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30/07/2012

_Science Fiction A very short introduction_

Science Fiction : A very short introduction : David SEED : 2011 : Oxford University Press (série "Very short introductions" #271) : ISBN-13 978-0-19-955745-5 : 147 pages (y compris index) : coûte 8 GBP pour un petit poche contenant une dizaine d'illustrations N&B.

Science Fiction A very short introduction.jpg

Faisant partie d'une longue série de titres d'un principe similaire à celui de nos francophones "Que sais-je", ce petit ouvrage a pour vocation de présenter le genre (surtout sur son pan littéraire) dans ses grandes lignes à un public de néophytes. Il a été écrit par David Seed, un professeur de littérature américaine dans une université britannique. C'est un personnage qui n'est pas un inconnu dans le domaine des ouvrages sur la SF puisqu'on lui doit divers articles et au moins deux volumes, l'un sur la guerre froide en SF (American science fiction and the cold war, voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/05/13/american-sc...) et l'autre la compilation du massif A companion to Science Fiction (là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/03/19/a-companion...).

American science fiction and the cold war.jpg

L'approche choisie par Seed s'appuie sur les principales thématiques du genre, ces thématiques étant souvent reliées à des icônes précises (comme l'ont montré les travaux de Wolfe sur ce sujet). Après une courte introduction, l'auteur aborde donc successivement les voyages dans l'espace, les rencontres avec l'autre, la technologie, les utopies et dystopies et les fictions autour du temps. Un dernier chapitre va passer en revue un certain nombre de sujets propres à la SF (intertextualité, fandom, magazines, critique...). Une liste de lectures théoriques et un index clôturent ce court ouvrage qui est agrémenté d'une quinzaine d'illustrations grand format en N&B (surtout relatives à des films).

Childhood's end (Pan 1966).jpg

Si la connaissance du genre par Seed est difficile à mettre en défaut, l'impression qui ressort de la lecture de cet ouvrage est celle d'un problème de structure. En effet, le découpage en thèmes tel qu'il est annoncé par l'auteur présente une certaine logique classique et correspond à une approche relativement claire. Le souci est que Seed, sans doute à cause de la richesse d'un genre à couvrir en une grosse centaine de pages, en arrive à mêler tout et n'importe quoi au sein de parties pourtant clairement libellées. On trouve ainsi toute la New Wave dans le voyage spatial ou les réalités truquées de PKD avec les utopies.

New Worlds 200.jpg

A ce "fouillis" thématique s'ajoutent des ruptures de rythme assez pénalisantes pour la facilité de lecture. En effet, il arrive parfois à Seed de s'arrêter dans son exposé thématique pour nous détailler l'intrigue complète de Childhood's end ou de 2001. Dans un ouvrage aussi synthétique ces pages entières consacrées à raconter un film font un peu délayage. On pourrait aussi évoquer une présence de la proto-SF (Wells et Verne mais aussi De Bergerac ou Mercier) dont l'importance dans ce guide me paraît disproportionnée avec leur impact sur l'état actuel de la SF, s'agissant de textes que quasiment aucun acteur du genre n'a lu et ne lira. Celle logique de pedigree (et aussi de légitimation grâce ici à la convocation de Atwood, Burroughs, Lessing et al.) me paraît toujours artificielle et hypocrite. Malgré toutes ces critiques, il me faut préciser que cet ouvrage remplit de façon tout à fait convenable son rôle de présentation du genre (en apportant même quelques références originales) même si son organisation ou certains de ses choix de légitimation me laissent sceptique.

The invisible man.jpg

Note GHOR : 1 étoile

09/07/2012

_Strange divisions and alien territories_

Strange divisions and alien territories : The sub-genres of science fiction : Keith Brooke (editor) : 2012 : Palgrave Macmillan : ISBN-13 978-0-230-24967-7 : xiv+222 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait une vingtaine d'Euros pour un tp non illustré qui existe aussi en hc (voir là : http://us.macmillan.com/strangedivisionsandalienterritori...).

Strange divisions & alien territories.jpg

Une des questions que se posent à la fois le néophyte et l'universitaire qui s'intéresse au genre labellisé "Science Fiction" est celui de son exacte taille et de son contenu. A première vue, l'appartenance à un même ensemble de livres aussi variés que Hitler's War (la 2GM en 1938), The Windup Girl (une Terre future affamée), Eifelheim (des ET au Moyen-âge) ou Bringer of Light (des empires galactiques en lutte) peut paraître incompréhensible. C'est cette partition de la SF en sous-genres (avec leurs auteurs spécialistes, leurs clichés, leurs sous-sous-genres) que les contributeurs réunis par Brooke ont décidé d'expliciter et d'illustrer dans cet ouvrage publié par un éditeur universitaire (d'où son prix, excessif surtout en hc).

Hitler's war (Hodder 2010).jpg

Keith Brooke, auteur lui-même, a rassemblé une belle brochette d'écrivains de SF (surtout britanniques) dans cet ouvrage qui s'ouvre par une préface de Michael Swanwick. Suivent une douzaine de chapitres consacré chacun à un des principaux sous-genres de la Science Fiction ou à un thème particulier. On va donc aller de la Hard Science (Gary Gibson) au Posthumanisme (Tony Ballantyne) en passant par le Space Opéra (Alastair Reynolds), le Cyberpunk (James Patrick Kelly) ou la religion (Adam Roberts). Chaque essai fait une petite vingtaine de pages et se termine par une liste des lectures recommandées. Après une courte conclusion de Brooke, l'ouvrage est clôturé par une bibliographie par chapitre et un index général.

The windup girl (Night Shade 2009).jpg

Cet ouvrage étant écrit par des pratiquants chevronnés du genre (la moins productive étant Kate Dolan avec quand même neuf livres à son actif), son contenu reflète une grande connaissance de la SF et de son histoire. Logiquement, certains auteurs vont traiter les sujets avec lesquels ils ont le plus d'affinité ou dans lesquels ils oeuvrent habituellement. Par exemple Adam Roberts va évoquer les rapports entre SF et religion, une approche dans le droit fil de son histoire de la SF parue chez le même éditeur (là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/09/23/the-history...) et Reynolds s'est vu confier le Space Opéra. Le côté négatif de cette approche est le fait que certains auteurs ne peuvent résister à parler de leurs propres textes, même si c'est camouflé sous de l'humour comme pour Di Filippo.

anglais,2 étoiles

Le problème avec cet ouvrage est celui que l'on rencontre avec ces recueils d'essais dus à des contributeurs différents, à savoir une grande hétérogénéité de traitement. Certaines parties sont plutôt synthétiques avec une vision globale, alors que d'autres ressemblent plus à une suite de synopsis d'oeuvres présentant un thème commun. Même si l'on apprécie l'inclusion et l'étude de textes récents ainsi que la qualité individuelle (même si elle est variable) des essais, l'ensemble manque un peu de mise en perspective et d'harmonisation, c'est a dire d'un véritable travail de coordination

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

02/06/2012

_La Science Fiction illustrée_

La Science Fiction illustrée - Une histoire de la S.F. : Franz ROTTENSTEINER : 1975 : Seuil : pas d'ISBN : 160 pages (y compris bibliographie) : mon exemplaire affiche un prix de 35 FRF pour un livre grand format à la couverture souple et largement illustré.

La science fiction illustree.jpg

Dû à la plume de Franz Rottensteiner, un auteur/critique/anthologiste/directeur de collection autrichien surtout connu pour avoir été l'agent et l'ardent défenseur de Stanislas Lem, cet ouvrage a été publié en plusieurs langues (il est ici traduit de l'anglais). Il est globalement contemporain de divers projets similaires (Gunn, Kyle) dont les buts étaient une présentation de la SF au fameux "Grand Public" (comme l'indique bien le fait qu'il ait été publié par un éditeur généraliste), en attendant l'arrivée d'encyclopédies plus pointues (Ash, Holdstock).

Encyclopedie visuelle de la sf.jpg

L'ouvrage est organisé en une cinquantaine de courts (deux à trois pages en moyenne) chapitres qui abordent un des aspects du genre. On trouvera à la fois des entrées sur des personnages clés de la SF (de Wells à Bok en passant par -surprise !- Lem ou Asimov), sur les grands thèmes du genre (les robots, le premier contact, les contre-utopies...), sur les diverses SF nationales (y compris la SFF) et sur les habituels sujets propres au genre (le fandom, les prix, les pulps...). Chaque chapitre bénéficie d'illustrations (couvertures, photos de films) souvent pleine page, soit en N&B, en couleur (les moins fréquentes) ou dans une sorte de sépia à couleur variable (marron mais aussi violet, bleu ou rose). Une chronologie et une bibliographie secondaire (mais pas d'index) clôturent ce volume.

français,1 étoile

Voilà un livre qui présente de nombreuses qualités même si son objectif (une histoire de la SF en moins de cinquante pages de texte) reste évidemment inatteignable. Les éléments factuels sont maîtrisés, les références sont correctes et l'analyse, même si elle est parfois forcément lapidaire, est généralement pertinente et mesurée (on excusera la pleine page consacrée à un auteur polonais inconnu et l'article sur Lem dont le côté dithyrambique peut faire sourire). De plus, Rottensteiner nous permet de nous rendre compte qu'il existe d'autres SF que l'anglo-saxonne y compris grâce à une iconographie très rarement vue car d'origine allemande, roumaine, polonaise, espagnole ou russe.

français,2 étoiles

En ce qui me concerne, deux aspects formels ont eu tendance à plomber cet ouvrage. Tout d'abord, une organisation trop anarchique au point que le sommaire du livre semble être dû seulement au hasard (avec des articles dans l'ordre suivant Robida=>Poe=>Heinlein=>Zulawski dont la logique m'échappe). Ensuite, je dois avouer que le parti pris artistique de l'ouvrage à base de retranscriptions monochromes, de fonds colorés et d'images colorisées de façon assez étrange peut entraîner un certain rejet (tout cela pour dire que je trouve la mise en page et les choix de couleurs très laids). Feuilleter ce livre est même une expérience assez déplaisante et ne met en tout pas vraiment en valeur le travail des artistes (transcrire Bok en marron et noir ou Finlay en mauve et noir ne me semble pas très pertinent ni très réussi). Au final un livre plutôt bon dans son discours mais que sa présentation n'aide pas vraiment.

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (pour le contenu textuel)

30/12/2011

_Sciences & Science Fiction_

Sciences & Science Fiction : Divers auteurs : 2010 : Editions de la Martinière/Universcience éditions : ISBN-13 978-2-7324-4142-9 : 234 pages (y compris bibliographie) : coûtait 29.90 Euros pour un TP format carré largement illustré en couleur.

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Cet ouvrage est en fait le catalogue de l'exposition "Science et Fiction, aventures croisés" qui s'est tenue en 2010-2011 à la Cité des sciences et de l'industrie. Le thème de ce grand raout étant de mettre en lumière les rapports étroits qu'entretiennent la SF et les sciences et, par la même occasion (comme le justifie la préface), de présenter le genre sous un aspect plus flatteur que celui de sous-littérature. Une stratégie de légitimation par la culture dominante que l'on voit de plus en plus à l'oeuvre (cf. les tentatives de la BNF qui se positionne sur ce créneau).

Les chronolithes (Folio 2008).jpg

Ce livre est donc découpé en une multitude de courts essais d'une dizaine de pages ou moins qui, vu l'iconographie abondante, ne doivent pas compter plus de la moitié de texte. Venant après une succession de préfaces et autres introductions, ces essais se répartissent en trois thèmes principaux : "L'espace-temps", "L'Homme" et "Les machines". Ils sont de plusieurs sortes : articles de vulgarisation (le laser, la propulsion spatiale), textes de portée générale (histoire du genre, villes du futur) ou se focalisant sur des aspects précis (les capitaines de l'espace dans la BD britannique, les langues dans la SF). Le livre se termine par diverses annexes : chronologie, bibliographie (VF, VO & Web), présentation des auteurs, crédits.

Le piège diabolique.jpg

Il est indéniable que ce livre est agréable à feuilleter à cause de son iconographie très abondante (au minimum une illustration couleur par page) et de qualité (grâce à une reproduction maîtrisée). De plus, l'originalité de certains choix permet d'admirer des travaux peu connus (comme les couvertures de magazines britanniques des années 60), même si une partie de l'ensemble a souvent été vue (en particulier les images tirées de films). Le texte en lui-même est beaucoup plus classique (avec très peu d'erreurs factuelles) et n'apportera guère d'informations à qui connaît un tant soit peu le genre.

Nebula 19.jpg

En fait, c'est plus le manque d'unité qui peut être gênant. Tout d'abord, la cohabitation entre les disciplines (sérieuses) de la prospective et de la vulgarisation et la Science-Fiction (pas sérieuse) a toujours été un art délicat et les changements de ton entre des essais consécutifs sont parfois brutaux, sans parler des perspectives différentes. Ensuite, certains sujets auraient, à mon avis, pu être éliminés, soit parce qu'ils sont trop pointus (par exemple l'article de F. Valéry) ou parce qu'ils sont du domaine du marronnier ou de la caricature (comme celui sur les soucoupes volantes). Cette hétérogénéité est sans doute du à un cercle de collaborateurs plutôt restreint et que l'on retrouve dans la plupart des projets de ce type. Au final un joli livre à feuilleter mais qui ne fera guère date et que l'on pourra aisément oublier une fois l'exposition qui lui sert de support terminée.

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile 

27/12/2011

_Science Fiction from Wells to Heinlein_

Science Fiction from Wells to Heinlein : Léon  STOVER : 2002 : McFarland : ISBN-10 0-7864-1219-4 : ix+190 pages (+ cahier central en couleur non paginé) : coûtait 45 USD pour un HC illustré en N&B et couleur.

Science fiction from Wells to Heinlein.jpg

Sous la plume de Léon Stover (universitaire et auteur d'autres ouvrages de référence sur, entre autres, Heinlein ou Harrison), ce livre fait partie de la vaste catégorie des ouvrages ayant vocation à présenter la Science-Fiction dans ses grandes lignes. De part son éditeur et son prix assez élevé, il s'agit ici d'un titre plutôt à destination d'une clientèle institutionnelle (bibliothèques) ou éducative (universités) que d'un ouvrage destiné aux particuliers.

anglais,1 étoile

Comme l'annonce bien le titre, l'histoire de la SF telle que racontée par l'auteur est donc partielle puisque couvrant en gros le siècle 1850-1950. Après une courte préface, Stover utilise une stratégie de présentation "mixte" en divisant son ouvrage en deux parties distinctes, séparées par un cahier central d'illustrations en couleur sur papier glacé. La première partie, qui est aussi la plus longue, suit un déroulé chronologique en cinq chapitres qui se concentrent pour les derniers sur des auteurs précis (Verne & Wells, Campbell, Heinlein). La deuxième développe une approche thématique (astronautique, robots, catastrophe, etc.). Quelques courts appendices, une bibliographie et un index clôturent donc ce livre qui est de plus richement illustré (plus d'une centaine d'images d'une taille respectable).

anglais,1 étoile

Sur le fond, il n'y a pas grand chose à dire sur cet ouvrage dont la thèse de base est "la SF c'était mieux avant", un paradoxe pour un genre tourné vers le futur que Stover peine largement à exposer et à justifier.  Le discours est très convenu avec des personnages clés portés aux nues (Wells, Campbell et Heinlein), chose d'autant moins peu surprenante du fait que Stover ait déjà écrit abondamment sur eux. On y retrouve aussi l'habituel discours sur la proto-SF et une classique méconnaissance de tout ce qui n'est pas anglo-saxon (hormis Verne). Pour un ouvrage paru au XXIème siècle et au vu de l'état de la réflection sur le genre, de telles impasses tant temporelles que géographiques sont regrettables.

anglais,1 étoile

On pourra tout de même sauver de cet ouvrage une iconographie de qualité, même si, à ces niveaux de prix, on aurait pu attendre de Stover qu'il choisisse de reproduire des couvertures d'exemplaires en bon état (sans les habituels gros tampons de bouquinistes) et qu'il porte un peu plus d'attention aux légendes comme dès la page 2 ce dessin soit-disant issu d'un "Métal Hurland" datant des années 60 (sic). Au final un livre pas forcément désagréable à parcourir mais que son argumentaire passéiste et son étroitesse de vue disqualifient comme présentation du genre ou de son histoire.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile