28/01/2010
_Héros de la science-fiction_
Héros de la science-fiction : Marie-Françoise DISPA : 1976 : Editions A. De Boeck (collection "Univers des sciences humaines" #4) : pas d'ISBN : 159 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : quelques Euros d'occase pour un poche non illustré.
Voici un ouvrage assez exotique. Ecrit par une Belge licenciée en "philologie romane" (et journalisme) pour son mémoire, il est publié par un éditeur de la même nationalité. Il s'agit d'une analyse des typologies de héros présents dans la SF réalisée à partir d'un échantillonnage de trente-six livres de la collection "Présence du futur" (Denoël). Les titres choisis (?) par l'auteur vont de Aldani à Wyndham en passant par des auteurs aussi influents que Curtis, Glaskin, Kazantzev ou Santos (sic).
Cet essai est divisé en deux grandes parties inégales. La première s'attache tout d'abord à dégager plusieurs types de héros dans la SF : le surhomme, l'homme du destin, l'homme de la rue et le témoin. Sont abordés ensuite les divers éléments internes et externes qui modèlent leur carrière. La seconde (nettement plus courte) sort du champ strict du genre puisqu'elle va dresser des parallèles entre ces héros de SF et leurs homologues d'autres genres littéraires (Polar, romans médiévaux, Espionnage). La conclusion est suivie par une bibliographie primaire (livres utilisés) et secondaire (les quelques ouvrages en VF sur le genre existant à l'époque). Il n'y a pas d'index.
Cet ouvrage suit parfaitement les étapes définies dans le Comment faire un ouvrage de référence sur la SF pour les nuls ou pour les universitaires en mal de sujet (GHOR Editions, 2010, ISBN-13 978-2-5023-5698-7) : 1) ne rien connaître au genre (c'est pour les débiles); 2) choisir un échantillon complètement au hasard (ils font justement une promo sur les PdF chez Auchan); 3) lire les livres (la partie la plus difficile, penser à ne pas lire les cycles en entier même si l'échantillon contient des textes situés en plein milieu); 4) trouver un truc qui apparaît dans tous (au hasard, le héros même si l'échantillon comporte des recueils de nouvelles); 5) ventiler dans des catégories (pas trop compliquées, les catégories); 6) paraphraser les intrigues (saupoudrer de quelques généralités et surtout mettre plein d'extraits -ce n'est pas trop fatiguant-); 7) faire le lien avec son vrai domaine de compétence (le Moyen-âge) et tartiner là-dessus (on maîtrise); 7) relier le tout à d'autres formes littéraires mal-aimées (western, polar, c'est tendance); 8) conclure (envolée lyrique obligatoire) et enfin 9) lister une bibliographie (tout ce qui existe sur le sujet quelles que soient ses qualités pourvu que cela soit français).
Au risque de manquer d'originalité, je ne peux qu'être d'accord avec Marc Angenot qui dit à propos de cet ouvrage (en 1979 dans la revue SFS) : "All the weaknesses of the work come together (...) : impreciseness of critical categories, vague boundaries, equivocal generalities, determined by a corpus at once too narrow and incoherent, ignorance of SF research outside of what is available in French". Une fois de plus, la prétention de croire pouvoir saisir la SF en deux semestres d'études conduit à un résultat pitoyable.
Note GHOR : 0 étoile
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20/01/2010
_Hard science fiction_
Hard science fiction : George E. SLUSSER & Eric S. RABKIN (editors) : 1986 : Southern Illinois University Press (série "Alternatives") : ISBN-10 0-8093-1234-4 : 284 pages (y compris index) : coûtait 22 USD pour un HC non illustré avec jaquette.
Ce volume fait partie de la série des minutes de la J. Lloyd Eaton Conférence, un rassemblement thématique d'universitaires autour de la SF et de la Fantasy qui a lieu aux USA tous les ans. Sont recueillis ici 16 essais parmi ceux qui ont été présentés lors de la 5ème conférence en 1983. Le thème de cette année-là était la Hard Science, c'est à dire, pour reprendre les mots de l'introduction, le socle solide de la science fiction. Une partie centrale du genre, parfois décriée, rarement clairement cartographiée ou définie mais clairement identifiable par tout amateur.
Au fil des 16 essais de longueur variable (de six à presque quarante pages), diverses facettes de la HS sont explorées. Une partie des textes se concentrent sur des oeuvres précises (The cold equations, la célèbre nouvelle de Godwin, That hideous strength de Lewis, The investigation de Lem ou Sacred theory of the Earth de Burnet, une vieillerie du XVIIème siècle); d'autres traitent les problématiques de définition ou de place de la HS au sein de l'ensemble formé par la SF; certains abordent enfin des sujets plus ou moins connexes (les lecteurs, les villes, la théorie de l'information). En matière d'auteurs, pas de surprise (McConnell, Huntington, Carter, Slusser) même si la proportion d'écrivains du sous-genre est notable (Brin, Gunn, Benford, Forward). Le livre se termine les nombreuses pages de notes (une présentation toujours aussi peu pratique) et un index (noms propres et oeuvres).
Globalement, on peut diviser les essais constituant cet ouvrage en plusieurs catégories. La première comporte les diverses tentatives de définir ou d'expliquer la Hard Science soit par ses procédés soit par ses effets et s'insèrent clairement dans le projet du livre et forment la partie la plus intéressante. La deuxième comprend, comme très souvent avec cette série de minutes, des textes n'ayant parfois strictement aucun rapport avec le sujet comme le texte de Rabkin sur la ville ou l'habituelle pochade de McConnell qui milite pour la suppression les étiquettes, résolvant ainsi aisément celui de la définition de la Hard Science, c'est sympathique à lire mais ne fait pas vraiment avancer le débat.
La dernière catégorie d'essais est celle qui pose le plus problème. Par un effet de bascule assez fréquent on trouve dans ce livre un nombre important de textes qui, au lieu de traiter le sujet proposé, pratiquent le principe de la définition "en creux" et sont donc consacrés à des oeuvres qui sont à l'opposé du canon de la Hard Science (C. S. Lewis, Le Guin, Lem). On apprend du coup plus de choses sur l'anti-HS (sic) que sur cette dernière. Même si le point de vue est valide et que la définition de son contraire peut nous en apprendre un objet, cette démarche vient beaucoup trop tôt dans un livre qui peine nettement à simplement définir son objet. Au final un recueil d'essais qui, malgré de bons textes pris individuellement, manque nettement de structure pour un projet qui bénéficiait pour une fois d'une énoncé clair.
Note GHOR : 2 étoiles
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14/01/2010
_The inter-galactic playground : A critical study of children's and teens' science fiction _
The inter-galactic playground : A critical study of children's and teens' science fiction : Farah MENDLESOHN : 2009 : McFarland (série Critical explorations in science fiction and fantasy #14) : ISBN-13 978-0-7864-3503-6 : vii+273 pages (y compris bibliographie et index) : 45 Euros pour un TP non illustré au pelliculage peu solide, disponible chez l'éditeur : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-3503-6.
Cet ouvrage a été écrit par Farah Mendlesohn, une des figures importantes de la réflexion britannique sur le genre, rédactrice en chef de la revue universitaire Foundation et coordinatrice de plusieurs livres de référence sur la science fiction (The Cambridge companion to SF, The true knowledge of Ken MacLeod). Comme l'indique clairement son sous-titre, il s'agit d'une étude sur la SF (la Fantasy n'est que marginalement évoquée) destinée aux enfants et adolescents, un type de SF qui possède un certain nombre de spécificités et dont l'articulation avec la SF "pour adultes" n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.
Cet essai est composé de sept chapitres de longueur inégale (certains ayant déjà été publiés sous des formes différentes). Le premier (et le plus court) est l'usuel exercice de définition de la science fiction,le suivant débroussaille ce que l'on sait (ou que l'on suppose) des protocoles de lecteurs des jeunes et le troisième traite de la perception de la science par la jeunesse. On revient à la SF avec le quatrième qui présente une histoire condensée de la SF, du "juvenile" des années 50 au "YA novel" du XXIème siècle. Les deux chapitres suivants explorent un certains nombres de thèmes ou d'intrigues récurrentes alors que le dernier est une sorte de "best-of" récapitulatif qui liste les meilleurs romans de ce domaine. Plusieurs annexes sont fournies : un index de l'anthologie Out of this world, le texte et l'analyse des réponses au questionnaire utilisé par l'auteur pour obtenir des données brutes, une partie consacrée aux livres d'images de SF non incluse dans le corps de l'ouvrage. On trouve enfin les pages de notes, une bibliographie générale et un index.
Visiblement, il s'agit là d'un ouvrage solide et parfaitement documenté sur un sujet qui n'est que survolé par la plupart des études sur le genre alors même que l'on peut penser qu'une (importante ?) partie des lecteurs adultes actuels est formée de personnes ayant lu de la SF très tôt. Particulièrement intéressante est la partie historique où Mendlesohn montre le glissement progressif du genre, qui passe des "juveniles" (Heinlein, Norton) qui véhiculaient des valeurs d'ouverture assez proches de celle de la SF adulte aux "YA novels" qui semblent montrer un certain repli sur les relations interpersonnelles.
Le seul problème avec cet ouvrage est essentiellement que, si la SF "adulte" est assez internationale et homogène (au sens où les mêmes textes sont disponibles plus ou moins en même temps), la SF pour la jeunesse est beaucoup plus spécifique à chaque pays (ou langue) avec des auteurs, des modes ou des paramètres éditoriaux propres. Du coup, vu le faible nombre des ouvrages évoqués qui sont traduits, il est difficile de transposer les théories de l'auteur à notre pays ou de les croiser avec notre propre expérience (quid de P. Ebly ou de l'influence de la bande dessinée de SF, des phénomènes typiquement locaux). On lit donc tout cela avec intérêt malgré le prix relativement élevé de l'ouvrage au vu de sa présentation, mais on se demande toujours si les conclusions tirées par l'auteur sont applicables à la francophonie et si oui, dans quelle mesure.
Note GHOR : 2 étoiles
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11/01/2010
_The Gernsback days : A study of the evolution of modern science fiction from 1911 to 1936_
The Gernsback days : A study of the evolution of modern science fiction from 1911 to 1936 : Mike ASHLEY & Robert A. W. LOWNDES : 2004 : Wildside Press : ISBN-10 0-8095-1055-3 : 499 pages (y compris bibliographie et index) : 30 USD pour un TP non illustré.
L'histoire et la structure de ce livre sont assez complexes. En effet, il s'agit tout d'abord non pas d'un seul texte mais de la concaténation de deux longs (de la taille d'un livre à eux seuls) essais d'auteurs différents (et même un troisième non mentionné, Charles D. HORNIG). De plus, c'est un projet qui a subi, de la part de Ashley ou plus précisément de ses éditeurs putatifs, un hiatus de plus d'une décennie. Rescapé de l'oubli par Wildside Press (un éditeur du type POD), cet ouvrage a enfin été rendu disponible en 2004. Le projet initial d'Ashley était de présenter un histoire des débuts de la SF sous l'angle Gernsbackien, une figure dont l'influence indéniable prête toujours à la controverse. A ce projet historique est venu s'amalgamer dans les années 80 l'essai de Lowndes.
Comme indiqué plus haut, cet ouvrage se divise donc en plusieurs parties distinctes. La première et la plus longue (250 pages), The Gernsback days donne son nom à l'ensemble et est due à Ashley. Il s'agit en fait d'une sorte de biographie parallèle du la vie de la SF naissante et d'Hugo Gernsback couvrant le domaine américain et s'arrêtant en 1936 quand ce dernier se retire du genre. Nous devons les 120 pages de la deuxième partie (Yesterday's worlds of tomorrow) à Lowndes. Son sous-titre : A personal survey of the fiction in Grensback magazines, indique bien son objet, nous inviter à une promenade personnelle dans les premiers textes de SF. Elle prend la forme d'une chronologie (un chapitre par année) où l'auteur s'arrête sur les nouvelles qu'il estime marquantes.
L'ouvrage est particulièrement riche en appendices puisque qu'il nous offre tout d'abord sur une dizaine de pages les souvenirs de Charles D. Hornig, le rédacteur en chef de Wonder stories. On trouve ensuite divers index consacrés aux publications de Gernsback, le premier pour les magazines non strictement SF, le second pour les différents Amazing Stories (jusqu'en 1929 quand le titre est vendu), le troisième pour la famille Wonder Stories et le dernier pour deux titres marginaux plus connotés policier. Suivent plusieurs pages de notes, une copieuse bibliographie et un index (noms propres et noms de revues seulement).
Voici un bel exemple d'un livre précurseur qui, à cause de divers aléas, arrive seulement en plein milieu de la bataille. Il s'agit ici du combat pour la réhabilitation de Gernsback, une bataille menée par exemple par Westfahl (cf. The mechanics of wonder). Cet ouvrage, fruit d'un travail impeccable de la part de Ashley (comme d'habitude) est une excellente base de départ pour discuter sérieusement de ce personnage sur lequel tant de choses négatives sont dites, certaines justifiées mais d'autres venant du fait qu'il s'était fait des ennemis puissants et influents dans le genre (comme Wollheim).
Je serais plus réservé sur la partie écrite par Lowndes qui n'est pas un travail d'historien mais plutôt une appréciation personnelle rédigée à posteriori. Même si les avis sur les textes eux-mêmes sont à prendre avec un certain recul (on préfèrera Bleiler sur le même sujet), elle est en tout cas intéressante en conjonction avec le travail de Ashley car elle apporte des informations sur ce que l'on pourrait voir comme l'ambiance qui régnait dans le genre à l'époque. Une partie des annexes (les index) est par contre inutile de nos jours si ce n'est comme source de vérification. Au final un très bon livre qui avait, lors de sa conception, presque dix ans d'avance sur la réflexion historique relative au genre et qui permet de donner des éléments factuels et recherchés sur le "père" du genre.
Note GHOR : 3 étoiles
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08/01/2010
_Galaxy magazine : The dark and the light years_
Galaxy magazine : The dark and the light years : David L. ROSHEIM : 1986 : Advent : ISBN-10 0-911682-28-7 : 343 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait à sa sortie 15 USD pour un HC solide illustré en N&B avec jaquette qui semble être disponible en neuf chez NESFA (www.store.nesfa.org) qui stocke une partie des titres Advent.
Des trois principaux magazines américains de SF des années 50 à 80, Galaxy est certainement le plus directement connu des lecteurs français (les deux autres étant F&SF, Fiction en VF et Analog). Il est en effet celui qui a eu une édition dans notre pays qui était la plus proche de l'original, tant en termes de présentation que de contenu. Le seul point complexe étant l'existence successive de deux versions, une première série par les éditions Nuit & Jour suivie d'une deuxième série chez OPTA (65 puis 157 numéros sans compter les fantômes ou récupérations tardives).
Cet ouvrage est donc une histoire de la revue Galaxy, de son premier numéro (Octobre 1950) à son dernier (Juillet 1980). Il est divisé en deux parties en fonction du rédacteur en chef du magazine. La première est consacrée à l'ère Gold (1950-1961) et la seconde aux années suivantes qui ont vu se succéder plusieurs dirigeants avec une fréquence de plus en plus rapide (Pohl, Jakobsson, Baen et les autres). Ces grandes divisions sont ensuite découpées en chapitres plus petits (couvrant deux ou trois années). Dans chacun d'entre eux, Rosheim parcourt chaque numéro chronologiquement en présentant largement la couverture, les textes et tous les à-côtés de la vie du magazine, y compris les aspects économiques tortueux qui conduiront à l'arrêt de la revue. L'ouvrage est illustré d'un nombre non négligeable de reproductions de couvertures pleine page (en N&B sauf pour la première) et comporte une bibliographie (succincte) et un index (titres et auteurs) par ordre alphabétique.
L'ouvrage est d'une lecture agréable et informative malgré un certain nombre de digressions de la part de Rosheim sur des sujets connexes. Le souci est principalement un manque de ligne directrice précise. C'est tantôt une suite de résumé de textes, tantôt une tentative d'analyse critique plus approfondie ce qui provoque des ruptures dans la façon dont on peut appréhender le livre. On note la même instabilité quand à la couverture décidée par l'auteur. En effet, on pourrait croire qu'il a décidé de citer tous les textes parus dans le magazine, mais une courte recherche montre qu'il n'en est rien (il n'évoque parfois qu'une seule nouvelle ou serial pour un numéro complet qui contient entre six et sept textes). Comme on ne sait pas trop sur quels critères il se base, on peut penser que son histoire du titre est partielle (ou partiale).
Il faut donc prendre en compte ce mélange d'histoire factuelle et d'histoire personnelle parfois reconstituée (Rosheim nous livrant par exemple ses réactions réelles ou supposées face à telle ou telle couverture ou nouvelle) qui demande un certain tri pour extraire de l'ouvrage les données objectives. On pourra aussi regretter que l'auteur n'ai pas profité de son travail de "décorticage" pour fournir un véritable travail bibliographique sous forme d'un index complet de la revue, même s'il existe maintenant de tels outils. Malgré tout, c'est un ouvrage intéressant qui apporte parfois un éclairage bienvenu sur les tristes dernières années de la revue.
Note GHOR : 2 étoiles
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