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23/11/2020

_When World Views Collide_

When World Views Collide : A Study in Imagination and Evolution : John J. PIERCE : 1989 : Greenwood Press (série "Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy" #37) : ISBN-10 0-313-25457-5 (la fiche ISFDB du titre) : xvii+238 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait plusieurs dizaines d'USD pour un hc non illustré sans jaquette, rarement disponible sauf désherbage de bibliothèques universitaires (mon exemplaire vient du Missouri).

When world views collide.jpg

Paru dans la célèbre et longue (plus de 100 volumes) collection d'ouvrages de référence publiée par Greenwood Press, cet ouvrage fait partie d'un projet d'histoire de la science-fiction qui aurait dû s'intituler Imagination and Evolution. Ecrit par John J. Pierce (un temps rédacteur en chef de Galaxy), le résultat s'est avéré si volumineux que l'auteur s'est initialement retrouvé forcé de le scinder en trois parties, toutes parues chez Greenwood. Foundations of Science Fiction constituait le premier tome, Great Themes of Science fiction () le deuxième et celui-ci le dernier. Il est à noter que dans la pratique, un quatrième titre de Pierce chez Greenwood : Odd Genres se rattache à cet ensemble.

Galaxy 1978-05.jpg

Chaque tome semble avoir une structure différente des autres, celui-ci adopte une organisation assez particulière. En effet, il passe en revue les principaux auteurs (essentiellement anglo-saxons + les frères Strougatski et quelques autres soviétiques) en les positionnant sur un spectre de "Wellsianité" (c'est à dire un adhésion plus ou moins grande aux idéaux de H. G. Wells) allant de A. C. Clarke (très Wellsien) à C. S. Lewis (classé comme Anti-Wellsien). Dans la pratique, ce classement comme clé d'organisation disparaît assez rapidement et l'ouvrage devient une suite d'essais de plusieurs pages chacun (mais de longueur variable) consacrés à divers auteurs (une trentaine) allant de Wells lui-même à Bruce Sterling, dans un ordre vaguement chronologique et/ou de prximité littéraire. Outre plusieurs pages de notes, une bibliographie primaire et secondaire ainsi qu'un index clôturent l'ouvrage.

The Gallatin divergence (Del Rey 1985).jpg

Au vu de la date de parution de ce volume (et de sa date d'écriture qui est visiblement nettement antérieure), il n'y a pas grand chose de révolutionnaire ni d'actuel dans le discours de Pierce, c'est même parfois devenu très classique dans les analyses. J'ai quand même été agréablement surpris d'y trouver généralement des avis proches des miens (par exemple sur la New Wave ou sur Le Guin), mais sans doute suis-je un vieux dinosaure Wellsien. Cela a donc été une lecture plutôt agréable qui brosse un panorama assez synthétique et objectif de l'état du genre et de son histoire perçue dans les années 80. Et puis, on ne peut qu'être séduit par le sérieux d'un ouvrage qui étudie de façon pertinente l'œuvre de libertariens comme L. Neil Smith, un auteur qui est généralement oublié des panoramas du genre. Finalement, rien de très original mais un ensemble qui se révèle être une bonne surprise.

The probability broach (Del Rey 1980).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

12/02/2020

_La science-fiction pour les nuls_

La science-fiction pour les nuls : Jean-Louis FETJAINE : 2019 : First Editions (série « Pour les nuls ») :  ISBN-13 978-2-412-04470-4 (inconnu de l’ISFDB, la fiche noosfère du titre) : xv+563 pages (y compris index mais sans bibliographie) : coûte 22,95 € pour un grand tp au format carré non illustré, disponible dans toutes les bonnes librairies.

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Faisant partie de la vaste série de livre « pour les nuls » (qui comprend d’ailleurs aussi un tome sur la fantasy par le même auteur), ce livre est une spécificité francophone puisqu’il ne semble pas exister d’équivalent anglo-saxon. Il est écrit par Jean-Louis Fetjaine, un auteur plutôt orienté fantasy. Le propos du livre est clairement énoncé dans la copieuse introduction, il ne s’agit pas d’une encyclopédie du genre (car considéré comme trop vaste) mais d’une histoire de celui-ci au travers de ses sous-genres (une approche qui revient souvent dans le livre) en donnant une place prépondérante à l’écrit même si les autres médias sont de plus en plus abordés au fil de la chronologie.

La fantasy pour les nuls.jpg

Outre la présentation standard propre à cette collection, le livre est donc structuré en deux subdivisions, la première (et largement la plus longue soit 480 pages) est bâtie dans l’ordre chronologique en quatre parties (les origines, la proto-SF, l’âge d’or, la New Wave et après) composées de treize chapitres. On trouve ensuite ce qui semble être une spécificité de cette collection, à savoir plusieurs listes commentées de dix items (héros, martiens, méchants…). On trouve ensuite deux index distincts (général et œuvres) mais pas de bibliographie. On notera un certain nombre d’encarts au fil du texte et l’utilisation de symboles pour attirer l’attention sur des certains points.

Cemetery world (DAW 1983-05).jpg

Les lecteurs de ce blog sont habitués à mon côté « chipoteur » et je dois avouer que cet ouvrage m’a parfois passablement énervé malgré un abord sympathique et une lecture plutôt fluide malgré les contraintes du format qui semble privilégier l’information donnée en petites bouchées facilement digérables. Comme j’ai souvent bondi sur mes post-its pour noter des choses, je vais simplement lister une partie (je n’ai pas tout relevé ni vérifié) de ce qui m’a arrêté net dans ma lecture :

- Commençons page 79, où l’auteur évoque la vogue de la science-fiction guerrière (à la suite de Wells) et nous explique que l’affrontement avec les extraterrestres est une des caractéristiques de 4 auteurs nommément cités : Robert Heinlein (pourquoi pas), Arthur C. Clarke (ah ?), Isaac Asimov (qui pourtant n’utilisait pas d’Ets) et Clifford Simak (le top). Nous n’avons pas dû lire les mêmes auteurs.

- Autre aspect différent, on trouve page 104-105 un historique très (trop pour être honnête) détaillé de la revue Tales of Wonder. Après quelques recherches, le texte de Fetjaine est une paraphrase de l’entrée Wikipédia en anglais correspondante; qui est elle-même une simple recopie des travaux de Tymn et Ashley (dans cet excellent ouvrage). Dommage et trop facile.

- On trouve aussi des affirmations complètement fausses, comme en page 148 où l’on apprend que HPL n’a jamais quitté Providence, une idiotie que la lecture d’une des nombreuses biographies de Lovecraft (au hasard celle-là) aurait évité d’écrire. Plus pas mal de trucs bizarres : Anticipation n’accueillant que quelques auteurs français, le premier homme dans l’espace (Gagarine) en 1969, Wang de Bordage comme une uchronie, 11 tomes pour la série Gardiens du temps de Poul Anderson (peut-être Time Patrol ?).

- Il y a aussi un certain nombre de coquilles (Lewis Padget, Franck Herbert, John Windham, Brian Stapleford…) qui risquent de poser des problèmes à des néophytes; une stratégie d’utilisation des titres français à géométrie variable (Fetjaine réussit parfois à trouver le titre de la VF, mais d'autre fois il n’y arrive visiblement pas comme pour The Deep Range de Clarke rendu littéralement comme Les hauts fonds). On peut aussi mentionner un index des œuvres complètement fantaisiste (Pavane, pas le moindre des livres et pourtant cité au moins deux fois, n’y apparaît simplement pas) ou juste faux (Wang est traité page 477 et pas page 476).

Les prairies bleues (PC 1985).jpg

Finalement, il est vrai que relever les lacunes d’un ouvrage qui s’intitule fièrement …pour les nuls est sans doute un peu comme tirer sur une ambulance mais, même si je ne suis sans doute pas dans le public visé des néophytes, cela me hérisse toujours le poil de me trouver face à un travail bâclé qui ne peut que desservir le genre. Je vois bien un lecteur qui apprécie la SF guerrière acheter un livre de Simak sur les conseils de Fetjaine. Bien évidemment, tout n’est pas à jeter dans cet ouvrage qui peut présenter d’une façon accessible le vaste éventail du genre à des primo-entrants, mais l’amateur un tant soit peu chevronné devra sans doute faire le tri dans toutes les affirmations et informations de Fetjaine.

Wang (L'Atalante 2003-01).jpg

Note GHOR : à voir suivant votre niveau es-SF, en ce qui me concerne 1 étoile

11/08/2019

_The Poetics of Science Fiction_

The Poetics of Science Fiction : Peter STOCKWELL : 2000 : Longman (série "Textual Explorations") : ISBN-10 0-582-36993-2 (la fiche ISFDB du titre) : xi+250 pages (y compris index et bibliographie) : prix original inconnu (sans doute une bonne dizaine de GBP) pour un tp non illustré semble aussi exister en HC (-36994-0) et qui a été réédité par Routledge.

3 étoiles,anglais

Dans le vaste univers des ouvrages de référence sur le genre, on tombe parfois sur des titres qui apportent une bonne dose de fraîcheur (même pour un livre qui a maintenant presque vingt ans). Que cela soient les livres de Milner (Locating Science Fiction), Brigg (The Span of Mainstrean and Science Fiction) ou Rieder (Science Fiction and the Mass Cultural Genre System), c'est toujours un plaisir de se confronter à des nouvelles approches souvent basées sur des disciplines "extra-littéraires". Ici, Peter Stockwell (un universitaire britannique) utilise essentiellement la linguistique pour embrasser, définir et délimiter le genre (sachant que Poetics dans le titre est à prendre au sens de "the theory of literary forms and literary discourse").

3 étoiles,anglais

Mélange d'ouvrage théorique et de cahier de devoirs puisqu'il y a un certain nombre d'exercices à faire à l'issue de chacune des neuf parties, cet ouvrage présente une structure homogène (les chapitres suivent exactement le même canevas) mais déroule un discours global assez décousu même s'il est toujours pointu en introduisant un certain nombre de notions spécifiquement développées par l'auteur ou usitées seulement dans des cercles restreints (la Deixis du deuxième chapitre par exemple).

2 étoiles,anglais

J'ai trouvé l'ensemble souvent brillant (comme le chapitre 4 sur la définition du Pulpstyle), parfois obscur (par manque de connaissances en théorie littéraire), parfois sans objet pour moi (j'ai passé l'âge de faire des exercices), parfois foutraque mais en tout cas toujours intéressant et surtout stimulant. C'est un de ces ouvrages avec qui l'on a vraiment envie de "discuter" (même si c'est impossible). En tout cas, ce livre se lit d'une traite (même si les chapitres sont thématiquement disjoints et peuvent générer des discussions séparées) et mérite d'être essayé avant d'être approuvé.

2 étoiles,anglais

Note GHOR : 3 étoiles (original mais peut faire mal à la tête)

24/07/2019

_Science-fiction & histoire_

Science-fiction & histoire : Collectif Change : Mars 1981 : Seghers/Laffont (revue Change #40) : pas d'ISBN (inconnu de l'ISFDB) : 212 pages : coûtait 40.00 FRF pour magazine broché au format A4 non illustré, trouvable (par hasard) d'occase.

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Cet ouvrage est d'un type relativement fréquent, à savoir un numéro "spécial SF" d'une revue (généralement savante). Ici c'est donc la revue du collectif Change (un groupe dont l'idéologie semble plutôt contestataire) qui consacre cet opus aux rapports de la SF et de l'histoire et ce sous l'égide des deux "initiateurs" (je cite) que sont Gérard Klein et Daniel Riche.

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Comme d'habitude, le format choisi est celui d'une série (moins d'une dizaine au total) d'essais relativement courts (moins d'une dizaine de pages, parfois nettement moins) et la liste des contributeurs est à peu près intégralement constituée du gratin francophone de la réflexion sur la SF (à l'exception de Faye, visiblement le chef de la revue et des anglo-saxons Shippey & Le Guin). On trouve aussi quelques fictions et un certain nombre de choses inclassables à la fin d'un numéro qui ne propose ni bibliographie ni index.

The encyclopedia of SF (Granada).jpg

Vu le faible nombre de contributions, il est possible de les passer en revue en totalité. Les deux premiers textes (Faye et Riche) sont des introductions convenues, celle de Faye dans le genre "collage" celle de Riche essayant de justifier l'originale thématique choisie. Bizarrement, le texte suivant est la reprise à l'identique de l'entrée History in SF de l'Encyclopedia of Science Fiction (la première du nom) due à Tom Shippey, un texte qui a visiblement été traduit par une personne peu familière avec le formalisme de celle-ci et les termes propres au genre (la mention fix-up dans le texte original devient par exemple remise à jour). On trouve ensuite un texte de Giulani sur les années 20 (en fait c'est sans doute un texte politique bien dans l'esprit de l'époque dont le propos exact et le rapport avec la SF est -pour moi- peu clair), un essai assez général de Douay (pas mal) puis une fine étude de Bozzetto sur l'appartenance de Lucien de Samosate à la SF.

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En changeant de partie, on retrouve avec plaisir Shippey avec un texte paru dans Foundation (celui-là) avec la même traductrice que précédemment qui ne connaît toujours pas grand chose au genre. Suivent quatre articles d'auteurs francophones (Gouanvic, Rio, Fernandez et Chambon) qui sont d'une bonne tenue et thématiquement pertinents à l'exception de celui de Fernandez (qui est bien trop général). On a ensuite un essai militant de Le Guin (sans doute celui-là) court et sans aucun rapport avec le sujet. On continue par trois fictions qui s'insèrent visiblement dans le dossier SF & Histoire : un "collage" (encore) de Faye et deux inédits de Gene Wolfe (Three Million Square Miles) et de Carol Emshwiller (Chicken Icarus) mais qui ne sont pas vraiment de la SF et pas non plus dans le thème choisi. Le reste de la revue est constitué de textes inclassables (fictions et simili-articles).

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Sur la partie essais, l'ensemble, bien que daté, est plutôt de bonne tenue mais parfois sans grand rapport avec le sujet. Les textes de fictions ne sont, bien évidemment, pas vraiment des textes de SF et s'inscrivent dans l'habituelle stratégie de travestissement du genre afin d'essayer de plaire à une certaine intelligentsia (et généralement sans succès). Au final un produit typique de son époque et de son format qui ne permettra certainement pas de mener une vraie réflexion sur les rapports entre la SF et l'histoire.

Analog 1968-07.jpg

Note GHOR : 2 étoiles (parce qu'il y a pire dans le genre)

20/01/2019

_Les chefs-d'œuvre de la science fiction_

Les chefs-d'œuvre de la science fiction : Le Point Pop #25 : 2018 : ISBN-13 978-10-93232-95-5 : 106 pages (pas d'index, bibliographie sommaire) : Coûte 7.90€ pour un magazine grand format illustré en couleur et n&b.

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Ce numéro "spécial" du Point fait partie de la famille des hors-série de magazines consacrés à la science fiction comme il en apparaît régulièrement (souvent dans la sphère littéraire ou éducative). On a ici le choix plutôt original de nous présenter la SF au travers de 12 textes. Dans l'ordre chronologique, les élus sont : 20.000 lieues sous les mers, La guerre des mondes, 1984, Le meilleur des mondes, les Fondation, Fahrenheit 451, Dune, La nuit des temps, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, La main gauche de la nuit, La stratégie Ender et le cycle Hypérion.

Hyperion (Bantam 1990).jpg

Au milieu de nombreuses pages de publicité, chaque texte est évoqué sur plusieurs pages par un auteur différent (qui n'est d'ailleurs pas du sérail) avec force illustrations (souvent d'adaptations cinématographiques). On y trouve aussi diverses annexes : avant-propos, introduction, interviews de Card et Gibson, tribunes de Bordage et Damasio, bibliographie famélique, pistes de lecture... L'ensemble se défend (sauf le choix de certaines "pépites")  et se laisse lire (les illustrations originales de Guignard sont sympas et bien vues). On aurait peut-être aimé un minimum de relecture ou de rigueur qui aurait évité à Roland Lehoucq d'écrire que Clarke est un auteur américain ou à François-Guillaume Lorrain d'affirmer que Galaxy est un pulp (un contresens s'il en est) ou de lancer les lecteurs sur la piste des romans de FranCk Herbert. Malgré ces pinaillages habituels de ma part, le résultat est plutôt satisfaisant pour un ouvrage de ce type.

français, 2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles