04/05/2015
_Holy Sci-Fi!_
Holy Sci-Fi! : Where Science Fiction and Religion Intersect : Paul J. NAHIN : 2014 : Springer (série "Science and Fiction") : ISBN-13 978-1-4939-0617-8 : xviii+224 pages (y compris index et bibliographies) : coûte 21 Euros chez l'éditeur (ici) pour un tp légèrement illustré qui existe aussi en version e-book.
Sous la plume de Paul J. Nahin (un professeur d'ingénierie américain à qui l'on doit un certain nombre d'ouvrages aux frontières de la science et de la SF ainsi qu'une vingtaine de nouvelles courtes), ce livre se penche sur les interactions entre la SF (en excluant la Fantasy) et la religion. Les rapports entre ces deux domaines ont été souvent houleux sans doute pour cause de compatibilité limitée entre leurs perceptions respectives de l'univers (même s'il existe une Christian SF qui reste confidentielle). Cela n'empêche pas l'existence d'un certain nombre d'ouvrages sur le sujet, dont en particulier celui-ci par McKee au projet et à la construction très proches de celui de Nahin.
Après une longue introduction où l'auteur (qui se dit "athée" ou mieux "agnostique") précise sa position par rapport aux religions et aux croyances qu'elles proposent, l'ouvrage se divise en sept parties globalement thématiques d'une vingtaine de pages chacune. Dans la première d'entre elles, l'auteur se penche tout d'abord sur la proto-SF. Il passe en revue dans les chapitres suivants les principaux thèmes du genre : la cosmologie, les robots, les ordinateurs, les extraterrestres (surtout sous l'angle SETI), le voyage dans le temps (pour assister à la crucifixion) et enfin la confrontation directe avec les déités. Outre une bibliographie et un index, l'auteur nous offre divers bonus : un article sur les probabilités (sur la théorie des jeux) et cinq short-shorts (trois sont de lui et deux de Benford) issues de Nature et d'Analog. A noter qu'un petit nombre d'illustrations (surtout des comic strips) agrémentent l'ensemble.
Il est évident que Nahin emprunte dans ce livre des chemins déjà parcourus par d'autres. On va donc y (re)croiser les habituelles oeuvres qui traitent de la religion : les romans A Case of Conscience (Blish), Behold the Man (Moorcock), The Sparrow (Russell) ainsi que les nouvelles For I Am a Jealous People (Del Rey), The Nine Billion Names of God (Clarke) ou The Quest for Saint Aquin (Boucher). Ce petit air de "déjà-vu" est contrebalancé par la présence de textes nettement moins connus, y compris des mêmes auteurs (par exemple Evensong de Del Rey). Comme avec le livre de McKee, il s'agit d'une promenade dans la mémoire du genre (il y a finalement assez peu de textes vraiment récents étudiés en profondeur si ce n'est celui de Chiang : Hell Is the Absence of God) qui est bien rafraichissante.
On pourra quand même trouver que l'ensemble manque pas mal de "structure" et que Nahin se disperse parfois un peu avec des passages un peu hors-sujet (comme par exemple une longue évocation de First Contact de Leinster) ou des digressions un peu envahissantes sur des sujets qui semblent lui tenir à coeur. Tout cela est très sympathique d'autant que l'on évite le prosélytisme omniprésent de certains livres sur le sujet (comme ceux dus à Sammons ou Fernandez). En remerciement de cette balade commentée, on excusera même la petite coquetterie que représente l'inclusion par Nahin de ses propres fictions (qui ne sont d'ailleurs pas terribles mais restent quand même au-dessus de celles de Benford).
Note GHOR : 2 étoiles
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01/04/2015
_The Transcendent Adventure_
The Transcendent Adventure : Studies of Religion in Science Fiction/Fantasy : Robert REILLY (editor) : 1985 : Greenwood Press (série "Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy" #12) : ISBN-10 0-313-23062-5 : x+266 pages (y compris index et bibliographies) : coûtait (semble-t-il) 35 USD pour un hc non illustré et sans jaquette.
Cet ouvrage est l'un des premiers de la série de titres publiés par Greenwood Press dans sa copieuse collection Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy (plus d'une centaine de livres sur une vingtaine d'années). Rassemblés par Robert Reilly (un professeur d'anglais à qui l'on doit quelques articles et critiques), ce recueil d'essais inédits (et qui le resteront sauf celui sur Farmer) part du constat que la foi en la science habituellement manifestée par le genre est moins représentée et que, à contrario, l'intérêt pour la religion (re)devient l'une des façons d'explorer les chemins de la transcendance.
Après la classique introduction de l'assembleur du volume qui en précise le projet et la structure, l'ouvrage se présente sous la forme d'un recueil de quinze essais de taille assez variable (entre dix et vingt pages) séparés en quatre parties. La première est consacrée à des textes (il y en a quatre) de portée générale sur les rapports entre SF et religion. La deuxième, la plus courte (trois essais), se concentre sur C. S. Lewis et James Blish en étudiant la trilogie Vénus du premier et A Case of Conscience du second. La troisième partie, la plus étoffée, étudie un certain nombre d'auteurs ou de textes précis (dans l'ordre : PKD, Farmer, Herbert, Lessing, A Canticle For Leibowitz, Mockingbird (Tevis), Tolkien et Zelazny). La dernière partie est constituée des annexes : bibliographie primaire non commentée d’œuvres sur la religion, bibliographie secondaire sur le même sujet et index.
On me pardonnera ce jeu de mots, mais le moins que l'on puisse dire est que l'ensemble n'est tout simplement pas transcendant. Tout d'abord, la simple quantité de matière n'est finalement pas très importante, avec une maquette assez aérée et un volume d'annexes élevé. Du coup, le vaste sujet qu'est l'analyse des rapports entre SF, science et religion n'est qu'effleuré, impression accentuée par la structure même du livre qui fonctionne essentiellement par petites touches en se focalisant sur quelques œuvres et quelques auteurs qui reviennent régulièrement.
En plus, la qualité même des articles est parfois assez quelconque. Ceux de la première partie versent par exemple plutôt dans une théologie assez fumeuse et émettent même de discrets relents de prosélytisme. Le deuxième partie a bien du mal à trouver des choses originales à dire sur des textes largement commentées depuis des décennies et parfois sur des longueurs bien plus conséquentes (par exemple par Ketterer en ce qui concerne Blish). Seule la troisième partie (la quatrième, les bibliographies, étant strictement anecdotique) offre des pistes de réflexion intéressantes sur des choses parfois peu souvent évoquées (Tevis) ou originales (l’influence perse sur The Lord of the Rings même si les éléments fournis semblent un peu légers). L'impression d'ensemble est toutefois celle d'un recueil d'essais sans grand relief ni originalité, ce qui est dommage au vu du tarif demandé.
Note GHOR : 1 étoile
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23/01/2015
_New Worlds Before the New Wave, 1960-1964_
New Worlds Before the New Wave, 1960-1964 : The Carnell Era, Volume Two: John BOSTON & Damien BRODERICK : 2013 : Borgo Press (série "Borgo Literary Guides" #17) : ISBN-13 978-1-4794-0041-6 : 395 pages (y compris index) : coûte une vingtaine d'USD pour un tp non illustré (type POD).
Comme son titre l'indique bien, ce volume est la suite de Building New Worlds des mêmes auteurs. D'un principe identique, il se penche sur les quatre dernières années de la revue sous l'égide de John Carnell (jusqu'au numéro 141) avant que celle-ci ne passe chez un autre éditeur et n'acquière un nouveau rédacteur en chef en la personne de Michael Moorcock.
D'une structure similaire au tome précédent, cet opus consacre presque un chapitre par année de parution, chapitres qui se décomposent de la même façon que précédemment. En "bonus" (conséquent avec ses 80 pages), Boston insère l'histoire complète de la revue Science Fiction Adventures (la version GB). Lui aussi dirigé par Carnell, ce titre commencera par être une sorte de BRE du titre américain homonyme. La fin rapide de la revue mère et les ventes correctes amèneront Carnell à poursuivre l'aventure en solo. De 1958 à 1963, il produira un total de 32 numéros d'une revue dont l'objectif était de fournir un point d'entrée dans le genre à des lecteurs néophytes (ou plus jeunes) en proposant des textes d'abord plus simple que New Worlds et confiés à peu près la même écurie d'auteurs. La plupart des textes parus dans SFA semblent avoir été d'une qualité assez faible (d'après Boston) et restent du coup généralement inédits ailleurs que dans la revue.
Note GHOR : 2 étoiles (comme le premier tome)
10:02 | 10:02 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
19/01/2015
_Building New Worlds, 1946-1959_
Building New Worlds, 1946-1959 : The Carnell Era, Volume One : John BOSTON & Damien BRODERICK : 2013 : Borgo Press (série "Borgo Literary Guides" #16) : ISBN-13 978-1-4344-4587-2 : 390 pages (y compris index) : coûte une vingtaine d'USD pour un tp non illustré (type POD).
La revue New Worlds est sans doute la plus connue de toutes les revues britanniques (avec maintenant Interzone). Toutefois, cette célébrité est essentiellement due à sa relativement brève période passée sous l'égide de Michael Moorcock lors de la New Wave (en gros 1965-1969). Et pourtant, l'histoire de ce magazine est bien plus longue que ces quelques années, même si celles-ci sont cruciales dans l'évolution du genre. C'est cette histoire "complète" (par opposition à la seule période de la New Wave sur laquelle on trouve plus de matériau, par exemple ce titre) de la revue et de ses soeurs que John Boston (un critique amateur américain) et Damien Broderick (un spécialiste du genre australien à qui l'on doit plusieurs ouvrages de référence) nous racontent dans une série d'ouvrages dont celui-ci est le premier.
Basé sur une série de textes publiés électroniquement par Boston sur une liste de diffusion et (ce n'est pas très clair) sans doute retravaillés par Broderick, ce premier tome couvre donc les années 1946 à 1959, c'est à dire du No 1 au No 89 (le tout premier New Worlds, un fanzine, n'est pas traité). Après une introduction de Broderick, le livre est divisé en six chapitres de taille inégale (en fonction du nombre de numéros parus) qui couvrent généralement deux années. La structure de chaque chapitre est plus ou moins constante et passe en revue les diverses composantes de la revue (couverture, éditoriaux, lettres de lecteurs, articles, serials, nouvelles et même publicités) généralement par ordre d'auteur (les plus connus d'abord) puis par ordre chronologique (TOUS les textes sont résumés et évalués par Boston). Deux index (par auteurs et par titres) complètent l'ensemble.
Passé relativement inaperçu, sans doute à cause de son côté "amateur" (son auteur n'étant pas membre de l'université), cet ouvrage est un apport important dans l'étude de l'histoire de la SF "populaire" britannique après-guerre, un domaine jusqu'à présent assez peu étudié (par rapport à la même période outre-Atlantique) mais pour lequel on commence à sentir un frémissement au niveau des sources disponibles (voir aussi Harbottle en 2012). On ne peut en effet décemment réfléchir sur la SF britannique sans une connaissance minimale de l'apport de New Worlds (et des autres revues de Carnell) qui a tenu un rôle comparable à celui de Fiction en France à la fois comme berceau et comme facilitateur de l'émergence d'une SF locale face à la concurrence de la SF US importée par les diverses BRE (British Reprint Editions). Cette perspective ne peut s'acquérir de nos jours que par la lecture directe des revues concernés ou par la lecture d'un tel ouvrage. Si la première solution est toujours possible (mais chère, à maintenant une dizaine d'Euros le numéro), elle reste réservé à certains fanatiques dans mon genre ou à ceux ayant accès à des collections spécialisées, d'où l'intérêt de cet ouvrage exhaustif.
Même si le côté un peu répétitif de l'ouvrage (avec sa litanie de résumés d'intrigues usées et son recensement systématique de textes dont certains auraient sans doute gagnés à être oubliés) impose une lecture à petites doses, l'ensemble passe plutôt bien grâce à l'humour dont fait preuve Boston et à sa véritable empathie pour la revue. Il est certes parfois féroce pour certains auteurs (son rédacteur n'aime visiblement pas Bulmer par exemple) mais son analyse critique, même si elle est parfois peu développée, reste toujours pertinente et basée sur une grande connaissance du genre et de ses méandres. D'une façon prévisible, le livre est le plus intéressant quand il étudie l'évolution générale de la ligne éditoriale de la revue en parallèle de celle de Carnell puisque, au-delà des textes individuels, c'est elle qui aura une influence directe sur la SF britannique. Les gens pressés auront donc intérêt à pratiquer la lecture sélective d'un ouvrage qui ne se prend pas au sérieux mais qui apporte un éclairage rare sur un pan de la SF un peu négligé.
Note GHOR : 2 étoiles
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10/11/2014
_Science Fiction, Canonization, Marginalization, and the Academy_
Science Fiction, Canonization, Marginalization, and the Academy : Gary WESTFAHL & George SLUSSER (editors) : 2002 : Greenwood Press (série Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy #97) : ISBN-10 0-313-32064-0 : vi+182 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 50 USD pour un hc non illustré sans jaquette.
Dans tous les genres littéraires, la formation du canon (en gros l'ensemble des textes importants et/ou significatifs et/ou remarquables) est un domaine de lutte permanente où chacun pousse ses pions ou essaye de faire avancer sa propre vision de la chose. En SF, comme ailleurs, les stratégies mises en oeuvre sont variables, allant de l'inclusion maximale (tout ce qui se passe demain est de la SF) à la légitimation historique ("la Bible, c'est de la SF") en passant par la ghettoïsation assumée (le fameux caniveau cher à Dena Brown). C'est à ces mécanismes, peu étudiés mais fondamentaux car ils conditionnent parfois l'exposition des novices au genre (voir par exemple l'influence exercée dans les pays par certaines anthologies quasi-officielles comme la série des Norton Book sur le choix des textes étudiés en classe) que s'intéresse ce recueil d'essais assemblés par les vieux routiers de l'ouvrage de référence que sont Westfahl et Slusser.
Après une introduction de Westfahl qui présente classiquement le projet du livre, celui-ci est divisé en trois parties contenant 13 essais de taille variable. La première section ("Science Fiction and the Academy") regroupe quatre essais sur la perception de la SF dans le monde académique. La deuxième partie ("Mechanisms of Canonization") étudie comment divers acteurs (comités de prix littéraire, anthologistes, revues académiques) essaient de définir le canon du genre. La dernière partie ("Case Studies in Marginalization", 5 essais) analyse des cas précis de marginalisation appliquée à des oeuvres de SF (entre autres Assemblers of Infinity d'Anderson & Beason, Stained Glass Rain de Boston et Count Zero de Gibson). Une bibliographie (primaire et secondaire) ainsi qu'un index complètent un ouvrage relativement court (160 pages de texte) dont les auteurs sont des habitués de ce type d'ouvrage (Shippey, McConnell, James, Miller, Evans, Mendlesohn ou Hendrix).
Le titre de l'ouvrage (très large) est probablement un peu ambitieux au vu du résultat. Le sujet est pourtant largement digne d'intérêt même s'il n'est pas particulièrement "sexy" : ce processus de sélection du canon est particulièrement complexe (il se passe même parfois à un niveau quasi-inconscient) et fait intervenir des acteurs parfois peu connus des lecteurs de base. C'est ici que la structure même du livre est un handicap parce que, dans sa diversité de voix, de niveaux d'analyse et même de stratégies, elle ne permet pas vraiment au lecteur d'appréhender un phénomène aussi diffus et avec une telle multiplicité d'acteurs. Un ouvrage plus synthétique (et rédigé entièrement par les mêmes auteurs) aurait sans doute mieux permis de cerner le processus.
Mais nous avons donc une collection d'essais par diverses plumes qui au mieux, ne couvre qu'un des pans du phénomène (même si Shippey est sans doute celui qui prend plus de hauteur). On oubliera bien vite les choses largement hors-sujet (McConnell faisant comme d'habitude son brillant petit numéro ou le couplet maintes fois rabâché sur les minorités dans la SF) pour se concentrer sur les essais les plus intéressants pour l'amateur qui veut savoir comment évolue (ou comment on fait évoluer) le genre. Dans cette catégorie, on lira avec plaisir James sur les coulisses du A. C. Clarke Award, Miller sur l'anthologie The Norton Book of Science Fiction (IIRC Gary K. Wolfe a aussi été assez critique sur les arrière-pensées de ce volume) ou l'article d'Evans sur les revues académiques du domaine. La dernière partie (les exemples) est sans doute la plus faible parce qu'elle ne s'insère parfois que difficilement dans le projet de l'ensemble. Pour conclure, il s'agit quand même d'un ouvrage plutôt cher (mais c'est normal avec cet éditeur spécialisé) qui aurait sans doute gagné à être plus "dirigé" (voire même parfois recentré). Il contient de bons essais mais ce n'est pas encore l'ouvrage définitif sur le sujet.
Note GHOR : 2 étoiles
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