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04/03/2009

_Space, time, and infinity_

Space, time, and infinity : Brian STABLEFORD : Borgo Press (éditeur récemment repris par le conglomérat Wildside Press) : 2007 : 0-8095-0911-3 en HC (-1911-9 en pbk) : 208 pages (dont index) pour une quinzaine d'Euros en neuf.

Space, time, and infinity.jpg

Il s'agit d'un recueil de textes de Stableford, parus entre 1988 et 1995.

Le sommaire permet d'aller tout de suite au coeur du problème, a savoir que ce livre ne possède strictement aucune unité et qu'il est constitué de beaucoup de réchauffé.

En effet, sont successivement abordés les sujets suivants :

- Une histoire des magazines SF britanniques : ce n'est pas un mauvais article, mais il se révèle très léger face à d'autres livres nettement plus fouillés (on pensera évidemment à l'oeuvre de Ashley).

- Des textes sur diverses créatures fantastiques : deux essais sur les vampires (un thème que Stableford affectionne), un sur les loup-garous et un sur les sirènes. Un des articles sans grande originalité.

L'extase des vampires (Denoel 1998).jpg

- Une étude sur la war-fiction avant la 1GM déjà parue dans Interzone et donc déjà connue, plutôt dans le survol surtout comparée aux travaux de I. F. Clarke sur le même sujet.

Voices prophesying war.jpg

- Une étude sur Poe : bof, mais c'est peut être du au fait que je ne suis pas un amateur de cet auteur.

- Un parallèle entre "Science fiction" (USA) et "Scientific romance" (GB) : pas très original et surtout trop court.

- Un essai sur l'alternate history (qui provient du C&N) : bien mais déjà lu.

- Quelques transcriptions de discours.

Globalement, on ne peut pas dire que le livre soit mauvais, mais il manque vraiment à la fois de matière (c'est écrit GROS avec des pages blanches, ce qui fait des essais d'une grosse dizaine de pages en moyenne) et d'une direction précise ou au moins d'une thématique unificatrice. A la différence d'autres livres de Stableford, c'est plus une sorte de "sample" des écrits de l'auteur qu'un ouvrage formant un tout cohérent.

Un ouvrage à réserver aux afficionnados de l'auteur ou aux complétistes.

Note GHOR : 1 étoile

03/03/2009

_Plagues, apocalypses and bug-eyed monsters : How speculative fiction shows us our nightmares_

Plagues, apocalypses and bug-eyed monsters : How speculative fiction shows us our nightmares : Heather URBANSKI : McFarland : 2007 : 0-7864-1916-X : 255 pages (dont index) : 35.00 USD soit une grosse vingtaine d'Euros pour un TP.

Plagues, apocalypses and bug-eyed monsters.jpg

Cet ouvrage est basé sur l'idée que l'on peut diviser tout ou partie de la SF en une serie de categories thématiques que l'on peut assimiler à des cauchemars. C'est un peu la même démarche de classification du genre dans des catégories originales que fait Wolfe dans The known and the unknown : The iconography of Science Fiction où il ventile la SF en fonction d'images/icônes dominantes.

On notera que l'auteur est une récente (2002) convertie a la SF, d'où son usage du sigle au sens de Speculative Fiction, c'est à dire l'ensemble Science Fiction + Fantasy (une approche originale même si sa pertinence est discutable).

Ces "cauchemars classiques" (on se souviendra de la nouvelle de Sheckley quasi-homonyme) se repartissent en trois grandes catégories dont certains exemples ou personnages sont devenus des métaphores ayant largement dépassé le champ de la SF pour infiltrer tout l'univers culturel actuel :

1) Cauchemars relatifs a la science et la technologie :
- Guerre nucléaire (Dr Folamour et Godzilla).
- Technologie de l'information (HAL et le Terminator).
- Biologie (Frankenstein et Jurassic park).

2) Cauchemars relatifs au pouvoir :
- Pouvoir de l'individu (Darth Vader, l'anneau unique de JRRT).
- Pouvoir de l'etat (1984).

1984 (Penguin 1971).jpg

3) Cauchemars relatifs à l'inconnu :
- Monstres, ET et autres êtres (PKD, Twilight Zone).
- Progrés (Star Trek).

Pour chacun de ces cauchemars, l'auteur donne des exemples tirés de la littérature, du cinéma, de la télévision et même de la musique, puis montre comment, a l'aide de nombreux exemples, ces images, ces oeuvres ou ces concepts se retrouvent dans le discours politique, publicitaire ou culturel.

Globalement, la démonstration se tient, même si sa validité quand on l'applique à l'ensemble de la SF n'est pas garantie (quid du space opera par exemple) et que les exemples relatifs a la fantasy se limitent à Tolkien. Ce "Nightmares model" est séduisant et la partie qui traite du fait que la SF se sert de ces cauchemars pour tenter d'éviter leur survenance me semble pertinente.

J'ai (comme d'habitude) été gêné par un certain nombre de choses, allant du simple détail à des manques plus fondamentaux :

- Le système des notes numérotés est, dans mon exemplaire, en partie erroné (renvoi vers des notes inexistantes se trouvant en fait sous un
autre numéro). C'est un peu dommage pour la facilité de lecture et c'était peut-être aisément vérfiable.

- On peut trouver quelques erreurs surprenantes (au sens de facilement détectables) : Ring around the sun a été (selon l'auteur) publie par Simak sous le pseudo de Jay Vickers, ce qui est faux, Jay Vickers etant simplement le nom du personnage principal.

Ring around the sun (Ace Double D-61).jpg

 - Le spectre des textes véritablement consultés par l'auteur est des plus limité puisque les exemples directement donnés sont dans leur immense majorité extraits d'une seule revue (Analog) et sur un laps de temps de peu d'années (2002-2005).

- Le corollaire du point précédent est que Urbanski, pour étoffer son discours, a trop tendance a copier mot pour mot d'autres ouvrages de référence sans visiblement s'être donné la peine de consulter les textes de fiction originaux. A titre d'exemple, on retrouve donc dans ce livre
beaucoup de choses tirées telles-quelles de l'ouvrage de Brians (Nuclear holocausts : Atomic war in fiction 1895-1984). Pour la partie musique c'est un des rares articles sur le sujet (paru dans Vector) qui est largement mis a contribution.

Nuclear holocausts.jpg

- Un autre point significatif d'une recherche un peu "light" est le fait que l'on ait aussi droit à des analyses tirées du livre de Franklin War stars : The superweapon and the american imagination non pas en tant que source directe mais en tant que livre cité par une autre source (ici un article de Weldes).

Cela donne un chaînage assez complexe du type : Texte de fiction originel -> Franklin -> Weldes -> Urbanski, dans lequel cette dernière n'a lu que l'article de Weldes. A mon sens, cette non-lecture de son matériau de base est un gros point négatif qui, par l'accumulation de filtres entre le chercheur et les textes de base sur lequel elle travaille, ne peut que diminuer la portée de l'analyse menée.

Loin de moi l'idée de crier au plagiat, le terme étant clairement excessif. C'est plutôt un cas de manque de temps (livre paraissant début 2007 pour une entrée dans la SF en 2002) ou de sources (problème d'accès à certains livres) ou de connaissance du genre (on voit assez bien les lectures de l'auteur) qui ont conduit l'auteur à s'appuyer d'une façon un peu trop voyante sur d'autres ouvrages étudiant des thèmes similaires.

Je serais désolé que mon avis donne une image trop négative de ce livre, c'est quand même une réflexion argumentée et rondement menée (même si elle est parfois de seconde main ou exclusivement US), c'est juste que j'ai peut-être trop aisément deviné, pour la partie SF, les ouvrages que Urbanski avait sur son bureau quand elle a rédigé le sien.

En gros, un ouvrage plutôt facile à lire pour des non-spécialistes, clair et argumenté, mais a la méthodologie perfectible.

Note GHOR : 2 étoiles

02/03/2009

_The gospel according to science fiction : From the twilight zone to the final frontier_

The gospel according to science fiction : From the twilight zone to the final frontier: Gabriel McKEE : Westminster John Knox Press : 2007 : 978-0-664-22901-6 (ISBN 13) 0-664-22901-8 (ISBN 10) : 291 pages (dont index & biblio) : 14.95 USD soit une dizaine d'Euros pour un TP (il semble qu'il existe aussi en HC).

The gospel according to science fiction.jpg

Ce livre a pour ambition d'étudier les relations (similitudes, oppositions) entre la SF et la religion (en tant qu'organisation) et les principaux concepts propres à cette dernière.

Organisé en une dizaine de chapitres, il nous présente des exemples de traitement SF des idées suivantes :
- la qualité de déité.
- la création (au sens de génèse).
- l'esprit, l'âme.
- le libre-arbitre et la prédestination.
- le mal, le péché.
- les messies.
- la foi et l'expéreince religieuse.
- le futur de l'église.
- l'au-delà.
- l'apocalypse.

Chaque thème est très brièvement expliqué (ou placé dans son contexte religieux) puis son traitement dans le cadre de la SF est assez longuement (10 à 20 pages) exposé. Les exemples sont très multimédia : SF écrite (romans ou nouvelles), SF filmée (TV ou cinéma) et BD (plutôt comics), avec un mélange de textes ou d'auteurs connus (P. K. Dick, Un cantique pour Leibowitz, C. S. Lewis) et d'autres moins (Chewdyck...), s'étendant de la période 'classique' de la SF jusqu'à 2005.

Un cantique pour Leibowitz (Denoel 1977).jpg


Le ton employé est très agréable, plus celui de la causerie que de l'essai académique et, malgré mes craintes à priori, je n'ai pas trouvé de prosélytisme religieux, même si (et l'auteur s'en explique), la religion chrétienne est celle qui sert de cadre de référence.

L'effet général de l'ouvrage est de lire une suite de préfaces de la GASF (celle de Histoires divines vient immédiatement à l'esprit, bien sûr). Pour moi, c'est un compliment, je considère donc ce livre comme une réussite qui permet de se faire simplement un état de l'art en SF du traitement de la religion et de ses thèmes, sans être une étude théorique poussée.

Histoires divines (LDP 1983).jpg


Un livre donc très lisible, exempt d'erreurs (recherches correctement faites, dates ok, sources listées à savoir pour les nouvelles les Year's best de Hartwell), dont le seul problème pour une audience francophone est le fait que la plupart des exemples (hormis quelques classiques et les films) sont, à ma connaissance, non disponibles en VF (Stewart & Cohen, certains Sawyer, Zahn...).

Heaven (Aspect 2005).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

27/02/2009

_Brave new words : The Oxford dictionary of science fiction_

Brave new words : The Oxford dictionary of science fiction : Jeff PRUCHER : Oxford University Press : 2007 : 978-0-19-530567-8 (ISBN 13) : 342 pages (dont biblio) : 29.95 USD soit une petite vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

Brave new words.jpg

Cet ouvrage est un dictionnaire des termes relatifs à la SF. C'est à dire qu'il qui regroupe à la fois les termes se rapportant à la SF en tant que genre littéraire (sous-genres, tendances, prix), en tant qu'activité (fanspeak) et les néologismes principaux (hyperespace, robot...) qui forment le lexique de base du genre et que l'on retrouve dans les textes de fiction.

Il s'agit d'un dictionnaire organisé d'une façon classiquement anglo-saxonne. Chaque entrée comprend le mot étudié, son type grammatical (verbe, nom etc..), sa prononciation phonétique, une définition qui dépasse rarement une dizaine de mots, les éventuels mots reliés et une partie importante de citations classée par ordre chronologique où l'on peut comprendre la signification du mot dans un contexte parfois changeant.

Ce qui donne des articles du style :

"Fix-up (n.) A novel composed of previously-written shorter works, frequently with additional material to smooth the transitions between stories. Compare MOSAIC NOVEL" suivi de six citations, commençant bien sûr par celle de AEVV qui est à l'origine de ce terme typique du genre.

Cette brièveté des définitions (par opposition à une encyclopédie où les termes sont largement plus explicités) me fait me demander à qui est destiné ce type d'ouvrage. En effet, on peut penser que les amateurs de SF connaissent à peu près tous les mots inventés par le genre (Blaster, Contra-terrene, Téléporter, Visioscreen...) et que les fans maîtrisent le fanspeak (Corflu, Sercon...). Du coup, l'intérêt de cet ouvrage pour des amateurs ayant une culture SF convenable me parait assez flou, si ce n'est un agréable rappel de tous les termes propres au genre, une promenade dans l'univers mental SF, mais probablement pas le lieux de découvertes linguistiques extraordinaires.

Le seul aspect positif pourrait être celui d'une normalisation du langage critique de la SF autour des définitions de Prucher (comme une clarification de la différence entre les notions de fix-up et de mosaic novel) mais il y a fort à parier que cela ne sera jamais le cas.

Supermind (DAW 1977).jpg

Un néophyte es-SF pourrait se servir de ce dictionnaire pour décrypter un texte du genre : "Il sortit de son aircar et paya dix credits au robodriver avant de dégainer son needle-gun et de pénétrer dans le conapt." (In the jaws of danger, Manfred W. Muller Jr., Wonderful Space Stories, April 1963 (1)), mais l'entreprise risque d'être longue et pénible.

En bonus, il y a une énorme (plus de 30 pages, mais hélas non commentée et non ISBN-isée) bibliographie d'ouvrages de référence papier (et aussi de sites internet), que l'on peut utilement parcourir pour y trouver des pistes de recherche de nouveaux ouvrages.

Note GHOR : 2 étoiles (valeur me paraissant correcte pour le travail fourni, mais je suis, comme indiqué, dubitatif sur l'utilisation pratique d'un tel ouvrage).

 

 

 

(1) inutile de chercher ce texte

26/02/2009

_L'uchronie_

L'uchronie  : Eric B. HENRIET : Klincksieck (collection "50 questions", No 46) : 2009 : ISBN-13 978-2-252-03710-2 : 262 pages (y compris bibliographie et index) : 18 Euros pour un TP à la solidité probablement moyenne (le mien a déjà les couvertures cornées).

L'uchronie.jpg

Cet ouvrage fait donc partie de la collection "50 questions" qui nous a déjà donné l'immortel Science-fiction, une littérature du réel du duo Colson & Ruaud. Le principe de cette série est de faire le tour d'un sujet sous la forme de réponses assez longues (plusieurs pages) à 50 questions. Ici, c'est donc Eric Henriet qui s'y colle, ce qui tombe bien puisqu'il est le spécialiste français de l'uchronie avec déjà un (+1 réédition augmentée) ouvrage sur le sujet à son actif : L'histoire revisitée.

L'histoire revisitée.jpg

Ce livre est logiquement organisé en 50 chapitres, on peut toutefois le diviser en trois grandes parties :
- L'histoire et la théorie de l'uchronie dans ses divers variantes (uchronie pure, du futur, histoire secrète...).
- Une liste d'uchronies (tous médias confondus), classée par période de divergence (WW2, empire romain, moyen âge...) ou par origine géographique.
- Un rappel de l'état de l'art du genre et de ses perspectives d'évolution ou de développement.

Le texte est suivi d'une bibliographie organisée par média et d'un de ces index si particulier propre à cet éditeur.

AMHA, il y a tout d'abord deux problèmes structurels avec ce livre.

Le principe même des 50 questions et les contraintes qu'il induit : trouver une question, y répondre dans une longueur assez standardisée (les réponses sont de taille homogène) ont pour effet de hacher le discours de l'auteur (quand il a beaucoup de choses à dire) ou de le rendre parfois délayé (quand il a moins de choses à dire d'où la digression sur Turtledove de la question 10 qui vient comme un cheveu sur la soupe). Cette organisation implique des cassures de rythme plutôt désagréables et tendent à ventiler une même discussion sur plusieurs chapitres parfois très éloignés (par exemple les rapports entre uchronie et récits d'univers parallèles). C'est dommage pour le plaisir et la facilité de lecture.

Agent of byzantium (Wolrdwide 1988).jpg


L'autre problème est l'aspect 'catalogue' très marqué, un aspect dèja présent dans les autres livres de l'auteur mais qui atteint ici ses limites puisque plusieurs chapitres ne sont qu'une (longue) liste d'oeuvres. Elles ne sont hélas que très rarement évaluées (sauf pour Lambert qui en prend pour son grade), parfois assez peu décrites dans leur trame, voire évacuées en un mot ("Même Armageddon pour Barton, DuBois et Niven" page 156). Il aurait été préférable de fournir un vrai listing sous forme d'un tableau synoptique (si c'était possible) et de concentrer l'analyse sur moins de textes en la détaillant plus.

Cet exemple ("Même Armageddon pour Barton, DuBois et Niven") montre aussi une habitude très irritante de l'auteur, la citation tronquée.
En effet, pour savoir quels sont les textes de ces auteurs qui décrivent ce fameux Armageddon (et qui n'apparaissent qu'à cet endroit), il vous faudra vous reporter à l'index pour trouver que ce sont Age of aquarius, Resurrection day et All the myriad ways, avec la difficulté de déterminer laquelle des deux nouvelles de Barton présentes dans l'index il s'agit (entre Age of aquarius et Harvest moon). Les ayant lues,  j'ai pu trouver mais je ne suis pas sûr que cela soit le cas de tous les lecteurs de l'ouvrage.

Resurrection day (Little Brown 1999).jpg

Tant qu'à faire, occupons nous maintenant des divers irritants que ce livre fournit à profusion :

- un index typique de l'éditeur au principe complètement débile puisque, au lieu de mentionner la page où tel élement est cité, il se borne à mentionner le numéro de la question, ce qui force à parcourir plusieurs pages pour trouver la réponse. Pourtant le livre est paginé mais le traitement de texte de Klincksieck ne doit pas avoir la fonctionnalité adéquate.

Alternate Kennedys (Tor 1992).jpg

- une bibliographie inexploitable dans sa partie "littérature" puisque mélangeant (par ordre alphabétique d'auteur) romans uchroniques, nouvelles, anthologies (originales ou pas et contenant parfois des nouvelles cités ailleurs), ouvrages de référence (le Hellekson), ouvrages non uchroniques cités dans le texte (1984 !), ouvrages purement historiques (la série d'ouvrages d'histoire militaire d'Economica). Le tout sans fournir au lecteur de moyen de savoir ce que peut bien être telle ou telle oeuvre citée. On peut y ajouter quelques coquilles (par exemple Henriet parle souvent de l'anthologie Alternative Kennedys en réalité Alternate Kennedys) et un format incomplet (pas de TO, pas toutes les éditions).

Les erreurs stratégiques du IIIè Reich.jpg


- Des assertions un peu hâtives, comme l'inclusion dans les uchronies de Darwinia de R. C. Wilson alors qu'il s'agit de SF extrême si situant au point oméga de l'univers (comme dans Missile gap de Charles Stross).

- Et mon préféré (réservé aux spécialistes de l'aviation), le détail technique qui tue pour le profane ("whouah, cet auteur, c'est un vrai balèse, il s'y connaît trop") mais qu'il aurait mieux valu vérifier avant : "Chez Special Hobby, une boîte intitulée Ki 103 Randy 1/72, permet de construire la maquette de ce qui fut dans la réalité un prototype d'avion et l'illustration de la boîte montre une version opérationnelle d'un Randy en combat contre un Skyraider." (page 211).
Je pourrais tartiner des pages sur le fait que le Randy est le Ki102 (a,b ou c), que c'est un appareil produit à 240 exemplaires (pas mal pour un prototype), mis en service en 1944, que le Ki 103 n'a jamais existé et de que toute façon la boîte en question permet de monter un Ki 83, un appareil d'un autre constructeur (Mitsubishi et non Kawasaki) qui n'a d'ailleurs jamais reçu de code-name.

ki83.jpg

Après les histoires de cuirassés US ou de SS-20 (^_^), cela montre bien que les auteurs d'ouvrages de référence ont parfois l'affirmation technique un peu facile, jugeant sans doute ces domaines de peu d'importance et la tâche de vérification de leurs dires comme accessoire.

Mon goût pour le chipotage m'a conduit à n'émettre que des critiques sur ce livre. En fait, c'est un ouvrage d'une grande érudition sur le sujet et qui permet de mettre à plat certaines ambiguités sur la définition du genre ou sa typologie (une partie que j'aurais préféré nettement plus approfondie), parfaitement adapté pour une découverte de ce type de SF particulier. Un livre d'autant plus bienvenu que la pensée uchronique se développe un peu partout, à titre d'exemple l'excellent Stalingrad de Jean Lopez contient plusieurs passages uchroniques, chose impensable il y a quelques années dans ce type d'ouvrage.

Stalingrad.jpg

Malgré tout, l'amateur plus chevronné lui préfèrera L'histoire revisitée, plus dense et plus pratique même si un poil moins récent mais surtout exempt des lourdes contraintes du format question-réponse. Et puis quelqu'un qui encense l'excellent Aztec century de Christopher Evans ne peut qu'avoir ma sympathie.

Aztec century (Gollancz 1994).jpg

J'aurais quand même aimé un peu plus de soin dans les détails d'où :

Note GHOR : 2 étoiles