Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/11/2021

_Remainders of the American Century_

Remainders of the American Century : Post-apocalyptic Novels in the Age of US Decline : Brent Ryan BELLAMY : 2021 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-8032-0 (la fiche ISFDB du titre) : xiv+270 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 24.95 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur, existe aussi en hc (8031-3) et ebook (8033-7).

anglais,2 étoiles

Sous la plume d'un professeur canadien, "théoricien" de pas mal de choses (science fiction, énergie, écriture, écologie, voir son site), cet ouvrage est donc consacré à la littérature post-apocalyptique depuis la 2GM et ne mentionne que brièvement les diverses adaptations cinématographiques de textes "canoniques" comme The Road, I Am Legend ou La planète des singes. Comme l'indique son sous-titre, ce sous-genre (Bellamy avance même l'idée qu'il s'agit d'un mode plus que d'un genre) est évoqué sous l'angle du déclin (réel ou supposé) des États-Unis et se caractérise par sa nature soustractive qui va laisser un certain nombre de restes (les "remainders" du titre). Paradoxalement, pour un genre qui traite de fins du monde, ces apocalypses sont souvent l'occasion d'un nouveau départ sur la base de ces fameux restes (on pensera à The Postman et -surtout- à A Canticle for Leobowitz).

anglais,2 étoiles

Après une longue introduction (30 pages), le livre est divisé en deux parties : la première essaie de définir ce fameux "mode" post-apocalyptique en déterminant ses éléments spécifiques au sein du genre SF (la soustraction, les restes et en particulier les livres); la seconde étudie en détail quelques points particuliers (l'idée même des USA, la race, la reproduction et l'automobile/l'énergie fossile) tels qu'ils y sont abordés. Outre une conclusion, l'ouvrage comporte une copieuse bibliographie et un index.

anglais,2 étoiles

Il existe déjà un nombre significatif de livres sur le post-apocalyptique, un genre qui avait un peu disparu après la fin de la guerre froide mais qui revient sous forme de hordes de zombies ou via le dérèglement climatique (en attendant les textes sur le COVID). On en trouve sous diverses formes, diverses plumes et divers focus. Par exemple, on pensera à Chelebourg, Brians ou Yoke (et ce n'est qu'une petite partie des ouvrages évoqués ici-même). L'analyse de Bellamy, même si son corpus est d'un classicisme certain, offre, malgré sa logique américano-centrisme affichée (après tout c'est le thème du livre), une approche originale.

anglais,2 étoiles

En effet, la première partie offre un cadre théorique original, qui s'il n'est pas vraiment révolutionnaire dans son concept (le post-apo comme mode du "moins"), a le mérite de permettre une certaine efficacité dans l'analyse. J'ai par contre un peu regretté que l'autre axe d'analyse choisi par Bellamy, celui d'une lecture typiquement États-unienne des textes, se soit révélé relativement peu développé alors qu'il semblait prometteur. À la place, on a un chapitre sur les races (centré sur Farham's Freehold) et un autre sur les figures féminines (centré sur The Road) qui sont sans doute plus dans l'air du temps. Le tout forme un ensemble très lisible qui rappellera pas mal de souvenirs de lecture aux plus anciens.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

05/11/2021

_The Bend at the End of the Road_

The Bend at the End of the Road : Barry N. MALZBERG : 2018 : Fantastic Books : ISBN-13 978-1-5154-1038-6 (la fiche ISFDB du titre) : 173 pages (y compris index) : coûte 13.99 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook.

The bend at the end of the road.jpg

On va faire rapide. Dans cet ouvrage Malzberg cite plusieurs fois la phrase suivante "Who the gods would destroy they first offer a regular column" (attribuée par l'auteur à Murray Kempton ou d'autres suivant son humeur). Hélas pour Malzberg, cet adage se révèle particulièrement pertinent quand il est appliqué à cet ouvrage. En effet, ce livre est le recueil de la série (une petite cinquantaine au total) d'essais qu'il a écrit pour les (web)magazines Baen's Universe et Galaxy's Edge (entre 2007 et 2017 en deux phases) et, effectivement, le résultat est assez navrant.

anglais,malzberg,1 étoile

Le Malzberg essayiste larmoyant a déjà été évoqué ici-même en détail (c'était pour Breakfast in the Ruins) dans un registre identique et mon avis sur ce nouvel opus reste exactement le même. Les pleurnicheries de l'auteur sur son sort, sur celui de la SF, ses attaques permanentes contre diverses cibles (toujours les mêmes : la Fantasy, Star Wars, Budrys...), ses quelques enthousiasmes répétés à longueur de texte (Bester, Kuttner, Sturgeon...), les multiples redites (parfois même dès l'essai suivant) font de cet ouvrage un ensemble pénible à lire, même à dose homéopathique. Les réflexions de ce génie littéraire incompris sur l'échec du genre à changer le monde sont justes déprimantes. Après, heureusement pour Malzberg qu'il y a des idiots comme moi pour acheter ses écrits.

anglais,malzberg,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (pour quelques éclairs de pertinence)

29/10/2021

_Pscience Fiction_

Pscience Fiction : The Paranormal in Science Fiction Literature : Damien BRODERICK : 201 : McFarland : ISBN-13 978-1-4766-7228-1 (la fiche ISFDB du titre) : ix+235 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 45.00 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook (-3197-4).

anglais,2 étoiles

Damien Broderick, un Australien qui vit au Texas, est à la fois auteur de textes de science-fiction (une vingtaine de romans de sa plume mais aussi des expansions "autorisées" de textes de Brunner) et un des théoriciens du genre (au moins une vingtaine d'ouvrages dont plusieurs ont été évoqués ici). Visiblement, il est aussi très intéressé par les phénomènes Psi et semble vraiment y croire (voir son Evidence for Psi chez le même éditeur). Il a donc réuni ces deux centres d'intérêt dans cet ouvrage qui est consacré à l'étude de ce que Broderick appelle "Pscience Fiction" (le terme est joliment inventé), c'est à dire la partie du genre qui explore des sujets comme la télépathie, la précognition, la téléportation ou la RV (Remote Viewing = Vision à Distance).

anglais,2 étoiles

Après une préface et une introduction, Broderick entreprend d'analyser dans l'ordre chronologique une certain nombre de textes (une soixantaine, répartis en 44 chapitres correspondant généralement à un roman ou alors à plusieurs nouvelles). De Go Home, Unicorn (un roman peu connu de Macpherson paru en 1935) à un quatuor de nouvelles des années 1960-1990 (Anderson, Silverberg, Stableford, Cherryh), il nous détaille en quelques pages les classiques se rattachant à la Pscience Fiction (Slan, Dying Inside, Psion, Ubik) ainsi que plusieurs "univers" fictifs (Darkover, Dune, Bossy) s'y rattachant. Après une conclusion qui récapitule le projet de Broderick, se trouvent, outre un index et un bibliographie, deux annexes consacrées l'un à état des lieux de la recherche dans le domaine du paranormal et l'autre spécifique au thème de la vie après la vie dans la SF.

anglais,2 étoiles

Il est clair dès le début que l'idée de Broderick d'un sous-genre orienté Psi au sein de la SF n'est pas vraiment originale, on croirait parfois (re)lire le (ou les) chapitre(s) correspondants des diverses encyclopédies qui existent depuis des années, d'autant plus que, comme il l'explique bien, sont corpus est assez daté (autour années 50) pour des raisons historiques liées à l'évolution des thématiques centrales du genre. Du coup, l'amateur plus tout jeune retrouve avec plaisir des textes emblématiques (The Demolished Man, The Stochastic Man ou The Witches of Karres) que l'auteur fait revivre tout en leur apportant un regard (parfois) critique t une certaine mise en perspective.

anglais,2 étoiles

Une fois passé le plaisir d'avoir retrouvé de vieux compagnons de lecture, se pose la question de savoir quel est l'intérêt réel de ce livre. Outre une possible réaction épidermique comme la mienne aux croyances manifestées par Broderick (qui semble persuadé par exemple qu'un certain Joe McMoneagle a pu dessiner l'intérieur passé et futur d'une base de sous-marins russes Typhoon), la structure même du livre, atomisée, l'empêche de déployer une théorie satisfaisante de sa Psience Fiction autrement que par bribes et redites dans chaque chapitre. Il manque visiblement à l'ouvrage, une partie "synthèse" conséquente après la sympathique partie "exposition". De plus, et c'est strictement personnel, j'ai toujours eu du mal avec le style de Broderick que je trouve parfois difficile à suivre. Finalement un ensemble qui, en ce qui me concerne, n'est pas suffisamment intéressant ni assez construit pour sortir de la simple liste de titres. Dommage. 

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (à peine)

11/10/2021

_May the Armed Forces Be with You_

May the Armed Forces Be with You : The Relationship between Science Fiction and the United States Military : Stephen DEDMAN : 2016 : McFarland : ISBN-13 978-0-7864-9742-3 (la fiche ISFDB du titre) : 242 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 29.95 USD pour un tp avec quelques illustrations en n&b, disponible chez l'éditeur, existe aussi en e-book (978-1-4766-2286-6).

May the armed forces be with you.jpg

Sous la plume d'un auteur australien cet assez bref ouvrage (180 pages de texte) essaie de démêler les liens historiques entre la SF (US) et les militaires américains (quelle que soit leur arme d'appartenance). Entre glorification de l'armée (lors de la 2GM), doutes sur celle-ci (Corée et surtout Vietnam) et utilisation par cette dernière d'images et de gadgets tout droit sortis du fond commun du genre (rayons de la mort, exosquelettes, guerre des étoiles), il y a toujours eu une certaine interpénétration entre les deux mondes, chacun se servant de l'autre pour atteindre ses buts (des budgets ou des idées pour l'armée, une certaine respectabilité/reconnaissance/influence pour la SF) ainsi qu'une grande ambivalence des acteurs du genre (on se rappellera l'affaire de la prise de position de certains auteurs dans Galaxy pour ou contre l'intervention au Vietnam).

Forever peace (Ace 2000).jpg

En neuf chapitres (plus une préface et une introduction) agencés dans l'ordre chronologique et suivant quasiment le découpage "standard" de l'histoire de la SF étasunienne, Dedman chronique les diverses phases de cette relation presque symbiotique en s'appuyant sur les différentes formes du genre (littérature, cinéma, comics et télévision), allant de Captain America à Battleship en passant par Starship Troopers ou Ender's Game. Outre quelques illustrations (en début d'ouvrage), on y trouvera diverses annexes, un index, une bibliographie et surtout une trentaine de pages de notes presque uniquement consacrées à la citation des sources utilisées par Dedman.

Ender's game (Starscape 9th tp).jpg

Cet ouvrage, visiblement sans prétention, fournit un bon résumé de son sujet. C'est facile à lire (malgré une certaine quantité de redites comme des phrases reprises à l'identique), suffisamment éclectique dans ses exemples (même s'il y a, à mon goût, un peu trop de morceaux de comics dedans) et offrant (de par ses notes copieuses et très détaillées) de nombreuses pistes d'approfondissement. Après, pour celui qui a déjà lu des textes antérieurs comme Gannon (Rumors of War and Infernal Machines), le recueil d'essais de Seed (Future Wars) ou surtout Franklin (l'excellent War Stars que je n'ai pas -encore- évoqué ici même), Dedman donne l'impression de survoler son sujet et de pas apporter grand chose de plus à ce qui est déjà dit dans ces ouvrages. C'est dommage car il y a sans doute pas mal à dire sur l'utilisation par les militaires US de l'imagerie SF dans leurs récentes aventures (Irak, Afghanistan) ou sur la "dronisation" des conflits, une idée qui est loin d'être nouvelle pour un amateur de SF (qui a dit Forever Peace ?). C'est donc loin d'être l’ouvrage définitif sur le thème mais c'est une bonne mise en bouche qui a, par rapport aux autres textes existants, l'intérêt d'être relativement plus récente.

War stars.jpg

Note GHOR : 2 étoiles

21/09/2021

_Art and Idea in the Novels of China Miéville_

Art and Idea in the Novels of China Miéville : Carl FREEDMAN : 2015 : Gylphi (série "SF Story Worlds: Critical Studies in Science Fiction") : ISBN-13 978-1-78024-030-5 (la fiche ISFDB du titre) : xiv+183 pages (y compris index) : coûte 16.99 GBP pour un petit tp non illustré, disponible chez l'éditeur, existe aussi en e-book.

miéville,anglais,2 étoiles

Paru dans une petite collection britannique d'ouvrages de référence qui sort à peu près un titre par an, cet ouvrage est consacré aux romans de China Miéville. Cet auteur, britannique lui-aussi, est un des "apôtres" de la Weird Fiction (ou aussi New Weird), une catégorie aux contours assez flous et dont le maître mot est l'hybridation des divers genres de l'imaginaire. Assez peu productif (moins d'une dizaine de romans et peu de nouvelles en déjà vingt ans de carrière), Miéville est un auteur au palmarès impressionnant et à l'influence sur le genre certaine. Il est aussi un fin connaisseur de celui-ci-ci (on lui doit cet ouvrage en collaboration avec Mark Bould).

miéville,anglais,2 étoiles

Écrit par Carl Freedman (qui n'est pas un inconnu dans le domaine de la réflexion sur le genre), ce court volume est divisé (outre une préface) en sept chapitres. Les six premiers abordent chacun un roman de Miéville (dans l'ordre King Rat, Perdido Street Station, The Scar, Iron Council, The City & The City et Embassytown) et le dernier sert de conclusion à l'ensemble. Dans chacun des chapitres consacrés à une œuvre précise, Freedman tente de faire ressortir ce qu'il pense être le thème de l'ouvrage, thème qui est bien sûr éminemment politique. Malgré l'index, on regrettera l'absence d'une bibliographie secondaire, bibliographie qu'il faut "reconstituer" d'après la vingtaine de pages de notes.

miéville,anglais,2 étoiles

Que le lecteur soit prévenu, avec Miéville et Freedman on est dans la pure mouvance marxiste, de la tendance dure qui ne fait aucun cadeau au système capitaliste. C'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé cette philosophie politique et surtout ce type d'analyse essentiellement politique des textes, une approche qui est très peu fréquente dans les écrits théoriques sur le genre qui sont au mieux d'une tiédeur toute bourgeoise. Freedman (et Miéville aussi comme le premier le démontre bien) maîtrisent parfaitement leurs bases idéologiques ce qui permet une analyse politique de textes qui se révèlent être d'une richesse insoupçonnée. 

miéville,anglais,2 étoiles

Bien sûr, parmi les six romans évoqués, l'analyse marxiste de Freedman est la plus pertinente quand elle opère sur la "trilogie" Bas-Lag et encore plus quand il traite du plus "politique" des trois, à savoir Iron Council. On sent l’auteur moins à l'aise avec les autres romans de Miéville et en particulier avec la thématique plus linguistique que sociale de Embassytown. C'est en tout cas un ensemble assez jouissif et d'une approche tellement rare qu'elle excuse une certaine emphase de la part de Freedman qui semble parfois un peu surévaluer l'auteur (Miéville c'est plus mieux que Tolkien) mais qui, et c'est ce qui compte, peut donner envie de lire ces romans à celui qui ne l'a pas déjà fait.

miéville,anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (au moins)