08/04/2009
_A. E. Van Vogt : Science fantasy's icon_
A. E. Van Vogt : Science fantasy's icon : H. L. Drake : Booklocker.com : 2001 : ISBN-10 1-59113-054-9 : 116 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : quelques Euros pour un TP qui est probablement un POD ou une édition à compte d'auteur.

Ce petit ouvrage est une étude sur Van Vogt faite par H. L. Drake. Ce dernier s'est intéressé à l'auteur à la suite d'un intérêt commun pour la sémantique générale. Passion partagée de laquelle est d'ailleurs issue le précédent livre de Drake sur Van Vogt : The null-A worlds of A. E. Van Vogt paru en 1989 chez Chris Drumm.

Après une brève chronologie et une aussi brève partie biographique, l'ouvrage est organisé en une dizaine de courts (toujours moins de dix pages mais d'une longueur variable) chapitres qui abordent dans l'ordre à peu près chronologique les principales séries ou oeuvres individuelles de Van Vogt (Slan, Weapon shops, Rull, Non-A...).
Chacune des parties suit un schéma assez constant : elle précise tout d'abord la génèse des oeuvres discutées, un point souvent pertinent au vu des révisions fréquentes pratiquées par l'auteur sur ses textes et de son usage immodéré du fix-up (terme dont il est l'inventeur), délice de génération de bibliographes. Ensuite l''intrigue est résumée (avec spoilers donc) puis l'oeuvre est analysée dans le cadre des centres d'intérêts variables et intenses de Van Vogt (Dianétique, sémantique générale, hypnose...).

Après une courte conclusion qui milite pour une ré-évaluation de la place de l'auteur au Panthéon de la SF, une importante liste de sources est fournie.
Cet ensemble de sources tierces permet d'ailleurs au discours de Drake de gagner à la fois en fiabilité et en objectivité, ce qui hisse l'ouvrage au dessus d'une simple adulation aveugle. Malgré tout, on pourra parfois trouver ses louanges un peu difficiles à avaler, particulièrement pour certains textes comme Null-A three, qui sont à la fois trop verbeux et qui manquent du côté fantasque des textes des années 70 (l'exemple type étant Ténèbres sur Diamondia). Mais il s'agit là d'un ouvrage de passionné, revendiqué clairement comme tel.

On pourra aussi regretter une lecture rendue assez difficile par des cassures de rythme (des paragraphes d'une ligne succédant à ceux de plusieurs dizaines) et une tendance à passer du coq à l'âne en mêlant divers niveaux de discours au sein d'une même partie. En fait, lire Drake donne parfois l'impression de lire Van Vogt, un effet étonnant dont je ne suis pas sûr qu'il soit entièrement volontaire.
C'est toutefois une bonne approche de l'auteur et l'un des rares livres existant sur lui. Outre le fait que certains textes de Van Vogt sont traités ici pour la première fois d'une façon un tant soit peu détaillée (The war against the Rull, Supermind), ce livre est aussi une mine de renseignements souvent inédits (et de première main) qu'il faut juste extraire de leur gangue. En ce sens c'est un ouvrage indispensable pour les amateurs de Van Vogt dont je fais partie.
Note GHOR : 3 étoiles
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07/04/2009
_Across the wounded galaxies_
Across the wounded galaxies : Larry McCaffery : University of Illinois Press : 1990 : ISBN-10 0-252-01692-0 : 267 pages (y compris index thématique) : ici en HC avec jaquette mais existe en TP pour une quinzaine d'Euros.

Cet ouvrage, publié d'une façon assez atypique par des presses universitaires américaines, fait partie de la catégorie des recueils d'interviews d'auteurs du genre. Un type de livre qui est assez fréquent dans le mode anglo-saxon (plus qu'en francophonie), comme en témoigne la série des SF Voices chez Borgo (au moins 5 volumes) ou les recueils compilés par Platt (la série Dream makers).


Techniquement, il s'agit d'interviews principalement réalisées en face à face et parfois complétées par des questions envoyées par courrier. Elles ont été réalisées à la fin des années 80 et sont présentées sous forme brute (question -> réponse) et sans modifications indiquées. Elles sont introduites en quelques pages qui placent l'auteur sur la scène du genre. Privilégiant les réponses de l'interviewé (par exemple celles de Delany sont particulièrement longues et atteignent presque une page par réponse), les questions sont brèves et ne suivent pas un canevas pré-défini. Elles traitent tant des romans récents des auteurs que de leurs projets, de leur histoire personnelle et de leur perception du genre.
Comme souvent quand l'intervieweur s'efface devant son sujet, ce livre présente une grande richesse d'information sur les auteurs qui ont accepté de se prêter au jeu. Les questions sont généralement pertinentes et font preuve d'une bonne connaissance de la SF et de l'oeuvre des interwievés.
Il est clair que le choix des sujets reflète à la fois une certaine actualité de la SF de l'époque de la conception de cet ouvrage (les deux auteurs marqués cyberpunk), la recherche de "bons" clients (Disch ou Delany), le quota de féministes ou associées (Butler, Russ), le quota d'écrivains SF acceptables pour un ouvrage universitaire (Le Guin) et bien sûr l'incontournable caution littéraire (Burroughs).

Ainsi, même si le choix des auteurs est d'un grand classicisme (et finalement assez prévisible), il ne faut pas bouder notre plaisir face à cet ouvrage qui permet d'obtenir des informations sur leurs oeuvres et leurs positions artistiques de la part des auteurs eux-mêmes. Le cadre informel (peu rigide), la compétence et la quasi-transparence des intervieweurs (qui n'ont pas de théorie personnelle sur la SF à faire valider) font que ce recueil est un ouvrage de qualité pour laquelle la seule précaution à prendre est celle de le replacer dans son contexte historique, les propos des auteurs ayant maintenant plus de vingt ans.
Note GHOR : 2 étoiles
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03/04/2009
_(Re)commended science fiction_
(Re)commended science fiction : Roger ROBINSON : Beccon Publications (série "Beccon publications collector's checklist") : 1997 : ISBN 1-870824-40-7 : 44 pages : 3.50 GBP (un peu plus en Euros) pour un chapbook format A5 avec agrafage central, on peut commander sur leur site : http://www.lxnen.com/rogerbeccon/index.html

Cet ouvrage sans prétention s'inscrit dans la série des publications Beccon à destination des collectionneurs. Ceci implique donc des livres assez basiques et pratiques (taille, poids) comme celui-ci qui peut se mettre dans une (grande) poche. Son but est de présenter une collection de SF (et Fantasy) "de base". Pour ce faire, Robinson a compilé les vainqueurs et les nominés des principaux prix du genre (Hugo, Nebula, Clarke, PKD, Locus) et a croisé cette liste avec les principaux ouvrages de référence (C&N, les Pringle, AoW). La période couverte est celle qui va de 1949 (IFA) à 1997 (la parution de ce livre).

Le résultat de ce travail est une liste de 1200 livres, en sachant que les nouvelles ne peuvent être approchées que par le biais des recueils ou anthologies les contenant qui ont été nominées à des prix qui comportent de telles catégories (comme le Locus).
Cette liste est classée par ordre alphabétique d'auteur (ou d'anthologiste d'une façon séparée) et comporte pour chaque nom la liste des ouvrages de cet auteur ayant eu un prix sous le format suivant : année de parution initiale, titre (avec indication des vt éventuels), liste des prix (victoire en majuscules, nomination en minuscules, indication d'ex-aequo), ouvrages de référence le listant.
Avec ces critères il est amusant de voir que l'on obtient une liste assez différente de ce que l'on pouvait attendre d'un 'best-of' du 'best-of'. En effet, l'auteur qui place le plus de livres dans ce palmarès improvisé par mes soins est Stephen King avec 20 titres (grace à ses nominations au Locus et au WFA), suive de C. J. Cherryh (nominations annuelles au Locus) avec 18 titres, la troisième place revenant à deux ex-aequo avec 15 titres : Robert Silverberg et Gene Wolfe.
Seul repoche, qui faussse d'alleurs ce classement, le fait que les différents Year's best édités par Dozois ou Carr ne soient pas correctement listés puisqu'ils sont groupés avec des dates de parution un peu fantaisistes.

Un petit ouvrage sans fioritures mais simple à utiliser et riche d'enseignements originaux sur les vrais 'chouchous' des prix SF.
Note GHOR : 2 étoiles
10:04 | 10:04 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
02/04/2009
_Partners in wonder_
Partners in wonder : Women and the birth of science fiction 1926-1965 : Eric Leif DAVIN : Lexington Books : 2006 : ISBN 0-7391-1267-8 : 429 pages (y compris plus d'une centaine de pages d'appendices biographiques et bibliographiques) : une bonne trentaine d'Euros pour un TP qui ne m'apparaît pas comme éminement solide.

Qui n'a pas lu au détour d'un texte sur la SF les phrases suivantes : "Les femmes n'écrivent pas de SF", "Les premiers auteurs féminins étaient forcées de prendre des pseudonymes masculins" ou "La SF est un genre misogyne et raciste". On trouve de telles affirmations tant sous la plume d'ignares que de connaisseurs, ce qui tend à conférer à cette idée le statut d'une vérité absolue. Malgré ce consensus, il s'est toujours élevé des voix pour contester cette vision, y compris chez des auteurs féminins comme Connie Willis dans un fameux guest-éditorial de 1992.

Eric Leif Davin a donc courageusement décidé de voir ce qu'il en était réellement. Pour ce faire, il s'est plongé dans les seules sources pertinentes pour une recherche historique de ce type, les documents d'époque, ici les magazines et autres fanzines des années 20 à 60. Il a donc décortiqué cette masse d'information pour en rétirer des informations véritablement factuelles.
Son ouvrage est organisé en trois parties chronologiques : 1926-1949 (la période où il n'est censé y avoir aucune femme au sein de la SF), 1950-1960 (la première vague féministe) et 1961-1965 (la deuxième vague féministe révisonniste). Suivent deux annexes particulièrement appréciables : une bibliographie des tous les textes d'auteurs féminins sur la période 1926-1965 présentées en une douzaine de tables (par date, par genre, par magazine) et les courtes (mais parfois les seules existantes) biographies de 133 d'auteurs féminins évoqués.
Ce livre est un exercice salutaire et il faut remercier Davin de ses efforts (la somme de travail est impressionnante) et d'avoir réussi à le publier. En effet, il s'agit d'une complète remise à plat de l'histoire des rapports entre la SF et les femmes (qu'elles soient auteurs, éditrices, lectrices) qui bouscule tous les clichés initialement crées pour des raisons idéologiques par les féministes de la deuxième vague, pressées de se débarasser de leurs encombrantes aînées en les rayant de la carte du genre. Le but étant de conférer ainsi un statut d'opprimées et de courageuses pionnières à un groupe d'auteurs qui enfonça (soit-disant) les portes de cette citadelle masculiniste qu'était la SF.
Par exemple et parmi de nombreux autres, on lira avec intérêt l'histoire de Leigh Brackett, présentée par Pohl ou Lefanu comme ayant délibérément choisi un prénom non sexué pour dissumuler le fait qu'elle était une femme alors que 1) Leigh est son véritable prénom et 2) que Campbell dès Juillet 1940 annonçait en toutes lettres dans le plus important magazine du genre (Astounding) que "The 'Leigh' in Leigh Brackett is feminine". Chaque affirmation de ce type est soigneusement démontée par Davin qui trace la source initiale (postérieure) du cliché et qui montre quel était la véritable situation à l'époque.

Bien évidemment, il n'est pas question pour Davin de nier d'une quelconque façon la place inférieure laissée aux femmes dans la société américaine (et britannique), ni de minimiser les combats menés pour tendre à plus d'égalité. Son discours a pour but de rectifier un faux-procés fait au genre en montrant que, dans les limitations de l'époque, il était plutôt accueillant pour des aspirations créatrices féminines. Les 203 auteurs femmes recensés par Davin qui ont publié sous leur propre nom plus d'un millier de textes sont là pour attester de ce fait.
Un très bon ouvrage à la méthodologie difficile à prendre en défaut. Un regard neuf et argumenté sur un pan de l'histoire du genre, objet de multiples fantasmes mais qui n'avait jamais été aussi finement disséqué.
Note GHOR : 3 étoiles
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01/04/2009
_The science of fiction and the fiction of science_
The science of fiction and the fiction of science : Collected essays on SF storytelling and the gnostic imagination : Frank McCONNELL (rassemblés par Gary WESTFAHL) : McFarland (série "Critical explorations in SF&F" #12) : 2009 : ISBN-13 978-0-7864-3722-1 : 222 pages (y compris diverses bibliographies et index) : une trentaine d'Euros pour un TP neuf.

Cet ouvrage rassemble principalement les essais présentés par Frank McConnell lors des "Eaton conferences", un rassemblement annuel d'universitaires autour de la SF. Frank McConnell était un professeur de littérature américain (il est décédé en 1999) et surtout l'un des premiers membres du corps académique à s'être intéressé à la SF pour en dire autre chose que du mal.
Invité régulier et figure marquante des Eaton conférences, ses interventions étaient fort prisées et ont été compilées par Westfahl afin de rendre hommage à leur auteur.
Tout d'abord, on trouve donc dans ce livre 16 essais d'une dizaine de pages chacun correspondant à autant de présentations dont la plupart (toutes ?) ont déjà été publiées dans les divers ouvrages qui compilent les minutes de ces conférences (une bonne partie ayant été évoquée sur ce blog).

Même si les conférences avaient chacune un théme imposé (la nourriture, les aliens, la médecine...), McConnell poursuivait dans son style si particulier (passant du coq à l'âne, de La créature du lagon noir à Derrida, de Peanuts à Levi-Strauss) l'approfondissement de ses théories sur la SF. Tout d'abord, il trouvait la notion de genre était inutile, au sens que la seule différence faisable était entre bons et mauvais textes. Ensuite, si on le poussait dans ses derniers retranchements en faisant quand même référence à la SF comme un genre, il la voyait comme l'expression moderne du Gnosticisme (l'idée que nous sommes prisonniers de nos corps et d'un monde imparfait).
Ces textes de McConnell sont suivis de quelques pages d'appréciations posthumes par divers universitaires liés au genre (Benford, Slusser, Rose, Rabkin...) et d'une bibliographie complète (essentiellement des essais et quelques fictions policières).
Je ne voudrais pas passer pour un insensible après la lecture des témoignages si émouvants et si laudatifs de la dernière partie de l'ouvrage, mais la lecture de la prose de McConnell telle qu'elle rassemblée ici me donne une autre vision, moins admirable.

Il m'apparait en fait comme un type de personnage assez classique, celui d'un homme d'une grande culture (capable de citer de tête de nombreux auteurs et de bâtir un discours vraiment multimédia) et d'une grande intelligence, mais qui a choisi d'amuser la galerie plutôt que parler théorie. Une sorte de brillant excentrique capable de mettre les rieurs de côté par des positions outrées ("la SF ça n'existe pas") et de faire le spectacle en racontant ses chutes dans les parkings.
On trouve des gens qui jouent ce rôle dans toutes les conventions et c'est tant mieux parce que leur 'show' vaut toujours le déplacement, on y rit beaucoup et on y est amené à parfois se poser des questions pertinentes.
Hélas, ce genre d'intervention, quand elle devient une méthode systématisée passe difficilement la barrière de l'écrit. C'est le cas ici où la réunion de tant de textes coulés dans le même moule n'est pas flatteuse pour l'auteur.
Outre le fait que la SF ne soit que peu présente dans les discours de McConnell (gênant pour un ouvrage paru dans une collection qui s'intitule "Critical explorations in SF&F"), la juxtaposition des essais fait ressortir les redites (des citations reprises d'une année sur l'autre), les tics de langage et les obsessions (comme la haine de l'école littéraire Française). Surtout, la lecture à tête reposée rend nettement moins sensible au côté pyrotechnique de l'auteur qui apparaît justement comme ce qu'il est, une technique. La trentième mise en relation pseudo-sérieuse de Calvin & Hobbes et Camus ou de la poupée Barbie et Sigmund Freud (ce sont des exemples pris au hasard) n'arrive guère plus qu'à arracher un vague sourire au lecteur.

A cela s'ajoute le fait que l'idée de la SF comme littérature gnostique, le seul vrai apport de l'auteur et probablement le seul sujet qui aurait mérité une analyse approfondie, est presque seulement mentionnée "en passant". Contrairement à ce que pourraient laisser croire le sous-titre du livre, l'introduction et la quatrième de couverture, il n'y a pas plus d'une demi-douzaine de pages sur le sujet.
Il est dommage que la volonté de rendre hommage à l'un des leurs, même s'il était un homme formidable, ait conduit les universitaires proches de la SF à cautionner un tel ouvrage. Les essais de McConnell sont certes aimables, érudits et parfois amusants mais il y a tromperie sur la marchandise puisque ce n'est pas un ouvrage de réflexion sur la SF (ou si peu). A trente euros la plaisanterie, cela fait un peu cher même si certains essais (les premiers par exemple, sur le cinéma ou Wells) montrent un auteur plus focalisé sur l'étude du genre et donc plus percutant.
Note GHOR : 1 étoile
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