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03/03/2009

_Plagues, apocalypses and bug-eyed monsters : How speculative fiction shows us our nightmares_

Plagues, apocalypses and bug-eyed monsters : How speculative fiction shows us our nightmares : Heather URBANSKI : McFarland : 2007 : 0-7864-1916-X : 255 pages (dont index) : 35.00 USD soit une grosse vingtaine d'Euros pour un TP.

Plagues, apocalypses and bug-eyed monsters.jpg

Cet ouvrage est basé sur l'idée que l'on peut diviser tout ou partie de la SF en une serie de categories thématiques que l'on peut assimiler à des cauchemars. C'est un peu la même démarche de classification du genre dans des catégories originales que fait Wolfe dans The known and the unknown : The iconography of Science Fiction où il ventile la SF en fonction d'images/icônes dominantes.

On notera que l'auteur est une récente (2002) convertie a la SF, d'où son usage du sigle au sens de Speculative Fiction, c'est à dire l'ensemble Science Fiction + Fantasy (une approche originale même si sa pertinence est discutable).

Ces "cauchemars classiques" (on se souviendra de la nouvelle de Sheckley quasi-homonyme) se repartissent en trois grandes catégories dont certains exemples ou personnages sont devenus des métaphores ayant largement dépassé le champ de la SF pour infiltrer tout l'univers culturel actuel :

1) Cauchemars relatifs a la science et la technologie :
- Guerre nucléaire (Dr Folamour et Godzilla).
- Technologie de l'information (HAL et le Terminator).
- Biologie (Frankenstein et Jurassic park).

2) Cauchemars relatifs au pouvoir :
- Pouvoir de l'individu (Darth Vader, l'anneau unique de JRRT).
- Pouvoir de l'etat (1984).

1984 (Penguin 1971).jpg

3) Cauchemars relatifs à l'inconnu :
- Monstres, ET et autres êtres (PKD, Twilight Zone).
- Progrés (Star Trek).

Pour chacun de ces cauchemars, l'auteur donne des exemples tirés de la littérature, du cinéma, de la télévision et même de la musique, puis montre comment, a l'aide de nombreux exemples, ces images, ces oeuvres ou ces concepts se retrouvent dans le discours politique, publicitaire ou culturel.

Globalement, la démonstration se tient, même si sa validité quand on l'applique à l'ensemble de la SF n'est pas garantie (quid du space opera par exemple) et que les exemples relatifs a la fantasy se limitent à Tolkien. Ce "Nightmares model" est séduisant et la partie qui traite du fait que la SF se sert de ces cauchemars pour tenter d'éviter leur survenance me semble pertinente.

J'ai (comme d'habitude) été gêné par un certain nombre de choses, allant du simple détail à des manques plus fondamentaux :

- Le système des notes numérotés est, dans mon exemplaire, en partie erroné (renvoi vers des notes inexistantes se trouvant en fait sous un
autre numéro). C'est un peu dommage pour la facilité de lecture et c'était peut-être aisément vérfiable.

- On peut trouver quelques erreurs surprenantes (au sens de facilement détectables) : Ring around the sun a été (selon l'auteur) publie par Simak sous le pseudo de Jay Vickers, ce qui est faux, Jay Vickers etant simplement le nom du personnage principal.

Ring around the sun (Ace Double D-61).jpg

 - Le spectre des textes véritablement consultés par l'auteur est des plus limité puisque les exemples directement donnés sont dans leur immense majorité extraits d'une seule revue (Analog) et sur un laps de temps de peu d'années (2002-2005).

- Le corollaire du point précédent est que Urbanski, pour étoffer son discours, a trop tendance a copier mot pour mot d'autres ouvrages de référence sans visiblement s'être donné la peine de consulter les textes de fiction originaux. A titre d'exemple, on retrouve donc dans ce livre
beaucoup de choses tirées telles-quelles de l'ouvrage de Brians (Nuclear holocausts : Atomic war in fiction 1895-1984). Pour la partie musique c'est un des rares articles sur le sujet (paru dans Vector) qui est largement mis a contribution.

Nuclear holocausts.jpg

- Un autre point significatif d'une recherche un peu "light" est le fait que l'on ait aussi droit à des analyses tirées du livre de Franklin War stars : The superweapon and the american imagination non pas en tant que source directe mais en tant que livre cité par une autre source (ici un article de Weldes).

Cela donne un chaînage assez complexe du type : Texte de fiction originel -> Franklin -> Weldes -> Urbanski, dans lequel cette dernière n'a lu que l'article de Weldes. A mon sens, cette non-lecture de son matériau de base est un gros point négatif qui, par l'accumulation de filtres entre le chercheur et les textes de base sur lequel elle travaille, ne peut que diminuer la portée de l'analyse menée.

Loin de moi l'idée de crier au plagiat, le terme étant clairement excessif. C'est plutôt un cas de manque de temps (livre paraissant début 2007 pour une entrée dans la SF en 2002) ou de sources (problème d'accès à certains livres) ou de connaissance du genre (on voit assez bien les lectures de l'auteur) qui ont conduit l'auteur à s'appuyer d'une façon un peu trop voyante sur d'autres ouvrages étudiant des thèmes similaires.

Je serais désolé que mon avis donne une image trop négative de ce livre, c'est quand même une réflexion argumentée et rondement menée (même si elle est parfois de seconde main ou exclusivement US), c'est juste que j'ai peut-être trop aisément deviné, pour la partie SF, les ouvrages que Urbanski avait sur son bureau quand elle a rédigé le sien.

En gros, un ouvrage plutôt facile à lire pour des non-spécialistes, clair et argumenté, mais a la méthodologie perfectible.

Note GHOR : 2 étoiles

02/03/2009

_The gospel according to science fiction : From the twilight zone to the final frontier_

The gospel according to science fiction : From the twilight zone to the final frontier: Gabriel McKEE : Westminster John Knox Press : 2007 : 978-0-664-22901-6 (ISBN 13) 0-664-22901-8 (ISBN 10) : 291 pages (dont index & biblio) : 14.95 USD soit une dizaine d'Euros pour un TP (il semble qu'il existe aussi en HC).

The gospel according to science fiction.jpg

Ce livre a pour ambition d'étudier les relations (similitudes, oppositions) entre la SF et la religion (en tant qu'organisation) et les principaux concepts propres à cette dernière.

Organisé en une dizaine de chapitres, il nous présente des exemples de traitement SF des idées suivantes :
- la qualité de déité.
- la création (au sens de génèse).
- l'esprit, l'âme.
- le libre-arbitre et la prédestination.
- le mal, le péché.
- les messies.
- la foi et l'expéreince religieuse.
- le futur de l'église.
- l'au-delà.
- l'apocalypse.

Chaque thème est très brièvement expliqué (ou placé dans son contexte religieux) puis son traitement dans le cadre de la SF est assez longuement (10 à 20 pages) exposé. Les exemples sont très multimédia : SF écrite (romans ou nouvelles), SF filmée (TV ou cinéma) et BD (plutôt comics), avec un mélange de textes ou d'auteurs connus (P. K. Dick, Un cantique pour Leibowitz, C. S. Lewis) et d'autres moins (Chewdyck...), s'étendant de la période 'classique' de la SF jusqu'à 2005.

Un cantique pour Leibowitz (Denoel 1977).jpg


Le ton employé est très agréable, plus celui de la causerie que de l'essai académique et, malgré mes craintes à priori, je n'ai pas trouvé de prosélytisme religieux, même si (et l'auteur s'en explique), la religion chrétienne est celle qui sert de cadre de référence.

L'effet général de l'ouvrage est de lire une suite de préfaces de la GASF (celle de Histoires divines vient immédiatement à l'esprit, bien sûr). Pour moi, c'est un compliment, je considère donc ce livre comme une réussite qui permet de se faire simplement un état de l'art en SF du traitement de la religion et de ses thèmes, sans être une étude théorique poussée.

Histoires divines (LDP 1983).jpg


Un livre donc très lisible, exempt d'erreurs (recherches correctement faites, dates ok, sources listées à savoir pour les nouvelles les Year's best de Hartwell), dont le seul problème pour une audience francophone est le fait que la plupart des exemples (hormis quelques classiques et les films) sont, à ma connaissance, non disponibles en VF (Stewart & Cohen, certains Sawyer, Zahn...).

Heaven (Aspect 2005).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

27/02/2009

_Brave new words : The Oxford dictionary of science fiction_

Brave new words : The Oxford dictionary of science fiction : Jeff PRUCHER : Oxford University Press : 2007 : 978-0-19-530567-8 (ISBN 13) : 342 pages (dont biblio) : 29.95 USD soit une petite vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

Brave new words.jpg

Cet ouvrage est un dictionnaire des termes relatifs à la SF. C'est à dire qu'il qui regroupe à la fois les termes se rapportant à la SF en tant que genre littéraire (sous-genres, tendances, prix), en tant qu'activité (fanspeak) et les néologismes principaux (hyperespace, robot...) qui forment le lexique de base du genre et que l'on retrouve dans les textes de fiction.

Il s'agit d'un dictionnaire organisé d'une façon classiquement anglo-saxonne. Chaque entrée comprend le mot étudié, son type grammatical (verbe, nom etc..), sa prononciation phonétique, une définition qui dépasse rarement une dizaine de mots, les éventuels mots reliés et une partie importante de citations classée par ordre chronologique où l'on peut comprendre la signification du mot dans un contexte parfois changeant.

Ce qui donne des articles du style :

"Fix-up (n.) A novel composed of previously-written shorter works, frequently with additional material to smooth the transitions between stories. Compare MOSAIC NOVEL" suivi de six citations, commençant bien sûr par celle de AEVV qui est à l'origine de ce terme typique du genre.

Cette brièveté des définitions (par opposition à une encyclopédie où les termes sont largement plus explicités) me fait me demander à qui est destiné ce type d'ouvrage. En effet, on peut penser que les amateurs de SF connaissent à peu près tous les mots inventés par le genre (Blaster, Contra-terrene, Téléporter, Visioscreen...) et que les fans maîtrisent le fanspeak (Corflu, Sercon...). Du coup, l'intérêt de cet ouvrage pour des amateurs ayant une culture SF convenable me parait assez flou, si ce n'est un agréable rappel de tous les termes propres au genre, une promenade dans l'univers mental SF, mais probablement pas le lieux de découvertes linguistiques extraordinaires.

Le seul aspect positif pourrait être celui d'une normalisation du langage critique de la SF autour des définitions de Prucher (comme une clarification de la différence entre les notions de fix-up et de mosaic novel) mais il y a fort à parier que cela ne sera jamais le cas.

Supermind (DAW 1977).jpg

Un néophyte es-SF pourrait se servir de ce dictionnaire pour décrypter un texte du genre : "Il sortit de son aircar et paya dix credits au robodriver avant de dégainer son needle-gun et de pénétrer dans le conapt." (In the jaws of danger, Manfred W. Muller Jr., Wonderful Space Stories, April 1963 (1)), mais l'entreprise risque d'être longue et pénible.

En bonus, il y a une énorme (plus de 30 pages, mais hélas non commentée et non ISBN-isée) bibliographie d'ouvrages de référence papier (et aussi de sites internet), que l'on peut utilement parcourir pour y trouver des pistes de recherche de nouveaux ouvrages.

Note GHOR : 2 étoiles (valeur me paraissant correcte pour le travail fourni, mais je suis, comme indiqué, dubitatif sur l'utilisation pratique d'un tel ouvrage).

 

 

 

(1) inutile de chercher ce texte

25/02/2009

_Faces of the future : The lessons of science fiction_

Faces of the future : The lessons of science fiction : Brian ASH : Elek/Pemberton : 1975 : ISBN-10 0-236-31004-6 : 213 pages (y compris bibliographie secondaire et index) : une vingtaine d'Euros pour un HC d'occase (avec jaquette).

Faces of the future.jpg


Cet ouvrage est une sorte d'introduction générale à la SF, comme il s'en publiait pas mal dans les années 70-80, au moment où la SF, en particulier en Grande Bretagne grâce au soutien d'écrivains comme Amis, devenait une littérature un peu plus fréquentable.

Nous avons donc affaire à un livre découpé en une douzaine de chapitres, suivant un canevas assez classique. Il commence par une introduction qui souligne le côté satirique de la SF en se focalisant sur The space merchants, puis poursuit avec une partie historique allant des grands ancêtres (ici Lucien) à Wells et se termine par un développement des principaux thèmes du genre (l'utopie/la dystopie, le temps, les machines, l'évolution, les extraterrestres, les dieux). L'ensemble s'appuie largement sur les habituels textes et écrivains 'canoniques' (de Asimov à Van Vogt).

Planète à gogos (Denoel 1971).jpg

Suivent une bibliographie secondaire (complète pour l'époque) et un index par auteur et titre.

Replacé dans le contexte de l'époque, cet ouvrage aurait pu été certainement intéressant. Hélas, il est d'un tel classicisme que sa lecture de nos jours n'apporte qu'une impression de réchauffé. Tout ce que l'on peut lire sous la plume de Ash a déjà été lu : la litanie des grands prédécesseurs littéraires (More, Bacon, Voltaire, Kepler...) qui forment un pédigree impeccable au genre; l'omniprésence de Wells qui est mis à toutes et les sauces (son entrée d'index fait 10% du total), ce qui est normal, Ash étant à la base un spécialiste de l'auteur; la sur-évaluation de la SF (respectable) satirique tendance Galaxy et l'ironie facile sur le Space Opéra; l'insistance permanente sur les auteurs les plus acceptables (Huxley, Stapledon) et la confusion entre futurologie et SF (cf. l'anecdote sur Cartmill).

Ce n'est pas que c'est un mauvais ouvrage, Ash connaît bien la SF et parvient parfois à utiliser des références originales (pas mal de romans de Edmund Cooper, auteur qui était à son zénith à l'époque) et sa présentation du genre, même si elle caresse un peu trop l'intelligentsia dans le sens du poil, est parfaitement valide.

Seed of light (Ballantine 1969).jpg


Cet ouvrage manque juste, à ce moment de mon parcours de lecture, du petit plus qui le rendrait remarquable. C'est aussi vrai d'une façon plus chronologique puisque publié deux ans après Billion year spree, il ne peut égaler son prédécesseur.

D'où une note GHOR qui correspond plus à l'absence d'intérêt de se procurer cet ouvrage plutôt qu'à ses qualités intrinsèques.

Note GHOR : 1 étoile

24/02/2009

_Science fiction writers of the golden age_

Science fiction writers of the golden age : Harold BLOOM (éditor) : Chelsea House Publishers 1995 : 0-7910-2198-X (ISBN 10) : 203 pages : 12.95 USD (à l'époque) soit une dizaine d'Euros (maintenant) pour un TP.

Science fiction writers of the golden age.jpg

Il s'agit là d'un ouvrage qui présente 12 auteurs (dont un couple) de l'age d'or (1940-1950) : Anderson, Asimov, Bester, Blish, Bradbury, Clarke, Heinlein, Leiber, Moore & Kuttner, Pohl, Sturgeon, Van Vogt.

Le principe de l'ouvrage est assez original avec, pour chaque auteur, deux pages de biographie, suivies d'une dizaine de pages d'extraits critiques (organisés par ordre plus ou moins chronologique et même parfois contemporain des textes discutés) qui se focalisent sur certaines oeuvres (connues ou pas, romans ou recueils) ou sur la carrière des auteurs. Un élément auto-biographique est aussi généralement présent. Le tout se conclut par une bibliographie certes sommaire mais fournie et relativement exacte même si elle ne traite que les livres (fiction ou non-fiction ainsi que recueils édités) dans la production des auteurs considérés (pas des nouvelles ou des adaptations dans d'autres médias).

Cette organisation permet d'avoir d'un façon pratique, rapide et simple plusieurs avis (souvent divergents) sur l'auteur en question ou sur certaines de ses oeuvres. Les avis présentés sont assez équilibrés, allant du positif (Disch sur Sturgeon) au massacre (Knight sur Van Vogt) en passant par le purement informatif ou la digression.

Les sources utilisés sont hyper-classiques et sont extraites des ouvrages de référence standards (recueils de critiques de Blish ou Budrys, ouvrages de Aldiss ou Gunn) ou des rares monographies consacrées aux auteurs étudiés (le Pohl ou le Sturgeon chez Starmont).

The issue at hand.jpg


Du coup, j'avais en fait lu presque 80% du contenu de ce livre mais cette lecture s'est trouvé étalée sur plusieurs années et de nombreux ouvrages, ce qui a minimisé (en ce qui me concerne) nettement la gêne de ce côté 'redite'.

Un ouvrage idéal pour se rafraîchir la mémoire sur ces écrivains majeurs, évaluer l'évolution de leur perception au cours du temps et glaner des pistes pour approfondir une éventuelle analyse plus poussée. Un livre sans prétention, qui ne prétend pas à l'exhaustivité (logique vu la qualité et la production des auteurs traités), mais néanmoins de qualité et d'un esprit synthétique bienvenu.

Note GHOR : 3 étoiles