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29/04/2010

_The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction_

The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction : Gary WESTFAHL : 1998 : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies" #15) : ISBN-10 0-85323-573-2 : 344 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 GBP pour un TP qui se trouve neuf, existe aussi en HC (-563-5).

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La problématique de la date de naissance de la SF fait partie de ces grandes questions qui reviennent à intervalles réguliers (comme d'ailleurs la définition même de celle-ci). Traditionnellement, on trouve plusieurs écoles : ceux qui font commencer le genre à la Bible ou à tout autre texte légendaire (babylonien par exemple); ceux qui débutent à un point situé avant la révolution industrielle (un intervalle assez vaste qui va de Lucien à More); les Aldissiens qui comptent à partir de Frankenstein; les proto-SFistes qui partent de Wells ou Verne (on est alors dans la deuxième moitié du XIXème) et les modernes qui démarrent à partir du moment où le genre acquiert un nom (c'est à dire avec Hugo Gernsback). Ceux qui connaissent ses autres écrits ne seront pas surpris de voir que Westfahl se place fermement dans le dernier camp. Cette idée que l'invention de la SF a été délibérée et date de 1926 (ou à peu près) sous l'impulsion de Gernsback (ensuite relayé par Campbell) est donc la thèse que développe l'auteur dans ce livre.

Hugo Gernsback and the century of science fiction.jpg

Organisé en une dizaine de chapitres de taille variable (dont une partie avait déjà été publiée, surtout dans Foundation), cet ouvrage est organisé sur une base chronologique après une très copieuse (presque quarante pages) introduction qui démonte les autres théories existantes, en particulier Suvin et Aldiss. Westfahl déroule donc la genèse du genre des débuts d'Amazing à la fin de l'âge d'or d'Astounding (dans le début des années 50) en s'appuyant sur de nombreuses citations textuelles de l'époque étudiée. A noter que l'avant dernier chapitre est une étude spécifique de Beyond this horizon, le roman de Heinlein. Une liste des oeuvres citées et un index (par nom) terminent le livre.

Beyond this horizon (Panther 1974).jpg

Il est clair dès le début du livre que l'objectif de Westfahl est d'écrire une oeuvre polémique afin de secouer le cocotier des idées reçues sur la SF et ses origines que nombre de critiques et théoriciens semblent se croire obligés d'enjoliver en allant lui chercher un pedigree un peu plus prestigieux que des revues américaines aux couvertures criardes. A ce titre, sa charge contre des gens comme Aldiss, Suvin, Moskowitz ou Blish est parfois féroce même si elle est enrobée d'une méthodologie très pragmatique (uniquement basée sur les écrits de ces derniers). Même s'il arrive que cela tourne à l'opposition caricaturale entre fans (qui connaissent le genre parce que l'ayant lu) et universitaires (méprisants et en quête de respectabilité), le discours de Westfahl reste cohérent et plein d'une énergie à défendre la SF salutaire.

Beyond this horizon (Signet).jpg

Quand à la validité des positions prises par l'auteur, il me paraît, en tant que Westfahlien orthodoxe, plus juste de laisser à chaque lecteur le soin de décider ce qu'il en est. En ce qui me concerne, je pense que, malgré une certaine dose d'attaques gratuites et parfois cruelles et un raisonnement qui élude parfois un peu vite certaines incohérences (comme une définition du genre assez peu exploitable), la thèse de Westfahl est une réaction saine contre cette tentation permanente d'une quête de reconnaissance (littéraire, professionnelle ou culturelle) qui se traduit par un lissage du côté "rugueux" du genre. De plus, confronté en élaborant ce blog à de nombreux textes académiques qui montrent une grande ignorance du genre par des gens qui pourtant écrivent à son sujet, je ne peux qu'estimer qu'un (gros) minimum de connaissances et de pratique de la SF sont des pré-requis incontournables pour qui veut la commenter ou l'analyser et qu'un tel bagage ne s'acquiert pas en un trimestre. A final, c'est un essai assez violent et parfois extrémiste, mais c'est un discours honnête et passionné qui mérite d'être entendu et qui a le courage de questionner certaines idées devenues canoniques sur les origines du genre ou l'apport de telle ou telle personne (en particulier ici celui de Gernsback).

Beyond this horizon (Roc 1997).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

28/04/2010

_Master of Middle-Earth : The achievement of J. R. R. Tolkien_

Master of Middle-Earth : The achievement of J. R. R. Tolkien : Paul KOCHER : 1974 (pour cette édition) : Penguin : ISBN-10 0-1400-3877-9 : 222 pages (y compris index) : coûtait 0.40 GBP pour un poche non illustré qui se trouve d'occase assez aisément.

Master of middle-earth.jpg

Cet ouvrage est une étude globale sur l'univers de la Terre du Milieu, la création majeure de JRR Tolkien qui est l'un des mondes de la Fantasy les plus connus (si ce n'est le plus connu). Ecrit par un professeur britannique, ce livre a été initialement publié en 1972 chez Houghton Mufflin aux USA avant de traverser l'Atlantique pour être repris en 1973 par Thames & Hudson (dans les deux cas en HC) et finalement sorti en poche par Penguin en 1974. A noter qu'il semble bien qu'une VF de ce titre soit parue en 1981 chez Retz sous le titre de Les Clés de l’oeuvre de J.R.R. Tolkien, une version peu référencée dans les sites français.

Le seigneur des anneaux T1 (LDP 1979).jpg

Cette étude est divisée en sept chapitres assez peu homogènes en taille (de moins de quinze à plus de cinquante pages). Ils abordent la plupart des grandes thématiques éternelles qui intéressaient l'auteur (le Mal, l'Ordre Cosmique) ainsi que les créations propres à Tolkien (les Hobbits, les Peuples Libres, Aragorn) en mettant en liaison les divers textes composant les écrits sur le sujet. Le support principal de la réflexion de Kocher est bien sûr Le seigneur des anneaux, mais il utilise aussi des nouvelles moins connues comme Leaf by niggles ou Farmer Giles of Ham, qui sont traitées dans un chapitre qui leur est dédié. Un index clôture l'ouvrage.

Le seigneur des anneaux T2 (LDP 1979).jpg

Pour un lecteur comme moi, qui ne connaît que les fondamentaux de cet univers (essentiellement la trilogie, et en VF), cet ouvrage semble suffisamment fouillé pour être crédible. Il est clair que Kocher, écrivant dans les années 60-70, n'a normalement pas pu prendre en compte la masse de documents que l'usine Tolkien a produit autour du monde de la Terre du Milieu et que les héritiers exhument avec une régularité remarquable et un sens commercial qui semble très sûr même si, vu de l'extérieur, leur signification profonde et leur intérêt peuvent sembler anecdotiques.

Le seigneur des anneaux T3 (LDP 1979).jpg

N'étant donc pas un passionné de Fantasy ni un expert es-Tolkien, je n'ai donc que moyennent accroché à cet ouvrage, plus par ma faute que par celle de Kocher qui a, de par sa prose et son érudition, réussi à me faire finir son livre en y prenant un certain plaisir. En ce qui me concerne, c'est une bonne introduction à cet univers minutieusement bâti et à l'influence énorme sur la Fantasy.

Bilbo le hobbit (JL 1977).jpg

Note GHOR : 1 étoile

27/04/2010

_Martians and misplaced clues : The life & work of Fredric Brown_

Martians and misplaced clues : The life & work of Fredric Brown : Jack SEABROOK : 1993 : Bowling Green State University Popular Press : ISBN-10 0-87972-591-5 : 312 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 16.95 USD pour un TP non illustré qui existe aussi en HC (-590-7) et qui se trouve chez l'éditeur : http://uwpress.wisc.edu/books/2496.htm.

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Fredric Brown est un auteur qui a toujours eu une présence assez discrète sur la scène SF, y compris dans son pays d'origine. C'est peut-être dû au fait qu'il a toujours eu un pied dans deux camps différents puisqu'il a partagé son activité créatrice entre le policier et la science-fiction (comme le montre bien le titre fort original de ce livre), avec d'une façon générale, une plus grande prédilection pour le premier genre. Malgré cette relative obscurité et une production finalement modeste, il a plutôt été bien traité en matière d'ouvrage de référence (y compris en VF chez Encrage) et possède une incontestable aura, en particulier dans le public francophone.

Martians, go home (Ballantine 1976).jpg

Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage est une sorte d'hybride, un mélange d'une biographie et d'une étude plus classique sur les oeuvres de l'auteur, assez proche dans l'esprit du Ketterer sur Blish. Il est divisé en quatorze chapitres de taille variée (certains ne sont pas inédits) qui suivent globalement un déroulé chronologique (le premier étant à lui tout seul une biographie) mais se concentrent sur les textes de Brown bien plus que sur les évènements de sa vie. On notera que, dérogeant à ce principe, les textes de SF sont principalement regroupés au sein de deux d'entre eux (neuvième et dixième). En matière d'annexes, on a une bibliographie complète (VO et premières parutions/éditions seulement) divisée en plusieurs parties (d'un formalisme différent mais en ordre chronologique) en fonction des natures des textes (romans, nouvelles, poèmes, recueils...), une liste des oeuvres citées et un index (noms et titres).

The mind thing (Hamlyn 1979).jpg

Il est clair que l'orientation de cet ouvrage le destine plutôt à des amateurs de littérature policière, la partie SF étant assez réduite (en cohérence avec sa part dans la production de l'auteur), comme l'atteste le fait que certaines parties aient été reprises du magazine The Armchair Detective.  C'est donc un ouvrage très fouillé mais qui n'intéressera pas forcément dans son intégralité celui qui veut se pencher sur Fredric Brown l'auteur de SF, un phénomène fréquent dans les livres sur cet écrivain (cf. le Bourgoin).

What mad universe (Grafton 1987).jpg

Du coup, et comme la SF ne semble pas être sa spécialité, le traitement des textes relevant de ce genre par Seabrook confine parfois à la simple paraphrase d'intrigues, un écueil qui est notamment sensible dans le chapitre sur les nouvelles qui est assez peu intéressant à lire pour qui connaît un peu son Brown nouvelliste. Même s'il faut rajouter à cela une bibliographie parfois difficilement exploitable (l'éditeur original n'est par exemple même pas indiqué pour les romans) et une organisation interne assez confuse (les short-shorts étant par exemple traitées à part des nouvelles, indépendamment de leur genre), ce livre n'en reste pas moins une remarquable plongée, très documentée, dans la vie d'un écrivain particulièrement original et un hommage autrement plus intéressant que d'autres livres plus laudatifs.

Martians and madness (NESFA 2002).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

26/04/2010

_The many worlds of Larry Niven_

The many worlds of Larry Niven : Paul GUPTILL & Chris DRUMM : 1989 : Chris Drumm (série "Chris Drumm Booklet" #33) : ISBN-10 0-936055-44-8 : 63 pages (+ 1 page volante d'addenda non numérotée dans mon exemplaire) : Coûtait 4.50 USD pour un format plus petit que A5 agrafé au centre et avec couverture rigide qui se trouve parfois d'occasion.

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Ce petit fascicule est une entrée tardive dans la série des bibliographies éditées par Chris Drumm dans les années 80 (et qui dureront jusqu'aux années 90). Il est consacré à Larry Niven, un auteur qui a longtemps représenté aux USA le courant "Hard Science" (ou du moins la partie de la SF "néo-classique") qui a émergé dans les années 65-75 en réaction aux positions prises par les participants à la New Wave. A ce titre (et probablement aussi pour des positions politiques assez conservatrices), il n'a jamais bénéficié dans notre pays du même intérêt que d'autres de ses contemporains.

A hole in space (Orbit 1975).jpg

L'ouvrage commence par une préface (technique) et une introduction (biographique) d'une page chacune. La suite (la partie principale) est conforme aux habitudes de la maison Drumm, à savoir un listing par ordre chronologique (strict de première parution) des textes de l'auteur. On y trouve donc, regroupés par année (de 1964 à 1988) et numérotés séquentiellement, les oeuvres de l'auteur (quels que soient leur format ou leur type). Pour chaque item, un certain nombre d'informations bibliographiques sont données suivant le type, par exemple éditions existantes (mais pas délibérément les réimpressions) et prix pour les livres, parutions successives ou longueurs pour les textes courts, de même que des informations ponctuelles (appartenance à une série). La section suivante est dévolue aux traductions (y compris la VF), suivant un même format et une même numérotation. Un grand nombre de petites parties suivent cette bibliographie : non-fiction, prix reçus, séries, projets en cours, interviews, critiques détaillés et une grosse section fourre-tout. Un index par titre clôture l'ouvrage.  

A hole in space (Del Rey 1988).jpg

Il y a peu à redire sur le travail fourni qui est d'un très bon niveau sur les parutions en VO. On pourra regretter que la partie relative aux traductions de Niven soit assez nettement en retrait puisque, pour la VF, un rapide pointage montre qu'une bonne moitié des textes ne sont pas recensés (d'ailleurs sans logique apparente). De la même façon, le choix délibéré de ne pas lister toutes les réimpressions (faute de place) est un peu dommage sur un strict plan bibliographique.

A gift from earth (Del Rey 1987).jpg

Même si le bémol habituel quand à la pertinence pour les textes récents (le fascicule a plus de vingt ans) doive bien sûr être exprimé, cet ouvrage est de toute façon indispensable au bibliographe utilisant (encore) le papier. En effet, il est le seul consacré à cet auteur qui a quand même eu une production conséquente (presque 190 items sont couverts) et parfois complexe à appréhender (comme ces changements de titres lors du passage de certains romans de la version magazine à la parution en livre). Ses qualités en font donc un incontournable.

All the myriad ways (Del Rey 1985).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

23/04/2010

_Many futures, many worlds : Themes and form in science fiction_

Many futures, many worlds : Themes and form in science fiction : Thomas D. CLARESON (editor) : 1977 : The Kent State University Press : ISBN-10 0-87338-200-5 : ix+303 pages (y compris index) : coûtait 5.50 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC (-199-8).

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Rassemblé par Thomas Clareson, une des figures importantes du milieu universitaire s'intéressant au genre (il écrira ou dirigera de nombreux autres ouvrages sur la SF), ce livre est un recueil d'essais qui abordent des thématiques variées comme le précise l'introduction. En utilisant ces diverses perspectives, le but ultime de Clareson est de montrer que les thèmes et les préoccupations de la science fiction rejoignent en fait ceux du mainstream, ce lien entre littérature réaliste et SF étant un des chevaux de bataille de l'auteur comme le montre son précédent ouvrage, le précurseur SF : The other side of realism.

SF The other side of realism.jpg

Ce recueil comporte quatorze essais d'une longueur allant de dix à quarante pages. Une partie (six) sont déjà parus dans divers supports (la revue Extrapolation dirigée par Clareson par exemple) ou sont des retranscriptions de conférences. En matière d'auteurs, c'est potentiellement du beau linge, des gens qui se feront un nom dans l'analyse du genre : Clareson, Schmidt (qui sera rédacteur en chef d'Analog), Wolfe (avec un brouillon de son The known and the unknown), Warrick ou encore Delany. Les sujets abordés sont donc très variés, avec plusieurs textes sur les robots/ordinateurs, sur la réutilisation des anciennes mythologies, sur la place de femmes dans la SF (déjà), sur les liens du genre avec l'Histoire, la Théologie ou la Philosophie. L'ouvrage ne comporte pas de bibliographie mais propose un index.

Extrapolation 17-1.jpg

L'ensemble des textes est de qualité avec des intervenants qui maîtrisent leur sujet et qui arrivent à faire partager leur intérêt avec aisance. A cela s'ajoute la possibilité de pouvoir déterminer l'évolution des réflexions sur le genre. Les essais sur les dangers des ordinateurs tels qu'évoqués par la SF sont par exemple des documents historiques sur des fictions dont l'existence est maintenant oubliée (This perfect day/Un bonheur insoutenable). Ils peuvent étonner de nos jours par le côté rudimentaire de l'informatique déployée, mais leur message reste parfois d'une actualité brûlante.

Un bonheur insoutenable (JL 1973).jpg

Outre ce décalage temporel qui commence à être important (les textes présentés vont maintenant sur leur quarante ans), on pourra aussi regretter le manque très net de ligne directrice de l'ensemble, assez bien révélé dans l'introduction où le projet du livre est pieusement passé sous silence. Malgré tout, cela nous permet de nous livrer à une promenade au sein de la SF, en allant successivement rencontrer des personnages allant de Tarzan à Univac en passant par L'homme qui tua Mahommet, un parcours qui ne s'effectue pas sans un certain plaisir.

Histoires à rebours (LDP 1976).jpg

Note GHOR : 2 étoiles