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01/10/2010

_Science and fiction_

Science and fiction : Patrick MOORE : 1957 : George G. Harrap & Co. : pas d'ISBN : 192 pages (y compris index) : coûtait 10/6 pour un petit HC avec jaquette non illustré.

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Cet ouvrage nous ramène au tout début de la courte histoire des ouvrages consacrés à la SF. Paru en 1957 en Grande-Bretagne, ce petit opus est dû à la plume de Patrick Moore, un célèbre astronome et vulgarisateur scientifique anglais anobli en 2001. Il s'agit d'un de ces livres parus dans les années 50 dans la plupart des pays (comme le Sternberg en VF) qui avaient pour objectif de présenter un genre qui commençait à peine à sortir des revues spécialisées et à être connu du grand public, le plus souvent sous sa forme cinématographique.

Planète interdite (RF 1957).jpg

Composé d'une petite vingtaine de chapitres, cet ouvrage, comme souvent avec ce type de texte d'initiation, est basée sur une double structure. On trouve à la fois une partie qui suit une progression historique (avec des chapitres sur la proto-SF, Verne ou Wells) et un passage en revue des principaux thèmes  (robots, voyage temporel, mutants). On a même droit à des chapitres consacré aux diverses formes de SF (cinéma, comics, juveniles, magazines). En appendice, outre un index, on a même le texte d'une proposition relative à la SF faite par Moore en 1955 à l'UNESCO.

The outward urge (Ballantine 1959).jpg

Pour être franc, l'ouvrage (et le discours de Moore) ont quand même assez terriblement vieilli. Outre la logique (on est en 1957) place importante donnée à la proto-SF (on est au pays de Wells), le discours de l'auteur suite littéralement le désir de respectabilité d'une SF bien propre sur elle et bien acceptée surtout par les parents (ce qui doit expliquer pourquoi le dessin de couverture est sa maman). Ce désir d'être respectable conduit d'ailleurs Moore à définir deux types de SF : le type I ("the fantastic" selon ses termes) et le type II ("the scientifically correct"). Il n'est pas besoin d'être devin pour trouver lequel des deux trouve grâce à ses yeux.

The time machine.jpg

On atteint même des sommets avec sa proposition à l'UNESCO de créer rien moins qu'un comité des auteurs de SF dans chaque pays qui attribuerait à chaque livre une sorte de note qui indiquerait si le texte en question est scientifiquement plausible ou pas (à noter que c'est assez cohérent avec les opinions politiques très conservatrices professées par Moore). Cet ouvrage finalement assez gentillet ne peut offrir qu'un intérêt uniquement historique comme étape de la permanente lutte de certains amateurs du genre pour se faire une place comme interlocuteurs sérieux.

The war in the air.jpg

Note GHOR : 1 étoile

27/09/2010

_Science fiction after 1900 : From the steam man to the stars_

Science fiction after 1900 : From the steam man to the stars : Brooks LANDON : 1997 : Twayne (série "Studies in literary themes and genres" #12) : ISBN-10 0-8057-0962-2 : xxxii+251 pages (y compris index) : coûtait 25 USD pour un HC avec jaquette non illustré.

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Ecrit par Brooks Landon, un professeur d'université américain (il enseigne l'anglais dans l'Iowa) à qui l'on doit un certain nombre d'essais sur le genre, cet ouvrage est une sorte d'histoire de la SF (la Fantasy n'est pas abordée) durant le vingtième siècle. Son placement dans une série de titres consacrés aux divers genres (l'autobiographie, la biographie) ou techniques (les nouvelles) lui confère aussi une dimension autre qu'historique puisque s'intéressant au genre tout entier, y compris dans sa dimension internationale.

Le ciel est mort (Denoel 1972).jpg

Après une longue préface et une copieuse chronologie (de 1818 à 1996), ce livre est divisé en cinq principaux chapitres de taille inégale. Le premier évoque la culture propre à la SF par le biais d'analyses de trois textes (par ordre chronologique : E. M. Forster, J. W. Campbell et P. Zoline) appartenant à des époques différentes. Le deuxième traite l'histoire du genre jusqu'à l'âge d'or des années 40. Il est suivi par un tour d'horizon des SF autres qu'anglo-saxonne (Lem, les Strougatsky). On passe dans les années 60-70 dans le quatrième chapitre qui aborde Dick et les auteurs féministes. Le dernier revient à une perspective historique et chronique les divers mouvements qui se sont succédés depuis les années 50 (New wave, Cyberpunk,etc.). Après plusieurs pages de notes, on trouve trois copieuses annexes : un essai sur les ouvrages de référence, une liste commentée de titres et enfin un index.

Brèche dans l'espace (Marabout 1976).jpg

Comme d'habitude, il est clair que, vu la place allouée à Landon (moins de 200 pages), la mission de raconter l'histoire du genre est impossible, d'autant plus que ce dernier se lance dans une (fort louable) tentative de couverture internationale. Pour nous raconter la SF, l'auteur, il faut l'avouer, reste d'un grand classicisme. En effet, tous les points de passage obligés sont bien franchis (de Frankenstein à Gibson en passant par Russ sans oublier les pays de l'Est) et le tout est proche de l'histoire du genre "standard" qui est devenue presque canonique.

Pique-nique au paradis (OPTA 1973).jpg

Même si ce côté plutôt convenu peut parfois donner une impression de déjà-vu, Landon a réussi à écrire un livre intéressant. A la fois par sa narration, certes classique mais agréable, mais surtout par la place qu'il accorde dans son récit aux diverses théories sur le genre. On va croiser dans ce livre tous les gens qui ont eu une réflexion un tant soit peu approfondie sur la SF, de Malmgren à Clute sans oublier Suvin, Wolfe ou Disch. Cette richesse est d'ailleurs parfaitement apparente dans l'excellent appendice "Bibliographic essay" qui est une mine de pistes de lecture sur le genre. Au final, un bon ouvrage qui permet de se faire une idée (certes schématique) de l'histoire de la SF et de la façon dont elle a été pensée.

Worlds apart.jpg

Note GHOR : 3 étoiles

24/09/2010

_Science Fiction_ (Roberts)

Science Fiction : Adam ROBERTS : 2000 : Routledge (série "The new critical idiom") : ISBN-10 0-415-19205-6 : 204 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 USD pour un petit TP non illustré.

Science fiction (Roberts, 1st).jpg

Science Fiction : 2nd edition : Adam ROBERTS : 2006 : Routledge (série "The new critical idiom") : ISBN-10 0-415-36668-2 : 159 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 20 USD pour un petit TP non illustré.

Science fiction (Roberts, 2nd).jpg

Ecrits par Adam Roberts, un des auteurs britanniques récents les plus intéressants (malgré le fait qu'une partie de sa production soit d'oeuvres alimentaires sous pseudonymes transparents), ces ouvrages (le second étant simplement une version retravaillée du premier) font partie de la catégorie des ouvrages d'initiation à la SF. Etant édités par Routledge, ils sont plutôt destinés à un public étudiant (option littérature) qui souhaite s'informer sur tel ou tel genre (la liste des titres dans cette série est assez longue).

Land of the headless (Gollancz 2007).jpg

Malgré leur nombre de pages différent, les deux éditions contiennent à peu près la même quantité de texte (la seconde possédant une police plus petite) et sont organisés de façon similaire. Après deux très courtes préfaces, les ouvrages sont divisés en six inégales parties principales : "Defining Science Fiction" (exercice obligé de la définition + partie sur Dune); "The History of SF" (comme son nom l'indique + partie sur Star wars); "SF and Gender" (sur les problématiques féministes + partie sur The left hand of darkness); "SF and Race" (idem mais sur le racisme + partie sur Butler); "SF and Technology" (thèmes technophiles classiques + partie sur Neuromancer) et enfin "Conclusion". Une bibliographie (primaire et secondaire) et un index clôturent l'ouvrage (à noter que la première édition comporte un glossaire non repris dans la seconde).

Dune (NEL 1973).jpg

Roberts étant à la fois un pratiquant régulier et un théoricien confirmé du genre (il a écrit d'autres ouvrages de référence comme une histoire de la SF), il n'y a pas de mauvaises surprises avec ce livre malgré une qualité technique perfectible (pas mal de coquilles dans les noms propres qui seront corrigées dans la seconde édition). C'est maîtrisé et généralement agréable à lire avec une bonne prise en compte du domaine extralittéraire même si elle se limite au cinéma.

Le maitre du réseau (PC 1977).jpg

Le souci principal est que la cible visée et les objectifs de la collection entraînent de façon assez logique un grand classicisme et une nette impression de "déjà-vu". Une fois de plus, un part disproportionnée est consacrée aux les thèmes à la mode dans le milieu des études sur la littérature que sont le féminisme ou le post-colonialisme. De la même façon, le choix des textes mis en exergue par Roberts est franchement convenu avec des auteurs respectables (Le Guin, Butler ou Gibson) et des choses plus populaires (Star wars, Dune) qui n'offrent guère de surprises. Un livre qui remplit ses objectifs mais que le déjà amateur de SF pourra trouver assez fade.

La main gauche de la nuit (PP 1989).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

23/09/2010

_Science Fiction_ (Luckhurst)

Science Fiction : Roger LUCKHURST : 2005 : Polity Press (série "Cultural history of literature") : ISBN-10 0-7456-2893-1 : vii+305 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait une vingtaine d'Euros pour un TP non illustré disponible en neuf chez l'éditeur (http://www.polity.co.uk/book.asp?ref=9780745628929) qui existe aussi en HC (-2892-3).

Science Fiction (Luckhurst).jpg

Ecrit par Roger Luckhurst, un professeur britannique à qui l'on doit déjà un ouvrage sur James G. Ballard (The angle between two walls), ce livre est une histoire du genre, ici abordée sous l'angle de l'histoire culturelle (c'est à dire la façon dont la SF se place par rapport aux valeurs culturelles d'une époque et d'un lieu). A noter que faute d'un texte "définitif" (comme pouvait l'être le C&N pour les encyclopédie dans les années 90), ce type de projet (raconter l'histoire du genre) revient régulièrement avec des angles d'attaques et des ambitions différents (cf. Roberts en 2007 ou Colson/Ruaud en 2009).

The history of science fiction (Roberts).jpg

Après une courte introduction, le livre est divisé en trois grandes parties qui suivent l'histoire du genre dans un ordre (logique !) chronologique (malgré la présence d'apartés spécifiques à la scène britannique) et dont la taille va croissant. La première ("Emergence 19980-1945") traite en trois chapitres de la période qui va de la proto-SF jusqu'à la fin de la 2GM. La deuxième ("Elaboration 1945-1959") est consacrée à la SF technophile et à son évolution vers la critique sociale. "Decade studies" termine l'ouvrage avec un chapitre sur chacune des décades des 60 aux 90. Une bibliographie sélectionnée (ouvrages de référence) et un index clôturent le livre.

The star fraction (Legend 1995).jpg

Comme toute tentative de ce type sur moins de trois cents pages, il est évident que Luckhurst a dû être amené à élaguer pas mal de parties de son discours. Cela se remarque tout d'abord par la place un peu disproportionnée (si on la met en rapport avec le corpus des textes) donnée à la proto-SF. C'est d'ailleurs un défaut récurrent qui légitime certes le tout mais dont, sur le fond, on peut contester la validité. Même si la SF est un genre en permanent dialogue interne, l'influence réelle de certains textes mineurs de Wells (par exemple) sur l'histoire du genre reste à démontrer.

L'homme invisible.jpg

De la même façon, le manque de place semble conduire l'auteur à minimiser la place accordée à la SF "non-littéraire" (essentiellement le cinéma) et à concentrer son discours sur certains textes certes emblématiques mais dont la seule étude n'est pas suffisante pour rendre compte des évolutions du genre (c'est la cas du Cyberpunk qui est presque égalé avec le roman Neuromancer). Il ne faudrait pas prendre ces critiques comme une condamnation du livre. L'ouvrage est très solide (on sent bien que Luckhurst aurait plus à dire) et ses limitations (de place) ne sont probablement pas le fait de l'auteur. C'est une très bonne histoire du genre (même si elle est trop courte) dont la force est de montrer les interactions entre celui-ci et la culture qui l'entoure.

Neuromancien (La Découverte 1985).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

01/09/2010

_Reading by starlight : Postmodern science fiction_

Reading by starlight : Postmodern science fiction : Damien BRODERICK : 1995 : Routledge : ISBN-10 0-415-09789-4 : 197 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 17 USD pour un TP non illustré.

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Damien Broderick est un universitaire australien (même s'il réside aux Etats-Unis) qui a occupé de nombreuses fonctions dans le genre. Commençant par le fanzinat, il a été éditeur, anthologiste, essayiste, auteur de textes sur la science, écrivain de SF (il revient d'ailleurs sur le devant de la scène avec des nouvelles et sa duologie Godplayers & K-Machines) et bien sûr auteur d'ouvrages de référence (comme x, y, z, t: Dimensions of Science Fiction). Ce livre est une réflexion sur les rapports entre postmodernisme et SF qui s'appuie particulièrement sur l'oeuvre de Samuel Delany qui est pour Broderick l'exemple type de cette fusion.

Godplayers (Thunder's mouth 2005).jpg

L'ouvrage est divisé en deux parties. La première ("Modern science fiction"), qui comporte sept chapitres, est une sorte d'histoire du genre qui commence dans les années 30 et s'arrête avec le cyberpunk. La seconde ("Postmodern science fiction" sur cinq chapitres) cherche au sein du genre des exemples de SF présentant une sensibilité postmoderne et la trouve dans plusieurs romans de Delany (The Einstein intersection et Stars in my pocket like grains of sand) qui sont analysés en détail. A noter qu'une partie non négligeable de ces chapitres ont été pré-publiées sous une forme modifiée dans diverses revues d'étude sur le genre. L'ouvrage se termine par plusieurs pages de notes, une volumineuse bibliographie générale et un index.

K-machines (Thunder's mouth 2006).jpg

Pour être franc, j'avoue n'avoir que très moyennement apprécié ce livre malgré l'érudition dont il fait preuve. Sans doute parce que le concept même de postmodernisme, tel que développé (ou expliqué) par Briderick me paraît globalement assez fumeux ou en tout tellement imprécis qu'il peut s'appliquer de façon sélective à peu près n'importe quel texte de SF du fait qu'elle est un genre essentiellement référentiel et donc une littérature particulièrement consciente d'elle-même.

L'intersection Einstein (OPTA 1977).jpg

Relativement "léger" en volume (il y a au plus 150 pages de texte) mais paradoxalement plombé par un style particulièrement lourd et abusant du jargon à la mode à l'époque, ce livre est un peu un pensum à lire. Entre le "name-dropping" intense, les redites de Delany (sur les protocoles de lecture propres au genre) et encore et encore du Delany à toutes les sauces (en fiction cette fois), l'ambiance est un peu étouffante. Sans doute n'ai-je simplement pas le bagage nécessaire pour apprécier pleinement le travail de Broderick.

The towers of Toron (Ace Double F-261).jpg

Note GHOR : 1 étoile