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05/05/2010

_Monad 1 : Essays on Science Fiction_

Monad 1 : Essays on Science Fiction : Damon KNIGHT (editor) : 1990 : Pulphouse Publishing : ISBN-10 1-56146-430-9 : 91 pages (pas d'index) : coûtait 5 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC à tirage limité (-431-7).

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Edité par Pulphouse, une des premières small-presses spécialisées dans la SF à la fin des années 80 (on lui doit une série d'anthologies originales ainsi que de nombreux recueils souvent en tirage limité), cet ouvrage est une sorte de magazine critique à parution irrégulière dont il n'existera que trois numéros. Sous la houlette de Knight, sa ligne éditoriale qui excluait les contributions "des fans, des universitaires et des anecdotalistes" en privilégiant les "véritables" écrivains (sous-entendu de fiction) sera une source d'agacement au sein des commentateurs habituels du genre et peut éventuellement expliquer la courte vie de ce magazine.

Rule golden & Double meaning (Tor Double 34 1991).jpg

Cette première livraison contient cinq textes dont seulement trois sont inédits. Outre un poème de Disch (sur la vie au jour le jour d'un auteur), on y trouve un essai de Le Guin (sur la Fantasy et les dragons, tendance féministe), une courte réminiscence de Aldiss (tirée de Bury my Heart at W. H. Smith), un texte de Sterling sur les simulacres et finalement un essai historique de Knight. Un très court "courrier des lecteurs" (une lettre) clôture un ouvrage qui ne possède pas d'index et dont seul le texte de Sterling propose une bibliographie.

Crystal express (Ace 1990).jpg

Il est évident qu'en semblant impliquer que seuls les auteurs de SF peuvent parler du genre d'une façon pertinente, Knight n'allait pas se faire que des amis dans le petit monde de la réflexion sur celui-ci, un univers plus peuplé de fans ou de professeurs que d'auteurs qui ont mieux à faire sur le plan économique. Il faut ajouter à cela que le projet manque un peu de ligne directrice comme le montre la présence du poème de Disch qui est pour le moins incongrue, à moins que cela ne soit que du remplissage, faute de textes disponibles.

334 (Denoel 1976).jpg

Comme en plus, les textes proposés sont d'une qualité assez faible et surtout (contrairement aux objectifs de l'éditeur) parfois strictement anecdotiques comme le Aldiss et plus grave le Knight qui est juste une vague promenade dans l'histoire de la SF mêlée à des souvenirs personnels de l'auteur (le tout étant largement aéré pour masquer un net manque de consistance), le résultat final est décevant. En gros, seul un tiers du recueil (Le Guin et Sterling) propose une vraie réflexion sur le genre digne de revues comme Foundation ou Extrapolation, un pourcentage qui n'est guère à l'avantage de Knight particulièrement au vu de son ambitieux manifeste qui ouvre ce recueil ("Only SF writers can criticize it from the inside").

Foundation 41.jpg

Note GHOR : 1 étoile

04/05/2010

_Metamorphoses of science fiction_

Metamorphoses of science fiction : On the Poetics and History of a Literary Genre : Darko SUVIN : 1980 (pour cette deuxième impression, 1979 sinon) : Yale University Press (série "Literary Criticism") : ISBN-10 0-300-02375-8 : 317 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 9 GBP pour un TP non illustré.

Metamorphoses of science fiction.jpg

Cet ouvrage étant en fait une variante (une traduction plus ou moins modifiée de la VF) de Pour une poétique de la science-fiction, je vous renvoie à mon avis sur ce dernier titre (là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/03/12/pour-une-po...).

Pour une poétique de la SF.jpg

Pour être franc il n'a guère changé. C'est une superbe construction intellectuelle surtout dans sa première partie où Suvin pose les bases de sa définition du genre, un travail qui n'a que rarement été égalé même s'il est parfois un peu cavalier en éliminant 95% des oeuvres du champ de la SF au motif qu'elles ne remplissent pas ses critères fort (trop ?) élevés. En ce qui me concerne, la seconde partie est un exercice d'archéologie littéraire qui n'offre à peu près aucune utilité pour comprendre la SF telle qu'elle existe actuellement (et c'était déjà vrai à l'époque de la parution de ce titre). Si l'histoire du genre, pour autant qu'il ait vraiment commencé comme le suppose Suvin dans l'antiquité ou au Moyen-âge (par exemple Westfahl est d'un avis différent), est un paramètre important pour comprendre ses origines, je ne suis pas convaincu de l'influence de More ou Platon sur les ouvrages finalistes du dernier Hugo. Quand on voit que sa partie "Newer SF history" s'arrête avec Kapek, on peut quand même légitimement soupçonner une certaine déconnection de Suvin avec la SF "réelle".

The windup girl (Night Shade 2009).jpg

Note GHOR : 1 étoile

30/04/2010

_Science fiction criticism : An annotated checklist_

Science fiction criticism : An annotated checklist : Thomas CLARESON : 1972 : Kent State University Press (série "Serif" #23) : ISBN-10 0-87338-123-8 : xiii+225 pages (y compris index multiples) : semble avoir coûté 7 USD pour un HC (mon exemplaire est sans jaquette, je ne sais pas s'il en existe une).

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Cet ouvrage, dû à la plume de Thomas Clareson, un universitaire américain et l'un des premiers spécialistes de la SF, fait donc partie d'une série de bibliographies et index. On trouvera dans cette série des titres sur Asimov, Tolkien ou Lewis ou des recensions de textes secondaires par Tymn (et al.). Ce sont donc des ouvrages assez arides et dédiées à la collecte et à la préservation d'informations factuelles. Ce titre est donc une bibliographie secondaire commentée des textes (ou des rares ouvrages complets) relatifs à la SF parus entre (en gros) la fin de la 2GM et 1970, le plus souvent dans des supports américains. Une partie de ces données provient de recensements antérieurs effectués par Clareson pour la revue Extrapolation.

The year's scholarship in SF&F 1972-1975.jpg

Après une courte introduction qui précise la structure de l'ensemble, cette bibliographie est divisée en neuf parties de taille très variable (de huit à quatre-vingts pages). Ces parties "découpent" le champ des textes sur le genre en plusieurs catégories (textes généraux, critiques de livres, futurologie, aides pédagogiques, bibliographies et index, etc.). Elles sont constituées d'une suite d'entrées numérotées et classées par ordre alphabétique d'auteur. Outre les informations nécessaires pour retrouver le texte en question (articles de revue ou de journal, essais dans un recueil ou ouvrages complets), un commentaire d'une toute petite dizaine de lignes permet d'en apprécier le sujet, la portée et l'éventuel intérêt. Pour naviguer dans cet ensemble, deux index sont fournis, le premier est organisé par auteur(s) du texte et le second par auteur(s) mentionné(s).

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Pour être franc, le véritable intérêt de cette bibliographie secondaire est assez difficile à évaluer. Tout d'abord, il convient de saluer la grande quantité de travail qui a été fournie par Clareson sur plusieurs années. Ceci étant dit, l'utilisation de cet ouvrage peut rapidement se révéler problématique. Comment localiser (par exemple) et surtout se procurer (même si l'on réside aux USA) une copie du numéro de Spectator du 21 Août 1959 qui contient en page 226 & 227 un article sur la SF soviétique par Maurice Goldsmith ? Au final, seuls certains ouvrages complets cités par Clareson sont "relativement" accessibles.

The universes of e e doc smith.jpg

Du coup cet ouvrage est d'un usage extrêmement pointu et ne peut se concevoir que comme point de départ d'une difficile et longue collecte de documents sur un sujet déjà ciblé. Malgré tout, on peut parfois deviner le ton de certains articles grâce au résumé fourni. A ce titre et même si ce n'est pas sa vocation première, cet ouvrage peut donner une idée de la réception du genre hors du milieu. C'est en tout cas, un livre clairement destiné à des acharnés et qui n'a pas vocation à se retrouver dans toutes les bibliothèques.

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Note GHOR : 1 étoile

29/04/2010

_The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction_

The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction : Gary WESTFAHL : 1998 : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies" #15) : ISBN-10 0-85323-573-2 : 344 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 GBP pour un TP qui se trouve neuf, existe aussi en HC (-563-5).

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La problématique de la date de naissance de la SF fait partie de ces grandes questions qui reviennent à intervalles réguliers (comme d'ailleurs la définition même de celle-ci). Traditionnellement, on trouve plusieurs écoles : ceux qui font commencer le genre à la Bible ou à tout autre texte légendaire (babylonien par exemple); ceux qui débutent à un point situé avant la révolution industrielle (un intervalle assez vaste qui va de Lucien à More); les Aldissiens qui comptent à partir de Frankenstein; les proto-SFistes qui partent de Wells ou Verne (on est alors dans la deuxième moitié du XIXème) et les modernes qui démarrent à partir du moment où le genre acquiert un nom (c'est à dire avec Hugo Gernsback). Ceux qui connaissent ses autres écrits ne seront pas surpris de voir que Westfahl se place fermement dans le dernier camp. Cette idée que l'invention de la SF a été délibérée et date de 1926 (ou à peu près) sous l'impulsion de Gernsback (ensuite relayé par Campbell) est donc la thèse que développe l'auteur dans ce livre.

Hugo Gernsback and the century of science fiction.jpg

Organisé en une dizaine de chapitres de taille variable (dont une partie avait déjà été publiée, surtout dans Foundation), cet ouvrage est organisé sur une base chronologique après une très copieuse (presque quarante pages) introduction qui démonte les autres théories existantes, en particulier Suvin et Aldiss. Westfahl déroule donc la genèse du genre des débuts d'Amazing à la fin de l'âge d'or d'Astounding (dans le début des années 50) en s'appuyant sur de nombreuses citations textuelles de l'époque étudiée. A noter que l'avant dernier chapitre est une étude spécifique de Beyond this horizon, le roman de Heinlein. Une liste des oeuvres citées et un index (par nom) terminent le livre.

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Il est clair dès le début du livre que l'objectif de Westfahl est d'écrire une oeuvre polémique afin de secouer le cocotier des idées reçues sur la SF et ses origines que nombre de critiques et théoriciens semblent se croire obligés d'enjoliver en allant lui chercher un pedigree un peu plus prestigieux que des revues américaines aux couvertures criardes. A ce titre, sa charge contre des gens comme Aldiss, Suvin, Moskowitz ou Blish est parfois féroce même si elle est enrobée d'une méthodologie très pragmatique (uniquement basée sur les écrits de ces derniers). Même s'il arrive que cela tourne à l'opposition caricaturale entre fans (qui connaissent le genre parce que l'ayant lu) et universitaires (méprisants et en quête de respectabilité), le discours de Westfahl reste cohérent et plein d'une énergie à défendre la SF salutaire.

Beyond this horizon (Signet).jpg

Quand à la validité des positions prises par l'auteur, il me paraît, en tant que Westfahlien orthodoxe, plus juste de laisser à chaque lecteur le soin de décider ce qu'il en est. En ce qui me concerne, je pense que, malgré une certaine dose d'attaques gratuites et parfois cruelles et un raisonnement qui élude parfois un peu vite certaines incohérences (comme une définition du genre assez peu exploitable), la thèse de Westfahl est une réaction saine contre cette tentation permanente d'une quête de reconnaissance (littéraire, professionnelle ou culturelle) qui se traduit par un lissage du côté "rugueux" du genre. De plus, confronté en élaborant ce blog à de nombreux textes académiques qui montrent une grande ignorance du genre par des gens qui pourtant écrivent à son sujet, je ne peux qu'estimer qu'un (gros) minimum de connaissances et de pratique de la SF sont des pré-requis incontournables pour qui veut la commenter ou l'analyser et qu'un tel bagage ne s'acquiert pas en un trimestre. A final, c'est un essai assez violent et parfois extrémiste, mais c'est un discours honnête et passionné qui mérite d'être entendu et qui a le courage de questionner certaines idées devenues canoniques sur les origines du genre ou l'apport de telle ou telle personne (en particulier ici celui de Gernsback).

Beyond this horizon (Roc 1997).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

28/04/2010

_Master of Middle-Earth : The achievement of J. R. R. Tolkien_

Master of Middle-Earth : The achievement of J. R. R. Tolkien : Paul KOCHER : 1974 (pour cette édition) : Penguin : ISBN-10 0-1400-3877-9 : 222 pages (y compris index) : coûtait 0.40 GBP pour un poche non illustré qui se trouve d'occase assez aisément.

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Cet ouvrage est une étude globale sur l'univers de la Terre du Milieu, la création majeure de JRR Tolkien qui est l'un des mondes de la Fantasy les plus connus (si ce n'est le plus connu). Ecrit par un professeur britannique, ce livre a été initialement publié en 1972 chez Houghton Mufflin aux USA avant de traverser l'Atlantique pour être repris en 1973 par Thames & Hudson (dans les deux cas en HC) et finalement sorti en poche par Penguin en 1974. A noter qu'il semble bien qu'une VF de ce titre soit parue en 1981 chez Retz sous le titre de Les Clés de l’oeuvre de J.R.R. Tolkien, une version peu référencée dans les sites français.

Le seigneur des anneaux T1 (LDP 1979).jpg

Cette étude est divisée en sept chapitres assez peu homogènes en taille (de moins de quinze à plus de cinquante pages). Ils abordent la plupart des grandes thématiques éternelles qui intéressaient l'auteur (le Mal, l'Ordre Cosmique) ainsi que les créations propres à Tolkien (les Hobbits, les Peuples Libres, Aragorn) en mettant en liaison les divers textes composant les écrits sur le sujet. Le support principal de la réflexion de Kocher est bien sûr Le seigneur des anneaux, mais il utilise aussi des nouvelles moins connues comme Leaf by niggles ou Farmer Giles of Ham, qui sont traitées dans un chapitre qui leur est dédié. Un index clôture l'ouvrage.

Le seigneur des anneaux T2 (LDP 1979).jpg

Pour un lecteur comme moi, qui ne connaît que les fondamentaux de cet univers (essentiellement la trilogie, et en VF), cet ouvrage semble suffisamment fouillé pour être crédible. Il est clair que Kocher, écrivant dans les années 60-70, n'a normalement pas pu prendre en compte la masse de documents que l'usine Tolkien a produit autour du monde de la Terre du Milieu et que les héritiers exhument avec une régularité remarquable et un sens commercial qui semble très sûr même si, vu de l'extérieur, leur signification profonde et leur intérêt peuvent sembler anecdotiques.

Le seigneur des anneaux T3 (LDP 1979).jpg

N'étant donc pas un passionné de Fantasy ni un expert es-Tolkien, je n'ai donc que moyennent accroché à cet ouvrage, plus par ma faute que par celle de Kocher qui a, de par sa prose et son érudition, réussi à me faire finir son livre en y prenant un certain plaisir. En ce qui me concerne, c'est une bonne introduction à cet univers minutieusement bâti et à l'influence énorme sur la Fantasy.

Bilbo le hobbit (JL 1977).jpg

Note GHOR : 1 étoile