01/04/2009
_The science of fiction and the fiction of science_
The science of fiction and the fiction of science : Collected essays on SF storytelling and the gnostic imagination : Frank McCONNELL (rassemblés par Gary WESTFAHL) : McFarland (série "Critical explorations in SF&F" #12) : 2009 : ISBN-13 978-0-7864-3722-1 : 222 pages (y compris diverses bibliographies et index) : une trentaine d'Euros pour un TP neuf.

Cet ouvrage rassemble principalement les essais présentés par Frank McConnell lors des "Eaton conferences", un rassemblement annuel d'universitaires autour de la SF. Frank McConnell était un professeur de littérature américain (il est décédé en 1999) et surtout l'un des premiers membres du corps académique à s'être intéressé à la SF pour en dire autre chose que du mal.
Invité régulier et figure marquante des Eaton conférences, ses interventions étaient fort prisées et ont été compilées par Westfahl afin de rendre hommage à leur auteur.
Tout d'abord, on trouve donc dans ce livre 16 essais d'une dizaine de pages chacun correspondant à autant de présentations dont la plupart (toutes ?) ont déjà été publiées dans les divers ouvrages qui compilent les minutes de ces conférences (une bonne partie ayant été évoquée sur ce blog).

Même si les conférences avaient chacune un théme imposé (la nourriture, les aliens, la médecine...), McConnell poursuivait dans son style si particulier (passant du coq à l'âne, de La créature du lagon noir à Derrida, de Peanuts à Levi-Strauss) l'approfondissement de ses théories sur la SF. Tout d'abord, il trouvait la notion de genre était inutile, au sens que la seule différence faisable était entre bons et mauvais textes. Ensuite, si on le poussait dans ses derniers retranchements en faisant quand même référence à la SF comme un genre, il la voyait comme l'expression moderne du Gnosticisme (l'idée que nous sommes prisonniers de nos corps et d'un monde imparfait).
Ces textes de McConnell sont suivis de quelques pages d'appréciations posthumes par divers universitaires liés au genre (Benford, Slusser, Rose, Rabkin...) et d'une bibliographie complète (essentiellement des essais et quelques fictions policières).
Je ne voudrais pas passer pour un insensible après la lecture des témoignages si émouvants et si laudatifs de la dernière partie de l'ouvrage, mais la lecture de la prose de McConnell telle qu'elle rassemblée ici me donne une autre vision, moins admirable.

Il m'apparait en fait comme un type de personnage assez classique, celui d'un homme d'une grande culture (capable de citer de tête de nombreux auteurs et de bâtir un discours vraiment multimédia) et d'une grande intelligence, mais qui a choisi d'amuser la galerie plutôt que parler théorie. Une sorte de brillant excentrique capable de mettre les rieurs de côté par des positions outrées ("la SF ça n'existe pas") et de faire le spectacle en racontant ses chutes dans les parkings.
On trouve des gens qui jouent ce rôle dans toutes les conventions et c'est tant mieux parce que leur 'show' vaut toujours le déplacement, on y rit beaucoup et on y est amené à parfois se poser des questions pertinentes.
Hélas, ce genre d'intervention, quand elle devient une méthode systématisée passe difficilement la barrière de l'écrit. C'est le cas ici où la réunion de tant de textes coulés dans le même moule n'est pas flatteuse pour l'auteur.
Outre le fait que la SF ne soit que peu présente dans les discours de McConnell (gênant pour un ouvrage paru dans une collection qui s'intitule "Critical explorations in SF&F"), la juxtaposition des essais fait ressortir les redites (des citations reprises d'une année sur l'autre), les tics de langage et les obsessions (comme la haine de l'école littéraire Française). Surtout, la lecture à tête reposée rend nettement moins sensible au côté pyrotechnique de l'auteur qui apparaît justement comme ce qu'il est, une technique. La trentième mise en relation pseudo-sérieuse de Calvin & Hobbes et Camus ou de la poupée Barbie et Sigmund Freud (ce sont des exemples pris au hasard) n'arrive guère plus qu'à arracher un vague sourire au lecteur.

A cela s'ajoute le fait que l'idée de la SF comme littérature gnostique, le seul vrai apport de l'auteur et probablement le seul sujet qui aurait mérité une analyse approfondie, est presque seulement mentionnée "en passant". Contrairement à ce que pourraient laisser croire le sous-titre du livre, l'introduction et la quatrième de couverture, il n'y a pas plus d'une demi-douzaine de pages sur le sujet.
Il est dommage que la volonté de rendre hommage à l'un des leurs, même s'il était un homme formidable, ait conduit les universitaires proches de la SF à cautionner un tel ouvrage. Les essais de McConnell sont certes aimables, érudits et parfois amusants mais il y a tromperie sur la marchandise puisque ce n'est pas un ouvrage de réflexion sur la SF (ou si peu). A trente euros la plaisanterie, cela fait un peu cher même si certains essais (les premiers par exemple, sur le cinéma ou Wells) montrent un auteur plus focalisé sur l'étude du genre et donc plus percutant.
Note GHOR : 1 étoile
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31/03/2009
_L'argus de la SF 2006_
L'argus de la SF 2006 : Tome 1 les auteurs & L'argus de la SF 2006 : Tome 2 Collections, Revues SF, Polychromes, Études/essais : Pierre Caillens & Alain Mauret : ABSL L'Annonce-Bouquins : ISSN 0769-2765 (pour les deux) : 481 & 500 pages : 30 & 32 Euros pour des TP avec couverture couleur plastifié et un brochage du type collage renforcé par une bande Scotch noire (comme certains fanzines).

Ces deux ouvrages font partie d'une série commencée dans les années 90 qui se voit régulièrement mise à jour (je dirais tous les deux ans). Leur principe est simple et provient en droite ligne du Rayon SF. Le premier tome liste les publications de SF classées par auteur en se focalisant sur les parutions "hors-collection". Le deuxième tome traite principalement les collections estampillées "SF". Elles sont présentées par ordre alphabétique d'éditeur puis par intitulé de la collection. A cette partie principale s'ajoutent des annéxes consacrées aux revues, aux cartonnages et aux ouvrages de référence.
Structurellement, les informations données pour chaque livre sont assez succinctes : date de parution (première impression seulement et si connue), numéro dans la collection (si applicable), titre (VF uniquement), nombre de nouvelles (si recueil), appartenance à une série (non exhaustif) ou autres informations et cote en Euros (pour les titres non disponibles en neuf).

J'ai une certain nombre de remarques à faire sur ces deux ouvrages, remarques que je livre ici sans ordre précis :
- La stratégie d'inclusion ou d'exclusion des ouvrages traités est d'une logique et d'une constance un peu trop variable pour être acceptable. En effet, le choix des auteurs est d'inclure suivant des critères (je cite) du style "(ce livre)...ouvre ses pages à la ... (Hard Fantasy) ... mais n'a toujours pas retenu TOLKIEN (Soft Fantasy)...".On voit donc que des positions aussi subjectives (comment différencier Hard Fantasy et Soft Fantasy ?) ne peuvent que mener à des listings à trous puisque les ouvrages non retenus ne sont même pas mentionnées dans le cas de collections à numérotation continue. Du coup, il est difficile de savoir si ces trous dans les séquences correspondent à des volumes existants mais qui ont été exclus par les auteurs (sur des critères nébuleux), ou à des véritables trous dans la numérotation (le livre n'existe tout simplement pas) du fait de l'éditeur (comme chez Presses Pocket). Il est d'ailleurs savoureux de voir que les critères sont tellement vagues que le roman de Randall Garret Tous des magiciens ! est listé au titre de sa parution dans la collection Temps Futurs, mais ne l'est pas pour celle dans la collection Abysses.


- On constatera la présence de livres dont l'existence n'est pas véritablement avérée voire carrément inventée : il est mentionné chez Albin-Michel (SF 4éme série ou Albin Poche) un Poul Anderson qui s'appellerait La carène du ciel. Outre qu'il s'agit sûrement plutôt de La caverne du ciel, ce livre est (pour n'en avoir jamais vu d'exemplaire ni même de scan) ce que l'on appelle un 'fantôme', à savoir une livre annoncé mais jamais sorti.
- Il y a pas mal de coquilles et/ou d'erreurs de typo : un cycle Herrington, des chroniques de Cadwell, un Russel; chose pas forcément grave mais qui peut se révéler problématique en cas de recherches à mener.
- Un texte parfois peu clair (ou faux) et qui peut donner lieu à des interprétations erronées. Par exemple, à propos de la collection CAL (Culture Art Loisir), on peut lire "Les éditions Denöel reprirent en partie la formule pour les 5 premiers volumes de la collection Présence du futur", ce qui pourrait faire croire que cette dernière (née en 1954) est postérieure à CAL (née en 1973).

- Des erreurs de contenu ou de classification : Le monde Lavalite de Farmer n'est pas, à ma connaissance, un recueil de 5 nouvelles mais un roman.

- Une recherche des collections dans le Tome 2 peu simple puisqu'elles sont classées par éditeur d'une façon assez particulière. Par exemple, si on cherche Le Masque SF, il faut soit se souvenir que l'éditeur est Librairie des Champs-Elysées (qui est à la lettre C des éditeurs !) ou utiliser l'index par collection (ici à M).
- Il n'y a pas toujours cohérence entre les deux tomes, certains livres ou collections (Le Masque de l'Avenir par exemple) ne se trouvent que dans le tome 1 (donc par auteur) et non dans le 2 (par collection).
- Le choix de revues traitées s'est fait sur des critères assez opaques qui conduisent à l'inclusion de certains fanzines parmi les revues : Basis, Argon, Tribune des amis d'ERB. On peut se demander pourquoi ces fanzines là sont traités et pas les autres (sont-ce des copains ?).
- Des erreurs factuelles comme le discours sur la problématique des jaquettes sur les CLA qui fixe l'apparition de celles-ci au No 53 alors que l'on en connaît au moins à partir du No 11, ou sur l'existence des rééditions de certains Galaxie-Bis (130 & 131) pour lesquels il est indiqué Réellement paru ?, question à laquelle la réponse (positive) est assez facile à trouver.
- En ce qui concerne les cotes, je n'ai pas de problèmes avec leur niveau (contrairement à celles du Douilly). Elles me semblent conformes aux prix pratiqués à la fois dans les librairies physiques spécialisées que je connais et au prix (de vente) que je constate sur internet. Les collections (CLA bien sûr) ou les auteurs (PKD, Gilles Thomas...) les plus recherchés présentant les pics attendus. Je suis par contre beaucoup plus réservé sur les cotes des ouvrages de référence qui me semblent abusivement basses pour des livres que l'on ne rencontre que peu (pour les plus pointus).

- C'est un bonne idée (et originale) d'avoir indiqué si et quand des collections se sont retrouvées soldées, ce qui permet de minorer les prétentions de certains vendeurs un peu gourmands.
- Outre la solidité qui me semble peu probable de l'ensemble face à des manipulations fréquentes normales pour un ouvrage de ce type que l'on est amené à consulter fréquemment, ces livres donnent l'impression d'un paquet de feuilles (type papier bureautique 80 grammes) sortis d'une imprimante laser et passés directement au massicot et à la relieuse. Ce point n'est pas rédhibitoire en soi mais à ces tarifs là (62 Euros les deux volumes), on pourrait prétendre à mieux en matière de qualité et de durabilité.
Sorti de ces élements que j'espère suffisament factuels, l'impression qui m'a le plus marquée est celle d'avoir face à moi un décalque du défunt Rayon SF, tant en termes d'organisation générale de l'ouvrage (mais peut-on être original dans ce type d'ouvrage ?, cf. les ressemblances entre Le rayon SF et le Bisceglia) que, et c'est pour moi beaucoup plus gênant, au niveau des textes de présentation où des parties entières semblent tout simplement 'pompées' directement sur le Delmas & Jullian, comme (c'est un des nombreux exemples) celle sur l'augmentation de la taille des polices du CLA qui serait en parallèle avec celle des prix.

C'est donc un ouvrage unique en son genre (en terme d'actualisation), qui est presque indispensable pour qui n'a pas son ordinateur branché en permanence pour consulter des sites de référence en ligne, mais qui, faute de rigueur, n'est pas le livre de référence indiscutable qu'il aurait pu être avec un peu plus de travail et d'originalité, et c'est un peu dommage.
Note GHOR : 2 étoiles
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30/03/2009
_Science-Fiction : Une littérature du réel_
Science-Fiction : Une littérature du réel : Raphaël COLSON et André-François RUAUD : Klincksieck (collection "50 questions") : 2006 : ISBN 2-252-03564-1 : 190 pages (y compris bibliographie et index) : 13.50 Euros pour un TP.

Cet ouvrage fait partie de la collection "50 questions" (voir aussi L'uchronie de Henriet) dont le principe est de faire le tour d'un sujet sous la forme de réponses assez longues (plusieurs pages) à 50 questions. Ici, c'est donc le duo Colson/Ruaud qui s'attaque à cette monumentale entreprise. Pour les placer sur l'échiquier de la SFF, il faut savoir que les deux auteurs sont derrière l'éditeur "Les moutons électriques" et que AFR est un des fanzineuxhistoriques du genre dans notre pays, avec près de 130 numéros de Yellow Submarine à son actif.

Globalement, l'ouvrage adopte une trame chronologique classique pour l'étude de la SF. Il divise l'histoire du genre en six périodes (les plus récentes sont les plus approfondies) et une conclusion.
Je dois bien avouer avoir été passablement déçu par cet ouvrage, surtout au vu de la signature d'AFR, dont la grande connaissance du genre peut difficilement être mise en doute.
Cela va de la surprise de voir Margaret Atwood (qui, comme chacun le sait n'écrit pas de la SF qui n'est que des histoires de "talking squids in outer space") prise comme une autorité sur le genre (elle est d'ailleurs plus citée que Anderson ou Bear). Cette position dominante est probablement un effet de son texte dans Fiction (revue d'ailleurs éditée par les auteurs de l'ouvrage).
Étonnement plus critique de voir Frankenstein cité comme étant unanimement reconnu pour être le premier texte de SF, alors que cette théorie (portée par Aldiss) est loin de fairel'unanimité ni même (au vu de ce que je sais de la réflexion sur le genre) la majorité.
Surprise encore de lire que Baxter "traite d'une façon fantasmée la rupture de 1914-1918", alors que les textes auxquels semblent faire référence les auteurs (puisque aucun exemple n'est fourni) sont soit situés dans un cadre fictif bien antérieur à la WW1 (Anti-ice, Columbiad, Brigantia's angels ou The ant-men of Tibet) ou nettement prostérieurs à cette rupture (les textes de alt.space comme Voyage).

Du regret de voir que la nouvelle de Schachner qui est evoquée page 23 ne soit pas citée, ce qui aurait pû permettre aux amateurs qui ne la connaîtraient pas de pouvoir la lire.
Irritation de lire que "Astounding, un support crée en 1930 en réaction ouverte contre la médiocrité littéraire d'Amazing", ce qui est tout simplement une idiotie complète, qu'un rapide coup d'oeil dans le Rogers, le Ashley ou le Carter aurait permis de corriger en vérifiant que les éditeurs d'Astounding n'affichaient au début clairement aucune prétention littéraire et mettaient au contraireclairement l'emphase sur l'aventure pure.
Énervement de voir ressurgir l'idée fausse que le mot space-opéra (inventé en 1941) est censé faire référence à la télévision (en 1941 !), alors que son origine (Tucker sur le modèle de horse-opéra) est désormais bien établie.
Surprise désagréable d'entendre parler de Gordon VON Gelder (un peu comme A. E. VON Vogt) alors qu'une simple re-lecture aurait permis de mettre VAN (et que AFR doit certainement connaitre personnellement van Gelder).
Incompréhension à la lecture de l'information comme quoi "Astounding est la première revue populaire à passer en poche", ce qui montre bien que l'auteur n'a jamais vu cette revue puisqu'il s'agit du format 'digest' et que ceux qui voudraient ranger les Astounding de cette époque (1945) au milieu de leurs poches auront une belle surprise.

Je vais arrêter là, mais le reste est à l'avenant, un long et pénible catalogue de coquilles (juste gênant mais pourtant facilement corrigeable), d'erreurs factuelles (résultant d'un manque de travail) ou de contre-sens dommageables (montrant un manque de maîtrise du sujet). Les lecteurs perspicaces retrouveront d'ailleurs une partie de ces perles à l'identique dans l'ouvrage qui prend la suite de celui-ci (http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/12/12/science-fic...).
A noter aussi que la bibliographie fournie est extrêmement pauvre, faisant une part disproportionnée aux publications 'maisons' (Fiction, Yellow Submarine). Ce mélange d'ignorance et d'intérêt personnel bien compris est d'ailleurs une constante tout au long du livre (et se retrouve dans les autres ouvrages du duo).
On sent très nettement que l'auteur (ou les auteurs) a voulu faire un ouvrage sur la SF en n'en ayant qu'une connaissance limitée ou pas les moyens d'y mettre le soin nécessaire (un travail alimentaire de commande ?) et que, face à la difficulté traditionnelle dans un ouvrage historique de ce type d'avoir de la matière de première main, il a pris une petite douzaine d'ouvrages de référence ou carrément des numéros de revues (le Fiction No1 apparaît deux fois dans la bibliographie) ou de fanzines (idem pour le Yellow Submarine sur San Francisco) et s'est parfois borné à recopier leur contenu sans prendre la peine de le vérifier.
On reconnaît ainsi le couplet sur Mary Shelley première auteur de SF copié de Trillion year spree, le coup de Schachner tiré de Sadoul, la page sur Milne et Mitchell extraite de Yellow Submarine alors que ces deux derniers auteurs sont généralement ignorés dans des ouvrages bien plus ambitieux, chose qui serait pourtant légitime dans un ouvrage d'aussi petite taille.
Après le sinistre Manfrédo du Cavalier Bleu, ce n'est pas ce genre d'ouvrage, largement approximatif ou carrément faux qui va aider la cause de la réflexion sérieuse sur la SF en VF ou permettre à des personnes intéressées par le genre et son histoire d'acuqérir des bases solides.
Note GHOR : 0 étoile
13:44 | 13:44 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 0 étoile | Tags : français, 0 étoile
27/03/2009
_100 mots pour voyager en science-fiction_
100 mots pour voyager en science-fiction : François ROUILLER : Les empêcheurs de penser en rond (série "100 mots pour...") : 2006 : ISBN-10 2-84671-115-1 : 528 pages (y compris index) : 18 Euros pour un TP à la solidité potentiellement très moyenne.

Le principe de ce livre (et de ceux de la même série) est assez simple : l'auteur choisit cent mots (caractéristiques ou non du domaine considéré) et les prend successivement comme thèmes de mini-chapitres (de 3 à 8 pages). L'auteur parcourt donc le genre en allant de ADN (en fait une analyse du film Bienvenue à Gattaca) à Zut (l'exclamation poussée par le lecteur constatant les oublis éventuels de l'ouvrage) en passant par des mots parlants (Amateur, Chiffres, Cyber...) et d'autres plus intrigants (Trois, Presse-citron...).
Ce mode de fonctionnement libre ou par association couvre l'ensemble du genre et s'aventure même dans des contrées rarement explorées comme la photographie de SF ou de design quand il est inspiré par cette dernière. Chaque mot choisi est alors la source d'une promenade parfois assez vaste et même assez théorique mais aussi parfois centrée sur une seule oeuvre, comme par exemple l'entrée Sables qui est uniquement consacrée à Vermilion sands de Ballard.
Cet ouvrage a d'évidentes qualités : il est fort plaisant à lire, il fait preuve d'une grande érudition et d'une grande ouverture d'esprit dans ses exemples et il est aussi exempt d'erreurs factuelles. Toutefois, malgré la préface et divers appendices qui tendent à expliquer le pourquoi de ce livre (ce qui montrebien qu'il n'est pas aussi clair que cela), je n'ai pas été convaincu par le projet. Je trouve (ici plus que jamais c'est un avis strictement personnel à mettre en relation avec ma pratique de la SF) que cette suite de billets d'humeur n'offre, malgré ses qualités, pas grand intérêt. C'est un esprit proche de celui des chroniques radiophoniques régulières (type France-Inter), une sorte d'écume littéraire, jolie sur l'instant mais qui n'est qu'éphémère. C'est tellement léger que, en le (re)parcourant pour reprendre cet avis (publié en 2006 dans le newsgroup fr.rec.arts.sf), je me suis aperçu que j'avais certes retenu le principe du livre mais que j'étais incapable de me rappeler d'un seul des thèmes ou oeuvres abordés ou des points marquants.
J'ai même été frustré parce que, de temps en temps, se glissent des analyses extrêmement fines (sur la question des origines de la SF par exemple) ou des positions tranchées auxquelles je souscris complètement (comme sur le fait que le livre de Hougron Science-fiction et société ne soit qu'une la merde méprisante).

Il ne s'agit donc pas d'un mauvais livre, loin de là, mais d'un livre dont la finalité m'a complètement échappé. L'auteur est d'ailleurs probablement conscient de ce problème de positionnement puisqu'il essaie à plusieurs reprises d'expliquer l'attrait de ce livre pour le néophyte et pour le fanatique. En fait, mes attentes vis-à-vis de l'auteur étaient celles d'un ouvrage moins primesautier et finalement plus proche de son Stups & Fiction, à savoir un livre certes moins léger, moins facile d'accès mais nettement plus solide.

Il serait injuste de reprocher à cet ouvrage de ne pas être un autre, il n'en reste pas moins que ce côté 'jetable' n'est pas ce que j'attends d'un ouvrage sur la SF, à fortiori quand on prend en compte le prix non négligeable de l'objet.
Note GHOR : 1 étoile
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26/03/2009
_Alien constructions : Science fiction and feminist thought_
Alien constructions : Science fiction and feminist thought : Patricia Melzer : University of Texas Press : 2006 : ISBN 978-0-292-71307-9 : 325 pages (y compris index thématique complet, notes et bibliographie) : une vingtaine d'Euros pour un TP.

Cet ouvrage traite de l'intersection des théories féministes et des oeuvres de Science-Fiction. Ecrit par la directrice des Woman's studies d'une université de Philadelphie, il se concentre sur un nombre limité d'oeuvres appartenant au genre : des romans comme Dead Girls de Richard Calder, Shadow (of) man de Melissa Scott; des cycles tels que 'Patternist' ou 'Xenogenesis' d'Octavia Butler et des films récents comme Matrix ou Aliens 3. Ces oeuvres servent de base à une exploration des théories sur l'identité sexuelle qui leur sont sous-jacentes, la démarche de l'auteur conduisant ensuite à une confrontation avec l'état de l'art en matière de théories féministes.

Après une étonnament longue introduction (35 pages) qui sert à la fois de cadre historique très sommaire et de présentation générale des théories manipulées, ce livre est organisé en trois grandes parties. La première est une analyse de l'oeuvre de Butler sous l'angle féministe, la deuxième se concentre sur les films de SF et sur la représentation de la relation ambigüe entre le corps physique et la technologie (essentiellement sous l'angle de la 'cyborgisation' et du fétichisme du corps féminin) et la troisième ouvre vers les possibilités évoquées par le genre de transcender notre identité sexuelle (transexualité, androgynie). Suivent plusieurs (35 !) pages de notes, une bibliographie et un index sophistiqué (par nom et par concept).
De par son approche, ce livre nécessite donc une bonne connaissance des divers courants de pensée qui forment la réflexion féministe théorique et de ses nombreuses chapelles (divisées par exemple sur les différentes attitudes à adopter face à la technologie : l'embrasser pour vaincre, la nier, la subvertir...). Il faut aussi, vu leur très faible quantité et variété, une bonne connaissance des oeuvres discutées.
N'étant dans aucun des deux camps (j'ai juste vu Matrix et lu quelques textes de Calder et Butler), je n'ai guère accroché à l'ouvrage, même si j'ai été impressioné par le fait que l'on arrive à tirer 50 pages (avec photos à l'appui) sur les rapports entre Matrix (le 1 seulement) et le féminisme. L'usage d'un jargon théorique envahissant est un autre point négatif (à mon niveau) qui place ce livre plutôt dans le rayon 'Etude sur le féminisme' que 'Etude sur la SF'.
Le point le plus génant pour l'amateur de SF que je suis est l'impression diffuse que l'auteur n'arrive pas à dépasser le stade de la réflexion sur quelques oeuvres choisies un peu au hasard ou pour faire 'mode'. Ce point étant assez flagrant au vu de la faible contextualisation dans le genre des oeuvres étudiés et de leur très faible nombre. La bibliographie est révélatrice d'une certaine méconnaissance (voulue ou subie) du genre puisque ne listant qu'une minorité (10% tout au plus) de textes de SF.
En fait, au lieu d'une vaste reflexion sur les rapports entre Féminisme & SF considérés comme champs d'étude d'une importance égale, on a plutôt le sentiment que l'auteur (qui n'est effectivement pas du sérail SF) a décidé de se 'farcir' quelques livres ou films de SF pour écrire son quota de publications. Du coup, si la partie 'féministe' semble solide, la partie 'SF' est visiblement négligée ce qui induit un doute sur la validité des démonstrations de l'auteur, démonstrations qui se veulent d'une portée générale mais qui sont basées sur un échantillon non pertinent ou pour le moins incomplet.
D'une façon strictement anecdotique, j'ai été gêné dans ma lecture par les notes qui, reportées en fin de livre, ne facilitent guère la lecture (il faut avoir deux marque-pages) et surtout, vu leur volume (15% du texte de l'essai est constitué de notes), peuvent indiquer une structuration du discours insuffisante.
Note GHOR : 1 étoile.
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