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10/09/2019

_Strange Horizons _

Strange Horizons : The Spectrum of Science Fiction : Sam MOSKOWITZ : 1976 : Charles Scribner's Sons : v+298 pages (y compris index) : ISBN-10 0-684-14774-2 (la fiche ISFDB du titre) : coûtait 8.95 USD pour un HC non illustré avec jaquette (absente sur mon exemplaire venant d'une bibliothèque).

anglais,2 étoiles

Il est difficile d'ignorer le nom de Sam Moskowitz quand on s'intéresse aux ouvrages sur le genre. Historien amateur et infatigable des premiers pas du genre, il a, comme beaucoup d'autres pionniers, revêtu de multiples casquettes : rédacteur en chef, anthologiste, essayiste, auteur... Cet ouvrage est un recueil de onze essais thématiques (de quinze à plus de trente pages) initialement parus dans divers magazines (Amazing, WoT) au milieu des années 60, à l'exception de l'un d'entre eux qui semble inédit. Ces essais ont été plus ou moins retravaillés par l'auteur pour cette publication en volume (une comparaison rapide ne montre qu'une légère actualisation).

anglais,2 étoiles

Après une brève introduction, sont abordés par Moskowitz les thèmes suivants tels qu'ils ont été traités par la SF disponible aux USA à l'époque : la religion, l'antisémitisme, les noirs, le règne des femmes, S. Fowler Wright, la psychiatrie, le policier, la série Tom Swift, la guerre future (qui est le texte inédit du recueil), Charles Fort et Virgil Finlay. Comme c'est prévisible avec Moskowitz, tous ces sujets sont plutôt abordés sous l'angle historique et anecdotique. Un index clôture un volume qui ne comporte pas de bibliographie (sans surprise puisque l'auteur se fie beaucoup à sa mémoire).

anglais,2 étoiles

Bien évidemment ce livre tombe dans les écueils habituels des écrits de Moskowitz à savoir tout d'abord un certain manque de fiabilité. En effet, aucune des nombreuses affirmations de l'auteur n'est sourcée et celui-ci semble plus se fier à sa mémoire qu'à des témoignages vérifiables. Même si l'ensemble semble offrir une mine de renseignements sur les débuts de la SF, il est nécessaire de faire le tri parmi les informations fournies et de prendre tout ce qui est écrit dans ce livre avec un certain recul. Le deuxième point gênant est la fâcheuse habitude de Moskowitz de jouer au jeu des influences. Pour chaque texte évoqué, il nous propose plusieurs autres supposés l'avoir influencé. Comme tout cela est fait sur la base de vagues similitudes d'intrigue ou de localisation et indépendamment de tout élément factuel, cela n'offre au final guère d'intérêt.

anglais,2 étoiles

Par contre, il faut louer l'audace de Moskowitz qui aborde dans certains de ces essais (parus dans des magazines importants de l'époque, je le rappelle) des sujets qui fâchent. Lire sous sa plume en 1965 que la SF est parfois fascinée par des charlatans, raciste, antisémite ou misogyne est la preuve que, contrairement à ce que l'on veut maintenant nous faire croire, certains amateurs du genre étaient conscients de ses travers et les dénonçaient vigoureusement. Comme souvent, les esprits soi-disant éclairés désirant une SF bien propre sur elle (grâce à leurs efforts, sans doute) et qui voudraient par opposition nous peindre un genre adhérant auparavant à tous les préjugés possibles, ceux-là feraient mieux de se pencher sur son histoire avant de lancer leur chasse aux sorcières. On se trouve donc au final avec un livre assez courageux dans ses positions mais quand même assez léger dans ses affirmations. Une curiosité et un témoignage historique des premières réflexions sur le genre

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

11/08/2019

_The Poetics of Science Fiction_

The Poetics of Science Fiction : Peter STOCKWELL : 2000 : Longman (série "Textual Explorations") : ISBN-10 0-582-36993-2 (la fiche ISFDB du titre) : xi+250 pages (y compris index et bibliographie) : prix original inconnu (sans doute une bonne dizaine de GBP) pour un tp non illustré semble aussi exister en HC (-36994-0) et qui a été réédité par Routledge.

3 étoiles,anglais

Dans le vaste univers des ouvrages de référence sur le genre, on tombe parfois sur des titres qui apportent une bonne dose de fraîcheur (même pour un livre qui a maintenant presque vingt ans). Que cela soient les livres de Milner (Locating Science Fiction), Brigg (The Span of Mainstrean and Science Fiction) ou Rieder (Science Fiction and the Mass Cultural Genre System), c'est toujours un plaisir de se confronter à des nouvelles approches souvent basées sur des disciplines "extra-littéraires". Ici, Peter Stockwell (un universitaire britannique) utilise essentiellement la linguistique pour embrasser, définir et délimiter le genre (sachant que Poetics dans le titre est à prendre au sens de "the theory of literary forms and literary discourse").

3 étoiles,anglais

Mélange d'ouvrage théorique et de cahier de devoirs puisqu'il y a un certain nombre d'exercices à faire à l'issue de chacune des neuf parties, cet ouvrage présente une structure homogène (les chapitres suivent exactement le même canevas) mais déroule un discours global assez décousu même s'il est toujours pointu en introduisant un certain nombre de notions spécifiquement développées par l'auteur ou usitées seulement dans des cercles restreints (la Deixis du deuxième chapitre par exemple).

2 étoiles,anglais

J'ai trouvé l'ensemble souvent brillant (comme le chapitre 4 sur la définition du Pulpstyle), parfois obscur (par manque de connaissances en théorie littéraire), parfois sans objet pour moi (j'ai passé l'âge de faire des exercices), parfois foutraque mais en tout cas toujours intéressant et surtout stimulant. C'est un de ces ouvrages avec qui l'on a vraiment envie de "discuter" (même si c'est impossible). En tout cas, ce livre se lit d'une traite (même si les chapitres sont thématiquement disjoints et peuvent générer des discussions séparées) et mérite d'être essayé avant d'être approuvé.

2 étoiles,anglais

Note GHOR : 3 étoiles (original mais peut faire mal à la tête)

30/07/2019

_Lingua Cosmica_

Lingua Cosmica : Science Fiction from Around the World : Dale KNICKERBOCKER (editor) : 2018 : University of Illinois Press : ISBN-13 978-0-252-083337-2 (la fiche ISFDB du titre) : xxi+236 pages (y compris index) : coûte 29.95 USD pour un tp non illustré qui existe aussi en hc (-04175-4) et ebook (-05042-8), disponible chez l'éditeur.

anglais,2 étoiles

Cet ouvrage s'inscrit dans le mouvement actuel qui voit le monde universitaire anglo-saxon es-SF découvrir qu'il existe tout un territoire vierge riche de nouveaux papiers à écrire : la SF hors des USA et de la Grande-Bretagne (cf. ce titre par exemple). Bien évidemment, ceci est une caricature de ma part puisqu'il faut reconnaître une certaine "internationalisation" du genre tel qu'il est perçu aux USA (voir le Hugo reçu par Cixin Liu). En tout cas, cet ouvrage nous propose un aperçu de ces "autres" SF, non pas au travers d'essais sur tel ou tel pays mais au travers de portraits de praticiens du genre (ce point n'est pas d'ailleurs vraiment évident au premier abord).

anglais,2 étoiles

Ce recueil est donc constitué de onze chapitres de longueur variable (plus une introduction), chacun d'entre eux étant consacré à un auteur (et donc d'un certaine façon à un pays). Sous diverses plumes (Vas-Deyres pour la France), sont donc évoqués dans l'ordre : Diana Chaviano (Cuba/USA), Jacek Dukaj (Pologne), Jean-Claude Dunyach (France), Andreas Eschbach (Allemagne), Angélica Gorodischer (Argentine), Sakyo Komatsu (Japon), Liu Cixin (Chine), Laurent McAllister (Québec), Olatunde Osunsanmi (Nigéria), Johanna Sinisalo (Finlande) et les frères Strugatski (URSS/Russie). Les essais font une bonne dizaine de pages, brossent systématiquement un état des lieux de la SF dans le pays concerné et se focalisent soit sur la carrière complète des auteurs (sachant que Olatunde Osunsanmi est un réalisateur) soit seulement sur certains textes. A noter que chaque essai comporte ses propres notes et sa propre bibliographie et qu'un index général est aussi fourni.

anglais,2 étoiles

Une fois relativisée une certaine emphase (une partie des auteurs évoqués sont parfois présentés comme étant du calibre de Le Guin, Egan, PKD ou Ballard réunis), les essais sont de bonne facture et permettent généralement d'avoir une certaine idée de la SF "locale" plutôt d'une façon indirecte. Comme il y a autant de contributeurs que d'essais, on se trouve face à une nette hétérogénéité de traitement qui fait que les textes sont d'intérêt variable, le moins concluant (et le plus long) étant celui par Brooks de Vita (une universitaire spécialiste de la diaspora africaine) sur le réalisateur nigérian Olatunde Osunsanmi qui s'embourbe parfois dans le pamphlet politique bien pensant.

anglais,2 étoiles

L'écueil majeur de ce type d'ouvrage reste toutefois l'accès aux textes étudiés sachant que certains n'existent qu'en VO (en français par exemple) ou seulement en VO et traduction anglaise (donc inaccessibles à la majorité du public francophone). Il est toujours un peu frustrant de lire des analyses sur des textes que l'on ne pourra jamais lire (sauf à apprendre le polonais). Il s'agit là des limites de ce type d'exercice qui nous présente des écrits bien tentants à découvrir mais qui risquent, pour des raisons economico-éditoriales de rester longtemps hors de notre portée.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

26/07/2019

_Dis-Orienting Planets_

Dis-Orienting Planets : Racial Representations of Asia in Science Fiction : Isiah LAVENDER III (editor) : 2017 : University Press of Mississippi : ISBN-13 978-1-4968-1152-3 (la fiche ISFDB du titre) : x+267 pages (y compris index) : coûte 65.00 USD pour un hc non illustré (sans jaquette, possible POD), semble exister aussi en ebook (-1154-7), disponible chez l'éditeur.

anglais,2 étoiles

Au fur et à mesure de l'extension du domaine des études sur le genre et de leur métissage avec d'autres domaines universitaires (feminist studies, postcolonial studies, queer studies...), la question de la représentation des diverses minorités a été étudiée par "vagues". Historiquement (pour le domaine anglo-saxon) on s'est d'abord intéressé à la place des femmes dans le genre (dès les années 70), puis on s'est penché sur celle des afro-américains (au tournant du siècle), sur celle des personnes LGBT (il y a quelques années). La présence de plus en plus visible de minorités asiatiques aux USA et l'intérêt porté à la SF "orientale" (qu'elle soit située en Asie, qu'elle soit écrite par des citoyens asiatiques ou les deux) font que l'on se penche maintenant de plus en plus sur les représentations de l'Asie (et des ses habitants) dans le genre.

anglais,2 étoiles

Sous la direction d'Isiah Lavender III, un professeur d'anglais à l'université de Louisiane à qui l'on doit plusieurs ouvrages explorant l'angle racial dans la SF, ce livre est un recueil d'une petite vingtaine d'essais relativement courts (une dizaine de pages en moyenne). Il est divisé en trois parties inégales (First Encounters, Fear of a Yellow Planet et Dis-Orienting Planets) dont la logique interne est parfois peu évidente. Les contributeurs sont, hormis quelques plumes connues (Lyau, Gordon, Hollinger), plutôt des nouveaux dans ce type d'exercice et sont généralement des universitaires dans des disciplines connexes (cultural studies, media studies, humanities...).

anglais,2 étoiles

A la lecture, le résultat ressemble plus à un joyeux fourre-tout qu'à un ouvrage structuré et "pensé". En effet, on y trouve pêle-mêle des textes de fond sur la SF chinoise (Hollinger) ou indienne (Mehan) ou sur le Cyberpunk japonais (Posadas), des études sur des auteurs précis (Gordon sur Kij Johnson, Murphy sur Vandana Singh, Ransom sur M. P. Shiel), des critiques d'œuvres isolées (Wine de Yoon Ha Lee, Super Sad True Love Story de Shteyngart, On Such a Full Sea de Chang-rae Lee, les films Cloud Atlas et Pacific Rim) ou d'ensembles romanesques (la trilogie Remembrance of Earth's Past de Cixin Liu), et des choses inclassables comme un essai sur la géopolitique asiatique, un autre sur la lutte via internet contre le "Whitewashing" dans les médias ou des choses dont je n'ai pas saisi l'intérêt ou le propos (un texte sur l'humour noir et les races ou un autre sur Percival Lowell et l'orientalisme).

anglais,2 étoiles

Du coup, on peut aisément penser que le sous-titre de l'ensemble est plutôt trompeur puisque la question de la race est loin d'être au centre des diverses contributions (à la différence d'autres livres de Lavender comme Race in American Science Fiction). Il n'est reste pas moins que l'ensemble est très intéressant à lire et apporte des informations et un éclairage bienvenu sur une partie de la world-SF qui reste assez peu connue. L'ouvrage soulève quand même un vrai problème qui est celui de l'accès aux textes évoqués (qui sont -presque- tous traduits en anglais mais pas forcément très communs) et qui a d'ailleurs pour corollaire celui du filtre de la traduction (Que connaît-on vraiment en Occident des SF asiatiques ?). En tout cas, cet ouvrage est une bonne introduction à ces SF exotiques.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

17/06/2019

_The Pleasant Profession of Robert A. Heinlein_

The Pleasant Profession of Robert A. Heinlein : Farah MENDLESOHN : 2019 : Unbound (#203) : ISBN-13 978-1-78532-678-9 (la fiche ISFDB du titre) : xiii+477 pages (y compris appendices, index, bibliographie et liste des patrons -12 pages quand même) : coûte 25.00 GBP pour un hc non illustré avec jaquette, peut-être disponible chez l'éditeur () qui existe aussi en ebook (-680-2).

heinlein,2 étoiles,anglais

Même s'il devient maintenant de bon ton de dénigrer Heinlein et le reste de la SF américaine des années 40 à 70 au profit de nouvelles références plus présentables (voir par exemple ce thread) il est difficile de passer sous silence cet auteur majeur du genre que certains (dont je respecte l'opinion même si je n'adhère pas complètement à leur vues) pensent mêmes être le plus important de tous. Sans doute aidée dans ses recherches par la parution d'une imposante (malgré une partialité certaine) biographie de RAH par Patterson (en deux volumes chez Tor), c'est donc Farah Mendlesohn, historienne et critique britannique du genre (et amoureuse des chats) qui s'attaque à ce monument de la SF dans un livre publié en crowdfunding (d'où la longue liste de contributeurs à la fin de l'ouvrage).

heinlein,2 étoiles,anglais

Après une courte préface et une introduction, l'ouvrage est divisé en neuf chapitres de taille inégale. Le premier est une biographie de l'auteur utilisant les travaux de Patterson. Les trois suivants abordent divers points "techniques" (structure, arcs narratifs, rhétorique) de l'écriture de RAH tant dans ses romans que dans ses nouvelles. Les cinq dernières parties (formant une grosse moitié du livre) font le choix d'une approche plus thématique en essayant de discerner les positions de l'auteur sur un certain nombre de points sociétaux fondamentaux (les droits civiques, le racisme, le développement personnel, le sexe et le genre, etc.). Diverses annexes (certaines sans grand intérêt) ainsi qu'un index et une bibliographie terminent l'ouvrage.

heinlein,2 étoiles,anglais

Même si l'influence de RAH sur le genre est la grande absente d'un ouvrage qui semble se dérouler dans un certain vide éditorial, ce livre est clairement l'un des plus synthétiques et des plus complets sur l'auteur tout en restant "lisible" et relativement objectif. On pourra comparer l'approche de Mendlesohn avec celle de Franklin (sans doute plus incisive) ou celle de Stover (nettement plus flatteuse) parmi la quantité de livres consacrés à Heinlein (Slusser, Panshin, Major ou Gifford). Le premier chapitre est à lui seul indispensable comme résumé de tout ce que l'on sait maintenant de la vie de RAH qui n'était pas sans mystères (par exemple celui de sa vraie première épouse).

heinlein,2 étoiles,anglais

Si je n'ai pas de problèmes avec les chapitres "techniques" qui sont solides, j'avoue que la partie thématique m'a un peu déçu. Sans doute à force de vouloir livrer une étude équitable, Mendlesohn finit par parvenir à un point de vue complètement neutre et (AMHA) trop lisse. Elle nous dépeint finalement un auteur qui n'est ni raciste ni antiraciste, ni féministe ni masculiniste, pas vraiment de droite mais pas de gauche non plus (pour les USA s'entend), tolérant et intolérant, libéral et se méfiant du capitalisme, progressiste et réactionnaire, favorable à l'armement des citoyens mais trouvant les armes à feu inutiles, etc. Cet effet de "brouillage" est d'ailleurs une des caractéristiques assez énervantes d'un auteur qui a toujours adoré développer une croyance ou une position dans un texte et son contraire dans un autre. Au final, cette étude est une bonne base pour aborder Heinlein mais avec cet auteur caméléon, la conclusion reste toujours la même, il faut (tout) lire pour se faire une idée des messages qu'il voulait transmettre (et encore personne ne tombe d'accord...).

heinlein,2 étoiles,anglais

Note GHOR : 2 étoiles