24/03/2014
_The science fiction reference book_
The science fiction reference book : Marshall B. TYMN : 1981 : Starmont House : ISBN-10 0-916732-24-X : viii+536 pages (y compris index) : coûtait 15 USD pour un TP illustré en N&B.
Sous une couverture de Vincent Di Fate (qui a d'ailleurs écrit l'un des essais), cet ouvrage fait partie de la "première fournée" des titres généraux consacrés au genre (il est à peu près contemporain des premières encyclopédies sur le genre) et a été publié par Starmont House, un éditeur issu du monde de la SF et connu pour ses nombreuses monographies d'auteurs (voir là). Dirigé par Marshall B. Tymn, un spécialiste de l'enseignement du genre (on lui doit plusieurs ouvrages sur ce thème), cet ensemble vise à présenter la SF (et accessoirement la Fantasy) dans sa globalité et en détaillant ses diverses facettes et particularités.
Ce recueil d'essais dus aux habitués de l'exercice (on va retrouver au sommaire des gens comme Clareson, DeVore, Gunn, Schlobin ou Tymn lui-même) est divisé en quatre parties d'une taille inégale (comme le sont d'ailleurs les essais eux-mêmes). La première ("Backgrounds") brosse le classique portrait du genre en évoquant son histoire (Clareson), ses illustrateurs (Di Fate), ses théoriciens (Tymn) ou des domaines précis (cinéma ou juveniles). La deuxième partie est consacrée au fandom avec surtout une longue histoire de celui-ci (par Joe Siclari) ainsi que diverses listes (de prix ou de revues). La troisième ("Academe") cible visiblement les enseignants en leur proposant des listes d'ouvrages ou des bibliothèques de recherche. La dernière (la plus courte) est constituée de plusieurs appendices (thèses sur la SF, adresses d'organisations, définitions du genre). Un index (titres et auteurs) termine l'ouvrage.
Il convient sans doute de prendre la précaution de replacer ce livre dans son contexte. En effet, ce type de livre à vocation "généraliste" est devenu, au fur et à mesure de la croissance de l'intérêt pour le genre, relativement commun, sous une forme ou une autre (souvent plus ou moins illustré). On a ici un ensemble qui fait fortement penser aux dernières parties de certaines encyclopédies (l'EVSF ou celle de Holdstock). Ceci peut expliquer une certaine impression de déjà-vu à la lecture des différents essais, et ce d'autant plus qu'une partie des auteurs produiront d'autres textes ou livres sur les mêmes sujets (on pensera à Tymn en premier lieu mais aussi à DeVore).
En allant plus dans le détail, on, constate une certaine hétérogénéité des essais proposés. Elle se manifeste tout d'abord par un déséquilibre qui conduit par exemple à ce que la partie très détaillée consacrée au fandom (elle nous raconte par le menu toutes les célèbres querelles internes qui ont agité la SF) soit trois à quatre fois plus longue que l'histoire du genre. Elle est aussi marquée par l'intérêt pour le moins variable des essais : si la liste commentée et resumée des principaux ouvrages est indispensable pour le primo-accédant (avec en plus des titres assez peu souvent évoqués), la description du contenu des bibliothèques universitaires situées en Amérique du Nord ou les habituelles listes de lauréats n'offrent potentiellement pas de plus-values à la majorité des lecteurs. Au final, c'est sans doute un ensemble qui, à l'époque, était pertinent mais, qui, plus de trente ans plus tard n'offre qu'un intérêt historique à l'exception de quelques segments toujours utilisables (celui sur l'histoire du fandom ou la liste des titres importants).
Note GHOR : 1 étoile
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08/08/2013
_Bibliothèque(s) #69 : Littératures de l'imaginaire_
Bibliothèque(s) #69 : Littératures de l'imaginaire : 2013 : Association des Bibliothécaires de France : ISSN 1632-9201 : 80 pages (pas d'index ni de bibliographies) dont une cinquantaine consacrée à l'imaginaire : coûte 20 Euros pour un magazine grand format illustré en couleurs, disponible chez l'éditeur (là : http://www.abf.asso.fr/publications#bibliotheques).
On me permettra de passer rapidement sur ce charmant magazine qui consacre un dossier à la SF et autres genres de l'imaginaire. Le résultat est une suite de publi-reportages sur des lieux ou des manifestations à visiter : Les Utopiales c'est trop de la balle, Zone Franche c'est trop bien, Les rencontres de Sèvres c'est trop génial, la Maison d'Ailleurs c'est une tuerie, Les Imaginales c'est trop super; ou sur des ouvrages de référence à posséder absolument tellement ils déchirent (Vas-Deyres, Barrillier ou Rouillier); ou sur des éditeurs super-sympas (L'Atalante sur deux pleines pages ou les courageux indépendants de l'imaginaire). Si l'intention (présenter ces genres à des bibliothécaires) est louable, le résultat fait plus penser à un magazine people qu'à une revue d'étude tant il est léger en terme de matière (il y a au plus deux pages de texte par article en comptant large) et tant il se complaît dans un traitement uniformément laudatif.
A cela s'ajoute une certaine impression de microcosme (les auteurs des articles ont justement d'autres articles qui les évoquent eux ou leurs activités ou leurs entreprises) et de copinage (dans certaines appréciations ou les mentions de certains prix) et une iconographie due à la fameuse "Agence Martienne" (cf. le Dictionnaire visuel des mondes extraterrestres) dont la pertinence peut parfois prêter à sourire (les publicités US futuristes des années 50 dont plusieurs exemples sont repris) et dont les légendes (du style "... Freas Full Cycle Clifford D. Simak") sont à réserver aux initiés (illustration de Kelly Freas pour la nouvelle Full Cycle de Simak). Au final, je ne suis pas convaincu que les bibliothécaires aient appris quelque chose sur la SF&F et, à l'inverse, je ne sais rien de plus sur la réception de ces genres par les emprunteurs alors que cela aurait pu être très intéressant. On n'atteint pas le niveau abyssal de la revue de la BNF mais l'ensemble est bien maigre pour le prix demandé.
Note GHOR : 0 étoile
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07/08/2013
_Science Fiction : Its Criticism and Teaching_
Science Fiction : Its Criticism and Teaching : Patrick PARRINDER : 1980 : Methuen (série "New Accents") : ISBN-10 0-416-71400-5 : xix+160 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait une dizaine d'USD pour un pb non illustré qui existe aussi en hc (-71390-4).
Sous la plume de Patrick Parrinder (un professeur d'anglais dans une université britannique et un familier des ouvrages sur le genre), ce petit opus est un ouvrage à destination des étudiants (en lettres ?) visant à leur présenter le genre. Il s'agit d'un type d'ouvrage typique des années 70-80 où la SF (comme il est précisé sur la quatrième de couverture) devient un légitime "subject for serious study" et doit donc être expliquée d'une façon un peu académique à des lycéens ou des étudiants, voire à des enseignants désireux d'attirer un nouveau public.
Après une préface générale (qui concerne la série "New Accents" tout entière), l'ouvrage débute par une assez longue introduction qui note l'émergence d'un discours critique et académique sur la SF (on notera qu'il n'est pas encore question de Fantasy). Le livre est ensuite divisé en sept chapitres de taille variable dont le premier (et le plus long) est l'habituel condensé de l'histoire du genre mâtiné de la non moins habituelle tentative de définition. Suit une brève analyse sociologique (on y croise notre Gérard Klein national) puis trois chapitres qui lie la SF à d'autres genres littéraires, respectivement la "romance", la fable et l'épopée. Le sixième chapitre est une approche de la SF par son langage (avec un focus sur Solaris) et le dernier rassemble des idées relatives à un éventuel cours sur la SF. Les notes, une bibliographie secondaire sélectionnée et un index terminent l'ouvrage.
Compte tenu des contraintes de place, du domaine à couvrir et de l'orientation choisie (une présentation à des néophytes), il est clair que l'auteur a dû effectuer des choix et adapter son discours à la cible choisie. On est donc face à un ouvrage qui n'apportera absolument rien de neuf à un lecteur un tant soit peu au fait de l'histoire, des sous-genres et des possibilités de la Science Fiction. Ce d'autant plus que le choix des exemples utilisés est extrêmement conservateur et ne propose uniquement que des auteurs qui "présentent" bien (Wells bien sûr mais aussi Lewis, Lem, Le Guin, etc.) et qui ont logiquement déjà été étudiés des dizaines de fois.
Ces choix "légitimants" ne font pas forcément que l'ouvrage est mauvais (l'auteur fait d'ailleurs preuve de sa grande connaissance du genre et de son histoire) mais simplement que son public n'est pas à rechercher chez l'amateur qui a déjà lu tout cela. Même la partie la plus originale, celle consacrée à l'enseignement de la SF, reste trop courte (même s'il s'agit d'une des premières fois que le thème était abordé) par rapport à des ouvrages postérieurs à la finalité identique mais bien plus détaillés comme le Tymn (voir là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/09/01/science-fic...). Au final un ouvrage non dépourvu de qualités mais dont l'utilité est, de nos jours, discutable.
Note GHOR : 1 étoile
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16/02/2013
_Locating Science Fiction_
Locating Science Fiction : Andrew MILNER : 2012 : Liverpool University Press (#44 dans la série "Liverpool Science Fiction Texts and Studies") : ISBN-13 978-1-84631-842-9 : x+244 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 70 GBP pour un HC non illustré avec jaquette, disponible chez l'éditeur (là : http://www.liverpooluniversitypress.co.uk/index.php?optio...), sera sans doute repris ultérieurement au format TP plus abordable.
Cet ouvrage est le tout dernier paru dans la collection d'ouvrages sur le genre publiée par l'université de Liverpool. Il est écrit par un universitaire australien, professeur d'anglais, spécialiste des théories littéraires mais aussi amateur de SF depuis sa plus tendre enfance. Dans cet ouvrage (dont une partie a déjà été publiée sous une forme différente dans diverses revues littéraires, du champ de la SF ou pas), l'auteur souhaite proposer un nouvel "emplacement" pour la Science Fiction au sein de l'espace de la littérature. Le tout en s'appuyant sur les travaux de chercheurs comme Bourdieu, Moretti ou Raymond Williams (à l'extérieur du genre) ou comme Suvin, Freedman ou Jameson pour les théoriciens plus habituellement associés avec celui-ci.
L'ouvrage est divisé en neuf chapitres d'une vingtaine de pages chacun. Le premier est une sorte d'introduction autobiographique qui nous raconte les premières expériences de l'auteur avec le genre (au milieu des années 50) et montre le côté déjà très multimédia (textes écrits, radio, films, BD) du genre, même à l'époque. Les trois chapitres suivants bâtissent une définition de la SF comme une "selective tradition" (un terme emprunté à Williams) et montre comment ce champ peut se cartographier (avec force diagrammes) et comment il interagit avec le reste de la littérature. Les deux chapitres suivants traitent des rapports du genre avec ses cousins que sont l'Utopie, la Dystopie et la Fantasy. Le septième chapitre brosse une histoire du genre parfois en opposition avec d'autres approches (comme celle d'Adam Roberts développée là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/09/23/the-history...). La huitième partie localise le genre comme système "centre-périphérie" (un concept inventé par Moretti) changeant au cours du temps. Le dernier chapitre évoque spécifiquement la SF australienne (essentiellement Shute et Turner) et les usages possibles du genre. Une copieuse bibliographie et un index clôturent l'ouvrage.
Voilà un ouvrage qui donne l'agréable impression de se sentir plus intelligent après sa lecture. Même si une partie des points abordés par l'auteur me passent par-dessus la tête, tellement ils nécessitent une parfaite connaissance de tous les systèmes d'analyse littéraire (marxistes, post-modernistes, post-colonialistes, déconstructionnistes, systémiques, etc.), de leurs filiations, évolutions ou oppositions, on termine ce livre en ayant le sentiment (peut-être trompeur) d'avoir réussi à comprendre une partie des choses. L'objectif de "localiser" le genre est à mon sens parfaitement rempli par Milner et se trouve parfaitement résumé par la carte de la page 45 (une carte qui va d'ailleurs resservir à l'auteur), même si j'ai toujours un peu de mal avec des représentations à deux dimensions qui comportent plus de deux axes gradués.
S'il est vrai que l'évocation des querelles entre théoriciens de la littérature et/ou du genre et les avis ou petites phrases parfois assez féroces de Milner peuvent surprendre, on ne peut qu'être admiratif devant l'érudition de ce dernier et la connaissance vraiment internationale du genre (dans toutes ses composantes) qu'il manifeste, au bémol près (à mon sens) d'une certaine surévaluation de la SF française, à la fois dans son influence sur le genre (Verne excepté) et de sa place réelle au sein de la scène littéraire francophone. En fait, il y a dans cet ouvrage énormément de matière à réflexion et de points qui auraient presque pu faire l'objet d'un livre à eux-seuls, comme par exemple les réflexions de Milner sur les multiples façons (et les motivations associées) dont les débuts du genre ont pu être présentés dans diverses études (des cautions grecques à Gernsback en passant par More et Shelley). Un livre dense, dont la pleine appréciation est sans doute réservée aux experts es critique littéraire académique (que je ne suis pas) mais qui peut apporter à la réflexion de l'amateur (que je suis).
Note GHOR : 3 étoiles
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08/12/2012
_La Science-Fiction en France_
La Science-Fiction en France : Théorie et histoire d'une littérature : Simon BREAN : 2012 : Presses de l'Université Paris-Sorbonne : ISBN-13 978-2-84050-851-9 : 501 pages (y compris index et bibliographies) : coûte 22 Euros pour un TP non illustré, disponible dans toutes les bonnes librairies et chez l'éditeur (http://pups.paris-sorbonne.fr/pages/aff_livre.php?Id=991).
Attendu comme le messie par une partie des amateurs français grâce à un buzz persistant, cet ouvrage est dû à la plume de Simon Bréan, un chercheur et professeur français en littérature rattaché à la Sorbonne, spécialiste de la SF française. Ce livre est donc la publication remaniée de sa thèse qui a été soutenue en 2010. Vu les ambitions affichées et le niveau supposé du livre, il s'agit là de l'une des parutions majeures dans le domaine des ouvrages de référence en français de ces dernières années, ce qui explique probablement toute l'exposition médiatique (en tout cas dans le petit milieu de la SF) qui l'a entouré.
L'ouvrage débute par une préface de Gérard Klein, un des hommes orchestre de la SFF, un auteur que l'on aura d'ailleurs souvent l'occasion de croiser au fil de la lecture. Suit une longue introduction théorique de l'auteur qui définit la SF comme un régime ontologique matérialiste spéculatif et qui la place par rapport à d'autres "genres" ou productions littéraires. Les quatre chapitres suivants s'étendent sur la moitié du livre et brossent une histoire de la SF française et en France. On aborde donc d'abord les précurseurs et l'état du genre en 1950 puis chaque décennie est ensuite étudiée dans un chapitre dédié (le tout s'arrête en 1980 même si un bref bilan historique nous amène jusqu'au présent). Après cette séquence historique on bascule ensuite dans la partie théorique avec tout d'abord un chapitre sur les spécificités du genre tant au niveau de la construction littéraire que du processus de lecture lui-même. La partie suivante est plutôt d'essence thématique puisqu'elle balaye les principaux thèmes (voyage spatial, machines pensantes, extraterrestres, etc.) du genre en liaison avec la section historique. Le chapitre suivant développe la théorie du "macro-texte" commun qui encapsule tous les récits de SF et approfondit les parcours littéraires de deux auteurs : Gérard Klein et Pierre Pelot (sur la période étudiée). Une brève conclusion termine l'ouvrage et précède de volumineuses annexes : chronologie du genre, chronologie des régimes ontologiques, tableaux synthétiques des ouvrages parus en France, bibliographie primaire et secondaire et deux index (général et des oeuvres).
Avant d'aborder le contenu de cet ouvrage, il me paraît important de le redéfinir un peu. Sans avoir d'idée préconçue quant au contenu de l'ensemble et en me fiant au titre (et au sous-titre) : La Science-Fiction en France : Théorie et histoire d'une littérature, le livre que j'ai été amené à lire ne correspondait pas vraiment au ce qui était annoncé. En effet, j'ai plutôt lu un ouvrage qui aurait pu majoritairement s'appeler : Les romans de la Science-Fiction française des origines aux années 1980 tels que perçus par la revue Fiction. En effet, hormis quelques paragraphes contextualisants, seuls les auteurs et le domaine français sont étudiés (et encore uniquement les romans) et la partie historique est placée sous le prisme quasiment unique des analyses et avis donnés dans Fiction. Il est vrai que l'auteur s'en explique dès l'introduction, mais j'avoue bêtement aimer acheter le produit promis et non un autre.
Ensuite, j'ai eu parfois du mal avec le projet du livre et son articulation. L'introduction laissait présager d'un ouvrage théorique sur le genre dans la lignée de Langlet ou de Saint-Gelais avec la classique tentative de définition du genre et les habituelles problématiques de l'exercice. Pourtant la suite bascule dans une histoire de la SF française en France qui ressemble beaucoup dans son esprit et son exécution (vie et mort des collections, résumés -parfois longs- des intrigues, querelles de personnes, etc.) à la partie française de l'histoire du genre racontée par Sadoul, aux bémols près 1) d'une certaine tendance à réécrire l'histoire en se basant souvent sur des commentaires (par exemple les préfaces de Klein) rédigés des années après les évènements évoqués et 2) d'une utilisation trop exclusive du matériau extrait de Fiction. Outre le fait que je n'ai jamais été vraiment Fiction mais plutôt Galaxie (je confesse aussi n'apprécier guère le F&SF original), il me paraît dommage de n'avoir retenu qu'un son de cloche. Même si les autres sources sont certainement plus difficiles à obtenir (fanzines, autres magazines, rares articles ou ouvrages de référence), il existait un "autre" discours critique (parfois écrit par les mêmes personnes, cf. le cas de Satellite) même s'il était moins développé ou moins influent que la "mafia" de Fiction. Cette copieuse (mais limitée dans son horizon) histoire du genre contée, retour à la théorie avec la meilleure partie du livre sur les objets et leur positionnement, même si le remplacement de la xénoencyclopédie de Saint-Gelais par le vade-mecum de Bréan n'est pas forcément une avancée fulgurante. J'ai beaucoup apprécié le travail passionnant sur les réécritures de Drode ou Curval qui est hélas bien trop court. Le chapitre suivant, une sorte de catalogue thématique, m'a complètement échappé, d'autant plus qu'une partie est constituée de redites d'éléments d'intrigues déjà dévoilés dans les chapitres historiques (j'ai même eu l'impression -peut-être fausse- d'y lire les mêmes phrases). Le retour à la théorie est alors le bienvenu surtout que (AMHA) on touche là à la vraie spécificité de la SF, à savoir l'aspect hyper-référentiel du genre et les demandes qu'il impose tant au lecteur (via les protocoles de lecture chers à Delany) qu'à l'auteur (qui doit intégrer tout un corpus à l'aune duquel il est jugé). Toutefois, les théories de Broderick sont plutôt à lire directement chez l'auteur (même si Reading by Starlight est parfois indigeste). De plus, j'ai été littéralement arrêté dans ma lecture par la fin de ce chapitre qui est constituée par deux études d'auteurs (dont l'omniprésent GK) certes très intéressantes mais dont la présence semble pour le moins incongrue tant elles semblent être autonomes (les liens avec le macro-texte qui les parsèment me paraissant presque "rajoutés"). L'étude sur Klein (et les parties du livre consacrées aux débuts du FNA) entrent d'ailleurs particulièrement en résonance avec les travaux contemporains de Lyau sur le même sujet (là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2011/04/26/the-anticip...).
Même si l'on ne peut qu'être admiratif devant la quantité de travail fournie par l'auteur (et de son courage pour avoir lu certains vieux FNA), un certain nombre de détails auraient gagné à être approfondis et vérifiés directement à l'origine ou recoupés avec des sources fiables. Par exemple, et contrairement à ce qui est écrit par Bozzetto (là-dedans : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/08/31/rah-peyresq...), Slan n'est pas un fix-up; le passage du format pulp à un format plus modeste ne date pas forcément de la fin des années 40 mais plutôt du milieu de la décennie (1943 pour le leader Astounding); le fait est que, contrairement à l'idée reçue, les nouvelles parues dans Galaxie (surtout dans sa deuxième incarnation) proviennent souvent d'autres magazines que de Galaxy (WoT, If et même New Worlds); ou l'anthologie Marginal (telle que publiée par OPTA) n'a pas eu 16 numéros dans notre réalité. Cette (fugitive) impression d'approximation est aussi présente en règle générale dans les parties consacrées au survol historique de la SF anglo-saxonne qui sont tellement résumées qu'elles pourraient parfois donner une image un peu déformée de la réalité, un lecteur non averti pourrait penser à la lecture de l'ouvrage que le New Worlds des années 70 est le descendant direct de celui de 1946. Pour terminer les reproches, il est dommage que la riche bibliographie secondaire soit tellement segmentée qu'elle en est inexploitable (même si cette problématique de classement se retourve pour toute liste d'ouvrages de référence, y compris ici).
Au final, pour un lecteur récent du genre, le livre représente une très pertinente synthèse d'un certain nombre de concepts théoriques et permet de connaître l'histoire de la production autochtone de la SF dans notre pays (au moins jusqu'en 1980). A ce titre, il est une addition bienvenue au catalogue des ouvrages de référence en VF. Toutefois, les amateurs plus au fait des travaux sur le genre pourront percevoir ce livre comme une certaine concaténation d'ouvrages existants (Lyau+Fiction+Saint-Gelais+Langlet+Sadoul+Wolfe+Broderick+Le Rayon SF) qui détaillent parfois de façon plus approfondie les mêmes sujets. A ce titre, il est au final d'un intérêt moindre.
Note GHOR : 2 ou 3 étoiles ("your mileage may vary" comme disent nos amis anglo-saxons)
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