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03/11/2011

_Science Fiction fandom_

Science Fiction fandom : Joe Sanders (editor) : 1994 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF & F" #62) : ISBN-10 0-313-23380-2 : xii+293 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 55 USD pour un HC sans jaquette qui se trouve assez peu souvent en occase.

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Une fois l'intérêt académique sur la SF éveillé et après un travail sur les textes eux-mêmes, il était normal que le sujet des acteurs du genre soit abordé. La communauté des fans formant un ensemble à la fois structuré et suffisamment "visible" (parfois aux limites du ridicule), elle fournissait un parfait sujet d'étude. Ceci conduira à des ouvrages comme ceux de Jenkins, Bacon-Smith ou Torres (ce dernier étant en VF). Ce recueil d'essais visant à cartographier le fandom est lui le fruit d'une démarche que l'on pourrait qualifier de plus "interne" puisque la majorité des intervenants sont issus du milieu. On y trouve des fans (Moskowitz, Warner, les Trimble, Thomas), des pros (Lupoff, Busby, Gaughan) et des enseignants associés depuis longtemps au genre (Letson, Sanders).

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Ce livre comporte vingt-six essais de taille très variable (de trente à moins de dix pages) qui sont regroupé en six parties inégales. La première (2 essais) introduit brièvement le fandom. Elle est suivie par une longue section (presque 100 pages) logiquement consacrée au fandom US sous l'angle historique. La troisième traite des autres fandoms nationaux (britannique, français, européen, chinois et japonais). On trouve ensuite trois essais sociologiques sur les structures existantes (clubs, conventions). L'avant-dernière partie essaie de prendre un peu de hauteur en explorant l'influence du fandom sur le monde de la SF professionnelle. L'ouvrage se termine par une partie bibliographique commentée et l'inévitable glossaire des expressions faniques.

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On regrettera tout d'abord que certains des essais soient proches de la caricature et mettent plus en exergue les travers du microcosme que ses qualités. Par exemple, le texte sur le fandom français est un condensé type des habituels reproches que l'on peut lui faire : manque de recul, personnalisation à outrance (on a droit à la liste des BNFF avec leur profession), vision partisane de la scène fanzinesque avec par exemple l'existence de Yellow Submarine complètement passée sous silence alors que les mentions relatives à A&A (fanzine auquel l'auteur était assez lié) pullulent, attaques gratuites sur des concurrents (SFère ou Vopaliec stigmatisés comme "benchmarks of awfulness") ou des manifestations organisées par les "ennemis" (la fameuse convention de Paris en 1988) [pour préciser les choses, j'ai collaboré à YS ET A&A et j'ai un peu aidé pour la convention évoquée]. Un texte tellement tendancieux que l'on comprend mieux la mauvaise image du fandom qui semble parfois plus occupé à régler des comptes ou à dominer le marigot qu'à agir pour le genre.

anglais,2 étoiles

Malgré ces quelques fausses notes, l'amateur se trouvera en pays de connaissance et pourra dénicher quelques informations ou témoignages pertinents, voire trouver quelques pistes pratiques (comme l'article sur l'organisation d'une convention). Toutefois, il est clair que, pour un fan relativement informé, l'ensemble reste très classique (voire archi-connu) et s'apparente plus à une sorte de synthèse d'ouvrages existants (l'histoire du fandom de Warner ou d'autres, les guides pour collectionneurs, les études sociologiques évoquées plus haut, etc.) qu'à une oeuvre vraiment approfondie et novatrice.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

31/10/2011

_Science Fiction culture_

Science Fiction culture : Camille Bacon-Smith : 2000 : University of Pennsylvania Press : ISBN-10 0-8122-1530-3 : 316 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 25 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC (3223-2).

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Ce livre est écrit par Camille Bacon-Smith, une docteur es folklore de l'université de Pennsylvanie (qui est aussi l'éditeur de cet ouvrage) et aussi auteur de plusieurs livres de fiction tendance fantastique urbain. A ces divers titres elle a été amenée à s'intéresser au milieu des fans de SF et en a tirer deux ouvrages théoriques dont celui-ci est le plus récent. Son propos est d'y montrer quels sont les rapports entre le fandom et les structures qui produisent (auteurs), publient (éditeurs) ou exploitent le genre. Elle souhaite souligner l'ambivalence de ces interactions, entre les images d'Epinal d'une consommation passive et d'une rébellion contre le système.

anglais,2 étoiles

Le livre s'articule en trois parties principales de taille inégale. La première ("Creating the Landscape") explique comment s'est créé le paysage dans lequel évolue le fandom en détaillant sa hiérarchisation (de fan de base à SMOF), ses grands messes (les Worldcons) et ses réseaux de communication (avec l'arrivée d'Internet). La deuxième ("New groups changes the face of genre") montre comment ces structures ont permis à certains sous-groupes, qu'ils soient caractérisés par un genre, une orientation sexuelle ou un centre d'intérêt précis, de pouvoir "prendre la parole" et participer au dialogue général qui "guide" (ou tente de guider) l'évolution de la SFF. La dernière partie ("It all comes together in the fiction") analyse comment la production de SF est justement influencée par tous ces acteurs, leurs stratégies et leurs agendas. Le livre se termine par un ensemble de notes copieux (30 pages), une bibliographie et un index.

anglais,2 étoiles

Un des paradoxes de ce livre est que son mode de construction qui fait une très large place à l'immersion et au contact direct avec les acteurs du genre (une partie importante de l'ensemble se présente sous forme d'interviews ou de dialogues) se révèle en fait préjudiciable à la qualité de l'analyse. On pourrait presque penser que Camille Bacon-Smith a tellement collecté d'information qu'elle ne peut résister au plaisir de nous les faire partager. Cela nous vaut par exemple des plongées dans la vie intime de certaines associations de SF (ici la NESFA) qui sont très riches et qui rappelleront bien des choses à qui a un jour participé à l'organisation d'une quelconque manifestation. De la même façon, certains chapitres de la troisième partie consacrés aux mécanismes du marché de la SF littéraire sont passionnants.

anglais,2 étoiles

Toutefois cette telle densité d'information (avec en plus une police utilisée plutôt petite) donne parfois l'impression d'un manque de plan d'ensemble. A la différence d'un Jenkins (Textual poachers), il est clair que l'auteur nous montre bien la "culture" SF dans son fonctionnement et ses évolutions mais est moins prolixe sur les enseignements que l'on peut tirer de l'existence d'une telle structure qui est presque sans égale. Au final un livre fourmillant d'infos, presque journalistique dans sa description de certaines franges du genre (le fandom gay et lesbien, la fraction cyber, les féministes, etc.) mais qui peine à synthétiser tout cela.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

26/10/2011

_Comic tones in Science Fiction_

Comic tones in Science Fiction : The art of compromise with nature : Donald M. HASSLER : 1982 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF & F" #2) : ISBN-10 0-313-22814-0 : xiv+143 pages (y compris index) : coûtait 25 USD pour un HC sans jaquette qui se trouve parfois d'occasion à des prix variables.

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Cet ouvrage est donc le deuxième paru dans la maintenant longue (plus d'une centaine de titres) série relative à la SFF ("Contributions to the study of SF & F") publiée par Greenwood. A noter que, de part leur qualité de fabrication (élevée) et leur prix (très élevé), ces livres sont visiblement destinés à une clientèle de bibliothèques. Ce volume a été écrit par Donald M. Hassler, un des premiers pratiquants du "mélange" entre l'Académie (il était professeur d'Anglais dans une université) et la SF (on lui doit divers guides de lectures). Son sujet d'étude est ici l'effet comique qui peut être induit par les dislocations propres au genre.

anglais,1 étoile

Après une courte préface, l'ouvrage est divisé en six chapitres de taille inégale. Le premier est une approche théorique de l'effet comique en littérature, les deux suivants sont des rappels historiques qui ne concernent que partiellement le genre (même si Le Guin apparaît des le troisième en compagnie de Jane Austen). Les trois derniers chapitres abordent divers auteurs, parfois exclusivement (Sturgeon pour le quatrième) ou parfois séquentiellement (Asimov & Goldin dans le cinquième, Clement & Pohl dans le dernier). Une postface, une bibliographie (primaire et secondaire) et un index clôturent l'ouvrage.

anglais,1 étoile

L'impression principale qui ressort de la lecture de ce livre est qu'il s'agit d'un projet qui semble relativement bâclé. On peut comprendre que pour le lancement de sa collection l'éditeur n'avait peut-être pas un grand choix d'ouvrages disponibles mais il faut bien avouer que voir un ensemble sur le comique traiter majoritairement d'auteurs comme Le Guin, Sturgeon, Golding ou Clement peut surprendre tant "Comique" n'est certes pas le premier qualificatif qui viendrait à l'esprit à leur propos. Il faut dire que, hormis une partie théorique qui m'a semblait surtout traiter uniquement de l'ironie, Hassler est assez à la peine de justifier les chapitres entiers qu'il leur consacre. Son propos est certes intéressant mais est plus dans l'analyse générale de certains de leurs écrits (The left hand of darkness ou More than Human) qui ne donnent pas vraiment dans la franche rigolade. Même pour Asimov qui a pu parfois donner dans le comique, l'étude de Hassler se concentre sur la trilogie Fondation qui ne peut qui difficilement se voir appliquer ce terme.

anglais,1 étoile

Un autre symptôme d'une certaine précipitation est la réutilisation assez importante par Hassler de ses précédents écrits. Des parties des chapitres 2 & 3 sont parues dans des revues littéraires, le chapitre 4 vient d'Extrapolation, un bout du chapitre 5 vient du livre de Olander sur Asimov et un autre du Magill. Le dernier chapitre quand à lui ressemble beaucoup au Starmont sur Clement. Tout cela donne au final un ouvrage qui, faute de préparation et/ou d'originalité, manque assez nettement son objectif et malgré la pertinence de ses analyses, n'en apprendra pas plus au lecteur sur les rapports entre la SF et l'effet comique.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile

26/04/2011

_The Anticipation Novelists of 1950s French Science Fiction_

The Anticipation Novelists of 1950s French Science Fiction : Stepchildren of Voltaire : Bradford LYAU : 2011 : McFarland (série "Critical Explorations in Science Fiction and Fantasy" #24) : ISBN-13 978-0-7864-5857-8 : x+238 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 55 USD pour un TP non illustré disponible chez l'éditeur (https://www.mcfarlandbooks.com/book-2.php?id=978-0-7864-5...).

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Sous la plume d'un universitaire américain dont c'est le premier livre (à noter qu'il est basé sur sa thèse), cet ouvrage aborde étonnamment un sujet typiquement français. Nous sommes en effet en face d'une étude sur les titres parus dans la collection "Anticipation" du Fleuve Noir de sa création jusqu'en 1960. Collection populaire par excellence, souvent décriée mais ayant accueilli la plupart des auteurs français (de Klein à Jeury en passant par Andrevon ou Wagner), Anticipation est un monument du genre dans notre pays, à la fois par sa longévité (plus de cinquante années) et par le nombre de titres publiés (un peu plus de 2000). Lyau se sert de ce miroir pour analyser les réactions des auteurs français de SF face à l'obligatoire mutation du pays juste après la 2GM.

Bureau de l'nvisible (FN 1955).jpg

Après une préface de Slusser et un premier chapitre qui brosse un état des lieux tant du pays que du genre (localement et internationalement), l'auteur a choisi de diviser les onze auteurs français ayant écrit pour la collection dans la période choisie en plusieurs groupes en fonction de leur positionnement par rapport au concept de progrès. Il commence donc par les "Modérés" (Richard-Bessière, Rayjean, Kemmel), puis consacre un chapitre à Guieu (le seul de la catégorie "Extrémistes"). Suivent les "Conservateurs" (Wul, Limat, Randa, Steiner) et les "Radicaux" (Vandel, Bruss) avant de terminer par D'Argyre/Klein. Une courte conclusion boucle le tout avant de passer à la bibliographie (classée par sujets) et à l'index.

Chirurgiens d'une planète (FN 1960).jpg

C'est toujours une expérience assez particulière que de lire une analyse sur son pays et sa SF écrite par un étranger. Même si Lyau n'échappe pas à certains lieux communs (la grande culture des Français qui sont tous allés au lycée et ont tous été nourris de Voltaire et Pascal), son regard est très intéressant et sonne plutôt juste dans son analyse des transformations vécues par le pays dans les années 50 pour rattraper son retard (essentiellement scientifique). Basé sur une lecture de chacun des 140 ouvrages concernés (quel courage !), les conclusions de l'auteur sont séduisantes et présentent une approche de la collection originale et étayée. On appréciera aussi le lien permanent fait avec les "autres SF" (ici surtout l'américaine) qui ont en pratique traité les mêmes anxiétés face à l'avenir d'une façon souvent similaire.

Panique dans le vide (FN 1958).jpg

On pourra juste regretter d'abord un prix excessif (40 Euros pour un TP pas très solide, cela donne une idée de la probable confidentialité du sujet), puis un petit manque de relecture (les titres français sont parfois massacrés et les noms propres aussi, même ceux des anglo-saxons), quelques approximations factuelles et le fait que la bibliographie secondaire (sur la SF) utilisée par Lyau soit quand même assez maigre avec peu de sources (trois principales : Versins, Lofficier, Douilly) dont certaines sont un peu légères (comme le Douilly qui est plus un catalogue qu'une analyse du FNA). Ce livre n'en reste pas moins un travail solide et riche d'enseignements. En plus de ses qualités, l'amateur retiendra aussi le fait qu'il ait été écrit par un américain et publié par un éditeur lui aussi américain, ce qui montre bien le triste état (presque le néant complet) dans lequel se trouve la réflexion universitaire sur le genre dans notre pays.

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Note GHOR : 3 étoiles

13/04/2011

_Science fiction and empire_

Science fiction and empire : Patricia KERSLAKE : 2010 : Liverpool University Press (série "Liverpool science fiction texts and studies" #35) : ISBN-13 978-1-84631-504-6 : 217 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 17 GBP pour un TP non illustré disponible en neuf chez l'éditeur (http://www.liverpool-unipress.co.uk/html/publication.asp?...), existe aussi en HC (-024-9, 50 GBP).

anglais,1 étoile

Cet ouvrage est la réimpression au format TP d'un titre datant initialement de 2007 (sous forme d'un HC assez coûteux). Ecrit par une universitaire (australienne ?), il fait le projet de parcourir les liens qui unissent la SF et le concept d'empire, qu'il s'agisse de décalquer les empires du passé comme l'on fait les auteurs de l'âge d'or, de dénoncer leur pratiques colonialistes comme l'a fait la New Wave ou d'imaginer leur futur comme le pratique le NSO britannique.

anglais,1 étoile

Ce livre est divisé en neuf chapitres d'une vingtaine de pages. Si le premier est plutôt théorique, les suivants s'appuient généralement sur une ou deux oeuvres pour mettre en lumière les diverses approches possibles. On aborde successivement l'appropriation culturelle via Wyndham (The Midwich cuckoos) et Dick (Blade runner); la métaphore avec Le Guin (The dispossessed) et Lem (Solaris); les limitations physiques avec Clarke (Imperial Earth); les invasions avec Wells (The War of the Worlds) et Lasswitz (Auf zwei planeten); les empires "classiques" avec Asimov (la série "Caves of steel") et Heinlein (The moon is a harsh mistress); l'échec impérial de Miller (A canticle for Leibowitz); l'empire postcolonial avec Robinson (la trilogie "Mars") et l'empire postmoderne de Banks (la Culture). L'ouvrage se termine par une courte conclusion, des pages de notes, une bibliographie et un index.

anglais,1 étoile

Je dois avouer une certaine déception à la lecture de cet ouvrage. L'idée de l'empire est tellement associée à l'imagerie SF (cf. Star Wars ou le Trantor d'Asimov) que le traitement du thème semblait couler de source et former un tout relativement cohérent avec un certain nombre de points de passage obligés. Hors il se trouve que l'auteur a tendance à disserter sur des textes dont le lien avec l'empire semble plutôt ténu. C'est assez flagrant avec Asimov où Kerslake se focalise sur les deux aventures policières de Baley et ne mentionne presque qu'à regret la série "Fondation" où pourtant le thème de l'empire est bien plus central.

anglais,1 étoile

Si l'on ajoute le choix du traitement en profondeur de récits d'invasion (Wyndham, Wells, Lasswitz) ou du post-apocalyptique (Miller), on peut se demander s'il existe bien une ligne directrice à cet ouvrage qui fait plus penser à un collage de textes sur le genre, certes honorables mais ne manifestant pas forcément une réflexion structurée. Au final un ouvrage qui vaut plus par ses parties que par son projet global.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile