19/04/2010
_Lost in space : Geographies of science fiction_
Lost in space : Geographies of science fiction : Rob KITCHIN & James KNEALE (editors) : 2002 : Continuum : ISBN-10 0-8264-5731-2 : xii+211 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 30 USD pour un TP avec quelques illustrations, existe aussi en HC (-5730-4).
Cet ouvrage est un recueil d'essais placé sous le double patronage de la Géographie et de la Science-Fiction. Son pitch est que la SF ouvre un nouvel espace qui rend le réel malléable (et dont le cyberspace est l'exemple type), un espace qu'il est donc possible de cartographier. Qui dit cartographie dit géographes et c'est sûrement cela qui explique que la quasi-totalité des textes soient écrits par des professeurs (on est étonné par la diversité des titres) ou des thésards anglo-saxons de ce domaine universitaire.
Après une préface de Michael Marshall Smith, ce recueil rassemble douze essais de taille variable (entre dix et vingt pages) dont une partie sont écrits à quatre mains. Ils abordent une grande variété de sujets (les uchronies, l'espace urbain, la nourriture et les OGM) en se focalisant sur un auteur précis (Ballard, Stephenson), une oeuvre (The diamond age, la trilogie Mars, He, she and it, Frankenstein) ou un domaine précis (le cinéma de SF, le cinéma de SF d'horreur). Une certain nombre d'illustration N&B (essentiellement des cartes) agrémentent le livre. Une copieuse bibliographie (dix pages) ainsi qu'un index sont fournis à la fin de l'ouvrage.
Je dois avouer que c'est un livre dont je n'ai gardé strictement aucun souvenir. Après une rapide re-lecture, je suis en mesure de comprendre pourquoi. Il y a tout d'abord le fait que l'immense majorité des intervenants est loin d'être constituée par des spécialistes de la SF, ce qui produit un effet assez fréquent dans cette configuration, à savoir que chacune des contributions n'est pas "centrée" sur la genre mais dérive très rapidement vers les domaines de compétence ou d'intérêt des auteurs, ce qui nous vaut par exemple de longues digressions sur les débuts du cinématographe sur le plan technique. Ce n'est, dans l'absolu, pas inintéressant mais est simplement "hors sujet", une erreur que ces professeurs doivent pourtant rencontrer à longueur de copies.
Dans ces conditions, l'ensemble du livre donne une impression de fourre-tout généralisé qui mêle tout ce qui peut être rattaché à la SF d'une façon plus ou moins lâche. Il n'y a d'ailleurs pas grand lien avec la géographie dans certains essais comme le montre la présence d'un texte sur les OGM ou d'une lecture féministe du roman de Piercy (et en plus c'est d'une originalité folle). Cette absence complète d'unité peut amener à se poser la question du pourquoi d'un tel livre dont le foisonnement et l'impression d'amateurisme qu'il dégage ont tendance à masquer les textes les plus pertinents, ce qui est dommage.
Note GHOR : 1 étoile
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16/04/2010
_Lost in space : Probing feminist science fiction and beyond_
Lost in space : Probing feminist science fiction and beyond : Marleen S. BARR : 1993 : The University of North Carolina Press : ISBN-10 0-8078-4421-7 : xi+230 pages (y compris index et bibliographie après chaque chapitre) : coûtait une trentaine d'USD pour un TP non illustré, existe en HC (-2108-X).
Ce livre rassemble une partie des textes de Marleen S. Barr. Pour ceux qui ne suivent pas, cette dame est une universitaire américaine (Professeur d'anglais en Virginie à l'époque de la parution de cet ouvrage) dont les spécialités sont la SF et le féminisme et donc particulièrement la SF féministe qu'elle voit comme une des composantes d'un ensemble plus grand de son invention : la "feminist fabulation". Elle a d'ailleurs écrit plusieurs ouvrages sur le sujet et se charge souvent de traiter cet aspect des choses dans les ouvrages "généralistes" comme le Companion to science fiction de Seed.
Ce recueil commence par une préface de Marge Piercy et contient donc une douzaine d'essais dont une bonne moitié ne sont pas inédits et proviennent de divers magazines universitaires, y compris Extrapolation. Ils sont classés dans un ordre vaguement chronologique d'écriture et divisés en deux parties en fonction du fait qu'ils aient été écrits avant ou après l'invention par Barr du concept de "feminist fabulation". Chacun d'entre eux se concentre sur un petit nombre de textes d'un petit nombre d'auteurs (Charnas, Russ, Le Guin, Tiptree, Piercy, Butler, Atwood) en cohérence avec les thèmes des publications pour lesquelles ils ont été écrits. Un index termine le livre qui offre aussi deux ou trois illustrations en N&B.
C'est toujours un exercice très casse-gueule que de se livrer à la critique d'un livre engagé et militant pour une noble cause (ici l'égalité homme/femme et l'harmonieux développement de chacun) tant il est aisé de confondre une critique de l'oeuvre avec celle des idées qu'elle défend. Malgré tout, je dois dire que j'ai trouvé cet ouvrage médiocre, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il y a un côté à la fois donneur de leçon et surtout très prétentieux chez l'auteur. Son idée de "Feminist Fabulation" est quand même assez simple : un sur-ensemble littéraire féministe qui ressemble SF, Fantasy, Utopie et Mainstream (on pourrait alors simplement parler de "Fiction Féministe") et son attachement à défendre ce concept un peu lourd (elle y reviendra d'ailleurs dans le livre de Seed).
Mais c'est surtout le manque d'originalité de l'ensemble qui est décevant. On y retrouve tous les clichés de l'histoire de la SF revisitée à la sauce féministe, avec la même petite douzaine d'actrices, la même petite trentaine de textes (et encore) et les mêmes péripéties maintes fois racontées autour des feux de camp : Au début, il n'y a rien que le néant où quelques femmes se cachent sous des pseudonymes masculins ou asexués. Heureusement, dans les années 60 de courageuses amazones arrivent et enfoncent les portes de cette citadelle masculiniste. Après une résistance acharnée, le genre s'incline devant tant de génie quand il s'aperçoit que Tiptree Jr. est une femme et décerne alors les plus hauts honneurs à ces conquérantes. Finalement, la SF devient alors une simple annexe de la littérature féministe. C'est un bla-bla mille fois rabâché qui emprunte tous les passages obligés (The female man, Woman on the edge of time, The handmaid's tale) sans en oublier aucun. Ce n'est pas que ce n'est pas bien écrit ni fondamentalement faux (quoi que les analyses de Barr sont parfois contredites même dans son camp), c'est juste que la lecture de ce livre est une simple perte de temps. Il s'agit d'une n-iéme resucée d'une histoire fantasmée et toilettée pour la rendre exemplaire, une soigneuse construction idéologique au service d'une belle idée mais en tout cas ce n'est pas un document fiable ou intéressant sur le genre.
Note GHOR : 0 étoile
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02/04/2010
_Jeunesse et science fiction_
Jeunesse et science fiction : Christian GRENIER : 1972 : Magnard (collection "Lecture en liberté") : pas d'ISBN : 122 pages (y compris index) : coûtait quelques Francs pour un TP format à l'italienne, parfois trouvable d'occase.
On ne présente plus Christian Grenier dans le milieu de la SF francophone destinée à la jeunesse. A la fois professeur, auteur et théoricien, il y occupe une place centrale. Cet ouvrage est l'une des premières tentatives de sensibiliser le monde enseignant aux potentialités de la SF en tant qu'instrument de diffusion de la lecture et ce d'autant plus que ce genre était (est ?) l'un des favoris de la jeunesse. Ce type d'ouvrage existe aussi chez les anglo-saxons avec diverses titres ou séries à destination des enseignants et des bibliothécaires, catégories considérées comme regroupant les principaux prescripteurs.
Ce guide se divise en plusieurs parties distinctes. La première ("Science-fiction") se livre au classique jeu de la définition du genre et plus particulièrement de sa composante jeunesse. La deuxième ("Les jeunes") consiste en l'étude d'une enquête menée auprès d'une centaine d'élèves parisiens sur leurs lectures et plus particulièrement sur la Partie SF de celles-ci. La troisième ("Les grands thèmes") déroule les principaux thèmes du genre alors que la quatrième ("Les éditeurs, les collections") fait de même avec l'offre éditoriale existante à l'époque. Enfin, la dernière et plus grosse partie (la moitié du livre) "Sélection" présente, classe (par sous-genre ou par accessibilité), évalue et résume un ensemble de livres choisis par l'auteur. Un index et une (logiquement) très courte bibliographie secondaire clôturent l'ouvrage.
Plus que l'étude sociologique sur les pratiques littéraires des adolescents dont la pertinence éventuelle est annihilée par les quarante ans qui nous séparent de ce livre, le point le plus intéressant de cet ouvrage est le portrait "en creux" qu'il dressait de l'état de la SF pour la jeunesse dans notre pays. Globalement, le constat était à l'époque assez alarmant. En effet, il est frappant de constater que dans la liste de titres proposés par Grenier une bonne moitié sont des ouvrages qui n'ont pas l'étiquette "juvenile" et sont d'ailleurs parus dans des collections pour adultes (OPTA, FN, J'ai Lu, Marabout), certains étant d'une difficulté certaine (Billenium de Ballard ou La nébuleuse Andromède d'Efremov étant parmi les plus marquants dans cette optique).
S'il est vrai que l'on a souvent affirmé que les lecteurs de SF sont plutôt précoces et basculent rapidement sur des oeuvres étiquettées adultes (ou du moins sans préconisation d'âge de lecteur), on pourrait conclure à partir des choix de Grenier qu'il s'agit là d'un état de fait plutôt subi faute d'une offre suffisante (en quantité et/ou en qualité). Ceci contraste défavorablement avec la vitalité du segment des juveniles dans le monde anglo-saxon. Mais là n'est pas le propos de Grenier qui fait de son mieux avec un matériau disponible limité. Au final un livre peu exploitable de nos jours (ne serait-ce que par l'indisponibilité de certains titres) qui vaut surtout par sa photographie d'un passé finalement assez différent qui évoluera d'ailleurs fortement dans les années suivantes.
Note GHOR : 1 étoile
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26/02/2010
_Immortal engines : Life extension and immortality in science fiction and fantasy_
Immortal engines : Life extension and immortality in science fiction and fantasy : George E. SLUSSER, Gary WESTFAHL & Eric S. RABKIN (editors) : 1996 : University of Georgia Press : ISBN-10 0-8203-1733-0 : xvii + 243 pages (y compris index) : coûtait 20 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC (-1732-2).
Ce volume, même s'il a été publié par un éditeur différent de l'habitude (qui est généralement SIUP), fait partie de la série des minutes de la J. Lloyd Eaton Conférence, un rassemblement thématique d'universitaires autour de la SF et de la Fantasy qui a lieu aux USA tous les ans. Sont recueillis ici 19 essais parmi ceux qui ont été présentés lors de la 14ème conférence en 1992. Cette année-là, le thème choisi était celui de l'immortalité, à la fois sous l'angle de son traitement littéraire et des possibilités offertes par la science. Les contributeurs sont recrutés parmi l'équipe habituelle même si l'on note une moindre présence des auteurs de SF.
Après une habituelle introduction, l'ouvrage est divisé en trois parties assez inégales (de trois à dix essais). La première (et la plus courte avec trois essais), "Approaches to immortality" se consacre plutôt à la définition de la problématique et cartographie les approches possibles de l'immortalité. La deuxième, "Science and immortality" (6 essais) est plus dans une optique de prospective scientifique en parcourant les moyens éventuels de vaincre la mort (cryogénie, transfert de conscience ou survie virtuelle). La dernière (dix textes) illustre tout cela en s'intéressant à des oeuvres de SF (romans mais aussi jeux vidéo). Un index clôture l'ouvrage.
Malgré un sujet potentiellement intéressant (et relativement borné), ce recueil d'essais souffre clairement d'un manque de ligne directrice. Donnant parfois l'impression d'être à mi-chemin entre l'ouvrage de vulgarisation scientifique et de la causerie sur la mort, on pourrait trouver ue la SF est parfois reléguée au marges des discours. Certes les articles sur Peter Pan (Lundquist) ou les jeux vidéo de la série Mario (Westfahl peu en forme) ne sont pas déplaisants mais sont assez loin du coeur du genre. Idem pour les calculs de rentabilité du capital en cas de cryogénisation (Blake) ou le focus sur des textes italiens plus proches du mainstream (Frongia).
Au final un ouvrage qui dit parfois des choses intéressantes et argumentées sur le genre (que les auteurs semblent plutôt bien connaître) amis qui n'arrive pas à organiser tout cela en un discours construit et cohérent. mais c'est probablement là le sort de ce type d'ouvrage à une quarantaine de mains.
Note GHOR : 2 étoiles
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25/02/2010
_Imaginary worlds : The art of Fantasy_
Imaginary worlds : The art of Fantasy : Lin CARTER : 1973 : Ballantine (collection "Adult Fantasy" #58) : ISBN-10 0-345-03309-4 : 278 pages (y compris bibliographies et index) : coûtait 1.25 USD pour un PB (non illustré) qui se trouve d'occase à des tarif assez élevés.
Cet ouvrage est paru dans la célèbre collection à la licorne de Fantasy "Adulte" de Ballantine. Cette collection a été une des sources du renouveau (ou de la respectabilisation) de ce genre au début des années 70 dans la foulée de la (re)découverte de Tolkien. Carter, déjà auteur de plusieurs séries dans ce domaine (Thongor et autres Conan en collaboration) et d'études sur Tolkien ou Lovecraft a inséré dans la collection qu'il dirigeait cet ouvrage de synthèse sur la Fantasy, le seul titre de non-fiction qui y sera publié.
Les onze chapitres qui composent ce livre se divisent en deux parties inégales. Après une introduction, la première et plus importante constitue une histoire du genre en huit chapitres chronologiques qui commence avec William Morris et qui se termine avec Evangeline Walton. La seconde est plus technique puisque les trois chapitres qui la composent abordent divers points de la construction de mondes imaginaires (magie, flore & faune, géographie, noms...). Le livre se termine par les notes relatives aux onze chapitres (dont certaines font quand même deux pages), une bibliographie secondaire détaillée par auteur ou thème, une bibliographie spécifique à la collection "Adult Fantasy" dont fait partie le livre et un index thématique.
Véritablement précurseur, cet ouvrage peut encore se lire actuellement même si la Fantasy occupe désormais une place nettement plus importante qu'il y a presque quarante ans. Cette production massive amène une complexité théorique accrue, ne serait-ce que par l'émergence de nombreux sous-genres, ce qui rend le tableau brossé par Carter (en gros High Fantasy et Sword & Sorcery) trop simpliste. Malgré tout, la partie historique reste pertinente et d'une lecture agréable qui permet de retrouver certains textes fondateurs ou simplement intéressants un peu oubliés de nos jours.
N'étant ni écrivain, ni très amateur de Fantasy, Je ne peux guère exprimer d'avis que la partie "technique", même si j'ai trouvé la partie consacrée aux noms propres (R'lin K'ren A'a, Tirouv Ompallios, Yog-Haggoth etc...) amusante. On a souvent reproché à Carter de se prendre comme exemple. C'est aussi le cas ici où l'on peut parfois détecter un léger parfum d'autopromotion (personnelle ou pour la collection qu'il dirigeait), un pêché somme toute véniel. Au final un livre à la partie historique originale (il n'existe guère de tentatives similaires) qui offre une bonne perspective sur les débuts du genre.
Note GHOR : 3 étoiles
09:06 | 09:06 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 3 étoiles, carter | Tags : anglais, 3 étoiles, carter