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16/02/2022

_Jeffrey Jones : The Definitive Reference_

Jeffrey Jones : The Definitive Reference : Patrick K. HILL & Chad J. KOLEAN & Emmanuel C. MARIS & J. David SPURLOK (editors) : 2013-04 : Vanguard Press : ISBN-13 978-1-934331-54-5 (la fiche ISFDB du titre) : 175 pages (y compris index) : coutait 39.95 USD pour grand hc presque carré avec jaquette illustré en couleurs et n&b, disponible en ligne, existe aussi en version à tirage limité.

Jeffrey Jones The Definitive Reference.jpg

À mi chemin entre le "pictorial" et la bibliographie, cet ouvrage est donc présenté comme l'ouvrage de référence définitif sur Jeffrey Jones. Cet artiste, qui a dessiné un peu de tout (des comics, des couvertures, des illustrations, des toiles) est beaucoup plus connu dans son pays d'origine que chez nous (je ne suis pas sûr qu'une de ses œuvres ait jamais illustré un roman de SFF en français). Sa notoriété chez les amateurs est liée aux presque deux cents couvertures qu'il a réalisé durant les années 70, surtout pour des éditeurs comme Belmont, Pyramid, Paperback Library ou Lancer.

anglais,2 étoiles

Organisé par support ou type de dessin (des hcs aux illustrations intérieures de magazines ou fanzines), l'ensemble est superbe même si l'amateur de livres que je suis aurait aimé de plus grandes images des couvertures. L'ouvrage semble aussi particulièrement exhaustif (on y trouve même certains titres en VF). Comme souvent avec ce type d'ouvrage,on peut juste regretter, outre une certaine emphase, le fait que la plupart des informations qu'il contient sont maintenant accessibles assez aisément en ligne. Il n'est reste pas moins qu'il s'agit là d'un très bel objet qui rend parfaitement justice à un illustrateur au style si particulier.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (il faut aimer Jones et la Fantasy)

07/02/2022

_Dangerous Visions and New Worlds_

Dangerous Visions and New Worlds : Radical Science Fiction, 1950-1985 : Andrew NETTE & Ian McINTYRE (editors) : 2021 : PM Press : ISBN-13 978-1-62963-883-6 (la fiche ISFDB du titre) : 216 pages (y compris index) : coûte 29.95 USD pour grand tp carré illustré en couleurs, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en hc et ebook.

anglais,2 étoiles

Cet ouvrage est publié par PM Press, une maison d'édition qui se définit comme "radicale" (pour les USA s'entend) et qui est connu dans le milieu de la SF pour sa série de petits recueils de la série "Outspoken Authors". Ce titre semble faire partie d'un ensemble consacré à la littérature populaire par les mêmes auteurs. Comme il se doit pour cet éditeur, le sujet de cet ouvrage est la SF radicale des années 50 à 85 et plus particulièrement un thème qui revient à la mode avec le revival des seventies, la New Wave (et son pendant US). Période parfois fantasmée qui aurait, sous l'impulsion de quelques visionnaires (Moorcock, Ballard, Merril, Ellison) complètement bouleversé le genre en lui apportant tout ce qui lui manquait depuis tant d'années, de la conscience sociale à la perfection littéraire en passant par la prise en compte des minorités, une focalisation sur l'espace intérieur et la découverte du sexe et des gros mots.

anglais,2 étoiles

En matière d'organisation, le livre est un recueil de deux types d'essais. Les plus nombreux sont des essais de fond thématiques d'une petite dizaine de pages. Sous des plumes parfois connues (Latham, Sussex) ou pas, ils abordent des sujets très divers, allant d'un auteur traité d'un façon globale (PKD, les Strugatski, Butler, Merril, Mick Farren), à des œuvres spécifiques (Damnation Alley de Zelazny, The Black Commandos de Joseph Denis Jacskon, Afro-6 de Hank Lopez, Andra de Louise Lawrence ou Heavenly Breakfast de Delany) en passant par des essais sur des domaines précis (Essex House, un éditeur de SF pornographique dont on retrouvera une partie des titre chez Champ Libre, la SF gay des années 70 ou la série Qhe ! de William Bloom). Entre ces essais on trouve des choses plus légères de deux à trois pages essentiellement orientées "thématique" (New Worlds, les drogues, les éco-catastrophes, les animaux, les novélisations de Doctor Who...) et surtout largement illustrées de couvertures de livres de l'époque au look si particulier (comme les Penguin), à noter que ces sections sont écrites par Nette et McIntyre. L'ouvrage ne propose pas de bibliographie mais un index en plus de l’habituelle liste des contributeurs.

anglais,2 étoiles

Si l'on excepte les derniers essais à la tonalité que j'ai trouvé un peu trop stridente à mon goût (trois fois "white male", une fois "white men" et une fois "caucasian male" en deux paragraphes, j'ai bien compris le message), l'ensemble forme un livre agréable à lire à la maquette aérée et aux illustrations particulièrement séduisantes et nombreuses (pour tout dire cela m'a rappelé ma propre bibliothèque), correctement identifiées (on regrettera juste l'absence totale de la mention de l'illustrateur). On appréciera particulièrement certains essais qui abordent des sujets que je n'ai jamais vu étudiés, qu'ils fassent partie du cœur du genre (Mick Farren ou Essex House) ou qu'ils soient un peu périphériques (Bloom ou Lopez). Ce côté un peu butinage de sujets est une des forces d'un livre qui ne se prend pas trop au sérieux tout en fournissant un travail de qualité.

anglais,2 étoiles

Paradoxalement, c'est ce côté un peu light qui ne m'a pas totalement convaincu. Je m'explique : du fait de mes lectures sur le genre, je peux mettre en parallèle avec presque chacun des essais "détaillés", un (ou souvent plusieurs) ouvrage(s) de référence qui abordent le même thème mais d'une façon bien plus approfondie et surtout bien plus contextualisée. Par exemple, le texte sur le féminisme de Wyndham par Curcio fait immédiatement penser à Hidden Wyndham, celui sur la SF de Merril de Clay à Better to Have Loved et à Judith Merril : A Critical Study, celui sur la SF d'Ira Levin par Nette à ce titre de la série Starmont, celui sur Damnation Alley par Roberts fait écho aux passages correspondants des multiples livres sur Zelazny dont celui écrit par Cox est le plus récent, et ainsi de suite pour Dick, Ballard, Butler, Woman on the Edge of Time, Tiptree/Sheldon... Du coup c'est, en ce qui me concerne, un livre agréable à lire mais qui, hormis sur quelques points précis, n'affutera pas ma perception de l'histoire du genre comme ont pu le faire Greenland (avec son ouvrage incontournable sur la sur la New Wave) ou Ashley ou Broderick (sur New Worlds)

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (en ce qui me concerne)

20/01/2022

_Science Fiction and Catholicism_

Science Fiction and Catholicism : The Rise and Fall of the Robot Papacy : Jim CLARKE : 2019 : Gylphi (série "SF Story Worlds: Critical Studies in Science Fictio") : ISBN-13 978-1-78024-084-8 (la fiche ISFDB du titre) : x+281 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 17.99 GBP pour un petit tp non illustré, disponible chez l'éditeur.

anglais,3 étoiles

Paru dans l'intéressante (et plutôt britannico-centrée) collection d'ouvrages de références de Gylphi, ce récent ouvrage part du constat fait par Clarke qu'une partie disproportionnée des textes de SF comporte comme acteurs des prêtres ou l'institution catholique elle-même dans sa structure ou ses symboles. En effet, sur ces thématiques viennent immédiatement à l'esprit de nombreux exemples avec des textes d'auteurs comme Simak, Silverberg, Farmer, Blish, Clarke, Simmons ou Mary Doria Russell. Il faut noter que cette présence très forte du catholicisme est sans plus surprenante pour des anglo-saxons (on va dire plutôt chrétiens mais pas forcément catholiques) que pour des latins, d'où le constat de Clarke.

anglais,3 étoiles

L'ouvrage s'ouvre par en une longue introduction qui détaille un peu l'historique des rapports entre SF et catholicisme sous l'angle des territoires culturels ou sociétaux (le futur, le sublime...) que ces deux entités se discutent depuis longtemps. Suivent ensuite quatre longs (une cinquantaine de pages) chapitres qui abordent successivement 1) l'opposition entre les deux, l'une étant qualifiée de "counter-narrative" de l'autre; 2) les rapports entre le catholicisme et la question de l'intelligence ou l'âme de la machine ou de l'ordinateur (ce qui mène aux robots-papes du sous-titre de l'ouvrage); 3) la même problématique mais vis-à-vis des extraterrestres et 4) le cas particulier des uchronies (souvent dystopiques) décrivant des sociétés catholiques. Une très courte conclusion, une bibliographie globale et un index complètent l'ensemble.

anglais,3 étoiles

Après un début que j'ai parfois trouvé un peu trop wikipediesque sur l'histoire croisée de la SF et du catholicisme, j'ai rapidement été séduit par les thèses de Clarke. Il reprend en gros la position développée par Adam Roberts dans cet ouvrage, à savoir que la SF, même si elle est culturellement chrétienne, est plus protestante (ou anglicane ou réformiste) que catholique, à l'inverse de la fantasy. Comme dans la culture et la société anglo-saxonne il semble y avoir en permanence une espèce de peur d'un complot catholique pour reprendre le contrôle et que la SF est un genre lui-aussi anglo-saxon (n'en déplaise à une certaine frange d'universitaires français), il s'est presque naturellement créé un antagonisme entre les deux, chacun jouant le repoussoir pour l'autre (obscurantisme fanatique contre athéisme iconoclaste).

anglais,3 étoiles

En ce qui me concerne, outre la pertinence du discours de l'auteur, que je trouve très juste, j'ai aussi été séduit par la vaste culture SF de Clarke (on y croise même Charles Duits) et par une focalisation sur la SF écrite qui nous change agréablement des auteurs dont l'érudition s'arrête à Dune ou Star Trek (même si Clarke fait référence aux deux dans son livre). Sur le fond, on pourrait sans doute argumenter que la position de la SF face au catholicisme est plutôt celle d'une superbe ignorance (ou d'une certaine incompréhension) que d'une détestation active telle que la postule l'auteur. En tout cas, une jolie démonstration dans laquelle il est agréable de se plonger même si certains élans mystiques peuvent surprendre l'athée que je suis.

anglais,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

11/01/2022

_Cumulative Paperback Index, 1939-1959_

Cumulative Paperback Index, 1939-1959 : R. REGINALD & M. R. BURGESS (qui sont la même personne) : 1973 (pour l'EO) : Borgo Press : ISBN-13 978-0-8937-0022-5 (la fiche ISFDB du titre) : xxiv+362 pages : Coûte quelques dizaines d'Euros, disponible en ligne sous forme de POD.

Cumulative Paperback Index, 1939-1959.jpg

Cet ouvrage est un titre purement "technique", il s'agit, comme l'indique son (long) sous-titre A Comprehensive Bibliographic Guide to 14,000 Mass-Market Paperbacks Books of 33 Publishers Issued Under 69 Imprints (ouf) d'un index de tous (Reginald en liste 14.051) les livres de poche parus aux USA entre 1939 et 1959. Outre les spécifications de chaque éditeur, l'index principal est classé par auteur avec un deuxième index par titre permettant de trouver l'auteur d'un ouvrage.

Away and beyond (Avon 1953).jpg

Au vu de la date de parution de l'ouvrage (1973), il a dû s'agir d'un travail de titan tant pour collationner que pour transcrire toutes ces informations. À première vue, en ce qui concerne la SF, un genre encore peu publié en livre et surtout en poche sur la période couverte, on n'y trouve pas de surprises majeures et une complétude qui semble correcte mais un niveau de détail qui reste assez limité (pas de nombre de pages, de rang d'impression ou de nom d'illustrateur). Du coup, l'utilisation d'un tel mastodonte peut paraître un peu superflue de nos jours.

21st century sub (Avon).jpg

Note GHOR : 1 étoile (pour le travail)

17/12/2021

_Hidden Wyndham_

Hidden Wyndham : Life, Love, Letters : Amy BINNS : 2019 : Grace Judson Press : ISBN-13 978-0-9927567-1-0 (la fiche ISDB du titre) : 288 pages y compris index et bibliographie) : coûte 10.95 GBP pour un petit tp agrémenté d'un cahier photographique central en n&b, disponible sur un célèbre site de vente en ligne.

anglais,wyndham,2 étoiles

Le statut de John Wyndham est assez nettement différent entre la France et la Grande-Bretagne. Si chez nous, il est pratiquement oublié (cf. la base à Bruno qui ne liste qu'une édition sur la dernière décennie + 1 BCE) et a laissé l'image d'un de ces nombreux auteurs britanniques spécialisés en "Cosy Catastrophes", dans son pays d'origine il est considéré comme un auteur "classique" et publié hors du genre. Un position qui est assez proche de celle René Barjavel chez nous. Paradoxalement, il n'existe que peu d'études sur cet auteur (du moins au niveau du genre), si ce n'est une bibliographie (chez GCP) et un titre de la série de monographie de Starmont par Clareson.

anglais,wyndham,2 étoiles

Écrit par une docteur en journalisme à l'UCLan (pas l'UCLA), cet ouvrage est donc la première biographie de cet auteur qui a toujours mené une vie très discrète (on comprendra pourquoi à la lecture), au point d'être surnommé "l’homme invisible de la SF britannique". Cette biographie présente l'originalité d'être bâtie sur un fil rouge qui a frappé Binn, à savoir que tous les personnages féminins décrits par l'auteur (qui se ressemblent fortement) étaient l'image d'une seule personne réelle, Grace Wilson, l'amour de sa vie. C'est donc autour de cette trame qui Binn déroule un texte biographique d'architecture classique divisé en trois parties (avant, pendant et après la 2 GM qui verra Wyndham débarquer en France le 11 juin 1944). On notera la présence d'une bibliographie (pratique avec  un auteur qui est un des rares à avoir collaboré avec lui-même), d'un index et d'un cahier photographique de 16 pages.

anglais,wyndham,2 étoiles

Le ton général de cette biographie est à la fois chaleureux et bienveillant. On n'y découvrira pas d'aspects négatifs à la personnalité de l'auteur (ce traitement est plutôt réservé par Binns aux parents de Wyndham). Même si l'aspect "carrière SF" de la vie de l'auteur ou l'analyse littéraire de ses œuvres est généralement secondaire dans le texte, cet ouvrage est un moment de lecture très agréable et qui apporte une quantité d'information importante sur l'homme qu'était John Wyndham. C'est aussi un vibrant hommage à un couple qui a traversé les années.

anglais,wyndham,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles