11/11/2009
_100 Must-read fantasy novels_
100 Must-read fantasy novels : Stephen E. ANDREWS & Nick RENNISON : A&C Black (série Bloomsbury Good Reading Guides) : 2009 : ISBN-13 978-1-4081-1487-2 : xxx+ 178 pages (y compris index et annexes) : bien moins d'une dizaine d'Euros pour un petit livre de poche, disponible chez l'éditeur (http://www.acblack.com/).
Ce petit (moins grand qu'un poche) est le frère de 100 Must-read science fiction novels (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/03/24/100-must-re...). Sous la plume des mêmes auteurs, paru chez le même éditeur et dans la même collection, lui se consacre à la Fantasy. C'est donc aussi un petit guide de lecture visant à fournir au néophyte une liste de textes "de base", qu'ils soient littérairement excellents ou importants pour le genre en question ou son évolution.
Le livre débute par une intéressante introduction qui délimite le champ de la Fantasy comme intégré dans le "Fantastic" mais distinct des deux autres branches que sont la SF et l'Horreur. L'essentiel du livre est donc constitué par les 100 fiches consacrées chacune à un livre. S'agissant de Fantasy, ce sont surtout des romans et souvent des romans qui font partie de séries à rallonge. Ces notules sont classées par ordre alphabétique d'auteur (avec un seul livre par auteur sauf pour Moorcock et Tolkien qui ont droit à deux titres). Les ouvrages sont résumés, évalués et placés dans leur contexte (du genre ou dans la carrière de l'auteur) en une page. A la fin de chaque entrée, des pistes de lectures (autres ouvrages du même auteur, ouvrages stylistiquement ou thématiquement proches) sont indiquées. Deux annexes (glossaire de la Fantasy et lauréats des WFA) ainsi qu'un index terminent le livre.
N'étant pas un spécialiste de la Fantasy (même si j'ai étonnamment lu une partie non négligeable des ouvrages cités), je ne suis pas le mieux placé pour donner un avis valable sur la sélection effectuée par les auteurs. Les principaux (Jordan, Martin, Brooks, Eddings, Donaldson, Tolkien, Pratchett, Peake) me semblent au rendez-vous ainsi que certains auteurs plus "confidentiels" pour ce genre (par exemple Brunner pour The travel(l)er in black).
Indépendamment de la qualité du livre, deux choses m'ont frappé. Tout d'abord c'est l'extraordinaire variété de ce qui est placé sous l'étiquette Fantasy dans le monde anglo-saxon tel que le voient les auteurs : la Fantasy telle que comprise en France (en gros la HF et la S&S), le merveilleux (style Oz), les fables animalières (Adams, Grahame), la fiction religieuse (Lewis, Chesterton), l'étrange (King, Finney), les trucs inclassables (Borges, Calvino, Murakami), le New Weird (Miéville), les "lost-race novels" (Hyne) et même la SF pur sucre (Lord Valentine's castle, mais voir aussi ci-dessous).
Le deuxième point, qui n'est pas nouveau, est que l'on ne peut constater les très fortes imbrications entre la SF et la Fantasy. Mêmes auteurs (Aldiss, Anderson, De Camp, Dickson, Le Guin, Merritt, Moore, Silverberg, Swanwick, Vance, Wolfe, Zelazny) et aussi mêmes oeuvres (Replay, The dying earth, A voyage to Arcturus). On trouve là matérialisé le manque d'autonomie théorique (pour des raisons historiques ou liées aux modes de production et de consommation du genre) de la Fantasy, un genre qui ne deviendra autonome que lorsqu'il développera ses propres outils théoriques.
Au final un petit guide bien sympathique sur un genre (un peu trop ?) protéiforme.
Note GHOR : 1 étoile
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10/11/2009
_Encyclopedia of science fiction_ (Holdstock)
Encyclopedia of science fiction : Robert HOLDSTOCK (consultant editor) : 1978 : Octopus Books : ISBN-10 0-7064-0756-3 : 219 pages (+ index non paginés) : coûtait une dizaine de GBP pour un grand HC (normalement avec jaquette), largement illustré en couleurs.
