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12/01/2009

_12 jours avec la science-fiction_

12 jours avec la science-fiction : Bibliothèque de Clermont-Ferrand : anonyme (et heureusement) : 1982 : 34 pages : 1 Euro (d'occasion) pour un pamphlet agrafé.

12 jours avec la science fiction.jpg

Je ne vais pas refaire le massacre de ce fascicule, déjà fait dans L'année 1982-1983 de la SF&F par Claude Eckerman (page 260 pour être précis), mais juste stigmatiser cette habitude des bibliothécaires qui, lorqu'ils traitent de la SF (ou d'autres genres réputés mineurs) oublient toute rigueur et tout auto-contrôle.

L'année 1982-1983 de la SF et du Fantastique.jpg

En gros, ce livre est bourré d'erreurs et/ou de coquilles (essayez de chercher dans le fonds d'une bibliothèque Paul Anderson, James Blis, Hohn Brunner...) qui fleurent bon le travail bâclé.

Je mentionne cet ouvrage et sa piètre qualité (pour le moins) parce que ce phénomène est assez fréquent. Il existe toujours des personnes qui, lorsqu'elles sont investies d'une mission culturelle (bibliothécaire, organisateur d'expositions...), se pensent automatiquement compétentes pour rédiger sur n'importe quel sujet. A plus forte raison (me souffle mon esprit vicieux) si le sujet est considéré comme peu valorisant (SF, polar, BD, thriller...). Il existe d'ailleurs nombre d'ouvrages de ce type qui prouvent bien (malgré quelques rares exceptions) que la non-connaissance d'un domaine n'est pas rédhibitoire pour en parler.

La science-fiction (bibliothèque Frontignan).jpg


Une curiosité (malsaine) qui peut faire rire (jaune).

Note GHOR : 0 étoile

09/01/2009

_La science-fiction_ (DIFFLOTH)

La science-fiction : Gérard DIFFLOTH : Gamma-Presse : 1964 : 90 pages (+ photos) : un petit format trouvable sur le net pour une dizaine d'euros.

La science-fiction (Diffloth).jpg

 

Dans la même logique que Une succursale du fantastique nommée science-fiction, un livre auquel il me semble emprunter beaucoup, il s'agit d'une autre introduction au genre, organisée d'une façon similaire (répondant successivement aux questions : c'est quoi ?, c'est quand ?, c'est bien ?). Cela semble globalement être un peu plus étayé (il y a même les résultats d'un sondage sur les lecteurs de Fiction), mais sans présenter aucune nouveauté, puisque l'on y trouve les mêmes théories, les mêmes exemples et même des têtes de turc identiques. Du coup, cet ouvrage perd le bénéfice de l'antériorité.

On y trouve les mêmes approximations classiques dans perception française de la SF américaine (John W. Campbell ingénieur atomiste, surestimation de l'impact de Unknown sur la SF, Astounding ne s'est appelé Astounding SF que dans les années 40), la seule différence avec Sternberg étant l'établissement d'un lien plus fort entre science et SF.

A noter (voir la couverture) la présence de jolies photos de films SF de l'époque.

Un autre ouvrage d'intérêt historique mais extrêmement peu original.

Note GHOR : 0 étoile

08/01/2009

_Les 100 principaux titres de la science fiction_

Les 100 principaux titres de la science fiction  : Annick BEGUIN : Cosmos 2000 : 1981 : pas d'ISBN : 30 pages : format A5 agrafé avec couverture cartonnée : trouvable par hasard pour un prix variable (visiblement 10 francs pour mon exemplaire).

Les 100 principaux titres de la SF.jpg

 

Cet ouvrage fait partie d'une catégorie assez fréquente, celle des listes de best-of. Ici, comme le titre l'indique clairement, c'est un listing des 100 meilleurs titres de SF (romans ou recueils, obligatoirement traduits et jusqu'en 1980), un format qui sera par exemple repris sous une forme plus restrictive (romans uniquement) par Andrews et Rennison pour leur 100 must-read SF novels.

100 must-read SF novels.jpg

Il s'agit donc de la liste personnelle d'Annick BEGUIN qui animait la librairie Cosmos 2000 à Paris (c'était derrière l'arc de triomphe), le haut-lieu de la SF dans la capitale dans les années 80, il a d'ailleurs même existé un prix Cosmos 2000 (IIRC).

Formellement cette énumération des 100 meilleurs livres se présente sous la forme d'une suite de petits (quelques lignes au plus) résumés de chaque ouvrage quasiment sans avis critique (normal ce sont les meilleurs), le tout étant classé par auteur puis par ordre chronologique.

Les informations bibliographiques fournies sont limités à la date de première parution originale (plus ou moins discutable, par exemple pour les fix-ups) et visiblement aux éditions "accessibles" (par exemple pour Fondation n'est mentionnée que l'édition PdF). Pas de numéro dans la collection, pas d'ISBN, pas de titre original, pas d'indication de type (recueil ou roman). L'appartenance à une série et les autres titres dans le même univers sont (parfois) indiqués. Dans le cas d'un recueil, il arrive que les nouvelles qui le compose soient listées, avec un degré de précision variable.

Fondation (RF 1957).jpg

 
Comme dans tous ces ouvrages, il s'agit d'un choix assumé et qui appelle dès la préface les commentaires sur la sélection présentée.

C'est donc à la fois une sélection pour partie très classique avec sa proportion habituelle d'ouvrages primés (Hugo & Nebula) ou ses classiques reconnus (Demain les chiens, Fondation, Jack Baron et l'éternité,...) ce qui correspond probablement aux titres les plus représentatifs selon l'auteur, et pour partie plus nettement plus personnelle et beaucoup moins consensuelle. Je placerais dans cette catégorie des titres comme Flûte, flûtes et flûtes, Colonie, Polymath, Ose, La naissance des dieux ou Les gardiens, qui sont tous dans mon expérience des titres peu fréquents dans ce genre de palmarès. Le sommet de l'audace étant certainement l'inclusion dans les 100 meilleurs titres de la SF du terrible (à tous les sens du terme) Ténèbres sur Diamondia, peut-être le Van Vogt le plus jouissif mais aussi le plus fumeux.

The darkness on Diamondia (Ace 1972).jpg

Plus intéressante est l'exclusion de certains ouvrages ou les choix opérés pour certains auteurs. Par exemple (que je choisis explicitement pour faire de l'audience) seuls deux livres de RAH sont dans ce classement : Marionnettes humaines et En terre étrangère, deux livres que je ne mettrais absolument pas dans les meilleurs de l'auteur même si le second est (littéralement) "culte".

The puppet masters (Signet 8th).jpg


On pourrait aussi s'étonner de l'absence de certains auteurs : Niven, Pohl, Kornbluth, Russell, Harrison, Dickson... dont la typologie laisserait penser à un rejet de ce que l'on pourrait caricaturer comme étant l'école Analog (et pourtant il y a Bova).

Le poids relatif des auteurs est parfois particulier puisque Farmer et Van Vogt ont 5 ouvrages sélectionnés chacun (soit 10% des principaux titres du genre), contre 2 à Heinlein ou 1 seul à Williamson.

En tout cas, une vision de la SF cohérente avec son placement temporel (avant les années 80) et avec les ouvrages disponibles à l'époque. Une sélection peut-être plus intéressante par ce qu'elle laisse entrevoir sur une certaine perception de la SF que véritablement par son contenu.

Note GHOR : 1 étoile

07/01/2009

_Une succursale du fantastique nommée science-fiction_

Une succursale du fantastique nommée science-fiction : Jacques STERNBERG : Le Terrain Vague : 1958 : 63 pages (+ photos) : un semi-poche pas forcément évident à trouver vu son âge, acheté pour 15 Euros.

Une succursale du fantastique nommée science-fiction.jpg


Il s'agit là d'un des premiers (si ce n'est le premier, j'ai la flemme de vérifier, voir peut-être La littérature française d'anticipation scientifique de Bridenne qui date aussi de 1958) ouvrage consacré uniquement à la SF, avec le but avoué de faire connaître et apprécier le genre lors de son (re ?) introduction (dans sa variante anglo-saxonne) dans notre pays, à la suite de l'apparition des premières collections clairement estampillées SF (Fleuve Noir Anticipation, Rayon Fantastique, Présence du Futur).

Le livre est assez mince et très aéré, mais avec des jolies photos (en N&B et bizarrement légendées au recto). Structurellement, il se présente d'une façon similaire à ces ouvrages d'introduction. Il commence par tenter de définir la SF (en discutant l'étymologie du terme), chose plus pertinente qu'il n'y parait en 1958, puis il essaie d'en cerner les origines et en montre les qualités (via une suite de résumés des grandes nouvelles de SF).

On notera que la subordination avec le fantastique, implicite dans le titre, est largement ignorée dans le corps du texte.

Vu le peu de matière, il n'y a pas grand chose à dire sur cette étude, si ce n'est qu'elle est cohérente avec l'état de l'art de la réflexion sur la SF des années 50. 

En gros, il y a un certain nombre d'erreurs ou d'approximations, une focalisation bienvenue sur les nouvelles (présentées, AMHA à juste titre, comme le coeur du genre) et un certain nombre d'attaques sur des cibles habituelles : Bradbury (à rebours des goûts littéraires prévalants), le FNA (déjà critiqué pour son populisme à l'époque).

J'ai été gêné par les lauriers insistants (2 pages quand même) tressés par Sternberg à la collection Présence du Futur. Un esprit chagrin comme le mien pourrait y voir un lien avec le fait qu'il y ait été publié. Comme quoi le passage de brosse ou le renvoi d'ascenseur (je te publie et tu parles de moi, je t'édite et tu m'édites) est une pratique qui, dans le microcosme de la SF, a toujours été d'actualité.

Entre deux mondes incertains (Denoel 1973).jpg


Un ouvrage qui ne présente qu'un intérêt historique.

Note GHOR : 1 étoile

06/01/2009

_Ultimate island : On the nature of british science fiction_

Ultimate island : On the nature of british science fiction : Nicholas RUDDICK : Greenwood Press : 1993 : 202 pages (y compris bibliographie & index) : ISBN 0-313-27373-1 : en occase pour quelques dizaines d'euros, en neuf pour une centaine; le tout pour un HC (sans jaquette).

Ultimate island.jpg

Cet ouvrage a pour but de cerner les spécificités de la SF britannique, dans la mesure où elle existe, principalement en la mettant en opposition aux autres SF (et dans celles-ci, essentiellement la SF US).

Il est divisé en quatre chapitres principaux :

- "Critical assumptions : The idea of british science fiction"  : Ruddick trace dans les divers ouvrages consacrés à ce sujet, l'évolution de la pensée théorique sur ce qui "fait" la SF britannique, à la fois par rapport à la SF 'en général' (lire US) et par rapport à la littérature britannique mainstream. Au final, le résultat de ses réflexions est le constat que la SF UK est, plus que d'autres, plutôt bien intégrée à la littérature générale de son pays. La preuve en est donnée par le nombre important d'ouvrages ou d'auteurs SF qui font partie du canon littéraire (Wells, Lewis, Orwell, Huxley, Amis...).

Cette partie est la plus difficile de toutes, non qu'elle ne soit pas claire mais elle nécessite une certaine connaissance à la fois de l'histoire de la SF britannique et surtout des diverses théories et approches de la SF UK qui sont abordées par Ruddick. En effet, l'auteur ne va pas très loin dans les détails des diverses thèses en présence, ce qui est normal sur 200 pages.

Il vaut donc mieux avoir lu Aldiss (Billion year spree), Grifiths (Three tomorows), Ketterer (New worlds for old), Greenland (The entropy exhibition), Stableford (pas lu) ou Clarke (Voices prophesying war 1763-1984) pour pouvoir suivre dans ce chapitre assez dense.

Three tomorrows.jpg

- "The island of Mr Wells" : pose l'île comme motif principal de la SF UK, en traçant sa présence, sous forme littérale ou métaphorique dans une suite continue de textes majeurs (de Shakespeare & More à Ballard en passant par Wells ou Golding) qui forment, pour Ruddick, la colonne vertébrale de la SF UK. En ce qui me concerne, j'ai trouvé que le motif de l'île, tel qu'utilisé par Ruddick, est tellement malléable qu'il peut s'appliquer à n'importe quel ouvrage (The inheritors de Golding, The star de Wells). Cette partie aurait gagnée à être approfondie avec plus d'exemples parce que, intuitivement, on sent bien que l'insularité et sa revendication est une caractéristique britannique très forte, qui n'est certainement pas sans influence sur la SF qui y est écrite, mais cet a priori aurant gangé à être plus étayé avec des exemples où la notion d'insularité est centrale.

- "Peopling the ruins" & "The nature of the catastrophe" : sont deux chapitres qui traitent de la spécificité de la SF UK dans sa thématique de la catastrophe (qu'elle soit cosy ou pas). C'est la partie la plus classique (au sens de proche de l'analyse standard) du livre. Un discours que l'on a pu lire de nombreuses fois (sous la plume d'Aldiss par exemple), qui va de Shelley à Ballard en passant par Wells, Wyndham ou Christopher. Ballard est d'ailleurs particulièrement envahissant puisqu'une grande partie du chapitre lui est consacrée, alors que le rapport entre la pornographie de Crash et la catastrophe (au sens habituel du terme) n'est pas si évident.

Ruddick conclut par sa définition de la SF UK, à savoir une suite de textes qui partagent le motif de l'île comme scène d'une lutte darwiniste, reliés entre eux et reliés au reste de la littérature britannique, le tout sous l'influence (ou en réaction à) de Wells.

The war in the air.jpg

La thése de Ruddick est donc intéressante et bien argumentée. C'est un ouvrage qui atteint son objectif, à savoir de faire réfléchir à sa propre définition de la SF UK et qui donne irrésistiblement envie de discuter (même à distance comme je le fais) avec l'auteur sur le sujet. C'est là le plaisir principal de ce type d'ouvrage de référence.

Personnellement, je ne souscris pas à sa méthodologie, à savoir qu'il ME (sans plus de valeur que cela) donne l'impression d'avoir fait les choses à l'envers. Au lieu de chercher à déterminer des critères discriminants applicables à un ensemble de textes, il semble être parti du résultat, un ensemble de textes canoniques représentant pour lui la SF UK et en avoir dérivé un jeu de critères permettant de les isoler. Du coup, tout ce qui ne rentre pas dans les oeuvres pré-sélectionnées par Ruddick est classé dans la catégorie SF US et se trouve donc, d'une façon parfois un peu trop pratique/rapide, poussé hors de champ de l'étude. L'auteur donne d'alleurs des explications, assez alambiquées dans la conclusion où il finit par mentionner plus ou moins pour la première fois des auteurs aussi "britanniques" que Clarke, Brunner, Shaw, Watson, Roberts (Keith), Stableford ou Moorcock et en les évacuant immédiatement manu-militari du "champ" de la SF UK (qui n'est, pour Ruddick, pas un "genre").

Les géants de craie (OPTA 1976).jpg

Bien sûr, les pinailleurs dans mon genre tiqueront sur des affirmations du genre "That Lewis was not totally unsympathetic to american pulp science fiction can be established by the fact that he published a story in The magazine of fantasy and science fiction...", qui ne prouve justement rien puisque F&SF n'est typiquement pas un pulp et s'est toujours distingué de ces derniers ou de leurs héritiers; ou sur des tautologies comme "Rather, an island is a land that [...] seems insular to its inhabitants [...]" ("une île est un lieu qui semble insulaire à ses habitants", ce qui paraît assez normal). Mais comment ne pas apprécier un théoricien de la SF qui affirme que l'expression "American Science Fiction" est un pléonasme.

Au bémol près d'une première partie assez technique, c'est un ouvrage riche en analyse et surtout une vraie base de réflexion sur l'existence même ou la matérialisation d'une éventuelle spécificité nationale dans la SF.

Note GHOR : 3 étoiles