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21/09/2013

_Lois McMaster Bujold : Essays on a modern master of Science Fiction and Fantasy_

Lois McMaster Bujold : Essays on a modern master of Science Fiction and Fantasy : Janet Brennan CROFT (editor) : 2013 : McFarland (série "Critical explorations in Science Fiction and Fantasy" #37) : ISBN-13 978-0-7864-6833-1 : viii+207 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 40 USD pour un TP non illustré disponible chez l'éditeur (là : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-6833-1).

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Lois McMaster Bujold est une auteur(e) au positionnement un peu atypique dans le paysage des ouvrages consacrés au genre. En effet (et on peut faire le parallèle avec une autre grande dame de la SF comme Connie Willis), il s'agit d'une auteur(e) extrêmement populaire (les multiples rééditions ou traductions de ses oeuvres le montrent bien), récompensée de nombreuses fois tant par les lecteurs (elle a obtenu de nombreux Hugos) que par ses pairs (elle a aussi reçu plusieurs Nébulas) et qui bénéficie d'un cadre de fans très actifs. Pourtant, elle n'a jamais vraiment intéressé les rédacteurs d'ouvrages de référence (à l'exception du quasi fanique The Vorkosigan companion, voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/02/11/the-vorkosi...) et son oeuvre reste relativement peu évoquée ou analysée dans les études sur le genre. Outre la valeur intrinsèque de ses écrits, cette "invisibilité" est peut-être aussi due à la typologie de ses oeuvres (essentiellement du Space-opéra classique assez loin du NSO ou de la Fantasy elle aussi classique) et à une insertion dans l'idéologie féministe dominante parfois peu évidente.

anglais,2 étoiles,bujold

Paru dans la vaste collection "bleue" d'ouvrages sur le genre de McFarland, ce volume 37 est un recueil d'essais (rassemblés par Janet Brennan Croft) écrits par des professeurs ou des doctorants généralement américains et en pratique assez peu connus dans le domaine. Outre une introduction de Croft et une courte (7 pages) interview de Bujold elle-même, le livre se compose de 11 essais (d'une quinzaine de pages) qui abordent plusieurs thèmes récurrents (le handicap, la famille, les problématiques liées au genre, les cyborgs, etc.) dans les écrits de Bujold avec un focus assez marqué sur les plus récents (à la date d'écriture s'entend) titres de la saga Vorkosigan même si la Fantasy de l'auteur est étudiée dans les deux derniers textes. Une très brève bibliographie, une liste des prix obtenus et un index clôturent un ensemble assez court et du coup assez cher.

anglais,2 étoiles,bujold

Même si je suis, comme d'autres, plutôt un grand amateur de Bujold, il faut quand même reconnaître que ce recueil d'essais met rapidement en lumière le relatif manque de matière sur lequel baser un ouvrage aussi ambitieux. En effet, il faut bien convenir qu'une partie de l'oeuvre de l'auteur (au demeurant plutôt réduite en quantité) ne mérite guère de s'y attarder. On pensera aux premiers titres parus à l'époque chez Baen (par exemple Shards of Honor ou Ethan of Athos) qui sont du Space-opéra militaire (mais pas militariste) tout à fait standard. Même la lecture Falling Free, pourtant récipiendaire du Nébula, peut amener à se demander pourquoi ce roman a reçu un tel prix. Du coup, une bonne partie des écrits de Bujold n'est quasiment pas évoquée et donne à l'ouvrage un côté un peu partiel et d'ailleurs aussi partial, les divers essayistes étant peu avares de louanges.

anglais,2 étoiles,bujold

Comme l'auteur n'est pas non plus Shakespeare, les essais ont parfois du mal à se différencier entre eux car ils "tournent" souvent autour des thématiques les plus évidentes de Bujold que sont les difformités de Miles et son personnage comme porte-parole/drapeau de diverses minorités ou la critique du système patriarcal de Barrayar qui s'oppose à lui. En fait, ce sont les textes qui sortent du Vorkosiverse qui sont, à mon avis, les plus intéressants. Celui d'Oberhelman approfondissant les parallèles historiques dans notre monde de la série Chalion et celui de Lennard analysant les religions inventées pour la série Wide Green World. Le tout forme un recueil assez dispensable qui peine à sortir d'une approche très fanique et qui manque souvent d'interaction avec le reste du genre (l'index fourni montre d'ailleurs bien comment le livre est très "Bujold-centré", le seul autre auteur étant un tant soit peu cité étant Tolkien).

anglais,1 étoile,bujold

Note GHOR : 1 étoile

24/08/2013

_Science Fiction Quotations_

Science Fiction Quotations : from the Inner Mind to the Outer Limits : Gary WESTFAHL : 2005 : Yale University Press : ISBN-10 0-300-10800-1 : xxi+461 pages (y compris index) : coûtait 25 USD pour un tp non illustré.

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Même s'il est peut-être abusif de classer ce livre dans les purs ouvrages de référence, ce recueil mérite à mon avis une mention sur ce blog. Le recueil de citations est en effet un sport vieux comme la littérature auquel, du fait de son caractère fortement participatif, la SF ne déroge pas. Les aphorismes célèbres tirés du genre ne manquent pas comme les trois lois d'Asimov ou celles de Clarke. C'est donc à cet exercice de citations (venues DE la SF mais aussi SUR la SF) que Westfahl (un personnage que l'on ne présente plus ici) s'est plié, suivant les pas de Rotsler qui nous avait donné, en son temps, un tout petit livre qui s'intitulait Science Fictionisms.

anglais,1 étoile

Après une préface de Clarke sur la définition du genre et une introduction de Westfahl qui explique son mode de sélection, l'ouvrage est organisé d'une façon simple. Les citations recueillies (dans des nouvelles, des romans, des essais ou des oeuvres audiovisuelles) sont regroupées en une centaine de thèmes (de Actions à Work) où elles sont classées par ordre chronologique croissant. Leur taille va d'une à une dizaine de lignes en restant majoritairement plutôt courtes. L'auteur, l'oeuvre d'origine et la date sont bien évidemment indiqués. Pour retrouver une citation précise, un double index (par auteur et par oeuvre) est fourni en plus du classement par thème.

Lost horizon (Pan 1976).jpg

Il n'y a pas grand-chose à dire sur ce livre dont l'utilité, en ce qui me concerne, est proche du zéro. Il doit sans doute pouvoir fournir un réservoir presque inépuisable de phrases de signature ou des questions pour des quizz mais c'est à peu près tout. On pourra juste en extraire les formulations originales de certaines "lois" (Asimov, Clarke comme évoqué précédemment mais aussi Sturgeon ou Heinlein) et parcourir la section sur la SF elle-même qui est d'ailleurs une des plus longues de l'ouvrage.

Beyond this horizon (Panther 1974).jpg

On est donc là face à un projet amusant et presque fanique (donc sympathique) dans son esprit mais qui atteint vite ses limites d'autant plus qu'une certaine concentration des textes source est rapidement perceptible avec par exemple plus de vingt citations extraites de A Canticle for Leibowitz (Miller) ou d'une façon plus étonnante de Drowning Towers (George Turner). Indépendamment de ses qualités intrinsèques, on peut d'ailleurs se demander pourquoi un tel ouvrage est paru chez un éditeur universitaire.

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Note GHOR : 1 étoile

07/08/2013

_Science Fiction : Its Criticism and Teaching_

Science Fiction : Its Criticism and Teaching : Patrick PARRINDER : 1980 : Methuen (série "New Accents") : ISBN-10 0-416-71400-5 : xix+160 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait une dizaine d'USD pour un pb non illustré qui existe aussi en hc (-71390-4).

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Sous la plume de Patrick Parrinder (un professeur d'anglais dans une université britannique et un familier des ouvrages sur le genre), ce petit opus est un ouvrage à destination des étudiants (en lettres ?) visant à leur présenter le genre. Il s'agit d'un type d'ouvrage typique des années 70-80 où la SF (comme il est précisé sur la quatrième de couverture) devient un légitime "subject for serious study" et doit donc être expliquée d'une façon un peu académique à des lycéens ou des étudiants, voire à des enseignants désireux d'attirer un nouveau public.

anglais,1 étoile

Après une préface générale (qui concerne la série "New Accents" tout entière), l'ouvrage débute par une assez longue introduction qui note l'émergence d'un discours critique et académique sur la SF (on notera qu'il n'est pas encore question de Fantasy). Le livre est ensuite divisé en sept chapitres de taille variable dont le premier (et le plus long) est l'habituel condensé de l'histoire du genre mâtiné de la non moins habituelle tentative de définition. Suit une brève analyse sociologique (on y croise notre Gérard Klein national) puis trois chapitres qui lie la SF à d'autres genres littéraires, respectivement la "romance", la fable et l'épopée. Le sixième chapitre est une approche de la SF par son langage (avec un focus sur Solaris) et le dernier rassemble des idées relatives à un éventuel cours sur la SF. Les notes, une bibliographie secondaire sélectionnée et un index terminent l'ouvrage.

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Compte tenu des contraintes de place, du domaine à couvrir et de l'orientation choisie (une présentation à des néophytes), il est clair que l'auteur a dû effectuer des choix et adapter son discours à la cible choisie. On est donc face à un ouvrage qui n'apportera absolument rien de neuf à un lecteur un tant soit peu au fait de l'histoire, des sous-genres et des possibilités de la Science Fiction. Ce d'autant plus que le choix des exemples utilisés est extrêmement conservateur et ne propose uniquement que des auteurs qui "présentent" bien (Wells bien sûr mais aussi Lewis, Lem, Le Guin, etc.) et qui ont logiquement déjà été étudiés des dizaines de fois.

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Ces choix "légitimants" ne font pas forcément que l'ouvrage est mauvais (l'auteur fait d'ailleurs preuve de sa grande connaissance du genre et de son histoire) mais simplement que son public n'est pas à rechercher chez l'amateur qui a déjà lu tout cela. Même la partie la plus originale, celle consacrée à l'enseignement de la SF, reste trop courte (même s'il s'agit d'une des premières fois que le thème était abordé) par rapport à des ouvrages postérieurs à la finalité identique mais bien plus détaillés comme le Tymn (voir là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/09/01/science-fic...). Au final un ouvrage non dépourvu de qualités mais dont l'utilité est, de nos jours, discutable.

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Note GHOR : 1 étoile

16/07/2013

_The span of mainstream and science fiction_

The span of mainstream and science fiction : A critical study of a new literary genre : Peter BRIGG : 2002 : McFarland : ISBN-10 0-7864-1304-2 : 212 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 35 USD pour un tp non illustré (probablement en POD), disponible chez l'éditeur (là : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?isbn=0-7864-1304-2).

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Le problème de l'intersection du mainstream (qu'on l'appelle "mundane fiction", littérature générale ou roman réaliste) et de la SF a toujours été présent dans les réflexions sur le genre. Il est d'autant plus d'actualité qu'un nombre toujours plus grand d'auteurs hors de la SF utilisent (certains diront pillent) les conventions ou les concepts propres à celle-ci et qu'en parallèle une frange d'écrivains étiquetés "SF" tentent de se débarrasser de cet encombrant label qui les empêche visiblement de recueillir le succès commercial et critique auxquels ils estiment avoir droit (on pensera à des gens comme Bradbury, Ballard ou Vonnegut). La solution de Brigg (un professeur d'anglais), développée dans cet ouvrage est de créer ex-nihilo un nouveau genre qu'il nomme le Span (traduisible en français par "empan" ou la portée d'un pont, l'image étant complètement pertinente) et qui se situe "entre" la SF et le mainstream en empruntant à la première sa vision scientifique du monde et à une partie du second un ensemble de techniques de distanciation (je schématise bien évidemment).

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L'ouvrage de Brigg se divise donc en six chapitres de taille très variable (de moins de dix à plus de soixante-dix pages). Le premier définit donc ce nouveau genre qu'il se propose de déterminer, un genre bâti sur deux piliers : l'utilisation techniques narratives sophistiquées (presque postmodernistes) et la science comme base de perception du monde. Les deux chapitres suivants explorent justement ces deux approches par le biais de deux auteurs représentatifs de chacun de ces points : Doris Lessing pour le premier et Thomas Pynchon pour le second. Le quatrième (le plus long) recense les autres auteurs et oeuvres candidats à l'entrée dans le Span côté mainstream (de Gordimer à McElroy en passant par Crichton, Vonnegut et DeLillo) alors que le cinquième fait de même mais côté SF (une liste plus courte allant de Priest à Russ via Lem). Une courte conclusion récapitule la démonstration de l'auteur et précède les notes, une bibliographie et un index.

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Je dois avouer n'avoir pas été vraiment convaincu par la proposition de Brigg. Même si pour s'en défendre, il la cite ironiquement en exergue de son cinquième chapitre, son principe ressemble beaucoup à la vieille antienne "Si c'est bon, ce n'est pas de la SF" dans la mesure ou l'excellence littéraire est en filigrane l'une des caractéristiques des oeuvres que l'auteur place dans le Span. Cela lui permet d'ailleurs de confisquer à son profit la frange la plus "acceptable" des auteurs de Science Fiction (Le Guin, Lem, PKD, Delany, Ballard, Russ) mais ne résout pas vraiment la problématique de la détermination de critères d'inclusion (ou d'exclusion) ce qui laisse son ensemble de textes plutôt flou et d'une profondeur limitée. En effet, malgré le fait que l'auteur évoque une croissance "exponentielle" de son genre, le nombre d'exemples fournis dépasse péniblement la vingtaine.

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Du coup, on peut en déduire que ce Span n'est au final que la simple partie de la SF un tant soit peu ambitieuse sur le plan littéraire (avec un prix Nobel dans le lot), ce qui ouvre la voie à une division du genre sur des critères stylistiques purement subjectifs avec le Span au sommet, la SF "normale" au milieu et (si l'on pousse la logique de l'auteur à son terme) la "Sci-Fi" tout en bas. Une telle classification "au mérite" est la seule à pouvoir expliquer pourquoi Brigg met The Alteration de Amis dans le Span (alors qu'il en exclut Pavane de Roberts) alors que ce texte, tel qu'il est présenté par l'auteur, est clairement un ouvrage de pure SF, ce qui n'est pas le cas de certains autres exemples dont l'adhésion aux critères de Brigg semble parfois, au vu des informations fournies, parfois douteuse même si l'enthousiasme de l'auteur est indéniable au point d'inclure des romans dont la contenu SF (voire même simplement scientifique) semble vraiment négligeable. Au final, une tentative d'inventer une über-SF sur des bases peu convaincantes car trop subjectives qui aura visiblement sombré sans laisser de traces.

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Note GHOR : 1 étoile

09/07/2013

_Science Fiction in the real world_

Science Fiction in the real world : Norman SPINRAD : 1990 : Southern Illinois University Press (série "Alternatives") : ISBN-10 0-8093-1671-4 : xvi+234 pages (y compris index) : semble avoir coûté 25 USD pour un tp non illustré.

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Norman Spinrad est particulièrement connu pour son acitvité d'écrivain au cours des années 70 (Bug Jack Barron, The Iron Dream) et aussi, chez nous, pour son côté francophile avérée (il réside d'ailleurs en France et y trouve un public fidèle). Comme son oeuvre la plus célèbre (The Iron Dream) peut le faire penser dans la mesure où elle est aussi une satire sur certaines dérives du genre, il mène depuis longtemps en parallèle avec l'écriture une réflexion sur la SF. C'est le résultat de ces analyses qui nous est proposé par les SIUP au sein d'une collection (Alternatives) qui mêle essais et recueils de fiction.

spinrad,anglais,2 étoiles

Cet ouvrage est donc un recueil d'essais de Spinrad, certains étant inédits et d'autres ayant vu leur première parution dans le magazine américain Isaac Asimov's Science Fiction (avant qu'il ne devienne Asimov's Science Fiction) aux alentours de 1986. Après une introduction Spinrad, les treize textes rassemblés (qui vont de dix à vingt pages) sont regroupés en cinq sections : la première fixe les standards critiques de l'essayiste, la deuxième traite de la SF "visuelle" (comics et adaptation à l'écran), la troisième traite certains sous-genres (Hard Science, Cyberpunk), la quatrième aborde l'angle politique et la dernière se focalise sur des auteurs précis (Sturgeon, Vonnegut, Ballard et Dick). La conclusion revient sur la place de la SF dans le monde réel et est suivie par un index. On notera l'absence de bibliographie (et d'ailleurs plus généralement de notes).

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Avec un connaisseur du genre comme l'est Spinrad, il est inévitable que le discours tenu soit empreint d'une grande maîtrise de son sujet. Sur tous les thèmes abordés, on est face à un ensemble d'information souvent de première main et la description des rouages de l'édition et de la condition et des contraintes pesant sur les écrivains sonne juste. C'est parfois féroce comme du Disch avec un regard sans concession sur le genre et ses dérives mais où transparaît quand même une grande affection pour celui-ci (ce n'est donc pas aussi désespéré que du Malzberg).

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Le passage du temps a transformé cet ouvrage d'une étrange façon. Lors de sa parution (en livre ou initialement en essais dans IASFM), il s'agissait presque d'un pamphlet qui dénonçait certains travers contemporains et évoquait une actualité immédiate (par exemple l'irruption du Cyberpunk). Avec le recul, une partie des textes s'est transformé en témoignages historiques sur des soubresauts du genre dépassés depuis longtemps. Même si certains essais (surtout ceux consacrés par Spinrad aux autres écrivains) échappent à ce phénomène, la majorité du livre ne présente maintenant plus qu'un intérêt strictement historique, même s'il est indéniable.

spinrad,anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles