08/02/2010
_A history of the Hugo Nebula, and International Fantasy awards_
A history of the Hugo, Nebula, and International Fantasy awards : Donald FRANSON & Howard DEVORE : sans date (1984 ou 1985 pour cette édition) : Misfit Press : pas d'ISBN : 185 pages (y compris index) : se trouve (peu fréquemment) pour quelques Euros pour un TP aux pages presque oranges.
Voici un ouvrage qui existe sous de multiples variantes aux dates de parution différentes éditées par diverses small press (mais essentiellement Misfit Press comme ici). Ecrit par Fanson et DeVore (un des fans de la première heure), il s'agit de l'histoire (jusqu'en 1984) des principaux prix décernés au sein du genre : l'éphémère International Fantasy Award (1951-1957); le Hugo, prix à jury populaire (les inscrits à la Worldcon) qui débute en 1953 et le Nebula, prix à jury plus restreint (les membres de la SFWA) qui date de 1965. Malgré les critiques, les deux derniers, toujours décernés de nos jours représentent le graal de chaque auteur (anglo-saxon) de SF et constituent donc un des piliers du genre.
Le plan du livre est assez simple. Une première partie éclair (deux pages) est consacrée à l'IFA et donne le contexte et les quelques vainqueurs. Suivent quelques courts articles synthétiques sur les Hugos et Nebulas (création, règles, mode de scrutin). On trouve ensuite le coeur du livre : la liste chronologique des prix avec pour chacun et par catégorie les lauréats, les nominés et les pré-sélectionnés (dans les cas de certaines années du Nebula). On trouve parfois (quand l'info existe ou est accessible) les classements et/ou les nombres de voix ainsi que des informations ponctuelles (textes retirés, nombre de bulletins, changements divers). Un index par auteur (pour les écrits) ou par nom d'oeuvre (pour les films) termine l'ouvrage.
Voici un livre auquel on fait souvent référence tant les prix évoqués sont importants pour l'histoire et la vie du genre. Il existe d'ailleurs un nombre non négligeables d'ouvrages assez similaires (le Guillemette ou le Reginald) à la couverture et au niveau de détail variable. Un des points forts de celui-ci est la quantité d'information fournie dans certains cas puisqu'il y a par exemple des pages entières de nominés au Nebula.
Comme il s'agit surtout d'une compilation de données brutes, il n'y a pas grand chose à dire sur le texte écrit par Franson et DeVore. On regrettera simplement que la "petite histoire" parfois fascinante de ces prix ne soit pas plus développée et la date de parution assez ancienne qui restreint parfois l'utilisation pratique de cet ouvrage face à des concurrents plus récents.
Note GHOR : 2 étoiles
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05/02/2010
_The history of science fiction_ (Miller)
The history of science fiction : Ron MILLER : 2001 : Franklin Watts : ISBN-10 0-531-13979-4 : 144 pages : coûte 14 USD pour un TP au format carré illustré en N&B, doit pouvoir se trouver en neuf.
Cet ouvrage est écrit par Ron Miller, un auteur/illustrateur dans le domaine de la SF et de l'espace (voir son site : http://www.black-cat-studios.com/). Il s'agit d'un de ces ouvrages généraux qui ont pour objectif d'initier le lecteur néophyte ou simplement intéressé à la SF. Etant publié par un éditeur spécialisé dans les publications (qui fait partie du groupe Scholastic) destinés à la jeunesse, la cible visée ici est claire et le livre adapté à la tranche d'âge (je dirais à la louche les 12-15 ans) de par son côté aéré et la structure du discours.
L'ouvrage est divisé en huit chapitres d'inégale longueur. Le premier se plie à l'exercice imposé de la définition du genre, les trois suivants retracent l'histoire de la SF (qui commence à Lucien pour l'auteur). Le cinquième traite des grands thèmes abordés par la science fiction (des empires galactiques aux extraterrestres). Il est suivi par un traitement du genre à l'écran (Cinéma et TV) et de l'illustration. Le dernier chapitre concerne l'interaction entre la SF et la "vraie vie" (côté prophétique du genre, activités sociales en son sein). Plusieurs annexes terminent l'ouvrage : la liste des lauréats des Hugos et des Nebulas (romans seulement), une bibliographie d'ouvrages sur la SF (y compris des sites Internet) et de titres importants et un index. Le tout est largement illustré de pleines pages en N&B (couvertures, illustrations, photos de films).
Etant nettement trop vieux pour ce livre, mon regard n'est pas forcément le plus adapté. Il s'agit en tout cas d'un bon ouvrage d'initiation relativement exempt d'erreurs (on pourra toujours chipoter sur l'appartenance d'un livre de 1954 à la New Wave). Les points essentiels de l'histoire du genre sont présents et l'analyse de Miller extrêmement classique (précurseurs->proto->SF Gernsbackienne->âge d'or Campbellien->récession->New Wave->Cyberpunk) et passe bien par les points de passage obligés de toute histoire du genre (l'affaire Cartmill, le féminisme, Gibson...).
Au final un livre aéré, sympathique qui remplit parfaitement sa mission de fournir à de jeunes lecteurs un aperçu du genre dans son histoire et son étendue. Du coup, et sans vouloir enlever de ses qualités, cet ouvrage est strictement inutile à l'amateur un tant soit peu avisé.
Note GHOR : 1 étoile
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04/02/2010
_Historical dictionary of science fiction literature_
Historical dictionary of science fiction literature : Brian STABLEFORD : 2004 : The Scarecrow Press ("Historical dictionaries of literature and the arts" #1) : ISBN-10 0-8108-4938-0 : li+451 pages (y compris bibliographie secondaire) : coûtait 90 USD pour un HC non illustré, existe aussi en TP (-5397-3), disponible chez l'éditeur : http://www.scarecrowpress.com/Catalog/SingleBook.shtml?co....
Voici un ouvrage au projet assez classique. Edité par une maison à qui l'on doit un certain nombre d'ouvrages sur le genre et écrit par un des authentiques encyclopédistes de la science fiction, il s'agit donc d'un dictionnaire encyclopédique généraliste. En matière de couverture, il est consacré (comme son nom l'indique clairement) à la SF littéraire et exclut donc la TV et le cinéma mais aussi, étonnamment, les BD/comics. Géographiquement, l'ensemble des SF nationales est représenté, y compris la francophone, ce qui n'est guère surprenant au vu des états de service de Stableford qui a traduit de nombres textes de proto-SF en anglais.
Ce livre débute par plusieurs éléments de paratexte qui forment une partie assez volumineuse (une cinquantaine de pages) : préface, liste d'acronymes et d'abréviations, chronologie du genre (de 1726 avec Swift à 2003 avec Stross), introduction de Stableford (définition et esthétique du genre). Le gros de l'ouvrage est ensuite constitué de l'ensemble des entrées classées par ordre alphabétique (logique pour un dictionnaire). Relativement succinctes (les plus importantes ne dépassent que rarement une pages, la moyenne tournant autour d'une quinzaine de lignes), elles sont deux types : les fiches auteurs, constituées d'une bibliographie rapide plaçant les oeuvres dans les diverses catégories et évoquant leur intrigue (il y a parfois un court avis critique); et les entrées générales qui définissent les thèmes, concepts ou acteurs du genre. Une exhaustive (contenant des ouvrages en VF) bibliographie secondaire clôture l'ouvrage.
Il est immédiatement clair que cet ouvrage est bâti sur le modèle du C&N (The encyclopedia of science fiction), un projet auquel l'auteur a d'ailleurs participé. Même principe des entrées mélangeant les types, présentation similaire, système de renvoi vers certains termes identique, ton général proche. C'est une sorte de version "light" ce qui ne veut pas dire qu'il s'agisse d'un plagiat ou que Stableford soit moins pertinent, exhaustif ou factuel, c'est simplement un ouvrage plus "concentré" qui couvre un champ similaire en cinq fois moins de place.
A cause de sa maniabilité supérieure (format plus petit, solidité, pas de jaquette) c'est donc plus un ouvrage destiné à une consultation rapide mais néanmoins fiable qui ne sacrifie pas pour autant la qualité. Son autre point fort est d'être relativement récent, puisque l'on y trouve par exemple Chiang ou Dunyach. On notera aussi l'excellente et très copieuse bibliographie secondaire qui offre pas mal de pistes de recherche. Ce n'est donc pas un encyclopédie définitive du genre mais un outil d'appoint qui remplit parfaitement son rôle de cerner les acteurs principaux du genre.
Note GHOR : 3 étoiles
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02/02/2010
_Red planets : Marxism and science fiction _
Red planets : Marxism and science fiction : Mark BOULD & China MIEVILLE : 2009 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-6913-4 : 293 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 28 USD en neuf pour un TP non illustré, il semble exister un HC à 75 USD et une publication simultanée par Pluto Press.
Coédité par Mark Bould (un universitaire spécialiste du cinéma de SF) et China Miéville (un auteur britannique qui produit du "New Weird", une étiquette de sa création), cet ouvrage est un recueil d'essais inédits sur les rapports entre Marxisme et SF. Même si la coloration politique de la SF a toujours été assez difficile à déterminer malgré généralement une acceptation tacite du capitalisme (parfois sauvage), il a toujours existé, quelles que soient les époques, une frange du genre d'inspiration clairement marxiste, de London et Bellamy à MacLeod en passant par Reynolds (Mack), frange que cet ouvrage ambitionne d'explorer.
Ce recueil comporte 11 essais d'une vingtaine de pages chacun qui sont regroupés dans trois parties principales : la première (4 textes) traite de l'ambition utopique dans les ouvrages de tendance marxiste (littérature avec Le Guin et K. S. Robinson, cinéma avec Wenders); la deuxième (3 textes) se focalise sur la SF récente avec par exemple une discussion sur la Singularité ou sur Ken MacLeod; la troisième et dernière (4 textes) rassemble des textes sur la SF écrits dans une perspective marxiste. Une longue postface de Miéville fait ensuite le point sur l'état des lieux de la théorie marxiste de la SF (Suvin, Freedman, Jameson). Plusieurs volumineux appendices sont fournis : une longue (20 pages) liste brièvement commentée des oeuvres "de gauche" (textes et films), une liste d'ouvrages de référence sur le marxisme et/ou sur la SF et un index.
Autant le thème de ce recueil d'essais semblait à la fois séduisant, audacieux et original, autant le résultat final est décevant. En effet, ce livre illustre bien la problématique des ouvrages de référence sur le genre quand ils sont écrits par des intervenants plutôt extérieurs à celui-ci comme c'est la cas ici où la majorité des auteurs sont issus de la sphère universitaire des sciences sociales ou des départements d'Anglais "classiques". Il se produit un phénomène analogue à celui que l'on rencontre pour les minutes "Eaton conferences" qui est parfaitement illustré par le tout premier texte de Matthew Beaumont : sur les vingt pages de son essai (The anamorphic estrangements of science fiction) la majorité sont consacrées à une discussion du célèbre tableau de Holbein (Les ambassadeurs) et son fameux crâne anamorphique. Un vague lien n'est fait avec la SF (en fait avec la théorie Suvinienne du genre) qu'au moment où l'essai se termine.
De nombreux textes sont dans ce cas où l'auteur n'hésite pas à enfourcher son dada favori (que ce soit le film noir, la république de Weimar et la critique cinématographique, l'exploitation des animaux, les évènements de 1968, Le Corbusier, etc.) sur plusieurs pages avant de se rappeler qu'il doit parler de SF ce qui nous vaut généralement un violent retour final dans le genre avec force clichés et auteurs convenus (Le Guin, Atwood). Même les pratiquants du genre comme Miéville donnent particulièrement dans l'abscons avec un texte sur l'évolution des théories marxistes du genre qui n'est compréhensible que pour qui les connaît bien. Ce manque de connaissance du genre est d'ailleurs illustré de façon frappante par deux choses : l'absence presque complète de discussion de la SF des pays de l'Est (que l'on pourrait croire comme pertinente sur un tel sujet) et le fait qu'une infime (à la louche moins de 10%) partie des oeuvres listées en appendice sont ne serait-ce que simplement mentionnée dans les essais.
On peut toutefois sauver de ce livre la bibliographie, quelques bribes sur les nouveaux auteurs britanniques et le texte sur MacLeod (bien qu'il existe un ouvrage nettement plus approfondi sur le sujet). Un joli ratage qui montre que la réflexion sur le genre ne s'improvise pas si aisément que cela.
Note GHOR : 1 étoile
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27/01/2010
_C. M. Kornbluth : The life and works of a science fiction visionary_
C. M. Kornbluth : The life and works of a science fiction visionary : Mark RICH : 2010 : McFarland : ISBN-10 978-0-7864-4393-2 : 439 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 40 USD pour un TP (couverture assez fragile) agrémenté de quelques photographies en N&B, disponible chez l'éditeur : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-4393-2.
Cet ouvrage est dû à la plume de Mark Rich, un auteur de nouvelles de science fiction américain qui publie surtout dans Analog. Il est édité par McFarland qui a déjà sorti plusieurs biographies (Piper et Boucher). Celle-ci est donc consacrée à Cyril Kornbluth. Plus connu comme collaborateur de Frederik Pohl sur des dystopies satiriques (The space merchants, Gladiator at law), c'est un de ces auteurs (comme Weinbaum) dont on dit souvent avec nostalgie que la mort à un jeune âge (il avait à peine 35 ans lors de son décès) l'a empêché de changer la face de la SF.
La première et principale (350 pages) partie de l'ouvrage est une biographie détaillée de la vie de l'auteur, de sa naissance à New York en 1923 à sa mort (une attaque cardiaque) en 1958. Rich nous fait revivre en détail et avec force témoignages de ses proches ou de ses amis la jeunesse de l'auteur (enfant brillant mais pas très adapté), son adolescence et ses années de jeune adulte passées au sein du fameux groupe des Futurians, sa participation à la 2GM (il combattra en Europe en 1945), son retour à la vie civile et sa difficile carrière d'écrivain et son cortège de difficultés financières récurrentes. La seconde partie est une sorte d'essai qui piste le thème de la double personnalité dans les oeuvres de Kornbluth et montre qu'il s'agit d'un écho des préoccupations centrales de l'auteur. Après plusieurs pages de notes, on trouve une bibliographie globale et un index. Une grosse dizaine d'illustrations (couvertures de livres, reproductions de photos de famille) parsèment cette biographie.
Comme le travail de Carr sur Piper, celui de Rich sur Kornbluth est extrêmement solide et s'appuie sur de nombreuses sources (ouvrages divers, interviews avec les protagonistes ou la famille, échanges de courrier, documents archivés). Le résultat est un ensemble d'une grande solidité factuelle et d'une lecture très intéressante d'autant plus que la narration intègre parfaitement le cadre plus général de l'histoire du genre. On y croise d'ailleurs toutes les figures habituelles du milieu de la SF de la côte Est, parfois sous des jours assez négatifs (Heinlein pour son attitude mesquine à la mort de Kornbluth) même si l'essentiel de la charge de Rich est faite en permanence contre Pohl qui ressort de ce livre comme un écrivain médiocre et surtout un collègue profiteur d'une honnêteté discutable.
Au final, Rich nous fait le récit instructif d'une vie qui n'a jamais été très agréable pour cause des soucis financiers permanents (finalement assez similaire à celle de Piper) et une impression de gâchis d'un réel talent qui devrait amener à une réévaluation de la place de l'auteur et de sa réelle importance dans ses collaborations, bien qu'il faille se méfier de cette habitude de présenter les morts prématurés comme des géants du genre en devenir. Je serais plus réservé sur la deuxième partie qui n'apporte pas grand chose au livre de par sa brièveté et le fait qu'elle soit plus centrée sur les textes hors SF de Kornbluth, écrits qui sont relativement inaccessibles. Après d'autres biographies réussies, celle-ci montre que cet exercice est maintenant maîtrisé par les historiens du genre.
Note GHOR : 3 étoiles
07:38 | 07:38 | Biographies & autobiographies | Biographies & autobiographies | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, kornbluth, 3 étoiles | Tags : anglais, kornbluth, 3 étoiles