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12/09/2019

_Robert Silverberg's Many Trapdoors_

Robert Silverberg's Many Trapdoors : Charles L. ELKINS & Martin Harry GREENBERG (editors) : 1992 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of Science Fiction" #53) : x+156 pages (y compris index et bibliographie) : ISBN-10 0-313-26308-6 (la fiche ISFDB du titre) : coûtait une cinquantaine d'USD pour un HC non illustré sans jaquette (ou est-elle seulement absente sur mon exemplaire venant d'une bibliothèque), parfois trouvable.

anglais,silverberg,2 étoiles

Le fait que Robert Silverberg soit l'un des auteurs majeurs du genre est indiscutable. Ce qui le rend sans doute encore plus intéressant aux yeux du monde universitaire est sans doute son parcours chaotique et ponctué de périodes de retrait (annoncées avec force publicité) qui l'a mené des bas-fonds de l'écriture à la chaîne à des oeuvres infiniment plus complexes et à un statut de faiseur de best-sellers. Tout cela fait de la bonne matière pour écrire une belle et éducative histoire. Pourtant, et malgré un nombre significatif d'articles, il est un fait qu'il n'existe que peu d'ouvrages qui lui sont consacrés (un Starmont), un livre par Chapman chez Greenwood et, étonnamment, un copieux ouvrage en allemand). Ce titre est donc plutôt une rareté de par son thème et semble avoir eu une histoire éditoriale assez compliquée (c'est du moins ce que laisse entendre la préface).

anglais,silverberg,2 étoiles

Cet ouvrage est donc un recueil de sept essais (généralement inédits) assez longs autour de Silverberg ou de ses oeuvres. Après une longue introduction de Clareson, on trouve successivement un survol de la carrière de l'auteur (Letson), un texte sur Dying Inside (Chapman), une étude sur les nouvelles "à chute" (Francavilla), un essai sur l'identité dans divers textes (Flodstrom), The World Inside comme utopie ambiguë (Dietz), le thème de la transcendance chez RS (Reilly) et une analyse de Tom O'Bedlam (Manlove). On termine par une bibliographie primaire et secondaire d'une dizaine de pages et un index.

anglais,silverberg,2 étoiles

Si l'on considère l'étendue de la carrière de Silverberg et ses multiples phases, il est évident que le texte "général" de Letson sur l'auteur aurait pu sans problème voir sa taille multipliée par dix tellement il y a à dire. Du coup, une partie des essais ayant choisi une approche "pointilliste" et focalisée, on ne ressent pas trop l'absence d'une mise en perspective plus vaste. Le tout est de bonne tenue même si certains intervenants sont parfois plus dans leur propre "truc" que dans celui de l'auteur. L'attention portée à certains textes "mineurs" (Dietz & Manlove) est de plus rafraîchissante par son originalité. On peut même percevoir cette l'ambiguité et ces non-dits qui caractérise la relation de l'auteur avec la science-fiction.

anglais,silverberg,2 étoiles

De toute façon, les rapports complexes (à la Malzberg) et les apports de Silverberg au genre ne pourraient sans doute être sérieusement étudiés que sur un format beaucoup plus important (on pensera à ce qu'a fait Patterson sur RAH ou Porges sur ERB). Il faudra donc nous contenter de ces petites touches pour l'instant avec cet agréable petit (il y a à peine une centaine de pages de texte) recueil qui peut permettre de commencer à cerner un auteur mutliple.

anglais,silverberg,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

10/09/2019

_Strange Horizons _

Strange Horizons : The Spectrum of Science Fiction : Sam MOSKOWITZ : 1976 : Charles Scribner's Sons : v+298 pages (y compris index) : ISBN-10 0-684-14774-2 (la fiche ISFDB du titre) : coûtait 8.95 USD pour un HC non illustré avec jaquette (absente sur mon exemplaire venant d'une bibliothèque).

anglais,2 étoiles

Il est difficile d'ignorer le nom de Sam Moskowitz quand on s'intéresse aux ouvrages sur le genre. Historien amateur et infatigable des premiers pas du genre, il a, comme beaucoup d'autres pionniers, revêtu de multiples casquettes : rédacteur en chef, anthologiste, essayiste, auteur... Cet ouvrage est un recueil de onze essais thématiques (de quinze à plus de trente pages) initialement parus dans divers magazines (Amazing, WoT) au milieu des années 60, à l'exception de l'un d'entre eux qui semble inédit. Ces essais ont été plus ou moins retravaillés par l'auteur pour cette publication en volume (une comparaison rapide ne montre qu'une légère actualisation).

anglais,2 étoiles

Après une brève introduction, sont abordés par Moskowitz les thèmes suivants tels qu'ils ont été traités par la SF disponible aux USA à l'époque : la religion, l'antisémitisme, les noirs, le règne des femmes, S. Fowler Wright, la psychiatrie, le policier, la série Tom Swift, la guerre future (qui est le texte inédit du recueil), Charles Fort et Virgil Finlay. Comme c'est prévisible avec Moskowitz, tous ces sujets sont plutôt abordés sous l'angle historique et anecdotique. Un index clôture un volume qui ne comporte pas de bibliographie (sans surprise puisque l'auteur se fie beaucoup à sa mémoire).

anglais,2 étoiles

Bien évidemment ce livre tombe dans les écueils habituels des écrits de Moskowitz à savoir tout d'abord un certain manque de fiabilité. En effet, aucune des nombreuses affirmations de l'auteur n'est sourcée et celui-ci semble plus se fier à sa mémoire qu'à des témoignages vérifiables. Même si l'ensemble semble offrir une mine de renseignements sur les débuts de la SF, il est nécessaire de faire le tri parmi les informations fournies et de prendre tout ce qui est écrit dans ce livre avec un certain recul. Le deuxième point gênant est la fâcheuse habitude de Moskowitz de jouer au jeu des influences. Pour chaque texte évoqué, il nous propose plusieurs autres supposés l'avoir influencé. Comme tout cela est fait sur la base de vagues similitudes d'intrigue ou de localisation et indépendamment de tout élément factuel, cela n'offre au final guère d'intérêt.

anglais,2 étoiles

Par contre, il faut louer l'audace de Moskowitz qui aborde dans certains de ces essais (parus dans des magazines importants de l'époque, je le rappelle) des sujets qui fâchent. Lire sous sa plume en 1965 que la SF est parfois fascinée par des charlatans, raciste, antisémite ou misogyne est la preuve que, contrairement à ce que l'on veut maintenant nous faire croire, certains amateurs du genre étaient conscients de ses travers et les dénonçaient vigoureusement. Comme souvent, les esprits soi-disant éclairés désirant une SF bien propre sur elle (grâce à leurs efforts, sans doute) et qui voudraient par opposition nous peindre un genre adhérant auparavant à tous les préjugés possibles, ceux-là feraient mieux de se pencher sur son histoire avant de lancer leur chasse aux sorcières. On se trouve donc au final avec un livre assez courageux dans ses positions mais quand même assez léger dans ses affirmations. Une curiosité et un témoignage historique des premières réflexions sur le genre

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

11/08/2019

_The Poetics of Science Fiction_

The Poetics of Science Fiction : Peter STOCKWELL : 2000 : Longman (série "Textual Explorations") : ISBN-10 0-582-36993-2 (la fiche ISFDB du titre) : xi+250 pages (y compris index et bibliographie) : prix original inconnu (sans doute une bonne dizaine de GBP) pour un tp non illustré semble aussi exister en HC (-36994-0) et qui a été réédité par Routledge.

3 étoiles,anglais

Dans le vaste univers des ouvrages de référence sur le genre, on tombe parfois sur des titres qui apportent une bonne dose de fraîcheur (même pour un livre qui a maintenant presque vingt ans). Que cela soient les livres de Milner (Locating Science Fiction), Brigg (The Span of Mainstrean and Science Fiction) ou Rieder (Science Fiction and the Mass Cultural Genre System), c'est toujours un plaisir de se confronter à des nouvelles approches souvent basées sur des disciplines "extra-littéraires". Ici, Peter Stockwell (un universitaire britannique) utilise essentiellement la linguistique pour embrasser, définir et délimiter le genre (sachant que Poetics dans le titre est à prendre au sens de "the theory of literary forms and literary discourse").

3 étoiles,anglais

Mélange d'ouvrage théorique et de cahier de devoirs puisqu'il y a un certain nombre d'exercices à faire à l'issue de chacune des neuf parties, cet ouvrage présente une structure homogène (les chapitres suivent exactement le même canevas) mais déroule un discours global assez décousu même s'il est toujours pointu en introduisant un certain nombre de notions spécifiquement développées par l'auteur ou usitées seulement dans des cercles restreints (la Deixis du deuxième chapitre par exemple).

2 étoiles,anglais

J'ai trouvé l'ensemble souvent brillant (comme le chapitre 4 sur la définition du Pulpstyle), parfois obscur (par manque de connaissances en théorie littéraire), parfois sans objet pour moi (j'ai passé l'âge de faire des exercices), parfois foutraque mais en tout cas toujours intéressant et surtout stimulant. C'est un de ces ouvrages avec qui l'on a vraiment envie de "discuter" (même si c'est impossible). En tout cas, ce livre se lit d'une traite (même si les chapitres sont thématiquement disjoints et peuvent générer des discussions séparées) et mérite d'être essayé avant d'être approuvé.

2 étoiles,anglais

Note GHOR : 3 étoiles (original mais peut faire mal à la tête)

30/07/2019

_Lingua Cosmica_

Lingua Cosmica : Science Fiction from Around the World : Dale KNICKERBOCKER (editor) : 2018 : University of Illinois Press : ISBN-13 978-0-252-083337-2 (la fiche ISFDB du titre) : xxi+236 pages (y compris index) : coûte 29.95 USD pour un tp non illustré qui existe aussi en hc (-04175-4) et ebook (-05042-8), disponible chez l'éditeur.

anglais,2 étoiles

Cet ouvrage s'inscrit dans le mouvement actuel qui voit le monde universitaire anglo-saxon es-SF découvrir qu'il existe tout un territoire vierge riche de nouveaux papiers à écrire : la SF hors des USA et de la Grande-Bretagne (cf. ce titre par exemple). Bien évidemment, ceci est une caricature de ma part puisqu'il faut reconnaître une certaine "internationalisation" du genre tel qu'il est perçu aux USA (voir le Hugo reçu par Cixin Liu). En tout cas, cet ouvrage nous propose un aperçu de ces "autres" SF, non pas au travers d'essais sur tel ou tel pays mais au travers de portraits de praticiens du genre (ce point n'est pas d'ailleurs vraiment évident au premier abord).

anglais,2 étoiles

Ce recueil est donc constitué de onze chapitres de longueur variable (plus une introduction), chacun d'entre eux étant consacré à un auteur (et donc d'un certaine façon à un pays). Sous diverses plumes (Vas-Deyres pour la France), sont donc évoqués dans l'ordre : Diana Chaviano (Cuba/USA), Jacek Dukaj (Pologne), Jean-Claude Dunyach (France), Andreas Eschbach (Allemagne), Angélica Gorodischer (Argentine), Sakyo Komatsu (Japon), Liu Cixin (Chine), Laurent McAllister (Québec), Olatunde Osunsanmi (Nigéria), Johanna Sinisalo (Finlande) et les frères Strugatski (URSS/Russie). Les essais font une bonne dizaine de pages, brossent systématiquement un état des lieux de la SF dans le pays concerné et se focalisent soit sur la carrière complète des auteurs (sachant que Olatunde Osunsanmi est un réalisateur) soit seulement sur certains textes. A noter que chaque essai comporte ses propres notes et sa propre bibliographie et qu'un index général est aussi fourni.

anglais,2 étoiles

Une fois relativisée une certaine emphase (une partie des auteurs évoqués sont parfois présentés comme étant du calibre de Le Guin, Egan, PKD ou Ballard réunis), les essais sont de bonne facture et permettent généralement d'avoir une certaine idée de la SF "locale" plutôt d'une façon indirecte. Comme il y a autant de contributeurs que d'essais, on se trouve face à une nette hétérogénéité de traitement qui fait que les textes sont d'intérêt variable, le moins concluant (et le plus long) étant celui par Brooks de Vita (une universitaire spécialiste de la diaspora africaine) sur le réalisateur nigérian Olatunde Osunsanmi qui s'embourbe parfois dans le pamphlet politique bien pensant.

anglais,2 étoiles

L'écueil majeur de ce type d'ouvrage reste toutefois l'accès aux textes étudiés sachant que certains n'existent qu'en VO (en français par exemple) ou seulement en VO et traduction anglaise (donc inaccessibles à la majorité du public francophone). Il est toujours un peu frustrant de lire des analyses sur des textes que l'on ne pourra jamais lire (sauf à apprendre le polonais). Il s'agit là des limites de ce type d'exercice qui nous présente des écrits bien tentants à découvrir mais qui risquent, pour des raisons economico-éditoriales de rester longtemps hors de notre portée.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

26/07/2019

_Dis-Orienting Planets_

Dis-Orienting Planets : Racial Representations of Asia in Science Fiction : Isiah LAVENDER III (editor) : 2017 : University Press of Mississippi : ISBN-13 978-1-4968-1152-3 (la fiche ISFDB du titre) : x+267 pages (y compris index) : coûte 65.00 USD pour un hc non illustré (sans jaquette, possible POD), semble exister aussi en ebook (-1154-7), disponible chez l'éditeur.

anglais,2 étoiles

Au fur et à mesure de l'extension du domaine des études sur le genre et de leur métissage avec d'autres domaines universitaires (feminist studies, postcolonial studies, queer studies...), la question de la représentation des diverses minorités a été étudiée par "vagues". Historiquement (pour le domaine anglo-saxon) on s'est d'abord intéressé à la place des femmes dans le genre (dès les années 70), puis on s'est penché sur celle des afro-américains (au tournant du siècle), sur celle des personnes LGBT (il y a quelques années). La présence de plus en plus visible de minorités asiatiques aux USA et l'intérêt porté à la SF "orientale" (qu'elle soit située en Asie, qu'elle soit écrite par des citoyens asiatiques ou les deux) font que l'on se penche maintenant de plus en plus sur les représentations de l'Asie (et des ses habitants) dans le genre.

anglais,2 étoiles

Sous la direction d'Isiah Lavender III, un professeur d'anglais à l'université de Louisiane à qui l'on doit plusieurs ouvrages explorant l'angle racial dans la SF, ce livre est un recueil d'une petite vingtaine d'essais relativement courts (une dizaine de pages en moyenne). Il est divisé en trois parties inégales (First Encounters, Fear of a Yellow Planet et Dis-Orienting Planets) dont la logique interne est parfois peu évidente. Les contributeurs sont, hormis quelques plumes connues (Lyau, Gordon, Hollinger), plutôt des nouveaux dans ce type d'exercice et sont généralement des universitaires dans des disciplines connexes (cultural studies, media studies, humanities...).

anglais,2 étoiles

A la lecture, le résultat ressemble plus à un joyeux fourre-tout qu'à un ouvrage structuré et "pensé". En effet, on y trouve pêle-mêle des textes de fond sur la SF chinoise (Hollinger) ou indienne (Mehan) ou sur le Cyberpunk japonais (Posadas), des études sur des auteurs précis (Gordon sur Kij Johnson, Murphy sur Vandana Singh, Ransom sur M. P. Shiel), des critiques d'œuvres isolées (Wine de Yoon Ha Lee, Super Sad True Love Story de Shteyngart, On Such a Full Sea de Chang-rae Lee, les films Cloud Atlas et Pacific Rim) ou d'ensembles romanesques (la trilogie Remembrance of Earth's Past de Cixin Liu), et des choses inclassables comme un essai sur la géopolitique asiatique, un autre sur la lutte via internet contre le "Whitewashing" dans les médias ou des choses dont je n'ai pas saisi l'intérêt ou le propos (un texte sur l'humour noir et les races ou un autre sur Percival Lowell et l'orientalisme).

anglais,2 étoiles

Du coup, on peut aisément penser que le sous-titre de l'ensemble est plutôt trompeur puisque la question de la race est loin d'être au centre des diverses contributions (à la différence d'autres livres de Lavender comme Race in American Science Fiction). Il n'est reste pas moins que l'ensemble est très intéressant à lire et apporte des informations et un éclairage bienvenu sur une partie de la world-SF qui reste assez peu connue. L'ouvrage soulève quand même un vrai problème qui est celui de l'accès aux textes évoqués (qui sont -presque- tous traduits en anglais mais pas forcément très communs) et qui a d'ailleurs pour corollaire celui du filtre de la traduction (Que connaît-on vraiment en Occident des SF asiatiques ?). En tout cas, cet ouvrage est une bonne introduction à ces SF exotiques.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles