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08/05/2013

_Ces Français qui ont écrit demain_

Ces Français qui ont écrit demain : Utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle : Natacha VAS-DEYRES : Honoré Champion (série "Bibliothèque de littérature générale et comparée #103) : 2013 : ISBN-13 978-2-7453-2371-2 : 525 pages (y compris index et bibliographies) : coûte 110 Euros pour un HC non illustré et sans jaquette (disponible chez l'éditeur, http://www.champion.ch/), à noter qu'il semble exister une version plus récente et moins chère (49 Euros).

Ces français qui ont écrit demain.jpg

Sous la plume d'une agrégée de Lettres Modernes et familière des ouvrages sur le genre en français (on la retrouvera par exemple dans diverses publications récentes comme celles-là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2013/02/23/l-imaginair...), cet ouvrage fait partie d'une collection consacrée à la littérature générale. Ce point est intéressant parce qu'il semble indiquer que, après la parution de l'ouvrage de Simon Bréan (et en attendant la mythique encyclopédie de l'Atalante dont des extraits sont d'ailleurs cités par l'auteur en avant-première), le paysage éditorial français semble pouvoir accueillir des ouvrages ambitieux sur le genre. Cette évolution (peut-être initiée par Bragelonne avec sa série "essais), si elle se confirme serait une excellente nouvelle pour l'étude de la SF dans notre pays. Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage porte sur les auteurs de SF français du siècle précédent (même si elle débute au XIXème siècle), abordés avec le fil directeur de l'utopie (ou plus tard de la dystopie) ou plus précisément des diverses approches utopiques qui se sont succédées au fil du temps (Natacha Vas-Deyres en distingue trois différentes).

français,2 étoiles

Pour débuter, l'ouvrage nous offre deux courts avant-propos (Bozzetto & Lehman) puis une longue introduction de l'auteur. Il adopte ensuite une structure chronologique qui va étudier ainsi les trois stratégies utopistes découvertes par l'essayiste. La première partie va donc traiter la période 1890-1910 et les utopies dynamiques et plutôt positives (Verne, Zola) même si certaines peurs se font jour (verne encore, Rosny, Daudet). Après le choc traumatique de la première guerre mondiale, la deuxième partie étudie les années entre 1920 et 1970 où le ton est sombre et la fin inévitable (Barjavel, Messac). La dernière partie (1970-2004) voit l'inspiration utopique s'intégrer de plus en plus à la SF "normale" et les auteurs (Andrevon, Jeury) proposer des solutions alternatives (éventuellement par le biais de l'informatique ou de l'éccologie) et critiques du monde dans le quel ils vivent. Une courte conclusion, une bibliographie copieuse et un index terminent un ouvrage dont il est à noter que certaines parties ont déjà été publiées antérieurement dans divers supports.

français,2 étoiles

Comme il sied à un ouvrage de ce niveau, la quantité de travail et de recherches fournie par l'auteur est indiscutable et impressionnante, la bibliographie de plus de quarante pages en témoigne d'ailleurs largement. Le propos est clair et la division des récits utopiques en trois mouvements successifs est largement démontrée avec exemples à l'appui. Les romans (il n'y a que quelques nouvelles) sélectionnés par Natacha Vas-Deyres sont à la fois résumés, disséqués, cités mais aussi mis en perspective dans la carrière de leurs auteurs. De plus, les arcanes des grandes phases des débats entre courants utopistes sont bien expliqués et peuvent ainsi être (vaguement) compris par des novices comme moi.

français,2 étoiles

Du côté négatif, on me permettra tout d'abord d'être bassement matérialiste mais je dois avouer que le prix de l'ouvrage (110 Euros, je le rappelle pour un ensemble qui n'est pas complètement inédit) peut quand même faire tiquer, surtout comparé à d'autres produits d'ambition similaire. Ensuite, le projet même du livre, de se baser sur l'angle utopique exclusivement, me semble devenir de moins en moins pertinent au fur et à mesure que cette tradition littéraire (certes noble et respectable) s'est dans la pratique complètement dissoute dans la SF jusqu'à l'inexistence. C'est certes sûrement plus acceptable de parler d'utopie dans les cercles littéraires, mais rattacher à ce genre des oeuvres comme Le travail du furet, Le spectre du hasard ou La compagnie des glaces me paraît être une annexion sans grande logique hormis celle de fournir du matériau sur lequel écrire. Sur un autre point, la technique de constitution de l'ouvrage (l'auteur a sélectionné une soixantaine d'ouvrages comme indiqué ici : http://dissidences.hypotheses.org/2799) donne un résultat que l'on pourrait qualifier de "pointilliste". Cela donne l'impression de réduire, faute d'une bonne vue d'ensemble ou d'une bonne connaissance du genre (un reproche que l'on peut parfois faire à certains ouvrages "académiques"), le genre à une galerie limitée d'oeuvres (au plus une vingtaine par période étudiée). La brève mention du Cyberpunk par le seul biais de longs emprunts à un article (à paraître) de A. Marcinkowski est d'ailleurs un exemple assez frappant de ce possible manque de perspective. Malgré tout, il ne faut pas bouder notre plaisir devant un ensemble sérieux, à la thèse construite même si elle peut aisément être discutée.

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

21/04/2013

_A literary symbiosis : Science Fiction/Fantasy Mystery _

A literary symbiosis : Science Fiction/Fantasy Mystery : Hazel Beasley PIERCE : Grenwood Press ( série "Contributions to the study of SF & F" #6) : 1983 : ISBN-10 0-313-23065-X : ix+255 pages (y compris index et essai bibliographique) : coûtait 30USD pour un hc sans jaquette parfois trouvable d'occase.

A literary symbiosis.jpg

Etant l'un des premiers ouvrages de la longue série de titres sur le genre publiés par Greenwood Press, ce livre se penche sur les rapports entre la SF&F et ce que l'on appellerait en France d'une façon très large le Policier (en y incluant l'espionnage et les thrillers). Il y a en effet toujours eu des passerelles entre les deux (ou trois) genres, que cela soit du fait d'auteurs oeuvrant dans plusieurs domaines (Asimov, Boucher, Brown, etc.) ou de part l'utilisation par les auteurs de SF des conventions, formats, thèmes ou styles propres aux romans policiers. On pensera immédiatement aux romans d'Asimov mettant en scène ses deux célèbres détectives, l'un humain l'autre robot ou les enquêtes de Lord Darcy de Randall Garrett qui se situent dans une uchronie où la magie est un instrument policier comme un autre. C'est donc ces échanges que Pierce, une professeur d'anglais à qui l'on doit d'autres ouvrages sur le genre, entreprend d'étudier ici.

Tous des magiciens (TF 1983).jpg

Après une introduction qui circoncit le projet de l'ouvrage, celui-ci est divisé en quatre grandes parties qui lie une des facettes du genre policier global et ses pendants dans la SF&F (en fait majoritairement la SF). Pierce passe donc en revue successivement les sous-genres "Detective Story" (de Dupin à Jan Darzek), "Mystery of Crime" (de Maigret au Stainlees Steel Rat), "Thrillers" (de Le Carré à Jorj X. McKie) et les "Gothic Mystery" (De Walpole à Garrett) en étudiant quelles oeuvres (littéraires presque exclusivement) du champ de la SF&F en ont emprunté les éléments. A noter que, pour préciser les choses, l'auteur ouvre généralement chaque partie par un historique du sous-genre policier concerné. Un original essai bibliographique (des deux domaines) et un index clôturent l'ouvrage.

Dosadi (PP 1984).jpg

S'il est vrai que la constatation des les interactions entre les deux genres de la SF&F et du policier n'est pas originale, il faut reconnaître que l'ouvrage de Pierce est l'un des premiers à explorer d'une façon approfondie le sujet (on pensera à l'article de Niven qui se trouve à la fin de The long ARM of Gil Hamilton). Le livre de Lovisi (Science Fiction detective tales, voir là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/10/07/science-fic...) est par exemple postérieur, de même que les réflexions de Stross sur le sujet. On appréciera donc d'autant la nouveauté de la démonstration de l'auteur ainsi que la qualité de son travail de recherche qui semble particulièrement étayé.

anglais,2 étoiles

Même si une partie des exemples évoqués par l'auteur sont particulièrement classiques (mais incontournables), il est agréable de voir citer des oeuvres moins connues que les sempiternels titres d'Asimov ou Bester avec les mentions de certains textes de Ron Goulart ou de Mack Reynolds. La partie consacré à l'ensemble des littératures policières stricto sensu est aussi un des points forts de l'ouvrage car elle permet au néophyte de s'orienter un peu dans un ensemble aussi vaste que la SF. En fait, ce qui manque à cet ouvrage pour se rapprocher du traitement définitif du sujet est une mise à jour, une chose indispensable pour une étude qui a maintenant plus de trente ans. Ceci permettrait entre autre de rendre compte de l'apparition de nouveaux types d'hybrides (on pensera à Stross pour le thriller horrifique mais aussi à tout le Cyberpunk et ses nombreux emprunts au roman noir) qui enrichissent le genre.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (à cause de l'âge du livre). 

17/03/2013

_Worlds enough and time_

Worlds enough and time : Explorations of time in science fiction and fantasy : Gary WESTFAHL & George SLUSSER & David LEIBY (editors) : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF & F" #101) : 2002 (pour la première impression) : ISBN-10 0-313-31706-2 : vi+198 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 90 USD pour un HC sans jaquette sur mon exemplaire, qui, au vu de la ligne de chiffres de la page de garde est une deuxième impression.

Worlds enough and time.jpg

Faisant partie de la longue série d'ouvrages de référence sur le genre édités par Greenwood Press (c'est d'ailleurs probablement l'un des derniers titres d'une série qui s'arrêtera en 2004), ce livre est un recueil d'essais (inédits) sur le thème du temps. Assemblé par les editors habituels (surtout Westfahl à qui l'on doit plus d'une dizaine de volumes), cet opus présente le mélange classique de contributeurs habituels, de nouvelles plumes (comme le Canadien Saint-Gelais) et parfois d'auteurs extérieurs au genre.

anglais,1 étoile

Après une introduction par Westfahl, l'ouvrage se divise en trois parties rassemblant treize essais d'une dizaine de pages chacun. La première (4 textes) est plutôt composée d'analyses des diverses formes de voyages dans le temps proposées par la SF, généralement sous l'angle des techniques littéraires employées, comme dans l'essai de Sawyer sur les instances de "temps inversé" (Counter-clock World de PKD, An Age d'Aldiss ou Time's Arrow d'Amis). La section suivante (4 essais) considère divers aspects du temps, allant des textes situés dans un futur très lointain au lien avec les pouvoirs psi en passant par un manga japonais (Doraemon). La dernière partie (5 textes) se concentre sur des oeuvres précises, évoquant des romans comme Replay (Grimwood), The Time Ships (Baxter) ou La divine comédie (Dante) ainsi que des films comme Groundhog Day ou Peggy Sue Get Married. Deux annexes sont fournies : une bibliographie des oeuvres relatives au temps ou au voyage dans le temps et un index.

anglais,1 étoile

Soyons clairs, cet ouvrage donne plus l'impression d'un joyeux fourre-tout rassemblant à la hâte des textes disparates, que d'un ouvrage académique voulant faire le tour d'un sujet. On ne peut expliquer que par un certain je-m'en-foutisme ou le manque de contributions la présence de certains essais au sommaire. Par exemple, celui de Kray sur les juifs dans la SF ou celui d'Obey sur une série de romans sentimentaux n'arrivent même pas à s'insérer dans la thématique, pourtant très vague, du recueil. Et que dire du texte de Kuusisto (au titre assez surréaliste : The Curvature of Space-Time in Dante's The Divine Comedy) dont le sujet (la topologie et les trous noirs rencontrent l'Italie du moyen-âge) et son rapport avec le temps sont encore à démontrer en ce qui me concerne.

anglais,1 étoile

Même si quelques textes surnagent dans ce ragoût (Lyau, Saint-Gelais ou Gordon), le menu est fort cher (plus de 70 Euros en neuf, je le rappelle) pour un ensemble très délayé (la maquette est très aérée avec force pages blanches ou presque), peu roboratif (il n'y a guère plus d'une centaine de pages de texte sur l'ensemble du livre, le reste étant pris par les notes ou annexes) et fait plus penser à une accommodation de restes qu'à une promenade gastronomique. Un ouvrage sans intérêt et à trouver obligatoirement d'occase (et pour pas cher) sous peine d'être déçu.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (à peine)

03/03/2013

_Race, Ethnicity and Nuclear War_

Race, Ethnicity and Nuclear War : Representations of Nuclear Weapons and Post-Apocalyptic Worlds : Paul WILLIAMS : 2011 : Liverpool University Press (#40 dans la série "Liverpool Science Fiction Texts and Studies") : ISBN-13 978-1-84631-708-8 : ix+278 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 65 GBP pour un HC non illustré avec jaquette, disponible chez l'éditeur (là : http://www.liverpooluniversitypress.co.uk/index.php?optio...), sera sans doute repris ultérieurement au format TP plus abordable.

Race, ethnicity and nuclear war.jpg

Ecrit par un professeur de littérature dans une université anglaise (à noter qu'il semble exister plusieurs personnes de ce nom gravitant autour de la SF), cet ouvrage fait partie de la longue série de titres consacrés à l'étude du genre proposés par l'université de Liverpool. Il s'agit ici d'une analyse des liens entre les armes nucléaires et la race blanche, répondant à la question de savoir si la bombe atomique est une arme de "blancs". Cet ouvrage se trouve à l'intersection de travaux existants, tant sur la représentation des races dans le genre (deGraw, Lavender, Nama,... ) que sur l'imagerie de l'arme nucléaire et le post-apocalyptique (Booker, Brians, Dowling,...).

anglais,1 étoile

Après une assez longue introduction, ce volume se divise en huit chapitres de longueur variable (de vingt à quarante pages) dont certains ont déjà été publiés précédemment dans diverses revues. Ils abordent successivement plusieurs thèmes, allant des oeuvres d'avant 1945 aux représentations de l'Australie après la bombe en passant par le nationalisme indien (hindou) et le projet Manhattan. L'auteur s'appuie essentiellement sur des oeuvres littéraires même si certains films (On the Beach, les trois Mad Max ou The Mouse who Roared) sont aussi invoqués. Plusieurs pages de notes ainsi qu'une bibliographie et un index complet sont fournis.

anglais,1 étoile

L'impression plutôt mitigée que j'ai eu de cet ouvrage est peut-être tout d'abord due à la minceur ou l'évidence de la thèse de l'auteur. A la question "La Bombe est-elle une arme de blancs ?" la seule réponse possible est "Oui". De même que sa représentation ou ses conséquences reflètent sans grande surprise la sociologie de ses producteurs et consommateurs majoritaires (des américains WASP). Le matériau exploité par Williams est aussi un facteur de difficulté puisqu'il s'agit soit de textes parus dans des supports très spécifiques (destinés aux Noirs américains ou publiés en Inde), soit d'oeuvres aux marges du genre (les romans étudiés dans le chapitre 6 qui semblent même purement "mainstream") ou entrant plutôt dans la catégorie des techno-thrillers (comme certains James Bond évoqués dans le dernier chapitre).

anglais,1 étoile

Le choix de la reprise de travaux antérieurs induit aussi un certain manque de réflexion d'ensemble en contraignant le discours de l'auteur à utiliser des points de passage obligés. Cela nous vaut un chapitre sur une série de nouvelles de Langston Hughes dont on sent bien que la relation avec le sujet affiché de l'ouvrage est plutôt ténue (le texte a été initialement publié dans The Journal of Transatlantic Studies). Même si la plupart des exemples purement SF mentionnés par l'auteur (Miller, Butler, Bradbury, Vonnegut,...) sont très classique, on découvre parfois des perspectives originales comme le chapitre consacré aux anticipations nucléaires indiennes. Au final, le tout forme un ensemble qui n'est pas inintéressant mais qui est parfois trop loin de la science-fiction proprement dite.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile

24/02/2013

_L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction_ & _L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction_

L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction : Jérôme GAUFETTE & Lauric GUILLAUD (editors) : 2011 : Bragelonne (Collection "Essais") : ISBN-13 978-2-35294-442-3 : 376 pages (pas d'index, bibliographies variables) : coûte 40€ pour un tp non illustré disponible en neuf.

L'imaginaire médical dans le fantastique et la SF.jpg

L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction : Natacha VAS-DEYRES & Lauric GUILLAUD (editors) : 2011 : Presses Universitaires de Bordeaux (#91 de la revue Eidôlon) : ISBN-13 978-2-903440-91-6 : 290 pages (pas d'index, bibliographies variables) : coûte 23€ pour un tp non illustré disponible en neuf.

français,1 étoile

Chers amis lecteurs, afin de vous faire gagner du temps, le GHOR a décidé de vous proposer d'évoquer deux livres en un seul et même avis. Deux ouvrages aux titres très proches, parus la même année, l'un dans la méritante collection d'essais de l'éditeur maudit Bragelonne et l'autre au sein d'une revue littéraire, deux volumes basés sur le même principe (une collection d'essais autour d'un thème suffisamment vague), impulsés par la même structure (le CERLI d'Angers) et ayant de nombreux auteurs en commun (presque la moitié). Dans un souci (louable) de rationalisation, ils feront donc critique commune.

français,1 étoile

La toute première constatation qu'appelle ce duo d'ouvrages est que l'étude de la SF ne doit pas bien se porter dans notre pays. En effet, la portion réservée à la SF stricto-sensu est particulièrement faible puisque, à la louche, un petit tiers de l'ensemble doit lui être consacré (à noter que le cas de la Fantasy est pire, avec un nombre d'essais se comptant aisément sur les doigts d'une seule main). Même si le terme à la mode de l'Imaginaire englobe plusieurs genres, je ne suis pas convaincu que les amateurs d'horreur soient forcément intéressés par une étude sur Greg Bear (par Minne), et que les fans de SF aient envie de se passionner pour des nouvelles "irréalistes" (ce qui semble vouloir dire vaguement policières et vaguement fantastiques) britanniques parues entre 1850 et 1900 (le sujet de l'essai de Desmarets). Cette alliance de la carpe et du lapin qui se manifeste trop souvent dans les ouvrages de référence francophones est soit due au manque d'intervenants potentiels, soit à un certain mépris des genres mineurs qui peuvent aisément être parqués ensemble.

français,1 étoile

L'idée exprimée plus haut qu'il manque peut-être de spécialistes francophones pour discourir sur la SF (ou la Fantasy) peut être accréditée par la deuxième constatation, à savoir qu'il y a, dans ces ouvrages, des textes qui n'ont strictement aucun rapport avec genre. On va y trouver une étude sur l'image de l'hôpital (Jandrok), sur le "transcorps" (Andrieu) ou sur Gödel où l'auteur (Cassou-Noguès) a cette touchante confidence : "Je n'étudierai pas à proprement parler ces textes de science-fiction..." ce qu'il s'empresse de d'ailleurs de faire. Cet état de fait (peu d'intervenants) est aussi perceptible dans les nombreux auteurs qui apparaissent dans les deux sommaires (Minne, Ménégaldo, Lagoguey, Vas-Deyres, Jandrok, Guillaud, Dupeyron-Laffay, André) et qui pour certains (Lagoguey) traitent de sujets similaires (PKD).

français,1 étoile

La troisième constatation est que la crédibilité des papiers présentés serait sans doute renforcée par un minimum de relecture et d'attention portée aux détails. Même si le lecteur un tant soit peu connaisseur du genre est capable de corriger l'information instantanément, la mention dès la page 11 du Bragelonne du célèbre texte de John Varley Blood Music pique un peu les yeux. On peut sans doute imputer à ce qui semble être un manque de travail un certain nombre de curiosités : Robert Matheson, Marck Reynolds, plusieurs Frederick Pohl (comme sur certains PdF), plusieurs Man in the hight castle, des affirmations un peu rapides (les textes de Guardians of Time/La patrouille du temps écrits dans les années 60, Les temps parallèles traduit en 2004) ou le fait que les titres soient parfois donnés en VO et parfois traduits, le tout sans aucune logique apparente. Dans le même esprit, il est dommage que l'essai sur l'immortalité de Guillaud dans le Bragelonne (qui à la lecture semblait un article d'encyclopédie) fasse, après vérification, de très larges emprunts non crédités à des entrées de la SFE de Clute & Nicholls, puisque l'on y retrouve des pans entiers (les plus visibles étant par exemple des listes d'oeuvres) issus directement des articles CRYONICS & SUSPENDED ANIMATION. A 40€ le volume, on pouvait espérer un peu mieux.

français,1 étoile

Globalement et en ce qui concerne les textes relatifs à l'ensemble SF&F (je n'ai pas d'avis sur ceux traitant de l'horreur ou du fantastique) les deux ouvrages donnent une impression d'approximation et de hors-sujet, en ce sens que les auteurs (comme souvent avec certains universitaires spécialisés) partent souvent de quelques textes de SF pour bifurquer le plus rapidement possible sur leur vrai domaine d'expertise. On pourra quand même sauver de ces recueils ratés quelques essais : Besson sur les guérisseurs dans la Fantasy, les deux textes de Lagoguey sur PKD, l'étude de Héraud sur Les temps parallèles. Au final, un couple d'ouvrages dont l'intérêt pour l'amateur de SF est très limité et dont la qualité de finition laisse à désirer, un point regrettable vu leur prix surtout pour le Bragelonne, qui n'est vraiment pas donné. Sur l'ensemble, L'Eidôlon est quand même un cran au dessus.

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile pour l'ensemble (0 pour le Bragelonne, 1 pour le PUB)