30/06/2010
_Panorama de la science-fiction_
Panorama de la science-fiction : Les thèmes, les genres, les écoles, les problèmes : Jacques VAN HERP : 1975 : Marabout (Collection "Université" #270) : pas d'ISBN : 414 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûtait quelques francs pour un PB légèrement illustré en N&B, existe aussi en TP.

Cet ouvrage est le deuxième de son genre à être paru en VF. Après le Versins, il s'agit d'une autre tentative de cerner les contours du genre sur une longueur suffisamment importante pour tendre vers une certaine exhaustivité. Issu d'un projet initié avec Jacques Bridenne, ce livre est dû à la plume de Van Herp, un des grands spécialistes du genre à ses débuts et se veut donc un passage en revue historico thématique de la science-fiction au moment où celle-ci est en plein décollage.

L'ouvrage est divisé en quatre grandes parties très inégales. La première qui occupe plus de la moitié du livre est une sorte d'histoire de la SF vue au travers du prisme de ses thèmes. Ceux-ci sont assez classique même si les libellés employés par Van Herp peuvent dérouter, comme par exemple "Les machines qui pensent" (= les ordinateurs). La deuxième identifie et définit plusieurs (sous)-genres : le SO, l'HF, la SF mythologique (c'est à dire Merritt et Lovecraft) et les juveniles. La troisième revient sur l'histoire du genre décrite ici sous un angle géographique avec la mention de trois "écoles" (américaine, française et soviétique). La dernière grande partie est un recensement des problèmes qui se posent à la SF dans ses rapports avec diverses forces (Religion, Science, Morale, etc.). Il y a plusieurs annexes : un liste de définitions et de jugements sur le genre, une bibliographie mais on notera l'absence d'index. Le tout est illustré de quelques petites reproductions en N&B.

Même s'il s'agit d'un jalon important dans l'étude de la SF en langue française, ce livre a particulièrement mal vieilli. En effet cet ouvrage se concentre d'une façon prévisible (c'est d'ailleurs aussi le cas du Versins) sur la proto-SF européenne, sans doute faute de matériau anglo-saxon. Hors, comme son nom l'indique bien, la proto-SF n'est pas encore la SF et cet eurocentrisme forcené que l'on perçoit est un peu dommage pour l'analyse d'une littérature qui est, sous sa forme actuelle, extrêmement américanisée (que l'on le regrette ou pas). Du coup Van Herp tombe avec une incroyable facilité dans les clichés les plus éculés sur les américains incultes et violents comme il en fait l'étalage dans sa violente (et AMHA manquant de nuance) attaque de Poul Anderson qui donne parfois l'impression de lire une mauvaise critique du Fiction de la grande époque.

Au final un ouvrage qui est bien trop passéiste et qui présente une cartographie du genre dont l'adéquation avec le terrain semble pour le moins douteuse. On croirait parfois lire une uchronie où la SF se borne à Verne, Renard, Rosny et Robida. Un ouvrage acceptable dans les années 70 mais inexploitable quarante ans plus tard (inexploitabilité d'ailleurs renforcée par la regrettable absence d'index) tellement ses préjugés le disqualifient.

Note GHOR : 1 étoile
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21/05/2010
_Les mondes de la science-fiction_
Les mondes de la science-fiction : Juillet 1981 : Revue Phosphore #6 : pas d'ISBN (titre presse) : 80 pages (pas d'index) : coûtait 22 F pour une revue copieusement illustrée en couleurs parfois trouvable mais plutôt par hasard (type de produit rarement collectionné).

La revue Phosphore était un titre du groupe Bayard Presse à destination d'un public scolaire (cf. son sous-titre "La revue des collégiens & lycéens") qui a commencé à paraître au début des années 80 et qui se trouvait à l'époque dans nombre de CDI. D'une façon assez logique vu le public visé, elle proposera rapidement un dossier spécial SF. Il ne s'agit bien sûr que d'une petite partie du contenu de la revue (une vingtaine de pages au total) même s'il a les honneurs de la couverture.

Sous la direction du trio Duvic, Goimard & Guiot, ce dossier se divise en plusieurs parties : un reportage sur la semaine de la SF à Roanne (Goimard, deux pages) avec un extrait d'une étude de Cosem parue dans Univers 06 sur les lycéens et la SF; diverses études thématiques : les extra-terrestres (Guiot), les dystopies (Guiot), les savants fous (Duvic), Dieu (Goimard, un sujet prévisible chez Bayard); un dictionnaire des idées reçues (deux pages par Goimard); une interview de Pierre Pelot par Duvic et enfin une bibliographie primaire et secondaire (commentée) multimédia. Le tout est abondamment illustré en couleurs de photos de films ou d'images de BD.

Globalement, le résultat est conforme à ce que l'on peu attendre de ce type de dossier publié dans des revues non-spécialisées. Une présentation sympathique du genre faite par des gens qui le connaissent à destination d'un public néophyte. C'est plaisant à lire et joliment illustré (même si l'on peu regretter l'hégémonie visuelle des films de SF) mais cela ne va pas bien loin, ce qui est logique compte tenu de l'espace limité disponible pour le texte (l'équivalent d'une quinzaine de pages).

Au final une revue sans grand intérêt pour l'amateur qui, de plus, pourra être irrité par certaines idées défendues par Goimard (justement dans son texte sur les idées reçues) où l'on sent poindre les querelles internes (le rôle de Gernsback, la Hard Science) et autres règlements de compte polémiques et partiaux. C'est d'ailleurs un discours qui jure plutôt au milieu d'un ouvrage assez consensuel.

Note GHOR : 1 étoile
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14/05/2010
_Modern science fiction : Its meaning and its future_
Modern science fiction : Its meaning and its future : Reginald BRETNOR (editor) : 1953 : Coward-McCann : pas d'ISBN : 294 pages (pas d'index) : coûtait 3.75 USD pour un HC avec jaquette non illustré.

Avec ce livre, nous plongeons dans la préhistoire des ouvrages de référence. Paru en 1953 (donc contemporain du Science-fiction handbook de De Camp), ce titre est en effet l'une des toutes premières tentatives sérieuses d'organiser une réflexion sur le genre, la première étant probablement le recueil Of worlds beyond rassemblé en 1947 par Eshbach. Il s'agit donc d'un ouvrager pionnier dans lequel on va trouver essentiellement des acteurs du genre comme des rédacteurs en chef (Campbell, Boucher) et des écrivains en activité (Asimov, Clarke, Wylie, De Camp) plutôt que des universitaires (qui ne s'intéressaient absolument pas à la SF à l'époque). A noter qu'il est composé d'inédits (sauf le Clarke et une partie du De Camp).

Ce livre rassemble 11 essais d'une grosse vingtaine de pages chacun. il est divisé en trois parties : "Science fiction today" (3 essais) qui dresse une sorte d'état des lieux tant en littérature que dans l'audiovisuel; "Science fiction as literature" (3 essais) qui réfléchit sur la position de genre par rapport à l'imaginaire et "Science fiction, science and modern man" (5 essais) qui traite des sujets plus divers (par exemple le concept de "Social SF" par Asimov ou le futur du genre par Bretnor). On remarquera l'absence d'index.

Ecrits par des pratiquants quotidiens de la SF, l'ensemble des contributions est logiquement d'un bon niveau de connaissance du genre. C'est d'ailleurs une des forces de l'ouvrage que de brosser un portrait assez fidèle de l'état (et de l'état d'esprit) de la science fiction au le début des années 50, à l'orée d'une courte période de prospérité et d'expansion (qui se terminera peu après avec le fameux "blight").

Sur le plan théorique, il est clair que les auteurs ont plutôt "le nez dans le guidon", ce qui nous vaut des réflexions finalement assez simples et qui montrent bien que le travail d'élaboration d'une théorie du genre restait encore à faire, même si certaines choses semblent ne pas avoir beaucoup évolué depuis (comme le montre l'essai de Moore sur les rapports entre mainstream et SF qui pourrait avoir été écrit de nos jours). En résumé, c'est un ouvrage dont l'apport est surtout historique, à la fois comme témoignage de l'état du genre à cette époque mais aussi comme un des jalons de son analyse.

Note GHOR : 1 étoile
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29/04/2010
_The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction_
The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction : Gary WESTFAHL : 1998 : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies" #15) : ISBN-10 0-85323-573-2 : 344 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 GBP pour un TP qui se trouve neuf, existe aussi en HC (-563-5).

La problématique de la date de naissance de la SF fait partie de ces grandes questions qui reviennent à intervalles réguliers (comme d'ailleurs la définition même de celle-ci). Traditionnellement, on trouve plusieurs écoles : ceux qui font commencer le genre à la Bible ou à tout autre texte légendaire (babylonien par exemple); ceux qui débutent à un point situé avant la révolution industrielle (un intervalle assez vaste qui va de Lucien à More); les Aldissiens qui comptent à partir de Frankenstein; les proto-SFistes qui partent de Wells ou Verne (on est alors dans la deuxième moitié du XIXème) et les modernes qui démarrent à partir du moment où le genre acquiert un nom (c'est à dire avec Hugo Gernsback). Ceux qui connaissent ses autres écrits ne seront pas surpris de voir que Westfahl se place fermement dans le dernier camp. Cette idée que l'invention de la SF a été délibérée et date de 1926 (ou à peu près) sous l'impulsion de Gernsback (ensuite relayé par Campbell) est donc la thèse que développe l'auteur dans ce livre.

Organisé en une dizaine de chapitres de taille variable (dont une partie avait déjà été publiée, surtout dans Foundation), cet ouvrage est organisé sur une base chronologique après une très copieuse (presque quarante pages) introduction qui démonte les autres théories existantes, en particulier Suvin et Aldiss. Westfahl déroule donc la genèse du genre des débuts d'Amazing à la fin de l'âge d'or d'Astounding (dans le début des années 50) en s'appuyant sur de nombreuses citations textuelles de l'époque étudiée. A noter que l'avant dernier chapitre est une étude spécifique de Beyond this horizon, le roman de Heinlein. Une liste des oeuvres citées et un index (par nom) terminent le livre.

Il est clair dès le début du livre que l'objectif de Westfahl est d'écrire une oeuvre polémique afin de secouer le cocotier des idées reçues sur la SF et ses origines que nombre de critiques et théoriciens semblent se croire obligés d'enjoliver en allant lui chercher un pedigree un peu plus prestigieux que des revues américaines aux couvertures criardes. A ce titre, sa charge contre des gens comme Aldiss, Suvin, Moskowitz ou Blish est parfois féroce même si elle est enrobée d'une méthodologie très pragmatique (uniquement basée sur les écrits de ces derniers). Même s'il arrive que cela tourne à l'opposition caricaturale entre fans (qui connaissent le genre parce que l'ayant lu) et universitaires (méprisants et en quête de respectabilité), le discours de Westfahl reste cohérent et plein d'une énergie à défendre la SF salutaire.

Quand à la validité des positions prises par l'auteur, il me paraît, en tant que Westfahlien orthodoxe, plus juste de laisser à chaque lecteur le soin de décider ce qu'il en est. En ce qui me concerne, je pense que, malgré une certaine dose d'attaques gratuites et parfois cruelles et un raisonnement qui élude parfois un peu vite certaines incohérences (comme une définition du genre assez peu exploitable), la thèse de Westfahl est une réaction saine contre cette tentation permanente d'une quête de reconnaissance (littéraire, professionnelle ou culturelle) qui se traduit par un lissage du côté "rugueux" du genre. De plus, confronté en élaborant ce blog à de nombreux textes académiques qui montrent une grande ignorance du genre par des gens qui pourtant écrivent à son sujet, je ne peux qu'estimer qu'un (gros) minimum de connaissances et de pratique de la SF sont des pré-requis incontournables pour qui veut la commenter ou l'analyser et qu'un tel bagage ne s'acquiert pas en un trimestre. A final, c'est un essai assez violent et parfois extrémiste, mais c'est un discours honnête et passionné qui mérite d'être entendu et qui a le courage de questionner certaines idées devenues canoniques sur les origines du genre ou l'apport de telle ou telle personne (en particulier ici celui de Gernsback).

Note GHOR : 3 étoiles
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13/04/2010
_Une lecture de la science-fiction_
Une lecture de la science-fiction : Automne 1977 : Revue Opus International #64 : pas d'ISBN (titre presse) : 96 pages : coûtait 20 F pour une revue cartonnée copieusement illustrée (en N&B seulement pour la partie SF) qui a longtemps été disponible neuve chez les soldeurs.

Cet ouvrage est donc un numéro "Spécial SF" d'une revue (Opus International) d'art basée à Paris et liée aux éditions Georges Fall. Périodiquement, des revues de divers domaines (mais souvent artistique) décident de consacrer un de leurs numéros à la SF. On se rappellera des tentatives des revues Europe (tendance littéraire), Phosphore (pour lycéens) ou Revue de la BNF (comme son nom l'indique). D'une façon similaire à ce numéro, il est à noter que dans ces cas de figure, la partie SF est souvent minoritaire et s'apparente plus à un gros dossier.

La section consacrée à la SF dans cette revue comporte une dizaine d'article et remplit une quarantaine de pages. On y trouve la plupart des plumes françaises qui comptaient, chacune dans leur domaine de prédilection : Eizykman sur la BD, Louit sur le cinéma, Lecomte sur les femmes dans le genre, Guiot sur la politique, Klein sur la SF US (une synthèse de son fameux article Malaise dans la science-fiction), Goy sur les rapports entre science et SF, Goimard sur la SF soviétique, Curval sur les structures romanesques, Lemaire sur William Burroughs. A cela s'ajoute une courte interview de Ballard. L'ensemble est illustré par des couvertures (Fiction, Galaxie), des planches de BD ou des photographies de films (pour les articles qui leur sont dédiés) et des illustrations intérieures repiquées chez Sadoul (Hier l'an 2000) ou Aldiss (Graphismes SF).

Malgré la qualité indéniable des intervenants (c'est le dessus du panier du petit monde de la SF de l'époque), je ne suis jamais vraiment séduit ni surtout convaincu par ce type d'exercice imposé qui vise à présenter la SF à un public néophyte en quelques articles joliment illustrés. C'est à la fois forcément beaucoup trop schématique (comme Lecomte expédiant l'histoire de la participation féminine au genre en une dizaine de lignes) et surtout empreint d'une certaine attitude "honteuse" de la part de pratiquants du genre ("Regardez ce que l'on aime, c'est un peu débile ou infantile, mais cela nous plaît quand même."). Au lieu de textes militants, on a souvent une sorte d'auto ironie (Goy assassinant La tour de verre de Silverberg sous l'angle scientifique -le tout sans avoir vérifié la VO-) ou une sorte d'obligation de ressortir tous les clichés existant sur le genre (comme cette imagerie sexuelle évoquée à longueur de légendes à propos des illustrations).

Une telle attitude ne peut juste que renforcer les clichés véhiculés sur la SF. Non pas que cela ait une quelconque importance (la réputation du genre étant AMHA simplement irrécupérable, ce qui n'est d'ailleurs pas pour me déplaire) mais c'est juste une perte de temps et d'énergie, choses qui auraient pu être mieux utilisées ailleurs. Par exemple pour nettoyer le texte des nombreuses coquilles qui restent (M. Freas, Flat Land, Zeena Hendeson, Margareth St Clair) ou vérifier un peu ce que l'on écrit (comme le fait de dater de 1959 une illustration où s'affiche en toutes lettres un superbe Oct. 1939). Au final un dossier sans originalité, trop léger pour l'amateur et juste bon à conforter les préjugés sur le genre malgré quelques maladroites tentatives de récupération (Borges, Burroughs, Ballard).

Note GHOR : 1 étoile
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