Faisant partie de la vague des encyclopédies sur la SF de la fin des années 70 (voir celles de Ash, Nicholls ou Gunn), cet ouvrage était positionné plus comme un "Beau Livre" que comme un outil pour le chercheur. Il est à remarquer que son éditeur était d'ailleurs inconnu dans le monde de la SF (même si Hamlyn, qui semble faire partie du même groupe en a publié). Sous la direction de Holdstock, il rassemble la plupart des grandes plumes britanniques de la réflexion sur le genre (Ashley, Moore, Edwards) ainsi que des auteurs appelés à être connus (Harrison, Priest, Stableford).
A la différence d'autres ouvrages du même type, cette encyclopédie n'est pas organisée par ordre alphabétique. A la place, on y trouve une douzaine d'essais d'au maximum une vingtaine de pages, chaque essai abordant une facette du genre. Une partie d'entre eux sont plus à dominante historique (les débuts du genre, la new wave, l'époque contemporaine de la rédaction de l'ouvrage), certains sont thématiques (les robots, les extraterrestres) et d'autres partent dans diverses directions (les magazines, la sf dans le monde, le cinéma, la prospective). D'une façon assez surprenante pour un tel ouvrage, plusieurs courts articles sont fournis en annexe : sur les collectors du genre, sur le fandom, sur les pseudonymes, les prix, les magazines (sous forme d'une checklist des magazines), les principaux films, les conventions. Un index termine cette encyclopédie.
Un aspect essentiel de cet ouvrage est sa remarquable iconographie. Mise en valeur par un papier de qualité et une reproduction sans défauts (certaines pièces étant toutefois reproduites dans une sorte de sépia), celle-ci occupe la moitié du livre avec une alternance de pleines pages et de vignettes de tailles diverses. La proximité des compilateurs avec l'école de l'illustration britannique alors dominante permet aussi de présenter souvent les illustrations telles que créées par les artistes et non telles que reproduites sur les couvertures (c'est à dire débarrassées des éléments externes à l'image). Chacune des illustrations est légendée (mais non indexée).
Cet ouvrage n'étant pas une étude pointue du genre, le texte est largement suffisant pour une présentation de la SF à destination d'un public plutôt néophyte. Vu la qualité des auteurs, il réserve même quelques agréables surprises à l'amateur. Pour qui connaît le genre, l'essentiel du plaisir vient de l'iconographie qui est somptueuse même si on peut lui reprocher une orientation britannique très marquée (et accessoirement de ne pas toujours attribuer les illustrations aux ouvrages). Une promenade visuelle très agréable même si elle n'est clairement ni novatrice ni très détaillée.
Il est à noter que ce livre sera traduit en français et publié par CIL en 1980 (ISBN 2-7318-0001-1) dans le même format (HC avec jaquette) sous le TF de Encyclopédie de la science-fiction. On remarquera que, pour l'édition française, une partie des annexes a été modifiée avec l'inclusion d'un panorama de la SFF (dû à J. F. Jamoul) qui remplace la partie sur les pseudonymes et les collectors.
Note GHOR : 1 étoile
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09/11/2009
_Encyclopedia of science fiction_ (D'Ammassa)
Encyclopedia of science fiction : The essential guide to the lives and works of science fiction writers : Don D'AMMASSA : 2005 : Facts on File (série "Literary movements") : ISBN-10 0-8160-5924-1 : v+538 pages (y compris annexes et index) : coûtait 65 USD pour un HC sans jaquette, se trouve maintenant en neuf chez l'éditeur pour 75 USD (http://factsonfile.infobasepublishing.com/).
Don D'Ammassa est relativement peu connu en France où seulement moins d'une demi-douzaine de ses nouvelles ont été traduites (essentiellement de l'horreur). C'est pourtant un personnage important du monde la SF aux USA : auteur de romans et nouvelles, chroniqueur (pour SF Chronicle et Locus, entre autres) et historien du genre. Il s'attaque ici à la rédaction d'une encyclopédie de la SF dont l'éditeur (Facts on File) permet de déterminer que les clients ciblés sont les bibliothèques scolaires. A noter que, comme le précise le sous-titre de l'ouvrage, il s'agit d'un livre qui ne traite strictement que de la SF littéraire. Autre point intéressant, il s'agit là de l'oeuvre d'un seul homme, chose rare pour une encyclopédie.
On trouve dans cet ouvrage l'organisation des encyclopédies "classiques" à savoir une suite d'entrées par ordre alphabétique. L'originalité de D'Ammassa est le fait qu'il ne propose que deux types d'entrées : le premier est celui par auteur où il nous présente en deux pages maximum la vie et l'oeuvre d'un certain nombre (deux ou trois centaines à l'estime) d'entre eux; le second (plus original) est constitué d'entrées consacrées à des textes précis (nouvelles, romans ou cycles). Pour illustrer ce principe, les cinq premiers articles du livre sont : Adam Link, Robot (fix-up de Eando Binder), ADAMS Douglas, ALDISS Brian, All pieces of a river shore (nouvelle de Lafferty) et All the troubles in the world (nouvelle d'Asimov). La présence de ces dernières entrées permet en particulier à l'auteur d'aborder des auteurs qui n'ont pas droit à une notule propre, comme par exemple Christopher Anvil qui n'est présent que grâce à sa nouvelle Bill for delivery (qui fait partie de la série Interstellar Patrol).
Cette encyclopédie offre un nombre non négligeable d'annexes : un assez court glossaire des principaux termes propres à la SF (de Alternate history à Utopian novel); une liste des gagnants des prix Hugo et Nébula (jusqu'en 2003); une bibliographie complète (plus de soixante pages) des auteurs ayant une entrée à leur nom qui couvre les livres appartenant au genre; une succincte (deux pages) bibliographie secondaire et enfin un index général.
Quand on pense que tout cela n'est l'oeuvre que d'une seule personne, on ne peut qu'être impressionné par les connaissances rassemblées par l'auteur. Cet élément assure aussi une nette continuité de ton et surtout de standards d'évaluation (que l'on soit d'accord ou non avec les avis de l'auteur), un point appréciable même s'il peut nuire à une certaine diversité. L'idée de parler des textes est une très bonne chose (à mon avis bien sûr) surtout que les choix de D'Ammassa sont très éclectiques dans ce domaine, couvrant toutes les longueurs (de la short story de Knight) à la série en 15 volumes (Sector general) et allant des classiques obligés (Dune, Foundation) à des choses plus originales (Hawk among the sparrows, The gold at starbow's end) voire même exotiques (la traduction en anglais de Les animaux dénaturés de Vercors).
Comme d'habitude, on pourra toujours jouer au jeu des oubliés (Busby, Garrett, McIntosh) ou des présents surprenants (Hersey, Robb, Service, les deux derniers étant des auteurs de juveniles). Comme souvent, le point le plus gênant dans les choix effectués concerne les auteurs récents qui ont été révélés après la sortie du livre (Stross étant l'exemple type). Sur le fond, on peut aussi regretter l'absence d'articles thématiques ou historiques mais c'est un choix clair de l'auteur.
Un ouvrage certes moins volumineux et moins riche en information que le Clute & Nicholls, mais qui est plus récent (et qui couvre lui la période fin 90/début 00) et qui vient en parfait complément, en particulier par son traitement individuel de certains textes qui, même s'ils ne sont pas des chefs d'oeuvres, restent dans la mémoire collective des amateurs du genre.
Note GHOR : 3 étoiles
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30/10/2009
_The encyclopedia of science fiction_ (Nicholls, 1ère version)
The encyclopedia of science fiction : Peter NICHOLLS (General editor) & John CLUTE (Associate editor) : 1981 : Granada (Panther) : ISBN-10 0-586-05380-8 : 672 pages : coûtait 5 GBP pour un TP épais et illustré en N&B, assez peu disponible sur le marché de l'occasion.
Tout d'abord, il me faut préciser de quel livre je parle. En effet, il existe un nombre important d'ouvrages qui ont des titres assez proches comportant les mots "Encyclopedia" et "Science Fiction". On pensera aux 3 Tuck (qui ajoutent la Fantasy dans leur intitulé), aux variantes adjectivales ("Visual" de Ash, "Ultimate" de Pringle, "New" de Gunn, "Illustrated" de Clute voire "Mammoth" de Mann) ou aux presque homonymes purs (Holdstock qui diffère par l'absence de l'article défini dans le titre). Il s'agit là de livres qui n'ont aucun rapport avec celui-ci qui est en fait un peu leur père à tous (sauf des Tuck qui sont antérieurs).
Cette encyclopédie est donc initialement sortie en 1979 en HC chez Granada (en Grande-Bretagne donc) et a été publiée aux USA par Doubleday la même année en HC sous le titre inversé de The science fiction encyclopedia (avec une illustration différente inspirée d'une couverture de Frank R. Paul). Ces deux éditions ont été complétées en 1981 par des versions TP moins chères comme celle-ci (la britannique). Une deuxième version sortira en 1993 avec globalement les mêmes personnes et rencontrera encore plus du succès en devenant l'ouvrage de référence standard. Une monstrueuse troisième version électronique a été lancée en 2005 (avec l'appoint de David Langford et Graham Sleight) et semble de nouveau avancer après un certain hiatus (voir http://sfe3.org/ site récemment mis à jour).
En matière d'organisation, on a logiquement un classement alphabétique des entrées (de Vance AANDAHL à Jerzy ZULAWSKI). Celles-ci sont d'une longueur variable (plusieurs pages pour les plus importantes) et sont mises en page sur trois colonnes. Synthétiquement on trouve plusieurs types d'entrées : 1) les personnes : auteurs, cinéastes, acteurs, illustrateurs (avec une couverture visant l'exhaustivité pour les premiers) 2) les thèmes (de Absurdist SF à Women), 3) les oeuvres, considérées individuellement (films, séries TV, comics), 4) les magazines (fiction et non-fiction et y compris certains fanzines influents) et 5) le reste (concepts propres au genre, fanspeak, prix, organisations...). Chaque entrée est signée par l'un des nombreux collaborateurs impliqués dans le projet et se trouve parfois illustrée en N&B par des images allant de la vignette (photo de l'auteur, couverture de magazine) à la (rare) pleine page. On notera un système de références croisées qui permet de naviguer dans l'encyclopédie.
Ce livre a reçu le Hugo 1980 du "Best non-fiction book" (c'était l'intitulé de la catégorie à l'époque) et il faut avouer que la récompense est largement méritée. Il s'agit d'un travail tout simplement colossal d'une grande qualité (les auteurs des entrées forment le gratin des connaisseurs du genre) et surtout d'une exhaustivité inconnue jusqu'alors. Pour le domaine francophone, il suffit de constater que l'encyclopédie contient des entrées pour Carsac, Curval, Henneberg, Jeury, Klein, Sternberg, Ruellan, Drode, Merle, Douay, Versins, Sadoul, Andrevon, Walther (le tout en 1979) pour mesurer la pertinence et la qualité de l'ensemble.
Même s'il est parfois un peu difficile à lire (trois colonnes de texte par page et police de caractère petite) et logiquement daté, cet ouvrage est une acquisition obligatoire. En effet, une partie des entrées seront éliminées dans la version suivante qui, malgré un nombre de mots supérieur, sera forcée de procéder à un élagage sévère qui touchera surtout les auteurs les moins connus ou les moins productifs. A ce titre on ne peut pas dire que cette édition est remplacée purement et simplement par la suivante puisque des informations ne se trouvent que dans celle-ci. Pour atteindre l'exhaustivité, il est donc obligatoire de posséder les deux versions, un phénomène que l'on retrouve par exemple avec les Anatomy of wonder de Barron.
Un indispensable (et vieux) compagnon de recherche qui doit donc être présent dans toute bonne bibliothèque sur le genre.
Note GHOR : 3 étoiles
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28/10/2009
_Microworlds _
Microworlds : Stanislaw LEM : 1986 (reprise d'un HC paru en 1984) : Harcourt Brace Jovanovich : ISBN-10 0-15-659443-9 : 285 pages (y compris bibliographie de Lem, pas d'index) : coûtait 6 USD pour un TP, se trouve d'occase aisément.
Cet ouvrage est donc la réédition en format plus accessible d'un ouvrage initialement paru en 1984 en format relié chez le même éditeur, celui qui publiait la SF de Lem aux USA. Stanislaw (Stanislas en VF) est le principal auteur de SF polonais et en tout cas le seul qui ait une renommée qui dépasse les frontières de son pays. A la fois auteur (assez à la mode dans les milieux académiques dans les années 80) et théoricien du genre, il reste actuellement plutôt inconnu de la majorité des amateurs du genre.
Ce livre est un recueil de textes datant des années 70 (sauf trois plus récents) lorsque Lem, principalement grâce aux efforts de son traducteur et agent Franz Rottensteiner, a percé sur la scène de la SF mondiale (lire US). Il contient dix essais de longueur variable (du moins de dix à soixante pages) qui ont pour particularité d'être traduits en anglais à partir de diverses langues (il s'agit donc parfois de traductions de traductions). Parus généralement dans la revue Science Fiction Studies, ces textes comportent un segment autobiographique, diverses considérations sur la SF, des articles thématiques (la cosmologie dans la SF, les récits de voyages dans le temps) ou se concentrent sur des textes (Stalker) ou des auteurs précis (Dick, Borges). Une bibliographie des écrits de Lem sur le genre se situe en fin d'ouvrage, lequel ne comporte pas d'index.
Les amateurs d'histoire de la SF savent que Lem a un lourd contentieux avec le genre ou du moins avec les pratiquants américains de celui-ci (voir "The Lem affair" sur le net). La lecture de ce livre, délibérément polémique (aux dires de Lem) mais au final plutôt simplement puant, permettra d'en comprendre les raisons. Il commence assez fort, par une autobiographie dont la modestie ferait paraître Asimov comme un modèle de retenue. On y apprend incidemment que le QI de Lem est de 180 et qu'il est, semble t-il, l'enfant le plus intelligent de tout le sud de la Pologne. Héros de la Résistance, homme de lettres, homme de science, se comparant à Einstein, des esprits chagrins pourrait trouver le choix de carrière d'écrivain de SF un peu surprenant de la part d'un homme aussi doué.
Les deux textes suivants (les plus longs du recueil) sont une attaque au vitriol de la SF (américaine, les britanniques n'étant, dans une optique assez typique du bloc communiste, que de simples supplétifs des Yankees). Pour faire court, les écrivains de SF sont des prostituées, le genre une maison close à la solde d'éditeurs-souteneurs (il s'agit là exactement des mots de Lem qui semble manifester un certaine obsession pour la chose péripatéticienne), les lecteurs une bande de débiles et les fans ou les commentateurs du genre (Blish, Knight) un troupeau d'idiots qui singent les protocoles de la grande littérature. Heureusement qu'il y a la sainte trinité formée de Dick, Borges et les Strougatsky qui est la seule à pouvoir nous extraire de notre fange. On pourra donc comprendre aisément qu'un tel discours, qui franchit allègrement les bornes de la correction, ait pu provoquer une certaine ire au sein de la SFWA qui expulsera d'ailleurs Lem de ses rangs.
Sur le fond, les reproches de Lem ne sont ni dénués d'une certaine réalité, ni très originaux (voir par exemple Malzberg ou même Knight pour la croisade anti Van Vogt) mais la manière est particulièrement (délibérément ?) insultante pour l'ensemble des acteurs du genre (chacun est vilipendé à son tour), une attitude qui ne favorise guère le débat. La première idée qui vient à la lecture est d'ailleurs de penser qu'un personnage qui a su se tailler une si belle place au sein du monde officiel des lettres d'une dictature communiste est sûrement un expert es putasseries et compromissions. De plus, l'argumentaire de Lem sur les turpitudes de la SF US est parfois un peu léger et donne l'impression d'être plus une déduction de seconde main que le résultat d'une connaissance réelle. Il est par exemple assez surprenant de voir Dick et Van Vogt comparés à longueur de pages (le second étant bien sûr le plus mauvais des deux) sans que le bête fait que leurs oeuvres aient des décennies d'écart ne soit mentionné. On passera aussi sur le couplet laudatif obligatoire relatif aux Strougatsky écrivains d'un pays frère.
Au final un livre que sa stridence dessert et qui n'améliorera pas l'image de Lem désormais plus attachée à un film où on voit les fesses de George Clooney qu'à ses oeuvres littéraires. Une remarque peu élégante de ma part mais bien du niveau de cet ouvrage.
Note GHOR : 0 étoile
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