'une simple idée des thèmes abordés et de leur placement dans l'évolution de Simak.

Sur un plan plus critique, Ewald tente parfois de réfuter les reproches adressés à Simak, à la fois sur sa thématique (généralement pastorale et humaniste) souvent perçue comme un peu limitée alors que c'est un choix de l'auteur et sur ses romans plutôt inférieurs de la fin de sa carrière. Personnellement, je ne l'ai trouvé guère convaincant dans cet exercice, particumièrement sur le deuxième point, peut-être parce qu'il n'y a pas grand chose à sauver de ces oeuvres et que le Simak de la fin ne pouvait que s'auto-parodier.

Special deliverance (Del Rey 1982).jpg

C'est un livre d'une lecture très agréable pour qui connait déjà une partie des écrits de l'auteur, proche dans son exécution de certaines préfaces des livres d'or de Presse Pocket. Pas de grandes dissections fouillées et impitoyables de l'oeuvre de l'auteur mais une ballade pastorale et sympathique dans les écrits d'un personnage lui aussi pastoral et sympathique, l'auteur de livres qui restent longtemps dans la mémoire de ceux qui les ont lus.

Au carrefour des étoiles (JL 1978).jpg

Un livre non pas indispensable car forcément trop superficiel mais très agréable, qui permet de faire revivre un auteur important dont l'oeuvre est en train de disparaître : Laissez-vous tenter.

Note GHOR : 3 étoiles

24/03/2009

_100 Must-read science fiction novels_

100 Must-read science fiction novels : Stephen E. Andrews & Nick Rennison : A&C Black (série Bloomsbury Good Raeding Guides) : 2006 : ISBN-13 978-07136-7585-6 : 194 pages (y compris index et annexes) : moins d'une dizaine d'Euros pour un petit livre de poche.

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Cet ouvrage fait partie de la catégorie des guides de lecture (on pensera au Béguin ou aux divers opus d'Actu-SF) et se propose de sélectionner les livres à lire dans l'ensemble du corpus du genre. Même si les auteurs s'en défendent puisqu'ils récusent le terme, il s'agit là d'un 'best-of'. La démarche, venant d'auteurs qui sont ici libraires, est parfaitement honorable et donne un résultat aussi légitime que ses petits camarades.

Outre une préface (C. Priest), une longue introduction qui brosse un portrait rapide mais fidèle du genre, le coeur du livre est donc constitué par 100 fiches consacrées chacune à un livre (généralement roman ou fix-up, les recueils étant peu présents). Organisé par ordre alphabétique d'auteur, chaque texte est donc tout d'abord résumé puis évalué et placé dans son contexte, le tout en un peu plus d'une page. A la fin de chaque entrée, des pistes de lectures (autres ouvrages du même auteur, ouvrages stylistiquement ou thématiquement proches) sont alors proposées, une pratique fréquente dans ce type de guide. En bonus, on trouve une liste des principaux prix SF, un glossaire et un index.

Comme le dit Priest dans la préface, un des attraits majeurs de ce genre d'ouvrage est à la fois de mesurer l'intersection de cette sélection avec sa bibliothèque ou ses lectures, de critiquer les omissions ou les choix et de (éventuellement) découvrir d'autres romans dont on n'avait pas forcément entendu parler.

Dans la première catégorie des classiques 'indiscutables', on trouve les suspects habituels (Frankenstein, Pavane, Ringworld, Dune, Earth abides, etc...), une sélection sans grande surprise même si elle manifeste logiquement un certain biais pour les productions britanniques.

Ringworld (Sphere 1981).jpg

Dans la seconde catégorie, celle des 'oubliés', on pourra être désagréablement surpris par certains manques (je ne cite que ceux qui m'ont frappé, chacun pouvant avoir sa propre liste) : Simak (qui n'apparaît qu'une seule fois dans tout le livre comme lecture possible), Leiber, Simmons (malgré ses Hugo).  De la même façon, certains choix d'oeuvres pour des auteurs présents sont assez surprenants. Choisir L'homme dans le labyrinthe comme seul 'ouvrage à lire' de Silverberg, Moonseed pour Baxter ou Les orphelins du ciel pour Heinlein, semble négliger d'autres textes plus importants pour la connaissance de ces auteurs.

Moonseed (Voyager 1998).jpg

Dans la trosième catégorie, celle des livres et/ou des auteurs que l'on voit rarement dans des top 100 on pourra évoquer The garments of Caen/Caean de Bayley, Involution ocean de Sterling ou Guernica night de Malzberg. C'est là une des aspects potentiellement les plus intéressant de cet ouvrage puisqu'il conduit à envisager de découvrir de nouveaux textes ou de nouveaux auteurs qui s'écartent des sentiers battus. Je n'ai qu'une réserve à faire sur l'inclusion dans les 100 livres à lire du roman de Leigh Kennedy : The journal of Nicholas the american, livre à peu près inconnu. Un esprit chagrin pourrait penser que la présence incongrue (j'ai carrément dû m'arrêter dans ma lecture pour chercher des infos sur lui) de ce roman pourrait être lié au fait que son auteur soit aussi la compagne de celui qui signe la préface.

The garments of caean (DAW 1980).jpg

Hormis ce bémol de pinailleur, ce petit ouvrage sympathique permet une confrontation avec un autre choix du meilleur de la SF que le sien, chose qui ne se refuse pas.

Note GHOR : 2 étoiles

23/03/2009

_Reading science fiction_

Reading science fiction : James GUNN & Marleen S. BARR & Matthew CANDELARIA : Palgrave MacMillan : 2009 : ISBN-13 978-0-230-52718-8 : 265 pages (y compris diverses bibliographies et index) : une vingtaine d'Euros pour un TP neuf.

Reading science fiction.jpg

Cet ouvrage fait partie de la longue liste de titres visant à présenter la SF à un public composé soit de professeurs ou assistants voulant se lancer dans l'enseignement du genre, soit d'étudiants ayant à suivre les cours des premiers ou ayant un devoir quelconque à rendre sur le sujet. Il est donc à comparer au James/Mendlesohn (2003) ou au Seed (2005).

The cambridge companion to SF.jpg

Pour familiariser ce public à notre genre, le système choisi par ces ouvrages est toujours le même, à savoir une série d'essais assez courts (ici 20 sur 220 pages), d'auteurs variés (académiques et professionnels), sur des sujets allant du général (définition de la SF, histoire du genre) au particulier (étude d'un auteur voire d'une oeuvre). Ce genre d'ensemble (qui peut être plus ou moins volumineux) crée, par petites touches, un portrait du genre capable d'intéresser des néophytes.

Celui-ci est divisé en cinq parties de trois à cinq essais chacune :
- "Mapping science fiction" : le passage obligé d'une définition de la SF et d'une histoire schématique, qui traite essentiellement de la SF littéraire.
- "Science fiction and popular culture" : se concentre sur les autres formes de la SF (ici le cinéma, la télévision et les jeux vidéo).
- "Thoeritical approaches to sience fiction" : se focalise sur certaines approches théoriques actuelles (féminisme, post-colonialisme, marxisme). - "Reading science fiction in the classroom" : une partie plus 'pratique' à destination des enseignants avec un exemple de la lecture spécifique d'un texte de SF (ici Sail on ! Sail on ! de Farmer) proche des travaux de Disch, un étude sur Russ et les apports possibles de la SF dans des cours de technologie.
- "Science fiction and diverse disciplines": relie le genre à d'autres disciplines universitaires (neurosiences, physique, philosophie, biologie) ou champs culturels (internet).

Startling stories 1952-12.jpg

Chaque article est suivi d'une courte (moins d'une dizaine) liste d'ouvrages à lire pour approfondir le sujet et une bibliographie générale qui recense tous les textes cités.

Pour un ouvrage destiné à présenter le genre à des primo-accédants, ce recueil est tout à fait satisfaisant. Les courants et diverses formes d'expression y sont bien détaillés (seuls les arts graphiques me semblent un peu négligés) et le discours est du niveau attendu.

Certaines parties sont même d'un excellent niveau et, par exemple, montrent vraiment le mode de lecture et de fonctionnement propre à la SF en s'appuyant sur un texte et en le décortiquant (l'article de Gunn sur Farmer déjà cité).

La partie théroique et celle destinée aux enseignants sont peut-être les plus faibles de part leur côté trop convenu et/ou trop à la mode. On y trouve les habituels couplets sur le féminisme dans la SF (Russ par Barr, le genre par Donawerth), un texte sur les post-colonial studies (Candelaria, une soi-disant analyse originale de Sundance de Silverberg, qui n'apporte pas grand chose), le détour par une SF 'autre' (lire que l'anglo-saxonne), ici celle d'amérique latine. Tout ce qu'il faut pour donner une belle image bien respectable à un genre dont la réalité est parfois moins glamour (plus Hamilton que Atwood).

Sundance (Corgi 1976).jpg


On regrettera aussi le dernier essai "Science fiction and the Internet" (Bruce Sterling) qui ne parle que du second, et on pleurera devant la pathétique tentative de faire "hype" par l'inclusion en guise de conclusion d'un vrai blog sur papier (sic).

Au final, c'est globalement un assez bon petit livre, capable de donner les grands contours du genre, mais qui déçoit parfois par certains maniérismes. Il est clair que les amateurs un tant soit peu au fait n'ont pas grand chose à attendre de ce titre, mais là n'est pas son but.

Note Ghor : 2 étoiles

20/03/2009

_Worldcon guest of honor speeches_

Worldcon guest of honor speeches : Mike RESNICK & Joe SICLARI : ISFiC Press : 2006 : ISBN-13 978-09759156-3-9 : 309 pages : une grosse vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

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Ce livre rassemble les discours d'une trentaine des 'GoH', prononcés lors des conventions mondiales (Worldcons, où sont décernés les Hugos). Le plus ancien date de 1939 (Frank R.Paul) et le plus récent est celui de 2005 (Christopher Priest).

Les 'GoH' (Guest of Honor) sont les invités vedettes des conventions mondiales, des gens que l'on honore tout au long d'une Worldcon et qui prononcent généralement au moins un 'grand' discours qui est assez suivi. Au début, celui-ci se déroulait juste avant les Hugos, maintenant c'est durant la convention et sans lien avec les Hugos (celui de Priest était le dimanche, c'est à dire le dernier jour de la convention).

Autant le dire tout de suite, ce livre n'est pas un ouvrage indispensable pour la connaissance de la SF ou son étude. En effet, ces discours sont généralement assez formatés ("La SF c'est bien.", "Les fans sont supers.", "C'est trop d'honneur.", "Merci à mon papa.", etc...). De plus, la transcription d'un discours ne passe pas aussi bien que l'écoute du même texte "en direct" dans une salle pleine d'amateurs enthousiastes.

En eux-mêmes, les discours rassemblés dans cet ouvrage sont assez inégaux, allant du sérieux au grandiloquent en passant par le comique ou l'anecdotique.

Ils permettent toutefois de bien voir les péoccupations qui agitaient le monde et/ou le microcosme de la SF lorsqu'ils ont été prononcés. En ce
sens, ils sont de précieux indicateurs de l'état du genre à des instants précis.

On y trouve aussi des morceaux complètement loufoques : Van Vogt expliquant les diverses zones cérébrales et leur activation, Gernsback suggérant d'envoyer les revues SF à l'INPI américain pour toucher des royalties sur des inventions à venir. On peut aussi découvrir des témoignages de première main sur les carrières de certains auteurs et surtout, répartis un peu partout, plein de petits bouts d'information qui
font le délice des amateurs (comme Sturgeon racontant l'extraordinaire bonté de Heinlein).

Un livre à lire (malgré des discours parfois soporifiques ou complètement à coté de la plaque) comme une série d'instantanés délicieusement rétros mais qui ne fera certes pas avancer la réflexion sur le genre.

Note GHOR : 1 étoile.

19/03/2009

_A companion to Science Fiction_

A companion to Science Fiction : David SEED (compilateur) : Blackwell Publishing : 2005 : ISBN-13 978-1-4051-1218-5 : 612 pages (y compris index très détaillé et bibliographies après chaque chapitre) : 120 Euros (ouch !) chez l'éditeur en neuf pour un volumineux HC avec jaquette.

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La structure de ce livre paraitra être assez originale pour les amateurs français. Il s'agit, comme son nom VO l'indique, d'un compagnon pour les gens s'intéressant à la SF plus qu'un ouvrage à caractère historique ou systématique. Les clients habituels de ce type d'ouvrage sont généralement les bibliothèques (d'où le tarif élevé) où ils sont généralement empruntés par des lycéens ou des étudiants ayant soit un cours portant sur la SF, soit un exposé ou un mémoire à faire sur le sujet.

Dans cette optique d'une introduction au genre, c'est donc une collection d'essais qui parcourt diverses facettes de la SF, allant de son histoire à sa géographie en passant par ses auteurs et ses oeuvres. Cela donne un tableau impressionniste de la SF, une sensation particulière par les manques que tout amateur perçoit ("Mais pourquoi ils ne parlent pas de Simmons ?").

Chaque essai (il y en a 41 au total) est écrit par un auteur différent, mais la constante est de n'avoir que du beau linge et de la grosse pointure : Ashley, Barr, Butler, Clute, Csicsery-Ronay, Hassler, Van Ikin, James, Ketterer, Luckhurst, Stableford, Westfahl etc... Les familiers de ce blog reconnaitront des gens réputés et reconnus pour leurs réflexions sur la SF, ayant souvent plusieurs ouvrages importants sur le genre à leur actif.

The history of SF magazines 3.jpg

Le livre est articulé en plusieurs grandes sections :

1) "Surveying the field" : 4 essais qui permettent d'avoir une idée de l'étendue de la SF, avec une approche historique (Slusser ou Ashley excellent et synthétique sur les magazines comme à son habitude), une approche par le biais du discours critique (Csicsery-Ronay) et un essai plutôt instructif sur la manière de lire la SF, somme toute  assez proche du livre de Langlet (Shippey).

2) "Topics and debate" : une série (7) d'essais thématiques sur des sujets parfois un peu bateau (Utopies, SF féministe qui a droit à 2 essais, Gothique...). Très inégal et parfois sombrant dans l'anecdotique comme l'essai de Barr tout entier consacré à la défense de sa proposition du terme de "Feminist fabulation", un combat qui s'est déroulé en 1992.

3) "Genres and movements" : 5 études sur les genres marquants de la SF (Hard SF, New wave, Cyberpunk, Nouveau Space Opéra...). C'est un excellent moment de synthèse qui met bien à plat ces genres en les insérant dans l'histoire de la SF. Les auteurs font aussi parfois un travail salutaire de démystification/démythification de certains courants de la SF dont l'influence ou l'importance réelle sont parfois un peu sur-évalués, comme la New wave ou le Cyberpunk.

4) "Science fiction film" : 3 essais sur SF & Cinéma et SF & TV, un peu en marge du livre qui est quand même axé sur la SF écrite. Leur brièveté pour des domaines aussi vastes leur est peut-être préjudiciable.

5) "The international scene" : 3 survols des paysages SF hors des USA (Canada, Asie & Australie), on peut regretter l'habituelle absence de la SF européenne, mais pour un ouvrage destiné à un public anglo-saxon, l'écueil de la traduction qui limite très fortement la possibilité d'accès à ces textes impose logiquement ce choix.

6) "Key writers" : 9 études se focalisant sur certains auteurs (dans l'ordre : Wells, Asimov, Wyndham, Dick, Delany, Le Guin, G. Jones, Clarke & Egan). C'est là que l'on pourra être étonné de certains choix (Jones & Delany) sur lesquels je reviendrai, mais c'est du boulot d'orfèvre (ce sont généralement ce que j'estime être les meilleurs essayistes qui traitent sur ces auteurs) avec un article sur Asimov par Clute, qui n'est certes pas tendre mais qui correspond exactement à mon sentiment.

Cocon (DLM 1999).jpg

7) "Readings" : 10 études détaillées (entre 10 et 12 pages) sur une oeuvre précise (dans l'ordre chronologique : Frankenstein, Herland, Brave new world, Fahrenheit 451, The female man, Crash, The handmaid's tale, Neuromancer, la trilogie de Mars de KSR & Excession). Chaque article est compétent mais ce qui frappe c'est le manque total d'originalité de cette sélection (sauf pour le Banks). Ces romans ont été traités de nombreuses fois, ce qui, pour un familier de la réflexion sur le genre, entraîne une certaine lassitude à la lecture du dix-septième résumé de l'intrigue de The female man.

Excession (Orbit 1996).jpg

Malgré sa taille, ce livre est un plaisir à lire, le mélange des voix et des styles couplé à la légèreté crée par sa structure non sytématique permet une lecture de 'dégustation' par petits morceaux. Les intervenants sont de grande qualité et le discours est pertinent même s'il n'échappe pas toujours à un certain militantisme ("...patriarchal imperatives have nothing to fear from imagined feminist scenarios.") ou un jargon envahissant ("Metaparadigmatic fiction").

Un oeil attentif pourra certes relever un tout petit nombre de scories : Gernsback rédacteur chef de Astounding, End of an era daté de 2000 sont les seules qui me sont venues immédiatement à la lecture, mais je n'ai pas creusé particulièrement les données factuelles.

End of an era (NEL 1994).jpg

En fait, le point qui m'a le plus ennuyé est une impression de "Politiquement Correct" qui est certes prévisible dans un ouvrage destiné à des bibliothèques et de jeunes lecteurs, mais qui pèse parfois un peu lourdement sur ce livre. Ces orientations sont manifestes dans les choix des auteurs et oeuvres étudiés. Par exemple (c'est le point le plus visible), la proportion de textes féministes atteint un tiers, proportion sans aucun rapport avec le pourcentage relatif de tels ouvrages dans l'ensemble de la production SF.

Pour être plus précis, à chacun son panthéon personnel, mais la présence (indépendamment de leurs qualités certaines) dans les 10 auteurs retenus de Delany, Le Guin et Jones et dans les 10 oeuvres étudiés de Herland, The handmaid's tale & The female man ajouté au fait que le féminisme bénéficie de deux textes qui lui sont consacrés (Barr & Wolmark) doit certainement plus à une tentative de sur-représenter les minorités raciales ou sexuelles, voire à une tentative de surfer sur la vague des "gender studies" ou "post-colonial studies", qu'à une vision objective de l'état de la SF IRL.

Mais tout ouvrage est par définition le résultat d'un choix ou d'une stratégie, on peut ne pas être d'accord avec tous ceux de Seed mais il faut reconnaître et saluer la haute qualité de cet ouvrage dont le seul vrai écueil est le prix dissuasif.

Note GHOR : 3 étoiles