05/02/2021
_Jouer la guerre_
Jouer la guerre : Histoire du wargame : Antoine BOURGUILLEAU : 2020 : Ministère des Armées (collection "Passés/Composés") : ISBN-13 978-2-3793-3090-2 : 264 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 21 Euros pour un petit tp illustré en n&b et par un cahier photographique central, disponible chez l'éditeur.
Ce petit livre est donc consacré à l'histoire des "jeux" de simulation utilisés par les militaires pour s'entraîner à la guerre sans trop de casse. D'abord connu comme Kriegspiel à partir de 1600 sous l'impulsion prussienne, cet outil sera amélioré au fil des guerres de l'époque moderne. Il franchira même à la fin du XXème siècle les frontières de l'institution militaire pour séduire en masse les joueurs adultes (surtout anglo-saxons). Sur un sujet original, le récit de Bourguilleau (un historien français) est agréable à suivre et permettra de mieux mesurer les impacts sur le réel d'une activité qui peut sembler puérile à beaucoup.
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04/02/2021
_Cyberpunk_
Cyberpunk : Histoire(s) d'un futur imminent : Stéphanie CHAPTAL & Jean ZEID & Sylvain Nawrocki : 2020 : Ynnis Editions : ISBN-13 978-2-37697-189-4 : 208 pages (y compris bibliographie "sélective" et index) : coûte 29.90 Euros pour un grand tp au format carré largement illustré en couleurs, disponible chez l'éditeur.
Ah, le Cyperpunk ! Comme le Steampunk, ce sous-genre éphémère a toujours eu la grosse cote auprès des amateurs francophones au point même que l'on a pu parfois penser que, pour certains, la SF n'a été à un moment donné constituée que de textes d'inspiration CP. Sans doute est-ce là l'expression de l'inconfort fondamental de la culture française vis-à-vis de ce pur produit US qu'est la Science Fiction.
C'est donc à une promenade dans cette sous-section de la SF que nous convient les trois auteurs (inconnus) de cet ouvrage qui joue clairement dans la catégorie des "beaux livres". Pour toucher un large public, la structure de l'ouvrage est parfaitement claire avec une division en sept parties de taille variable (la partie littérature étant la plus fournie, la partie musique la moins riche) : les origines du Cyberpunk (qui sont essentiellement littéraires), le CP à l'écrit (y compris en BD/mangas/Comics), le CP à la télévision, le CP au cinéma, le CP dans le jeu (surtout vidéo), le CP dans la musique et enfin une conclusion sur le futur du CP. Le tout est très richement illustré (mais pauvrement légendé) et propose un nombre significatif d'interviews de divers acteurs. Un index (trop léger pour être exploitable) et une bibliographie "sélective" (c'est à dire réduite à une petite dizaine de références) complètent l'ensemble.
Le résultat est sans doute conforme au cahier des charges que l'on peut supposer avoir été celui des auteurs : présenter le Cyberpunk dans ses multiples expressions et montrer visuellement sa présence indiscutable dans la culture geek actuelle. C'est parfaitement flashy, d'une mise en page sans doute branchée (la lisibilité est un autre problème), très largement illustré (mais comme d'habitude dans l'édition française sans aucun détail) et assez facile à lire. J'avoue que j'ai quand même eu un gros instant de doute dès les premières pages quand j'ai lu que Van Vogt écrivait de la Hard Science et que Flow My tears de PKD était la suite de Blade Runner. Heureusement, l'ensemble s'est ensuite révélé d'une facture beaucoup plus sérieuse avec des recherches un peu plus approfondies même si quelques membres du "club" CP ont été un peu laissés de côté (on pensera à Pat Cadigan ou à Wilhelmina Baird).
Conceptuellement, il y a deux problèmes avec les positions de cet ouvrage. Tout d'abord, et comme de nombreux interviewés le soulignent, le Cyberpunk est une branche de la SF qui est morte depuis longtemps en tant que mouvement autonome et structuré. Il est donc assez trompeur de vouloir en dresser une chronologie qui s'étend jusqu'en 2020. Comme d'autres mouvements/clubs/courants/sous-genres avant et après lui (de la New Wave à la climato-fiction en passant par le Steampunk ou les mouvements féministes), les spécificités de ce mouvement (ses thématiques, son "ton", ses techniques narratives voire même ses stéréotypes) ont fini par être intégrées dans le discours "général" de la SF et ne sont plus au mieux qu'un des "modes" du genre (et au pire une étiquette commerciale). Du coup, et face à un mouvement défunt, la tentation est parfois de coller systématiquement l'étiquette CP sur tout ce qui passe et qui comporte un ordinateur (ou des bas-fonds). C'est ce choix de "ratisser large" qui a été visiblement fait par les auteurs. Pour eux, un texte CP doit : 1) être situé dans le futur, 2) contenir des ordinateurs et/ou des robots et 3) explorer la thématique d'un monde inégalitaire (souvent suivant l'axe Riches vs. Pauvres). Ces critères particulièrement généraux expliquent comment une large partie de la SF se trouve rattachée au CP par les auteurs. C'est aussi la raison pour laquelle on peut trouver dans cet ouvrage des essais aussi incongrus que ceux sur John Scalzi, Red Dwarf ou Une créature de rêve qui sont respectivement présentés comme un auteur CP, une série télévisée "d'inspiration" CP et un film CP. Au final un ensemble plutôt intéressant et pas mal exécuté (même si un peu fouillis) mais qui donne parfois l'impression dans son désir d'annexer la majorité du genre que la grenouille Cyberpunk a voulu se faire aussi grosse que le bœuf Science Fiction.
Note GHOR : 2 étoiles
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28/01/2021
Mes joyeuses aventures dans la noosfère 5- Away and Beyond
Supposons que vous ayez fait l’acquisition d’un ouvrage se rattachant aux genres de l’imaginaire et que, dans un grand élan de partage (et aussi pour cataloguer votre collection), vous décidiez de l’entrer dans la base Noosfère.
Mais tout d’abord un avertissement :
Que l’on soit clair, AUCUNE base de données bibliographique n’est exhaustive à 100% et AUCUNE base de données bibliographique n’est fiable à 100%.
A partir de ce moment, trois possibilités se présentent, sachant que, après une étude dans les règles de l’art (voir là), celles-ci sont à peu près équiprobables.
Cas No 1 : Le livre que vous avez en main n’est pas dans la base. Vous allez sans doute trouver d’autres éditions/impressions/tirages (Noosfère n’est pas très sûre de sa terminologie) puisque les titres vraiment inconnus (non référencés) sont rares. A cela on peut avancer plusieurs raisons.
Tout d’abord, il faut savoir que, pour avoir le plaisir de collaborer à cette entreprise bibliographique il vous faudra vous acquitter de l’adhésion annuelle (soit 30 €) ce qui vous ouvre la possibilité de participer et surtout de voir vos contributions caviardées par des experts autoproclamés qui s’occupent de la base depuis 20 ans. On pourrait penser qu’un projet collaboratif (c’est du moins comme cela qu’il se présente) soit à même de permettre à des non adhérents (quelles que soient leurs raisons) d’enrichir la base.
Ensuite, quand bien même serez-vous adhérent (et pas victime d’une privation de vos droits contractuels –ça arrive-), il existe un goulot d’étranglement majeur au niveau de la validation des contributions sachant que celles-ci sont « modérées ». En effet, non seulement vous ne pouvez avoir à un instant T que 21 (pas 20 pas 30, mais 21) contributions en attente de validation mais il vous faudra attendre parfois plusieurs jours pour pouvoir recommencer à contribuer le temps que quelqu’un s’occupe de vos soumissions en attente. Pour des contributeurs qui « en ont sous le pied » ce délai est franchement inacceptable.
Dernière raison, il se peut aussi que l’on vous ait expressément demandé de ne plus contribuer, chose qui m’est arrivée ("il me paraît préférable que tu ne contribues plus" mail de René-Marc Dolhen du 23-06-2020). Il est alors évident que de se priver d’un contributeur qui « fournit » plus de 10.000 corrections en quelques mois ne va pas dans le sens d’une exhaustivité de la base.
Cas No 2 : Le livre que vous avez en main semble être dans la base, mais tous les champs ne sont pas remplis, ce qui, outre une qualité bibliographique perçue perfectible, peut amener le contributeur un peu sérieux à se poser des questions (est-ce le bon ?). Ici aussi, plusieurs explications sont possibles. Outre la difficulté à contribuer évoquée plus haut, on peut sans doute lier ces lacunes à la multiplication des champs (Genre, Édition, Date de parution) dont les définitions sont particulièrement floues et l’intérêt bibliographique discutable. A quoi sert de rentrer dans une base bibliographique une date de parution que l’on recopie d’Amazon ?
A contrario, des éléments d’identification essentiels (comme le couple AI/DL) sont très souvent manquants. Cela veut dire qu’avant de lancer dans une expansion des données récoltées, il serait sans doute plus pertinent de requalifier les enregistrements existants de façon à les mettre au niveau « minimal ».
Cas No 3 : Le livre que vous avez en main semble être dans la base mais en fait, il y a un certain nombre d’erreurs dans les informations fournies par la base quand vous les comparez avec le livre que vous avez en main. Il est évident que l’erreur est humaine (comme ici où personne n’a encore vu le « S » final). Ces erreurs d’inattention sont partout et pas graves en soi, ce qui est plus gênant ce sont les tonnes d’erreurs de la base qu’une meilleure connaissance du domaine aurait pu éviter. Comment peut-on se prétendre site bibliographique et laisser passer des énormités comme cette page, cette édition ou ce genre de crédit.
Cela s’ajoute aux normalisations à la con à la sauce Noosfère comme ce livre qui a droit au fameux 11.0 x 18.0 cm, dommage pour un livre qui fait 12 cm ce qui est une de ses caractéristiques distinctives. Comment peut-on penser se fier à un site qui est structurellement et intellectuellement incapable de distinguer des subtilités comme l’existence de deux versions de Seconde Fondation publiées au 1er trimestre 1978 (une le 14/02 et l’autre 16/03).
Finalement, à quoi sert donc ce merveilleux outil ? A rien pour les collectionneurs qui voudraient gérer leur bibliothèque (il y manque des milliers d’ouvrages), à rien non plus pour les bibliographes tant l’information est sujette à caution (c’est un euphémisme) à tous les niveaux, et à rien non plus pour ceux qui, comme moi, ont envie de se lancer dans un projet collaboratif (pourtant on vous a bien dit que c’est la base à Bruno). Au final un truc de gougnafiers verrouillé par une petite élite plus occupée à conserver le contrôle sur son petit pré carré qu’à se lancer dans de véritables travaux bibliographiques au profit de la communauté.
En fait, je sais à quoi ça sert ! On trouve sur le site les copies des quatrièmes de couvertures (en plus des scans qui donnent exactement la même information) péniblement recopiées à la main en respectant l’alignement, la taille de la police et la ponctuation (gare à vous, sinon vous aurez droit à des mails assassins de gens dont c’est visiblement l’obsession).
En conclusion, je comprends mieux pourquoi j’ai mis 25 ans à adhérer et un an à comprendre le fonctionnement de cette petite dictature. Comment ai-je pu prendre au sérieux des gens qui commencent par donner des ordres complètement débiles (rajouter des nouvelles à des éditions de Fahrenheit 451 qui ne les comportent justement pas) ou qui vous font toute une histoire parce qu'il reste un faute d'orthographe dans une 4ème de couverture que vous n'avez même pas entrée. Et moi qui croyais que Noosfère était une association loi de 1901 et non la chose de Bruno (ou d'autres). Ces mêmes kapos puis qui osent supprimer des informations bibliographiques avérées juste parce que ce n'est pas eux qui ont fait les recherches, le tout dans le dos des contributeurs. Des minables qui font leurs coups en douce mais qui baissent leur froc à la moindre lettre recommandée. Elle est belle la fine fleur de la bibliographie française. Mais bon, comme on dit : "Information is free.".
19:28 | 19:28 | | | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (2) | Commentaires (2)
_Strategic Air Command in the UK_
Strategic Air Command in the UK : SAC Operations 1946-1992 : Robert S. HOPKINS III : 2019 : Hikoki Publications : ISBN-13 978-1-90210-956-5 : 224 pages (y compris index) : coûte 29.95 GBP pour un grand hc avec jaquette largement illustré en n&b et couleur, disponible chez l'éditeur (là).
Ce relativement court ouvrage détaille la présence du SAC en Grande-Bretagne de 1946 à 1992. Les activités de ce commandement (désormais dissous) à partir de bases britanniques étaient donc le bombardement nucléaire (sur B-29, B-50, B-36, B-47, B-52 et y compris avec des missiles Thor), la reconnaissance stratégique (U-2/TR-1, SR-71, RB-47) et le ravitaillement en vol (KC-97, KC-135, KC-10. Toutes ces missions sont amplement décrites dans ce livre. Pour être franc, même s'il faut saluer le travail de Hopkins, le résultat n'est pas vraiment passionnant à lire car ne "décollant" jamais de longues listes d'appareils et de missions de routine. A réserver aux spécialistes de ce sujet.
11:06 | 11:06 | Non SF - Aviation | Non SF - Aviation | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0)
20/01/2021
_The Role of Science Fiction_
The Role of Science Fiction : Asimov & Vonnegut A comparison : Stefan WEIßHAMPEL : 2008 (mais mon exemplaire est sans doute un POD) : Diplomica (série "Staatsexamensarbeit") : ISBN-13 978-3-8366-6006-8 (la fiche ISFDB du titre) : 102 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : semble coûter 38 Euros pour un tp sans jaquette (au format d'un petit A4) non illustré, disponible en ligne en cherchant (là par exemple).
C'est un drôle d'ouvrage que nous avons là. J'avoue que je ne me souviens pas trop de comment je l'ai connu et comment me le suis procuré, il s'agit en effet (me semble-t-il) d'une thèse universitaire allemande mais écrite (ou traduite) en anglais (attention, il reste des petits bouts d'allemand dedans). D'après l'abstract, le projet de l'auteur et de montrer qu'Asimov et Vonnegut utilisent la science-fiction de façon différente dans leurs oeuvres. Pour être plus précis, il s'agit d'une étude qui ne porte que sur 4 romans (2 par auteur) : Foundation et Robots and Empire d'Asimov et The Sirens of Titan et Galápagos de Vonnegut.
Le livre est organisé en 4 chapitres (+ une introduction et un "résumé" en français dans le texte) de taille variable qui abordent dans l'ordre : la définition de la science-fiction; ses principaux genres; certains thèmes précis (ici la religion et le destin) et enfin le postmodernisme. Une bibliographie en deux parties complète l'ensemble qui ne propose pas d'index.
Même si certains points abordés ne sont pas dénués d'intérêt (comme par exemple l'histoire de la critique SF ou la présentation de Galápagos comme étant proche de la Hard Science), ce livre est quasiment une caricature tellement il donne une impression d'un travail bâclé. On dirait presque que Weißhampel s'est demandé quel sujet de thèse (ou d'un autre diplôme) il pouvait bien proposer puis qu'il à choisi la SF, pris aux hasard deux auteurs connus, lu deux livres (pris au hasard aussi avec deux "bouts" de l'ensemble Asimovien Robots-Fondation) de chacun ainsi qu'une (toute) petite dizaine d'ouvrages de référence (Rose, Roberts, Patrouch, Suvin, Palumbo et surtout Broderick, dont le Reading By Starlight devient Reading The Starlight dans tout le livre, mais bizarrement pas Schatt sur Vonnegut par exemple); tout cela pour produire la centaine de pages requise par le jury.
A la lecture, un tel manque de connaissance du genre par l'auteur est tout simplement affligeant, j'espère que ses examinateurs en savaient aussi peu que lui sur le sujet. Quand Weißhampel déploie toute une argumentation en se basant sur l'illustration de couverture de la première édition de Foundation (ce point est répété plusieurs fois) et qu'il nous montre et discute ce qui est en fait l'édition Bantam Spectra de 1991 (et encore, il s'agit sûrement d'une impression postérieure), c'est juste du foutage de gueule. Le reste est l'avenant, avec un vrai manque de culture science fictive et/ou de recherches personnelles (la bibliographie est assez parlante dans sa brièveté). Un discours qui en vient à conclure au bout de 100 pages que Asimov et Vonnegut et bien c'est pas pareil et qu'ils n'utilisent pas les instruments du genre pour dire la même chose est proche du zéro intellectuel. Comme quoi, il reste encore de la place pour n'importe quoi dans le vide intersidéral qu'est l'étude du genre.
Note GHOR : 1 étoile (pour l'encre)
17:44 | 17:44 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile