30/08/2018
_The Heritage of Heinlein_
The Heritage of Heinlein : A Critical Reading of the Fiction : Thomas D. CLARESON & Joe SANDERS : 2014 : McFarland (série "Critical explorations in Science Fiction and Fantasy" #42) : ISBN-13 978-0-7864-7498-1 (la fiche ISFDB du titre): 221 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 35.00 USD pour un TP (un peu plus grand que d'habitude) non illustré disponible chez l'éditeur (là).
Malgré une certaine raréfaction au niveau de la disponibilité de ses titres dans les librairies, signe d'une certaine désaffection qui frappe les auteurs de l'âge d'or, Robert A. Heinlein reste toujours l'un des sujets favoris des auteurs d'ouvrages de référence, d'autant plus lorsque ceux-ci sont avant tout des amateurs du genre. On ne compte plus les ouvrages qui lui sont consacrés, de sa massive biographie en deux volumes par Patterson à divers titres en VF par ses épigones locaux en passant par d'autres titres chez le même éditeur. Paru chez McFarland dans cette collection, cet ouvrage est une sorte de collaboration posthume entre Clareson (mort en 1993) et Sanders, ce dernier ayant complété le manuscrit du premier.
Comme l'indique son sous-titre, cet ouvrage est une lecture "critique" de la fiction de RAH (ses quelques nonfictions sont évoquées à la fin). Il commence par une préface de Pohl (où perce une certaine animosité entre les lignes) et une deuxième de Sanders (expliquant son rapport de lecteur avec l'auteur). L'oeuvre de Heinlein est ensuite abordée dans l'ordre chronologique en sept périodes qui sont autant de chapitres (de taille très variable) soit : 1) le roman perdu For Us, the Living; 2) les premières oeuvres professionnelles (avant le 2GM); 3) les écrits juste après la 2GM; 4) les juvéniles; 5) la période "classique"; 6) Stranger in a Strange Land et 7) la période finale. Une sorte de conclusion compare Heinlein à Kipling puis à Shaw et évoque ses rapports difficiles avec ses critiques. Un index clôture le tout (il n'y a pas de bibliographie, juste une liste des sources utilisées).
Malgré le fait que RAH soit un auteur particulièrement clivant, Clareson et Sanders (on ne détermine pas facilement qui a écrit quoi) ont réussi un guide de lecture relativement neutre qui s'appuie essentiellement sur les écrits de Heinlein en limitant les suppositions quand aux intentions de l'auteur, un jeu qui est toujours dangereux avec un tel auteur qui a toujouts aimé se faire passer au gré des livres pour tenant de telle ou telle différente école. Loin de l'idolâtrie d'un Stover ou d'un Picholle ou de la critique assassine d'un Franklin ou d'un Clute, c'est plus à un exercice de mémoire que le lecteur est convié (une bonne familiarité avec le matériau de base étant nécessaire même si de nombreuses citations sont présentes) avec juste ce qu'il faut d'analyse toujours basée sur des éléments biographiques.
Le ressenti final dépendra donc essentiellement de la perception de RAH qu'a le lecteur de cet ouvrage. C'est d'ailleurs une bonne chose et sans doute ce qu'il aurait voulu tant son attachement au libre arbitre était fort. Donc, en ce qui me concerne, j'ai trouvé que les auteurs étaient parfois vraiment trop "gentils" avec les oeuvres de RAH. J'ai pourtant adoré une bonne partie de ses écrits (ceux des années 50 à 60); trouvé une autre partie sans intérêt majeur (les juvéniles et la plupart des textes composant L'histoire du futur), les percevant comme bien faits mais pas vraiment remarquables et détesté de façon uniforme ses derniers textes (à partir de l'insignifiant Glory Road). Pas forcément pour des motifs politiques ou éthiques (bien que certaines facettes de RAH -une vague pédophilie, des rapports avec le Père pas très sains, un certain attrait pour la dictature des élus et un vague parfum de racisme- m'aient gênés dès les début), mais simplement parce que tous ses derniers pavés sont juste chiants à lire (en tout cas pour moi) et que ce n'est pas parce que ce sont des best-sellers que je dois me colleter de tels pensums où il ne se passe rien du tout (à part des palabres). Comme quoi, RAH ne laisse personne indifférent et c'est là l'une des forces de cet ouvrage que de donner les bases à chacun pour se positionner.
Note GHOR : 2 étoiles
17:40 | 17:40 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : heinlein, 2 étoiles, anglais | Tags : heinlein, 2 étoiles, anglais
26/08/2018
_Environments in Science Fiction_
Environments in Science Fiction : Essays on Alternative Spaces : Susan M. BERNARDO (editor) : 2014 : McFarland (série "Critical explorations in Science Fiction and Fantasy" #44) : ISBN-13 978-0-7864-7579-7 (la fiche ISFDB du titre): 195 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 35.00 USD pour un TP non illustré disponible chez l'éditeur (là), semble aussi exister en ebook (978-1-4766-1503-5).
On va aller vite... Paru dans l'une des collections d'ouvrages de référence de McFarland (celle-là), ce livre est recueil d'essais originaux par un groupe d'illustres inconnus (au sens d'auteurs qui n'ont apparement jamais rien publié d'autre sur le genre) qui sont pour la plupart ou professeurs d'anglais ou doctorants. D'après la quatrième de couverture, ce recueil est bâti autour de (ou des) l'espace(s) et de son influence sur les relations entre les personnages, les animaux et/ou l'environnement.
En fait, je n'ai absolument pas compris quels étaint les points communs entre les essais. On commence par les possibilités hétérotopiques chez Baxter & Pratchett, Le Guin et Delany, l'acceptance de la marginalité chez Piercy et Scott, une lecture d'Anathem de Stephenson, une de War with the Newts de Capek, l'image du laboratoire dans Frankenstein, une lecture écotopienne de News from Nowhere de Morris, une analyse de The Road de McCarthy et une de The Calcutta Chromosome de Ghosh, la Terraphilie chez PKD et un texte sur les deux dystopies.
Comme en plus, les auteurs sont globalement des adeptes de l'école du "je-raconte-toute-l'intrigue-ça-fait-du-texte", que leur vernis es-SF semble des plus limités (par contre, ils connaissent bien Deleuze et Guatari), et que l'un des essais va jusqu'à déployer une longue analyse sur l'absence de quelque chose (ici la description par Shelley du laboratoire du savant), on en arrive à se demander à quoi peut bien servir un tel ouvrage, si ce n'est pour les auteurs à atteindre leur quota de publications sans trop se fouler.
Au final, ce n'est pas que l'ensemble soit mauvais, c'est juste qu'il n'a ni queue ni tête et que le niveau de réflexion sur le genre n'est simplement pas terrible. Lire ce recueil ne présente tout simplement pas grand intérêt (on sauvera seulement le texte de Bernardo sur PKD).
Note GHOR : 1 étoile
18:37 | 18:37 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile
23/08/2018
_Eros in the Mind's Eye_
Eros in the Mind's Eye : Sexuality and the Fantastic in Art and Film : Donald PALUMBO (editor) : 1986 : Greenwood Press (série "Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy" #21) : ISBN-10 0-313-24102-3 (la fiche ISFDB du titre) : xxvi+290 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait une trentaine d'USD pour un hc avec jaquette et illustré en n&b qui peut se trouver d'occase.
Cet ouvrage est présenté comme un compagnon à Erotic Universe (évoqué ici). Comme ce dernier, il s'agit d'un recueil d'essais sur la représentation de la sexualité dans les arts et le cinéma (de SF&F, bien sûr). Ce blog se focalisant sur la SF&F "écrite", cet ouvrage est donc mentionné seulement pour mémoire. Pour la partie "Art", on pourra y trouver pas mal d'information (et quelques reproductions) sur les illustrations fantastiques ou surréalistes d'avant 1920 mais assez peu de choses sur l'illustration SF proprement dite. Côté "Film", c'est essentiellement Star Wars et The Rocky Horror Picture Show qui sont étudiés (2 essais chacun). Au final, le tout se laisse lire mais ne révolutionnera pas l'étude du genre.
Note GHOR : 1 étoile (mais les amateurs de ces formes de SF pourront avoir un avis différent)
08:13 | 08:13 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile
20/08/2018
_Rave and Let Die_
Rave and Let Die : The SF & Fantasy of 2014 : Adam Roberts : 2015 : Steel Quill Books (#SQ003) : ISBN-13 978-1-907069-80-2 (la fiche ISFDB du titre) : 269 pages (pas d'index) : coûte 14.99 GBP pour un tp légèrement illustré (imprimé en POD), disponible chez l'éditeur (là).
Publié par une "filiale" de Newcon Press, un éditeur britannique indépendant (une sorte d'ActuSF local ^_^), cet ouvrage rassemble les critiques d'Adam Roberts sur les parutions SF&F de 2014. Il est inutile de présenter Adam Roberts aux lecteurs de ce blog, cet auteur britannique prolifique ayant aussi écrit de nombreux ouvrages de référence, y compris Sibilant Fricative chez le même éditeur, un livre qui est, comme celui-ci, un recueil de critiques (dont certaines semblent avoir été publiées alors que d'autres sont originales à ce volume). La seule différence est que Rave and Let Die ne se concentre que sur les sorties 2014 (que ce soient d'ailleurs des romans ou des films), cette concentration étant due au fait que Roberts a été juré pour deux prix littéraires cette année là.
Après une longue (30 pages) introduction de Roberts qui donne un peu son ressenti sur l'état de la SF, l'ouvrage est constitué de 90 essais d'une longueur très variable, allant d'un seul mot "Interminablestellar" pour qualifier le film de Nolan à plusieurs pages pour le film The Hobbit de Jackson. Les essais eux-mêmes peuvent prendre des formes très différentes (on y trouve un poème, un script, un synopsis, une nécrologie de son ami Graham Joyce ou des dialogues) et peuvent partir dans à peu près n'importe quelle direction au gré des envies de Roberts. Le tout est par ordre alphabétique de nom d'auteur, ce qui fera remarquer l'absence d'index.
On retrouve bien dans ce livre la verve et l'érudition de Roberts ainsi que son côté un peu touche-à-tout, passant de blockbusters du cinéma US à des recueil parus dans des small press en passant par des pièces de théâtre. Paradoxalement, c'est ce joyeux mélange qui, en ce qui me concerne, se trouve être préjudiciable à la lecture. A force de partir dans toutes les directions et d'adopter une structure protéiforme, le livre manque d'unité et demande sans doute une lecture par petits bouts pour profiter à chaque fois de la "surprise" qu'est chaque critique tant dans son sujet que dans sa forme.
De plus, une partie des ouvrages évoqués par Roberts sont des titres et/ou des auteurs qui me sont complètement inconnus (sans doute ceux lus par l'auteur en tant que juré) et, au vu de ce qui en est écrit, risquent de le rester. Au final, une moins bonne lecture que le précedent opus de l'auteur qui n'a pas perdu de ses qualités de critique plutôt incisif mais qui balaye une sélection qui me "parle" beaucoup moins (c'est aussi dû au fait qu'il n'existe probablement pas 90 ouvrages suceptibles d em'intéresser parus en 2014) . Du coup, d'autres lecteurs aux gouts différents pourront avoir une impression plus positive de l'ensemble.
Note GHOR : 1 étoile
09:23 | 09:23 | Recueils de critiques | Recueils de critiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, roberts, 1 étoile | Tags : anglais, roberts, 1 étoile
17/08/2018
_William Gibson_
William Gibson : Gary WESTFAHL : 2013 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction" #2) : ISBN-13 978-0-252-07937-5 (la fiche ISFDB du titre) : 211 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 25 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (là), existe aussi en hc (03780-1) et en ebook (09508-5).
Cet ouvrage est en fait le deuxième paru dans la série d'études mono-auteurs édités par les UIP. Sous la plume de Gary WESFAHL, un spécialiste du genre que l'on ne présente plus (il a une vingtaine d'ouvrages de référence à son actif), c'est donc William Gibson qui en est le sujet. Du coup on ne présentera pas non plus Gibson, l'auteur de Neuromancer (un roman qui a même été publié chez France Loisirs) et l'une des figures tutélaires du Cyberpunk (à son coprs défendant semble-t-il). Malgré le fait qu'il existe pléthore de textes sur Gibson et/ou ses oeuvres, allant d'ouvrages entiers (Olsen chez Starmont, le literary companion de Henthorne) à des dizaines d'interviews (ce qui semble être une spécialité de Gibson) en passant par des dizaines d'articles sur des romans précis (logiquement surtout sur les trois premiers), Westfahl estime pouvoir apporter un regard neuf sur l'auteur en s'appuyant sur des sources peu utilisées (ses premières armes dans des fanzines, ses poèmes).
Après une brève introduction où Westfahl présente son projet, cet ouvrage est divisé en sept chapitres de longueur variable. On commence par une partie biographique d'une dizaine pages qui est suivie par l'analyse de (presque) tous les textes de Gibson, rassemblés en plusieurs groupes (les parutions de jeunesse dans des fanzines, les nouvelles, la trilogie Sprawl, The Difference Engine et les autres types de textes publiés, la trilogie Bridge et la trilogie Blue Ant). Une courte conclusion (Gibson comme écrivain conformiste) précède une interview et deux copieuses bibliographies (primaire et secondaire) ainsi qu'un index.
Indépendamment de la qualité et la minutie du travail de Westfahl, deux choses m'ont ennuyé dans cet ouvrage. En premier leiu, et au risque de me faire taxer d'hérésie, je ne suis pas convaincu que Gibson soit vraiment un "Modern master of Science Fiction". J'ai toujours perçu cet auteur à la fois comme une "one-hit-wonder" qui ne doit sa place dans le genre que grace à une seule oeuvre marquante (Neuromancer bien évidemment), un peu comme Keyes voire Tolkien. Ce point ressort d'ailleurs en creux dans l'ouvrage de Westfahl qui peine parfois à trouver des qualités à certains livres de Gibson et qui se trouve contraint (AMHA) à faire un peu de délayage au vu de la faible production de l'auteur (une dizaine de romans dont une partie hors-genre et encore moins de nouvelles), Celà l'amène par exemple à discourir longuement sur les dessins de Gibson dans divers fanzines. De plus, la trajectoire éditoriale de Gibson est assez proche de celle de gens comme Vonnegut ou Bradbury, qui, une fois devenu célèbres grace à leur SF, ont renié leur appartenance au caniveau pour embrasser une carrière plus "littéraire". Hormis un indiscutable effet de mode, un ouvrage sur Gibson n'est, pour moi, pas vraiment à inclure dans la catégorie des titres sur le maîtres modernes de la SF.
Le deuxième point qui m'a ennuyé est que, sans doute afin de trouver un angle d'attaque original, Westfahl suppose beaucoup de choses quand aux intentions de Gibson. Il voit souvent le reflet de l'auteur dans certains personnages, détecte certaines influences (Simak par exemple, un point d'ailleurs explicitement nié par Gibson dans l'interview incluse dans l'ouvrage) ou présente certains éléments des romans comme des métaphores de Gibson sur sa position d'écrivain. Hélas, rien ne semble corroborer ces analyses (Gibson étant de plus assez peu dans l'auto-analyse de ses textes) ce qui donne un peu l'impression d'un raisonnement parfois bati sur du sable. Cela donne au final l'impression d'un travail à la fois minutieux (Westfahl adore les listes, un peu comme Gibson) mais aussi un peu trop spéculatif. C'est un peu dommage mais cela peut aussi simplement vouloir dire qu'il n'y a pas assez de matière chez Gibson pour un tel livre. Malgré tout, certains des points avancées par Westfahl (Gibson comme écrivain "petit-bourgeois", sa distance avec le Cyberspace, son désir d'aisance financière) sont pertinents et auraient même mérités d'être plus developpés.
Note GHOR : 2 étoiles
08:53 | 08:53 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : gibson, anglais, 2 étoiles | Tags : gibson, anglais, 2 étoiles