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23/02/2009

_James Tiptree Jr. : The double life of Alice B. Sheldon_

James Tiptree Jr. : The double life of Alice B. Sheldon : Julie PHILLIPS : St Martin's : 2006 : 0-312-20385-3 (ISBN 10) 978-0-312-20385-6 (ISBN 13) : 468 pages (dont biblio + index + notes + 2 cahiers photo) : 27.95 USD soit une vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

James Tiptree Jr.jpg


Le titre de ce livre annonce clairement la couleur, il s'agit d'une bibliographie de Alice Sheldon qui a été un temps connue par le milieu SF sous les pseudos de James Tiptree Jr. et Raccoona Sheldon.

Cet auteur est un des grands mystères de la SF. En effet, son utilisation d'un pseudo masculin lui a valu des éloges à la fois de la part des auteurs hommes, qui louaient son écriture 'virile' (voir Dozois dans The fiction of james Tiptree Jr.) et des auteurs femmes qui louaient sa connaissance et sa sympathie pour la condition féminine.

The fiction of James Tiptree Jr.jpg

Son goût du secret (pas de photos, aucun contact physique avec d'autres membres du milieu, utilisation d'une boite postale) allié à de grandes qualités d'écriture (en privé ou de fiction - voir ses Nebulas & Hugos) ont longtemps fait de Tiptree une énigme dans les cercles pros ou fans de la SF.

La biographie de Phillips couvre toute la vie de Alli (surnom qu'elle préférait parmi toutes ses personnalités), de son enfance dorée et aventureuse, à sa vie de femme en temps de guerre jusqu'à son entrée en SF et à sa fin par suicide (après avoir tué son époux, gravement malade).

Il n'y a pas grand chose à redire sur le travail de la biographe, c'est extrêmement vivant et bien raconté, avec forces citations à l'appui (Alli écrivait beaucoup). J'en veux pour preuve que j'ai lu d'une traite les 250 premières pages où pourtant la SF n'apparaît jamais. La suite (les aventures de Tiptree au sein de la communauté SF) sonne parfaitement juste et a été louée pour son exactitude et son absence de jugement sur le milieu parfois 'particulier' de la SF pour des gens extérieurs.

J'ai juste une reproche technique, à savoir que les notes (volumineuses, 50 pages) sont regroupées à la fin du livre (et non en  bas de page, mais pourquoi pas) mais que surtout elle ne pointent pas sur les passages précis qu'elles sont sensées illustrer (seul le no de la page est indiqué mais pas la partie de la page concernée), du coup je ne les ai même pas consultées, ce qui m'a peut-être fait passer à côté d'informations intéresantes.

En fait, ce qui m'a géné dans tout le livre n'est pas la narration et la fidélité aux évènements réels mais le personnage de Alli elle-même. Fille douée de la haute-bourgeoisie de Chicago, ayant toujours vécu dans un confort matériel extrême (elle n'a jamais eu besoin de travailler par exemple), elle semble trop souvent se complaire dans un spleen artificiel et on serait tenté de lui donner une bonne fessée comme à une enfant gâtée qui ne sait que faire de ses dons ou de l'argent de ses parents/époux. Les états d'âme qu'elle traîne tout le long du livre sont vraiment un luxe que l'immense majorité de ses contemporain(e)s, tant dans la société US que le milieu de la SF, n'ont pas pu se permettre.

Le plus intéressant est bien sûr la problématique d'indentité sexuelle qu'avait Alli, un être dans un corps de femme qui ne savait pas ce qu'elle était vraiment ni dans quel camp elle se situait, ce au moment ou le féminisme montait en puissance.

Ironie de l'histoire, on peut même dire que son choix d'un pseudonyme masculin n'avait rien à voir avec une quelconque oppression des femmes dans la SF (selon les théories des années 70, cf Russ ou Charnas entre autres) mais reflètait un mal-être strictement personnel.

The girl who was plugged in (Tor Double 7).jpg

Je ne peux que recommander ce livre (Hugo 2006 et prix de la meilleure bibliographie, IIRC) pour l'éclairage qu'il apporte sur un être torturé et un grand auteur(e) de SF.

Note GHOR : 3 étoiles

20/02/2009

_Breakfast in the ruins : Science fiction in the last millenium_

Breakfast in the ruins : Science fiction in the last millenium : Barry N. MALZBERG : Baen : 2007 : 0-4165-2117-4 (ISBN 10) : 978-0-4165-2117-8 (ISBN 13) : 389 pages :  14.00 USD soit une dizaine d'Euros pour un TP.

Breakfast in the ruins.jpg


Cet ouvrage est un recueil d'essais et autres documents (préfaces, critiques) de Malzberg. Il se divise en deux parties, la première datant de 1982 et correspondant au recueil d'essais The engines of the night (publié en 1992) et la seconde rassemblant les écrits postérieurs à cette date. A noter la présence de deux nouvelles en prime.

C'est un ensemble de textes autonomes, courts (entre 2 et 10 pages) et sans grande organisation puisque sautant du coq à l'âne, si ce n'est le groupage en fin de volume des textes relatifs à d'autres auteurs (Ballard, Clifton, Keyes...), textes qui sont généralement des préfaces à divers recueils.

La lecture de ce livre est assez pénible parce que Malzberg est atteint d'un syndrome classique chez certains auteurs de SF, à savoir une relation d'amour/haine inextricable. Cette relation difficile entre un auteur et le genre qu'il pratique est due au fait que Malzberg vit mal le décalage entre les ambitions cosmiques/prophétiques/anticipatrices de la SF et la vie d'un genre mercantile/incestueux/mal payé/mal considéré.

Cette position où il est "la tête dans les étoiles et les pieds dans la fange" semble lui être intellectuellement fort pénible. On peut penser que c'est une telle situation situation qui explique, par exemple, son annonce de quitter le genre (comme Silverberg). Mais comme la SF est le seul genre qui l'accueille et le reconnaît, il s'est vu contraint d'y revenir.

Service d'ordre (Lattès 1980).jpg

Du coup, le livre (particulièrement dans sa première partie) est assez énervant pour l'amateur de SF, qui, vu la quantité de crachats dans la soupe, se demande pourquoi un auteur d'un tel génie (Malzberg est parfois assez peu modeste) a persisté à écrire des Ace Double (sous pseudonyme).

Gather in the hall of planets (Ace Double 27415 1971).jpg

Que les auteurs de SF soient des poivrots aux moeurs sexuelles bizarres (la fornication lors des conventions semble beaucoup travailler Malzberg), que les éditeurs de SF soient des requins sans scrupules et soumis au diktat du mauvais goût populaire, que les lecteurs de SF soient des demeurés juste bons à manger du foin et incapables de comprendre des textes un tant soit peu ambitieux, que les fans de SF soient des tarés découplés de la réalité, tout cela n'est pas original (ni même complètement faux.

Cette attaque en règle est juste un peu inconvenante de la part d'un auteur qui ne mange principalement que grace à ses productions SF et qui, par exemple, écrit des préfaces ou des livres (The passage of the light par exemple) édités par NESFA (une pure organisation de fans) et qui publie ce recueil chez Baen, éditeur à la réputation d'être un repaire pour la SF de bourrins.

The passage of light (NESFA 1994).jpg

Pour être franc, le côté : "ma conception de la SF, la seule valide, est incomprise par ces abrutis de lecteurs et de fans" m'a fait penser à la fameuse tribune libre de Léa Silhol (NdA : à l'époque de l'écriture de cet avis). Même diagnostic : "Tous des cons sauf moi", même absence de solutions, même échec.

A cette impression générale négative s'ajoute un certain nombre de reproches plus formels : de nombreux avis ou anecdotes sont répétés d'un essai sur l'autre (radotage ?), l'éciture est parfois un peu trop "too much" (hystérique ?), l'auteur reste extrêmement vague (prudent ?) dans ses attaques multi-cibles d'où l'impossibilité de recouper ses dires et les deux cents premières pages sont fortement datées (elles ont donc presque presque trente ans) et en conséquence pas forcément pertinentes pour une analyse de l'état de la SF aujourd'hui.

Un livre manifeste, à prendre comme tel, intéressant pour la plongée dans la perception du genre par un auteur qui vit mal sa participation à celui-ci, mais où le manque de recul et de mesure brouille le message de l'auteur.

Note GHOR : 1 étoile

19/02/2009

_The Cherryh odyssey_

The Cherryh odyssey : Edward CARMIEN : Borgo Press : 2004 : 0-8095-1071-5 (ISBN 10) : 276 pages (y compris index et bibliographie) : 19.95 USD pour un TP (soit nettement moins d'une vingtaine d'Euros).

The Cherryh odyssey.jpg

Cet ouvrage est un recueil d'essais sur Carolyn Janice CHERRYH. Il est écrit par des auteurs venant de divers horizons (fans, familiers de l'auteure, académiques, critiques SF). Ceci donne au livre une certaine inégalité de ton, pas forcément désagréable, allant de l'adulation parfois un peu excessive (Carmien) à la critique sauvage (Clute) ainsi qu'une grande variété d'approches, de la biographie à l'analyse textuelle en passant par la bibliographie.

N'ayant pas lu beaucoup de SF par Cherryh (le peu que j'ai lu me fait ranger à l'avis de Clute, à savoir que c'est trop long), je ne puis donner valablement d'avis trés motivé sur l'ensemble du livre.

The collected short fiction of C J Cherryh (DAW 2008).jpg

Je l'ai toutefois trouvé plutôt intéressant (malgré quelques maladresses dues à un peu trop d'enthousiasme) mais pas au point de me faire me précipiter sur les (nombreux) livres de Cherryh que je n'ai pas lu. Il est donc certain que je n'ai pas pu tirer le maximum des nombreuses analyses centrées sur des ouvrages précis (Cyteen, Hammerfell...).

Cyteen-2 (JL 1993).jpg


A réserver aux connaisseurs de l'auteure qui y trouveront sûrement plus de satisfaction que moi (et plus de choses à en dire).

A noter que la bibliographie est, pour un usage pratique, nettement en dessous de celle de Stephensen-Payne parue chez GCP même si elle est plus récente.

C J Cherryh Citizen of the universe.jpg

 

Note GHOR : 2 étoiles

18/02/2009

_Science fiction and market realities_

Science fiction and market realities : Gary WESTFAHL & George SLUSSER & Eric S. RABKIN : University of Georgia Press : 1996 : ISBN-10 0-8203-1726-8 (ISBN 10) : 220 pages (y compris index) : une quarantaine d'Euros (en neuf) pour un HC avec jaquette.

Science fiction and market realities.jpg

 
La science fiction est avant tout une littérature commerciale, n'en déplaise aux puristes ou aux artistes. C'est en partant de ce constat incontournable qu'on été rassemblés les essais de ce volume qui se veulent apporter un éclairage sur les influences du marché (via ses acteurs : producteurs, éditeurs, acheteurs) sur la façon d'écrire (et de penser) de la SF dans divers média (romans, juveniles, jeux, comics).

Classiquement, il s'agit d'un recueil d'essais dûs à divers auteurs, les essais qui composent ce volume ont été présentés lors de la 12ème conférence J. Lloyd Eaton, en 1990.

Comme d'habitude sur ce type de recueil, les textes qui composent cet ouvrage sont de qualité variable, mélangeant du très bon (avec un début en force grâce à Westfahl) à des productions de qualité que l'on doit aux habituelles pointures de ce genre d'exercice, qu'elles soient auteurs, éditeurs (au sens US) ou universitaires (Spinrad, Slusser, Hartwell, Cramer, Benford). Il y a aussi quelques textes plus anecdotiques (McConnell). Mais globalement l'ensemble est de très bonne tenue avec des éclairages sur des sujets peu abordés (le marketing des juveniles, le marché britannique ou russe...).

En fait, j'ai trouvé ce livre trop court (220 pages, c'est peu, l'ouvrage étant assez aéré) et peut-être manquant encore d'assise factuelle purement économique (chiffres de tirages, niveau du point mort, poids des retours, rapport entre PLV & ventes...) puisque les outils classiques de l'analyse financière ne sont jamais utilisés. A la décharge des intervenants c'est un domaine plutôt pointu, ce qui explique qu'ils ne nous livrent qu'une vision plutôt personnelle du marché et des impacts économiques sur leur travail et non un rapport de commissaires aux comptes.

C'est en tout cas un livre salutaire parce qu'il sort (un peu) la réflexion sur la SF de la sorte de bulle exclusivement artistique dans laquelle elle est habituellement menée. Cette approche économique est suffisamment rare pour être signalée et encouragée, d'autant plus que les très terre-à-terre considérations de rentabilité ou de résultat pèsent certainement plus sur l'évolution du genre que toutes les autres.

La lecture de cet ouvrage doit aussi être faite en prenant en compte que la situation décrite est celle des années 90, ce qui induit logiquement un décalage avec la réalité du marché actuel. Un certain nombre de corrections intellectuelles sont à apporter aux discours tenus mais on ne peut reprocher ce point aux auteurs.

Note GHOR : 3 étoiles

17/02/2009

_A wealth of fable : An informal history of science fiction fandom in the 1950s_

A wealth of fable : An informal history of science fiction fandom in the 1950s : Harry WARNER Jr. : SCIFI Press : 1992 : ISBN-10 0-9633099-0-0 : 456 pages (y compris index): une trentaine d'Euros pour un HC avec jaquette (disponible chez NESFA).

A wealth of fable.jpg


Ce livre est la suite chronologique de All our yesterdays (du même auteur) qui couvrait les années 40. Il s'agit d'une sorte d'histoire du fandom (principalement US mais on peut aussi y croiser quelques européens) dans les années 50, narré par le petit bout de la lorgnette. Cela donne un livre certes riche en anecdotes (sur 400 pages, il y a de quoi raconter) mais remarquablement pauvre en analyses ou en perspectives historiques.

All our yesterdays.jpg

C'est clairement une oeuvre d'amour et de mémoire mais à force d'y apprendre à longueur de page que Albert Truc, qui résidait dans le Nébraska, a sorti 37 numéros du fanzine Hopla-boom durant les anées 1945-48 mais qu'il s'est disputé avec l'APA voisine au sujet d'une nouvelle non publiée et qu'il a gafiaté, et ainsi de suite ad nauséam, on est rapidement incité à pratiquer une lecture en diagonale.

De plus, le plan de l'ouvrage est très confus. Il mêle une structure thématique (plus ou moins) à une structure chronologique non linéaire, héritage du fait que son contenu est initialement paru et conçu comme une série d'articles. Ceci ne fait qu'ajouter à la pénibilité de la lecture.

Je ne connais pas tous les ouvrages existants sur le sujet, mais cet ouvrage ne peut être considéré comme l'histoire du fandom définitive. Celle-ci reste donc à écrire avec peut-être un peu moins de détails mais avec un peu plus de recul et de mise en perspective.

Le seul intérêt de ce livre est de pouvoir documenter les premiers pas d'un grand nombre de professionnels qui ont fait leurs classes dans le fandom.

C'est donc un témoignange de première main (avec toutes les qualités mais aussi les défauts de ce type de livre de souvenirs) sur les débuts du fandom US et non une étude sur le phénomène lui-même.

Note GHOR : 1 étoile