01/07/2013
_Science-Fiction et psychanalyse_
Science-Fiction et psychanalyse : L'imaginaire social de la SF : Marcel THAON & Gérard KLEIN & Jacques GOIMARD & Tobie NATHAN & Ednita BARNABEU : 1986 : Dunod (collection "Inconscient & Culture") : ISBN-10 2-04-016475-8 : vi+243 pages (y compris index) : coûtait quelques dizaines de Francs pour un tp non illustré trouvable d'occasion.
Publié par un éditeur universitaire et paru dans une collection de titres consacrés à la psychanalyse, cet ouvrage n'a pas forcément bénéficié d'une grande visibilité dans le milieu de la SF. Pourtant, les auteurs mentionnés sur la couverture ainsi que le dessin de Mezières l'ancrent nettement dans le champ des réflexions sur le genre. La SF a en effet parfois intéressé les "psys" de tous bords, soit comme objet d'étude où l'imagination et/ou la fantasme prend une part importante ou comme vivier de cas cliniques tant chez les auteurs que chez les lecteurs. On se souviendra par exemple du fameux texte The Jet-propelled Couch (aisément disponible dans The Fifty Minute Hour) de Lidner qui met en scène un écrivain de SF qui croit vraiment aux mondes qu'il décrit (une anecdote à la base de la BD Souvenirs de l'empire de l'atome).
L'ouvrage rassemble sept essais de taille très variable et inédits en VF. Le premier (Thaon) est une très courte introduction centrée sur la problématique posée par le nom même de Science-Fiction. Il est suivi par un autre texte d'une trentaine de pages du même auteur qui nous conte l'histoire du genre sous l'angle psychanalytique. Trames et moirés est le plus long texte de l'ouvrage (une centaine de pages), il s'agit d'un essai de Klein qui a été récemment réédité (et complété) aux éditions du Somnium et qui est l'extension d'un article de 1967, son sujet en est le concept des "Subjectivités Collectives". On trouve ensuite Goimard sur le cinéma de SF puis deux études consacrées à des auteurs précis (Nathan sur Van Vogt, Thaon sur PKD). L'ouvrage se termine par la traduction d'un court article général de Bernabeu qui date de 1957. Une liste de références bibliographiques est fournie mais il n'y a pas d'index.
Tout d'abord, on notera l'extrême faiblesse de la qualité "technique" du livre : couverture fragile, reliure faiblarde, nombreux changements de taille de police sans raison apparente, lignes manquantes ou lignes dupliquées, absence d'index. De la part d'un éditeur aussi réputé, tout cela fait peu sérieux. une fois ces critiques sur la forme faites, le fond n'est pas beaucoup plus convaincant. L'essai de Klein, pièce maîtresse de l'ouvrage, peine à convaincre de l'intérêt de ses "SC" (on se croirait chez Banks). Outre la modestie habituelle de l'auteur, le texte tourne plutôt à vide en se regardant parfois écrire et ne commence à évoquer la SF (et encore presque uniquement avec Lovecraft) qu'à partir d'une cinquantaine de pages. Alors que c'est normalement l'une des forces de Klein, l'analyse sociale promise dans le sous-titre de l'ouvrage n'est ici que peu apparente et utilisée.
Le reste des articles est soit de facture honnête (Thaon avec une histoire de la SF d'un classicisme impressionnant pour l'époque et une réflexion sur PKD qui mériterait visiblement plus d'espace, Nathan sur Van Vogt qui souffre du même défaut), soit sans aucun intérêt (Goimard peu inspiré par le cinéma et Barnabeu qui répète joyeusement tous les clichés sur la SF et ses lecteurs). Le fait que la plupart des textes sont visiblement bâtis sur un principe de "sandwich" similaire (une couche de théorie psychanalytique puis une couche de SF sans grand rapport entre elles et on recommence...) permet certes à l'amateur de l'une ou l'autre des disciplines de sauter des pans entiers de texte mais ne rend pas la lecture très intéressante ni le discours très argumenté. Au final le tout forme un ensemble largement dispensable.
Note GHOR : 1 étoile
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23/06/2013
_The sex is out of this world_
The sex is out of this world : Essays on the carnal side of science fiction : Sherry GINN & Michael G. CORNELIUS (editors) : 2012 : McFarland (série Critical explorations in science fiction and fantasy #36) : ISBN-13 978-0-7864-6685-6 : x+249 pages (y compris index et bibliographies par chapitre) : coûte 40 USD pour un TP non illustré, disponible chez l'éditeur (là : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-6685-6).
Les rapports entre sexe et science-fiction ont toujours été un sujet de fascination. En effet, pour un genre d'apparence aussi sexué que la SF (on se souviendra de nombre de couvertures suggestives, de séries "sulfureuses" ou d'auteurs choquants), celui-ci se révèle en pratique bien timide et semble traiter la sexualité comme une pulsion plutôt secondaire. C'est donc pour étudier ces relations que Ginn (à qui l'on doit un ouvrage sur Joss Whedon) et Cornelius (un spécialiste de la littérature populaire) ont entrepris (presque trente ans après les ouvrages précurseurs de Palumbo) de réaliser ce recueil d'essais publié chez le prolifique éditeur académique McFarland.
Après une introduction de Cornelius, l'ouvrage rassemble une grosse douzaine d'essais allant d'une dizaine à une trentaine de pages. Ceux-ci sont rassemblés en deux parties à peu près égales : la première Alien Sex, est consacré à la sexualité avec des "autres" (qu'ils soient extraterrestres, professionnels ou Oedipiens). On y trouvera un essai de portée générale sur la miscégénation, deux essais sur Butler, deux sur des séries télévisées et un sur les nouvelles fantastiques de Primo Levi. La seconde partie aborde la sexualité transformée par la technologie avec des essais sur Ballard, les primates (pensez à La planète des singes), l'homo-érotisme via la science dans les romans pour garçons, deux textes sur H. G. Wells et l'évolution de la paternité. Un essai final de Ginn brosse un portrait général du sujet et est suivi par une conclusion qui est en fait une introduction qui précise le projet du livre. Un index clôture l'ouvrage et l'on notera que les éléments bibliographiques sont donnés à la fin de chaque essai (ainsi que d'ailleurs les notes).
Un rapide survol de la liste des contributeurs et de leurs "qualifications" en matière de SF, permet tout de suite de comprendre la raison de l'un des défauts majeurs de l'ouvrage. En effet, on s'aperçoit rapidement que la plupart de ceux-ci sont loin d'être des spécialistes, voire de simples connaisseurs, du genre. On trouvera plutôt en effet au sommaire des experts ou enseignants en "media studies" ou "gender studies". Du coup, cela explique probablement la présence de deux essais dont le rapport avec la SF est négligeable comme celui sur Levi, voire carrément nul comme justement celui de l'un des editors, centré sur les romans d'espionnage pour garçons, dont l'inclusion dans ce recueil reste pour moi un mystère (une sorte d'auto publication ?).
Hormis ces quelques hors sujet, l'ensemble de l'ouvrage est plutôt terne et nécessite (comme c'est de plus en plus le cas avec les ouvrages de référence récents) de beaucoup regarder la télévision et de posséder à fond certains univers comme Star Trek ou ceux de Wheldon (Firefly & Dollhouse), ce qui permet sans doute d'apprécier l'analyse statistique chiffrée de Porter où l'on apprend par exemple que 1.19 fois par épisode de Firefly on est en présence d'une tenue osée (contre 2.00 fois -notez la précision- dans Dollhouse). En fait, on ne sauvera pas grand chose de l'ensemble, si ce ne sont les articles sur Ballard et Wells et la conclusion de Ginn qui montre ce que l'ouvrage aurait pu être : un survol compétent des liens entre SF et sexualité au lieu d'un assemblage sans grand intérêt de textes sur des points de détail ou n'appartenant pas au genre.
Note GHOR : 1 étoile
12:17 | 12:17 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile
15/06/2013
_Here be dragons_
Here be dragons : Exploring Fantasy maps and settings : Stefan EKMAN : 2013 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-7323-0 : viii+284 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 27.95 USD pour un tp disponible chez l'éditeur (là : http://www.wesleyan.edu/wespress/).
Un des nombreux lieux communs relatifs à la Fantasy est que tout ouvrage appartenant au genre est forcément muni d'une ou plusieurs cartes. C'est en voulant vérifier cette idée reçue que l'auteur, un universitaire américano-suédois et participant régulier à l'IFA, a décidé d'écrire cet ouvrage, et ce d'autant plus que ses recherches préliminaires ont montré que ce sujet n'avait jamais été véritablement abordé en profondeur. Comme ne l'avaient pas été les liens entre les éléments de géographie "physique" (l'environnement, le relief, la végétation ou le climat) et le récit qui sont ici abordés par l'auteur dans ce volume édité par une presse universitaire américaine à qui l'on doit un certains nombre de titres liés au genre (ouvrages de référence ou de fiction).
Après une assez longue introduction qui précise les contours du projet (y compris une tentative de définition de la Fantasy), la terminologie et la méthodologie employées, l'ouvrage comporte quatre chapitres principaux. Ekman aborde tout d'abord le sujet des cartes dans les livres (romans ou recueils) de Fantasy par le biais d'une étude statistique pointue qui porte sur divers paramètres (présence ou pas d'une carte, type de représentation, symboles utilisés, éléments présents...). Il se concentre ensuite sur la carte de la Terre du Milieu pour en tirer certains enseignements sur la stratégie narrative de Tolkien. Le chapitre suivant est consacré aux frontières et bordures chez divers auteurs (de Gaiman à Pratchett), ainsi qu'au concept de "Polder" (un terme apparu chez Kaveney puis Clute). La division entre nature et culture est ensuite étudiée dans le chapitre suivant. Ceci est accompli qui l'aborde par l'étude de plusieurs villes célèbres du genre : Minas Tirith (Tolkien), Newford (De Lint), New Crobuzon (Miéville) et Ombria (McKillip). Le dernier chapitre se penche sur une des caractéristiques propres aux mondes de Fantasy, à savoir le fait que leur état est souvent directement lié à celui de leur souverain. Il est illustré par des exemples tirés de Tolkien, Jordan et Donaldson. L'ouvrage se termine par une courte conclusion qui plaide pour plus d'études "topofocales" et est complété par divers appendices : la méthodologie exacte et complète utilisée dans le chapitre 2, une bibliographie primaire et secondaire et un index.
Il faut ici saluer la performance de Ekman, qui, avec cet ouvrage, réussit à intéresser un lecteur comme moi dont la Fantasy n'est pas la principale lecture. Le projet de l'auteur est en effet novateur et mené de façon très compétente et de plus agréable à lire. Le choix de ne traiter qu'un petit nombre d'oeuvres et d'auteurs (le tout étant quand même délibérément dominé par JRRT) a paradoxalement l'effet de renforcer les thèses de l'auteur en permettant un approfondissement qui aurait été impossible s'il s'était dispersé sur l'ensemble des textes composant son échantillon (200 titres sur 4300). Les résultats de son analyse sont à la fois conformes à l'expérience immédiate (par exemple on peut constater que les royaumes maléfiques se ressemblent tous) mais lui permettent, de par l'exploration de leurs légères différences, d'en tirer des constations originales et étayées.
La publication de cet ouvrage peut aussi être vue comme une frémissement manifestant l'émergence d'un discours théorique propre à la Fantasy et non, comme actuellement, un dérivé ou un sous-produit de celui développé pour la Science Fiction. Du coup, l'auteur "bute" un peu sur le manque d'outils spécifiques à la Fantasy, y compris au niveau du vocabulaire de base. Ceci peut expliquer les emprunts (que je trouve un peu envahissants) de termes inventés par Clute et ses acolytes dans leur Encyclopedia of Fantasy (voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/11/18/the-encyclo...), une terminologie que l'on peut estimer ne pas être encore complètement stabilisée même si elle est parfois reprise (par exemple par Mendelsohn). En tout cas, ce livre est une réussite (même s'il on aurait aimé avoir plus d'exemples de cartes) dont la démarche topofocale pourrait aisément être aussi appliquée à la SF (après tout, il y a parfois des cartes dans les ouvrages du genre).
Note GHOR : 3 étoiles
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08/05/2013
_Ces Français qui ont écrit demain_
Ces Français qui ont écrit demain : Utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle : Natacha VAS-DEYRES : Honoré Champion (série "Bibliothèque de littérature générale et comparée #103) : 2013 : ISBN-13 978-2-7453-2371-2 : 525 pages (y compris index et bibliographies) : coûte 110 Euros pour un HC non illustré et sans jaquette (disponible chez l'éditeur, http://www.champion.ch/), à noter qu'il semble exister une version plus récente et moins chère (49 Euros).
Sous la plume d'une agrégée de Lettres Modernes et familière des ouvrages sur le genre en français (on la retrouvera par exemple dans diverses publications récentes comme celles-là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2013/02/23/l-imaginair...), cet ouvrage fait partie d'une collection consacrée à la littérature générale. Ce point est intéressant parce qu'il semble indiquer que, après la parution de l'ouvrage de Simon Bréan (et en attendant la mythique encyclopédie de l'Atalante dont des extraits sont d'ailleurs cités par l'auteur en avant-première), le paysage éditorial français semble pouvoir accueillir des ouvrages ambitieux sur le genre. Cette évolution (peut-être initiée par Bragelonne avec sa série "essais), si elle se confirme serait une excellente nouvelle pour l'étude de la SF dans notre pays. Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage porte sur les auteurs de SF français du siècle précédent (même si elle débute au XIXème siècle), abordés avec le fil directeur de l'utopie (ou plus tard de la dystopie) ou plus précisément des diverses approches utopiques qui se sont succédées au fil du temps (Natacha Vas-Deyres en distingue trois différentes).
Pour débuter, l'ouvrage nous offre deux courts avant-propos (Bozzetto & Lehman) puis une longue introduction de l'auteur. Il adopte ensuite une structure chronologique qui va étudier ainsi les trois stratégies utopistes découvertes par l'essayiste. La première partie va donc traiter la période 1890-1910 et les utopies dynamiques et plutôt positives (Verne, Zola) même si certaines peurs se font jour (verne encore, Rosny, Daudet). Après le choc traumatique de la première guerre mondiale, la deuxième partie étudie les années entre 1920 et 1970 où le ton est sombre et la fin inévitable (Barjavel, Messac). La dernière partie (1970-2004) voit l'inspiration utopique s'intégrer de plus en plus à la SF "normale" et les auteurs (Andrevon, Jeury) proposer des solutions alternatives (éventuellement par le biais de l'informatique ou de l'éccologie) et critiques du monde dans le quel ils vivent. Une courte conclusion, une bibliographie copieuse et un index terminent un ouvrage dont il est à noter que certaines parties ont déjà été publiées antérieurement dans divers supports.
Comme il sied à un ouvrage de ce niveau, la quantité de travail et de recherches fournie par l'auteur est indiscutable et impressionnante, la bibliographie de plus de quarante pages en témoigne d'ailleurs largement. Le propos est clair et la division des récits utopiques en trois mouvements successifs est largement démontrée avec exemples à l'appui. Les romans (il n'y a que quelques nouvelles) sélectionnés par Natacha Vas-Deyres sont à la fois résumés, disséqués, cités mais aussi mis en perspective dans la carrière de leurs auteurs. De plus, les arcanes des grandes phases des débats entre courants utopistes sont bien expliqués et peuvent ainsi être (vaguement) compris par des novices comme moi.
Du côté négatif, on me permettra tout d'abord d'être bassement matérialiste mais je dois avouer que le prix de l'ouvrage (110 Euros, je le rappelle pour un ensemble qui n'est pas complètement inédit) peut quand même faire tiquer, surtout comparé à d'autres produits d'ambition similaire. Ensuite, le projet même du livre, de se baser sur l'angle utopique exclusivement, me semble devenir de moins en moins pertinent au fur et à mesure que cette tradition littéraire (certes noble et respectable) s'est dans la pratique complètement dissoute dans la SF jusqu'à l'inexistence. C'est certes sûrement plus acceptable de parler d'utopie dans les cercles littéraires, mais rattacher à ce genre des oeuvres comme Le travail du furet, Le spectre du hasard ou La compagnie des glaces me paraît être une annexion sans grande logique hormis celle de fournir du matériau sur lequel écrire. Sur un autre point, la technique de constitution de l'ouvrage (l'auteur a sélectionné une soixantaine d'ouvrages comme indiqué ici : http://dissidences.hypotheses.org/2799) donne un résultat que l'on pourrait qualifier de "pointilliste". Cela donne l'impression de réduire, faute d'une bonne vue d'ensemble ou d'une bonne connaissance du genre (un reproche que l'on peut parfois faire à certains ouvrages "académiques"), le genre à une galerie limitée d'oeuvres (au plus une vingtaine par période étudiée). La brève mention du Cyberpunk par le seul biais de longs emprunts à un article (à paraître) de A. Marcinkowski est d'ailleurs un exemple assez frappant de ce possible manque de perspective. Malgré tout, il ne faut pas bouder notre plaisir devant un ensemble sérieux, à la thèse construite même si elle peut aisément être discutée.
Note GHOR : 2 étoiles
18:33 | 18:33 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 2 étoiles | Tags : français, 2 étoiles
21/04/2013
_A literary symbiosis : Science Fiction/Fantasy Mystery _
A literary symbiosis : Science Fiction/Fantasy Mystery : Hazel Beasley PIERCE : Grenwood Press ( série "Contributions to the study of SF & F" #6) : 1983 : ISBN-10 0-313-23065-X : ix+255 pages (y compris index et essai bibliographique) : coûtait 30USD pour un hc sans jaquette parfois trouvable d'occase.
Etant l'un des premiers ouvrages de la longue série de titres sur le genre publiés par Greenwood Press, ce livre se penche sur les rapports entre la SF&F et ce que l'on appellerait en France d'une façon très large le Policier (en y incluant l'espionnage et les thrillers). Il y a en effet toujours eu des passerelles entre les deux (ou trois) genres, que cela soit du fait d'auteurs oeuvrant dans plusieurs domaines (Asimov, Boucher, Brown, etc.) ou de part l'utilisation par les auteurs de SF des conventions, formats, thèmes ou styles propres aux romans policiers. On pensera immédiatement aux romans d'Asimov mettant en scène ses deux célèbres détectives, l'un humain l'autre robot ou les enquêtes de Lord Darcy de Randall Garrett qui se situent dans une uchronie où la magie est un instrument policier comme un autre. C'est donc ces échanges que Pierce, une professeur d'anglais à qui l'on doit d'autres ouvrages sur le genre, entreprend d'étudier ici.
Après une introduction qui circoncit le projet de l'ouvrage, celui-ci est divisé en quatre grandes parties qui lie une des facettes du genre policier global et ses pendants dans la SF&F (en fait majoritairement la SF). Pierce passe donc en revue successivement les sous-genres "Detective Story" (de Dupin à Jan Darzek), "Mystery of Crime" (de Maigret au Stainlees Steel Rat), "Thrillers" (de Le Carré à Jorj X. McKie) et les "Gothic Mystery" (De Walpole à Garrett) en étudiant quelles oeuvres (littéraires presque exclusivement) du champ de la SF&F en ont emprunté les éléments. A noter que, pour préciser les choses, l'auteur ouvre généralement chaque partie par un historique du sous-genre policier concerné. Un original essai bibliographique (des deux domaines) et un index clôturent l'ouvrage.
S'il est vrai que la constatation des les interactions entre les deux genres de la SF&F et du policier n'est pas originale, il faut reconnaître que l'ouvrage de Pierce est l'un des premiers à explorer d'une façon approfondie le sujet (on pensera à l'article de Niven qui se trouve à la fin de The long ARM of Gil Hamilton). Le livre de Lovisi (Science Fiction detective tales, voir là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/10/07/science-fic...) est par exemple postérieur, de même que les réflexions de Stross sur le sujet. On appréciera donc d'autant la nouveauté de la démonstration de l'auteur ainsi que la qualité de son travail de recherche qui semble particulièrement étayé.
Même si une partie des exemples évoqués par l'auteur sont particulièrement classiques (mais incontournables), il est agréable de voir citer des oeuvres moins connues que les sempiternels titres d'Asimov ou Bester avec les mentions de certains textes de Ron Goulart ou de Mack Reynolds. La partie consacré à l'ensemble des littératures policières stricto sensu est aussi un des points forts de l'ouvrage car elle permet au néophyte de s'orienter un peu dans un ensemble aussi vaste que la SF. En fait, ce qui manque à cet ouvrage pour se rapprocher du traitement définitif du sujet est une mise à jour, une chose indispensable pour une étude qui a maintenant plus de trente ans. Ceci permettrait entre autre de rendre compte de l'apparition de nouveaux types d'hybrides (on pensera à Stross pour le thriller horrifique mais aussi à tout le Cyberpunk et ses nombreux emprunts au roman noir) qui enrichissent le genre.
Note GHOR : 2 étoiles (à cause de l'âge du livre).
19:16 | 19:16 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles