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08/01/2024

_Science-Fiction Vivement demain ?_

Science-Fiction Vivement demain ? : Évelyne PIEILLER (coordonnatrice) : 2022 : Le Monde Diplomatique "Manière de Voir" #184 : ISSN 1241-6290 (inconnu de l'ISFDB, chez Bruno) : 100 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûtait 8.50 Euros pour un magazine grand format en quadrichromie, disponible sur le site du journal, existe aussi en numérique.

Science-fiction Vivement demain.jpg

Cet ouvrage peut sans doute être qualifié du nom à la mode de "mook" (magazine + book), c'est à dire un numéro spécial d'une revue quelconque bâti autour d'un thème. Ainsi donc, après Le Point, c'est Le Monde Diplomatique qui s'y colle avec une spécificité propre à savoir qu'il s'agit d'un assemblage d'articles déjà parus dans la revue (et je cite "ayant fait l'objet d'un minutieux travail d'actualisation et de remise en contexte") et de quelques inédits (surtout la fiction, même si faire croire au client que l'extrait de Le temps d'un souffle, je m'attarde... de Zelazny est inédit relève plus de l'escroquerie que d'autre chose). Au sommaire on trouve donc une grosse vingtaine d'articles entrecoupés de quelques fictions ou BD, les essais sont plutôt courts (2 pages en moyenne) et sont parfois assez anciens (1976 & 1977 quand même).

Les chefs-d'oeuvre de la science fiction.jpg

Il semble clair que mettre "Science-Fiction" sur la couverture de n'importe quoi doit booster les ventes. Si ce n'était pas le cas, je ne vois pas l'intérêt d'un tel objet qui, dans la pratique, n'offre que peu de rapport avec le genre. De la méritocratie (Rimbert) à efficacité de l'état (Musso) en passant par un lexique de l'espionnage (anonyme), le choc des civilisations (Allain), Henry Ford en Amazonie (Grandin) ou la quantification du risque (Bouk), on trouve de tout dans ce livre. Par contre, à part les fictions (Damasio ou Calvo) et trois ou quatre textes bien propres sur eux (Klein en 1994, Spinrad sur l'IDS ou Dufour sur UKLG qui n'a toujours pas compris que le choix du nom de plume de C. L. Moore n'a aucun rapport avec son sexe), la SF n'intéresse visiblement pas trop la rédaction du journal.

Depression or bust & Dawnman planet (Ace 1974).jpg

Pour le prix modique de l'ensemble vous avez aussi droit à une mention élogieuse du Cafard Cosmique (site mort en 2017 mais que quelques lèche-culs nostalgiques n'ont jamais oublié), à un festival d'approximation d'Evangelisti (Depression or Bust -1974 (sic)- de Mark Raynolds) ou d'apprendre que le seul évènement marquant dans le genre entre 2019 et 2022 est la création du prix UKLG (page 95 pour les curieux). Un ensemble sans aucun intérêt et un ramassis de vieilleries sans rapport avec le genre, à réserver aux intellectuels de gauche qui pourront vivre le frisson de copiner avec de la sous-littérature. Par contre, certaines des illustrations (la série de Hodas) sont plutôt sympas.

Compounded interests (NESFA 1983).jpg

Note GHOR : 0 étoile (c'est quoi le rapport ?)

15/11/2023

_Dictionnaire utopique de la science-fiction_

Dictionnaire utopique de la science-fiction : Ugo BELLAGAMBA : 2023 : Le Bélial' (série "Parallaxe") : ISBN-13 978-2-38163-100-4 (inconnu de l'ISFDB, chez Bruno) : 251 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûte 19,90 € pour un petit tp non illustré avec couverture à rabats, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en ebook.

Dictionnaire utopique de la sceince-fiction.jpg

Supposons que l'une de vos connaissances vous passe commande d'un ouvrage sur la SF pour une célèbre collection d'ouvrages de référence de l'éditeur le plus meilleur de tout l'Imaginaire.  Après avoir accepté (les traites de la Tesla à payer), il vous faut d'abord trouver un concept. Comme vous avez bien aimé le Barets (la deuxième mouture, vous ne saviez même pas qu'il en existait une première), l'idée d'un dictionnaire encyclopédique vous séduit, il y a juste besoin de changer un peu le nom en dictionnaire UTOPIQUE (c'était plus en thème que THERMODYNAMIQUE ou ANTICYCLIQUE).

Catalogue des âmes et cycles de la SF.jpg

Pour la structure, il faut d'abord une préface à la GK où vous pouvez étaler votre légitimité (c'est bon : enseignant-chercheur, sous-chef des Utopiales, auteur, pote avec la croûte du gratin). Puis, il faut choisir trente-deux entrées (penser à les mettre au pluriel, cela fait genre) en mélangeant des thèmes incontournables (Cyberpunks, Mars, Uchronies) et des titres plus cryptiques (Solarpunks, Codes, Formations) qui pourront surprendre le lecteur (où le réveiller).

Catalogue des âmes et cycles de la sf (1981).jpg

On passe ensuite à la rédaction des essais eux-mêmes. Il faut des trucs de quelques pages relativement formatés (après tout c'est un dictionnaire pas un recueil de poésie) donc vous utilisez un canevas standard avec les ingrédients suivants :

  1. Un tiers de Wikipédia pour commencer : quelle est l'étymologie du mot "Anthologie", qui était Dracon (celui de draconien). Vous pouvez aussi utiliser le dictionnaire LOGOS en cas de mauvaise connexion internet.
  2. Un tiers de propos vaguement philosophiques sur l'état du monde, la civilisation, l'homme, la liberté (programme de terminale) avec forces référence aux Lumières et autres courants de pensée. ne pas oublier d'ajouter un peu de juridique (c'est votre spécialité après tout)
  3. Un dernier tiers (quand même le plus gros, les clients ne sont pas des abrutis) de réminiscences d’œuvres de SF (écrites et télévisuelles, pas de BD) qui se rapportent au thème traité en utilisant la crème de la crème de la réflexion francophone sur le genre (Ruaud, Colson, Goimard, Lehman)
  4. Une pincée de cirage de pompes (magistral Goimard, excellent Klein, grande dame Jeanne-A Debats).
  5. Un bon saupoudrage de placement de produit pour les autres titres de la collection et ses propres travaux. Mettre tout cela dans les notes, c'est plus discret.
  6. Pas besoin de conclure, c'est un dictionnaire qui s’arrête à la dernière entrée.

Comment parler à un alien.jpg

Voilà, c'est fini, n'oubliez surtout pas de :

  1. Ne pas vérifier (quelle perte de temps) ce que vous écrivez. Après tout Fredric BROWN a peut-être écrit un texte qui s'appelle Cher Démon, on ne sait jamais, Jack LONDON est sûrement européen. Négligez aussi votre bibliographie et tant pis pour les confusions romans<->nouvelles ou les inventions de TO comme Conflict 2100. Qui ira vérifier sauf quelques aigris intégristes ?.
  2. Ne mettez surtout pas d'index, c'est trop compliqué et cela risquerait d'alerter les lecteurs sur le fait que, par exemple, vous racontez à deux endroits différents l'intrigue de Logan's Run ou que vous faites trois fois hommage à Francesco Verso de façon identique.
  3. Glisser le tract de votre ami et collaborateur Yannick Rumpala sur le mouvement Solarpunk, c'est lyrique à en pleurer.
  4. Ne pas trop creuser vos sources ou les sources de vos sources, cela prend du temps pour écrire l'article sur les conventions et le First Fandom (Ruaud c'est mieux que Warner ou Pohl,) Pensez aussi à franciser "Futurians" on parle bien du groupe "Profond Pourpre".
  5. Glissez quelques vérités profondes : "Noosfère est aussi proche de l'exhaustivité qu'il est humainement possible de l'être","la SF est née en Europe", cela peut toujours faire réagir.

Il ne vous reste plus qu'à envoyer le tout à l'éditeur et à se délecter des critiques dithyrambiques que les suiveurs/employés/obligés du Bélial ne manqueront pas d'écrire (on recense déjà quatre recueils de louanges à ce jour sur le site de l'éditeur). Au suivant !

L'âge de cristal (JL 1991-11).jpg

NdA : Outre une inflation des tarifs (+ 35% depuis le début de la collection), voilà un nouveau titre de l’inénarrable collection Parallaxe qui se révèle vite fait et mal fait. C'est RCW qui s'interrogeait un jour de savoir pourquoi on demandait souvent à des auteurs de SF des livres SUR la SF alors que cela n'avait rien d'évident. Il n'avait pas tort, le résultat étant peu concluant sans doute faute de temps disponible comme visiblement ici. Rien ne peut vraiment justifier un tel livre fait à l'arrache dans le plus grand mépris du cochon de payant.

Retour à l'age de cristal (JL 1979-12).jpg

Note GHOR : 1 étoile (travail bâclé, génère parfois au mieux un effet Madeleine de Proust)

P.S. : c'est pas comme cela que je vais gagner mes SP.

14/10/2023

_L'art du vertige_

L'art du vertige : Serge LEHMAN : 2023 : Les Moutons Électriques (collection "La bibliothèque des vertiges") :  ISBN-13 978-2-36183-872-0 (inconnu de l'ISFDB, chez Bruno) : 248 pages (pas d'index ni bibliographie) : coûte 23.00 Euros pour un petit hc sans jaquette, disponible chez l'éditeur.

L'art du vertige.jpg

Paru dans une collection de romans (sic !), cet ouvrage est un recueil de textes de Serge Lehman, un des auteurs français qui participe de façon active à la réflexion sur le genre (le fameux "fil M") et qui est actuellement plus orienté vers la bande dessinée. Outre une préface inédite, ce recueil rassemble une vingtaine de textes déjà publiés entre 2005 et 2012 qui se partagent entre une dizaine de chroniques (de deux pages chacune) parues dans Le Monde et autant d'essais plus longs (une dizaine de pages) de diverses provenances (essentiellement des préfaces). À noter que le livre ne comporte ni index ni bibliographie.

français,1 étoile

Pour rester dans mon rôle de "grand méchant", j'ai deux problèmes avec ce livre. Le premier est comme d'habitude avec Les Moutons Électriques et la qualité (?) de leur travail d'éditeur. Passons sur le fait de publier un ouvrage de référence/réflexion sans aucun paratexte et en particulier sans index, une pratique désastreuse qui semble devenir une habitude malgré la puissance des outils de PAO. Il faudra donc vous rappeler que L'été de l'homme à trois cœurs est une nécrologie de Harry Harrison ou que L'obscur au-delà des étoiles est une critique de Destination ténèbres (le titre de l'essai étant une traduction de son TO The Dark Beyond the Stars). L'habillage du livre a aussi un petit côté "survendu" : "L'ouvrage de réflexion définitif sur la science-fiction" vanté en 4ème de couverture n'est pas celui que j'ai lu, voire même un côté un peu trompeur : parler de "deux décennies de réflexion" (4ème de couverture aussi) pour des textes datés de 2005 à 2012, c'est un peu bizarre. Comme je suis près de mes sous, ce qui m'a fait le plus mal est le rapport prix/prestation de l'ensemble. Certes, le livre est attractif et bien fait (même si je n'ai pas trouvé le signet mentionné par Noosfère !), mais 23 Euros pour 200 pages de textes déjà parus (et même plusieurs fois), cela fait cher le réchauffé. Tant pis pour moi qui me suis jeté sur ce livre, j'aurais dû me méfier, ce créneau (je revends cher des choses déjà amorties) étant un peu la spécialité de cet éditeur.

français,1 étoile

Mon autre problème est avec l'auteur lui-même. Tout d'abord, même si je peux facilement compatir avec ses soucis, les détails de sa dépression (un thème qui revient dans tout le livre) me semblent assez peu pertinents dans ce qui se veut une réflexion sur la SF. Plus problématique est le fait que les textes de Lehman semblent être en partie à l'origine de cet espèce de courant révisionniste de l'histoire de la SF en France. On y trouve donc les fameux 3.000 textes de SF oubliés, la collection "Les Hypermondes" (3 titres dont un tiers d'anglo-saxon), l'essai de Maurice Renard qui pré-date les réflexions de Gernsback et Campbell. On y croise Spitz, Varlet, Rosny ou Messac et des tas de merveilles oubliées qui sont évidemment bien plus mieux que n'importe quel texte US. C'est encore un voyage dans le magnifique monde parallèle et fantasmé d'une SF française de l'entre-deux-guerres triomphante et en avance sur son temps (et sur ces maudits anglo-saxons, vils copieurs). Même si, soyons honnêtes, Lehman nous offre quelques pistes (qu'il ne creuse hélas pas), le vrai débat et la vraie recherche socio-historique à mener est de savoir pourquoi le genre n'a pas "pris" en France malgré la présence d'une certaine tradition et d'acteurs en place. La question "Pourquoi la SF est-elle perçue comme un genre américain ?" mérite sans doute une vraie et longue réflexion, dépassionnée et appuyée sur des éléments plus solides que quelques légendes urbaines (on pourra d'ailleurs lire Lyau sur le sujet). Je crois aussi que je m'attendais à une exploration plus poussée des liens entre SF et métaphysique un des apports majeurs de Lehman, hélas ce point est juste effleuré sans doute parce que les textes rassemblés sont antérieurs à cette phase de la réflexion de l'auteur sur le genre. Au final, comme souvent chez cet éditeur, un livre trop cher, trop daté (11 ans pour le texte le plus récent) et qui n'apporte vraiment pas vraiment de plus-value.

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (à trouver d'occase ou à lire par petits bouts dans les parutions originales)

25/07/2023

_Astounding Wonder_

Astounding Wonder : Imagining Science and Science Fiction in Interwar America : John CHENG : 2012 : University of Pennsylvania Press :  ISBN-13 978-0-8122-2293-7 (la fiche ISFDB du titre) : 392 pages (y compris index) : coûte 39.95 USD pour un tp légèrement illustré en n&b, disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook (et en hc ?).

anglais,3 étoiles

Écrit par un universitaire américain spécialiste de l'Asie dont c'est, semble t-il, la seule incursion dans le domaine des textes sur le genre, cet ouvrage est publié par un éditeur universitaire à qui l'on doit quelques titres intéressants (par Bacon-Smith ou Kilgore). Techniquement, cet ouvrage (pas très qualité à première vue, hélas) offre huit gros chapitres divisés en trois parties : Circulation pour la partie édition/réception, Reading (la plus volumineuse) pour l'impact sociétal des textes et Practice pour les fans (de SF ou de fusées) à l’œuvre. L'ensemble, outre une introduction et quelques reproductions en n&b, comporte des notes en fin de volume et un index mais de bibliographie agrégée (dommage).

anglais,3 étoiles

Dans le cas de cet ouvrage, il faut remarquer tout d'abord que le projet de Cheng est particulièrement original. En effet, ce livre peut être vu comme une sorte d'histoire croisée de deux domaines entre les deux guerres mondiales aux États-Unis, la science "populaire" (pratiquée et perçue par les citoyens lambda) et la science fiction, aux publics qui se recoupaient beaucoup et aux projets convergents. Outre le récit des débuts de la pratique des fusées (pour le côté "science") on peut voir ce livre comme une histoire du genre vue du côté de ces lecteurs (surtout et plus particulièrement les fans en interaction) et de ses divers producteurs (auteurs, illustrateurs, éditeurs, editors). C'est donc une approche fondamentalement différente des histoires habituelles du genre qui sont plus centrées sur les textes eux-mêmes que sur leur environnement sociétal, leur réception et leur stricte logistique de production.

anglais,3 étoiles

Le résultat est tout d'abord un ensemble particulièrement dense à lire qui s'appuie sur un travail méticuleux basé sur une bibliographie impressionnante (citée dans les plus de cinquante -!- pages de notes). Les idées fusent et une certaine agilité est nécessaire pour passer d'un extrait de la lettre de Mr Smith du 3 janvier 1932 dans Amazing à une réflexion sur les circuits de distribution dans le même paragraphe. Le résultat est convaincant et permet aussi de découvrir, pour les néophytes de l'étude du domaine, des pistes de sujets ou d'ouvrages à explorer ou à consolider.

anglais,3 étoiles

Ce livre apporte vraiment une autre vison des débuts du genre sous un prisme différent et fait sans doute partie des textes qui réclament une certaine connaissance de l'histoire "classique" (c'est à dire par les auteurs et les textes) de celui-ci pour que l'énorme travail de Cheng puisse être pleinement apprécié. Paradoxalement, la partie sur les fusées (pratiquement tout le dernier chapitre) est sans doute de trop même si les processus à l’œuvre (et une bonne partie des acteurs) et les idéaux de l'astronautique amateur sont identiques à ceux de la science fiction. Au final une très bonne surprise mais un livre roboratif à ne pas forcément mettre entre toutes les mains et qui supporterait sans doute une relecture de ma part tellement il est riche.

anglais,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

19/06/2023

_Space cheap_

Space cheap : Pop culture et science-fiction : David-Olivier LARTIGAUD (editor) : 2019 : Shadok :  pas d'ISBN (inconnu de la base à Bruno et de la base à Ahasuerus) : 179 pages (pas d'index ni de bibliographie) : prix original inconnu pour un pb illustré en n&b, difficile à trouver d'occase.

Space_cheap[1].jpg

Ce petit livre est un objet un peu hybride. En effet, il s'insère dans le contenu d'une exposition sur la SF organisée à l'été 2019 à Strasbourg (voir ici par exemple) et en est en quelque sorte le livret. Conçu comme un hommage aux fanzines, il en reprend les codes et la forme avec plusieurs articles sur des sujets divers, écrits par des non-professionnels du genre et entrelardés de dessins plus ou moins réussis.

français

Outre diverses choses directement liées à l'exposition, on y trouve dix articles de taille variable (de trois à vingt-cinq pages) qui abordent la SF multimédia dans toutes ses composantes et sous des angles variés : les casques dans Star Wars, la musique afro-futuriste, les mechas, le techno-chamanisme ou le jeu vidéo Metal Gear Solid 2

français

Ayant commis moi-même un certain nombre de fanzines, je sais quel travail et quel investissement bénévoles cela représente. Aussi je ne me permettrai aucune critique et ce d'autant plus que la focus de l'ensemble est clairement au-delà de la SF écrite qui est mon domaine habituel.