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09/04/2010

_The known and the unknown : The iconography of science fiction_

The known and the unknown : The iconography of science fiction : Gary K. WOLFE : 1979 : Kent State University Press : ISBN-10 0-87338-231-5 : xvii+250 pages (y compris index) : coûtait 12.50 USD pour un HC avec jaquette non illustré, trouvable parfois d'occase.

The known and the unknown.jpg

Dans ce livre, Gary K. Wolfe, un des plus fins analystes (on lui doit plusieurs ouvrages de référence) et connaisseurs (il chronique pour Locus depuis des années) du genre propose une approche originale. Sa théorie est que certaines des images de la science fiction se sont, au fil du temps et du travail créatif effectué autour d'elles, sont devenues des "icônes". Elles dépassent alors le statut de simple accessoire pour devenir des éléments "pivotaux" des récits en marquant l'opposition du connu et de l'inconnu (d'où le titre du livre) et en devenant de véritables symboles structurants de croyances sociales et psychologiques. A noter que cette idée est apparue la première fois sous la plume de Wolfe dans un article que l'on peut trouver dans Many futures, many worlds de Clareson.

Captive universe (Sphere 1978).jpg

L'ouvrage se divise donc en trois parties et sept chapitres (et une introduction). Après avoir posé les bases de sa réflexion dans le premier chapitre, Wolfe présente une image (la barrière) et cinq icônes : le vaisseau spatial, la ville, les terres à l'abandon (une mauvaise traduction de ma part du terme Wasteland original), le robot et le monstre. S'appuyant sur un corpus de textes (les films sont peu abordés) des années 1930 à 1960 (peu ou prou l'âge d'or), Wolfe donne dans chaque chapitre des exemples de ces icônes, de leur évolution (certaines pouvant converger comme le vaisseau et la ville, parfois littéralement comme chez Blish) et de leur manipulation. Ce livre ne propose pas de bibliographie mais des notes assez copieuses (dix pages à la fin) et un index.

Villes nomades (Denoel 1971).jpg

L'une des forces de la théorie de Wolfe est qu'elle permet parfois de comprendre l'attrait de certains livres. Par exemple, l'icône du vaisseau spatial est d'une telle puissance qu'elle peut expliquer pourquoi l'on peut discriminer les textes de "vraie" SF de ceux qui ne sont que des westerns ou des aventures maritimes déguisés. Dans les seconds, le navire est juste un moyen scénaristique de transporter les personnages d'un point A à un point B (c'est un strict analogue d'un chariot bâché ou d'un voilier) alors que dans les premiers il est certes un moyen de locomotion mais il se charge aussi d'autres significations tournant autour de l'externalisation de soi et de la confrontation avec l'inconnu dans lequel on peut renaître. Cela montre bien les différences que l'on peut percevoir inconsciemment entre la sci-fi et la SF qui utilise pleinement le potentiel de ces icônes.

Un cantique pour Leibowitz (Folio 2001).jpg

C'est donc un ouvrage important qui fournit non pas une théorie de la SF mais un ensemble de clés permettant de décrypter une partie des présupposés qu'implique l'utilisation de telle ou telle des icônes. On pourra regretter que l'échantillonnage sur lequel s'appuie Wolfe soit assez limité (mais c'est quand même le coeur du genre) ce qui pourrait indiquer une validité moindre de sa théorie qui ne serait alors valable que pour une certaine aire culturelle et géographique. Plus gênant sont surtout les trente ans passés du livre, un laps de temps qui pose la très intéressante question de l'évolution des ces icônes (la ville serait-elle devenue le cyberspace ?) et de l'apparition éventuelle d'autres pour les remplacer dans l'inconscient du genre.

The long tomorrow (Ace 1962).jpg

Note GHOR : 4 étoiles

24/02/2010

_Images de la science fiction_

Images de la science fiction : Steven EISLER : 1980 : Gründ : ISBN-10 2-7000-0304-7 : 96 pages (y compris index) : un HC grand format ("coffee-table book") avec jaquette et illustré en couleurs sur papier glacé qui se trouvait neuf chez les soldeurs, et facilement d'occase.

Images de la science fiction.jpg

Cet ouvrage est la VF de Space wars : Worlds & weapons, un livre publé en 1979 par Crescent en Grande Bretagne. Un point intéressant est la détermination de son auteur. En effet, il n'existe quasiment pas d'autre trace d'un Steven Eisler dans le petit monde de la SF alors que le texte montre une connaissance du genre certaine. La conclusion logique est qu'il s'agit d'un pseudonyme. L'avis général est qu'il s'agit de celui de Robert Holdstock, auteur britannique récemment décédé. Rien de définitivement probant n'a été trouvé sur le sujet et les traces remontent à un article de Wikipedia (http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Holdstock) qui réussit l'exploit de citer une source (la note 8) qui, une fois consultée ne parle absolument pas de ce pseudonyme. Malgré tout, cette hypothèse est AMHA probablement juste, surtout quand on voit que ce livre évoque un nombre disproportionné de livres écrits par Holdstock sous ses pseudonymes attestés (Chris Carlsen, Ricahrd Kirk), un clin d'oeil bien dans la manière de l'auteur.

Earthwind (Faber 1977).jpg

Commençant par une préface de Chris Foss, le livre est constitué de cinq chapitres sur les principaux thèmes du genre. Chacun d'entre eux allie un court texte théorique sur son traitement par la SF (ou la Fantasy) à des grandes (pas mal de pleines pages) illustrations en couleurs et quelques écorchés techniques qui ont la particularité (un peu comme dans Mechanismo) d'avoir des légendes fictives qui racontent une sorte histoire du futur. Un glossaire tout aussi fictif et un index (comportant les TO & les TF) concluent ce court livre. En matière de sources iconographiques, on a une prédominance d'artistes britanniques de l'école post-Foss que l'on retrouvera sur nombre de FNA mais aussi quelques choses plus originales (pulps, PB américains).

L'ile des Bahalim (FN 1977).jpg

Pour un livre dont l'ambition principale est d'offrir un spectacle visuel, le résultat est probant avec des images magnifiques et parfaitement reproduites même si elles sont parfois victimes d'un cadrage aléatoire, certaines étant montrées sous leur forme complète (permettant de voir des parties coupées pour les couvertures de livres) alors que d'autres sont bizarrement coupées. A noter que la correcte attribution des images à leurs auteurs est assez difficile à faire. 

Way station (Methuen 1976).jpg

Cette débauche visuelle ferait presque oublier le texte de Holdstock/Eisler. Il est court et sans grande originalité mais n'en est pas moins fort compétent et bien servi par une traduction qui a fait l'appréciable effort de retrouver efficacement les TF des oeuvres citées quand ils existent (l'index fournuit d'ailleurs les deux, chose rare). Le point faible est le mélange de la fiction (les légendes des images, le glossaire) et de la non-fiction qui conduit (pour moi) à un ouvrage déséquilibré qui aurait dû choisir entre la voie du pseudo-guide (comme la série de Cowley) ou de l'ouvrage sur la SF avec légendes adaptées. Du coup, on a là un bel objet mais qui est victime d'un placement trop écartelé pour être complètement satisfaisant.

Vaisseaux de l'espace.jpg

Note GHOR : 1 étoile

05/02/2010

_The history of science fiction_ (Miller)

The history of science fiction : Ron MILLER : 2001 : Franklin Watts : ISBN-10 0-531-13979-4 : 144 pages : coûte 14 USD pour un TP au format carré illustré en N&B, doit pouvoir se trouver en neuf.

The history of science fiction.jpg

Cet ouvrage est écrit par Ron Miller, un auteur/illustrateur dans le domaine de la SF et de l'espace (voir son site : http://www.black-cat-studios.com/). Il s'agit d'un de ces ouvrages généraux qui ont pour objectif d'initier le lecteur néophyte ou simplement intéressé à la SF. Etant publié par un éditeur spécialisé dans les publications (qui fait partie du groupe Scholastic) destinés à la jeunesse, la cible visée ici est claire et le livre adapté à la tranche d'âge (je dirais à la louche les 12-15 ans) de par son côté aéré et la structure du discours.

Dome (Berkley 1987).jpg

L'ouvrage est divisé en huit chapitres d'inégale longueur. Le premier se plie à l'exercice imposé de la définition du genre, les trois suivants retracent l'histoire de la SF (qui commence à Lucien pour l'auteur). Le cinquième traite des grands thèmes abordés par la science fiction (des empires galactiques aux extraterrestres). Il est suivi par un traitement du genre à l'écran (Cinéma et TV) et de l'illustration. Le dernier chapitre concerne l'interaction entre la SF et la "vraie vie" (côté prophétique du genre, activités sociales en son sein). Plusieurs annexes terminent l'ouvrage : la liste des lauréats des Hugos et des Nebulas (romans seulement), une bibliographie d'ouvrages sur la SF (y compris des sites Internet) et de titres importants et un index. Le tout est largement illustré de pleines pages en N&B (couvertures, illustrations, photos de films).

The black sun (Tor 1998).jpg

Etant nettement trop vieux pour ce livre, mon regard n'est pas forcément le plus adapté. Il s'agit en tout cas d'un bon ouvrage d'initiation relativement exempt d'erreurs (on pourra toujours chipoter sur l'appartenance d'un livre de 1954 à la New Wave). Les points essentiels de l'histoire du genre sont présents et l'analyse de Miller extrêmement classique (précurseurs->proto->SF Gernsbackienne->âge d'or Campbellien->récession->New Wave->Cyberpunk) et passe bien par les points de passage obligés de toute histoire du genre (l'affaire Cartmill, le féminisme, Gibson...).

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Au final un livre aéré, sympathique qui remplit parfaitement sa mission de fournir à de jeunes lecteurs un aperçu du genre dans son histoire et son étendue. Du coup, et sans vouloir enlever de ses qualités, cet ouvrage est strictement inutile à l'amateur un tant soit peu avisé.

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Note GHOR : 1 étoile

01/02/2010

_Histoire de la science-fiction moderne 1911-1984_

Histoire de la science-fiction moderne 1911-1984 : Jacques SADOUL : 1984 : Robert Laffont (collection "Ailleurs & demain - essais") : ISBN-10 2-221-04464-9 : 513 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 110 FRF pour un TP à la couverture métallisée d'une fragilité conforme à sa légende.

Histoire de la science-fiction moderne (RL).jpg

Cet ouvrage est un des textes légendaires du petit domaine des études sur la SF en français. C'est un monument de permanence puisqu'il a subi plusieurs métamorphoses : une première version a été publiée en 1973 en un volume par Albin-Michel et couvrait la période 1911-1971; une deuxième version (1911-1975) sera éditée en 1975 par J'ai Lu (une collection dirigée par Sadoul) en format poche et divisée en deux tomes (un pour le domaine anglo-saxon, un pour le reste du monde); enfin le tout sera remanié, complété (1911-1984) et regroupé pour aboutir à ce volume qui clôturera l'épisodique collection des essais chez A&D. C'est aussi un monument d'ambition puisque celle de Sadoul est tout simplement de raconter l'histoire du genre de 1911 (parution de Ralph 124C41+) à 1984 (date d'écriture du livre) à la fois dans les pays anglo-saxons et en francophonie (les autres SF sont aussi abordées). A noter que cette édition ne comporte pas de cahiers photographiques contrairement à celle d'Albin-Michel.

Histoire de la science fiction moderne (AM).jpg

Le livre est découpé en deux parties très inégales correspondant à son découpage géographique. La première (presque 400 pages) concerne donc les USA et la GB, la seconde (une centaine de pages) traite du domaine francophone. Ces parties sont divisées en un certain nombre de chapitres correspondant à des périodes de l'histoire du genre telles que définies par Sadoul (globalement des grosses décennies suivant un canevas assez standard). Au sein de chaque chapitre on a une narration chronologique (et par magazine pour l'anglais) qui met surtout l'accent sur les oeuvres littéraires indépendamment de leur longueur et de le traduction ou non en VF. Quelques annexes complètent le livre : un panorama rapide (une dizaine de pages) des "autres SF" (allemande, italienne, latine, de l'Est), une bibliographie d'ouvrages de référence et un index (titres et noms propres).

Histoire de la science-fiction moderne T1 (JL).jpg

Il est généralement de bon ton de critiquer cette histoire de la SF pour divers motifs : goût de l'autopromotion et partialité de l'auteur qui "vend" sa collection et ses auteurs, erreurs de perspective historique, manque de fluidité de la narration qui n'est qu'une simple accumulation de résumés d'intrigues, oublis divers et erreurs factuelles. Il est vrai que ces reproches peuvent légitimement être faits à Sadoul comme par exemple la citation au sein d'une histoire globale du genre d'un certain nombre de novellisations médiocres dont le seul intérêt est d'avoir été publiées par J'ai Lu (et l'abondance de titres de cet éditeur en général), ces coquilles sur des titres de Van Vogt (The universe makerS) ou globalement un biais notable en faveur la SF qu'il apprécie.

The universe maker (Ace 1974).jpg

Mais ces reproches sont-ils réalistes ? Tout d'abord, peut-on vraiment écrire une histoire de la SF mondiale même en 500 pages en ne négligeant aucune oeuvre, aucun auteur important ou aucun courant ? Si cela était possible, peut-on le faire d'une façon impartiale ? Les rares qui on tenté l'expérience on tous été attaqués sur ces critères : Aldiss (Billion puis Trillion year spree) par la frange "dure" de la SF US, à contrario, Del Rey (The world of science fiction) l'a été par Aldiss et Priest, et plus récemment Roberts (The history of science fiction) sur la dimension religieuse. En gros, la mission n'est-elle pas tout simplement impossible ?

Le trou noir (JL 1980).jpg

Au final, il reste une histoire du genre érudite et passionnante malgré ses défauts certains, une oeuvre d'une ambition rarement égalée même chez les anglophones et un des textes francophone clés sur le genre. C'est aussi la seule tentative sérieuse d'une histoire de la SFF. En plus, c'est aussi un livre qui m'a personnellement beaucoup apporté et que je chéris particulièrement.

Histoire de la science-fiction moderne T2 (JL).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

07/12/2009

_Les faiseurs d'univers : La science-fiction aujourd'hui_

Les faiseurs d'univers : La science-fiction aujourd'hui : Donald A. WOLLHEIM : 1973 : Robert Laffont (collection "Ailleurs & Demain - Essais") : pas d'ISBN : 204 pages (y compris index) : coûtait à l'époque 35 Francs pour un TP à la fameuse couverture métallisée peu solide (ici à dominante orange propre aux essais), se trouve facilement d'occase.

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Partageant malheureusement presque son titre français avec un roman de Farmer, cet ouvrage en diffère par son titre original (The universe makers contre The maker of universes). Il s'agit en effet de la traduction d'un livre américain paru en 1971 sous la plume de Donald Wollheim. On ne présenta plus ce dernier, membre historique des Futurians, auteur de SF de seconde zone (sous pseudonymes comme David Grinnell -d'ailleurs en auto publication- sauf pour ses juveniles) et surtout directeur de collection important, tout d'abord chez Ace et ensuite fondant sa propre maison d'édition (DAW Books) à laquelle il donnera son nom.

Le faiseur d'univers (Lattès 1973).jpg

Traduit par Pierre Versins, ce livre est une sorte d'histoire personnelle de la SF (et un peu de la Fantasy) qui suit la vie de Wollheim et celle du genre (qui sont de toute façon mêlées). Il est constitué de vingt-sept chapitres assez courts (rarement plus de dix pages), qui traitent l'histoire  le genre dans un ordre à peu près chronologique et qui sont généralement basées sur l'étude d'une auteur en particulier (on y croise tout le gratin de l'âge d'or). Il y dessine en quelque sorte une histoire du futur commune dépeinte par la SF. Certains chapitres sont plutôt des digressions où DAW s'en prend à des cibles prévisibles vu son background : le livre de Amis New maps of hell, la New Wave, les traîtres à la cause (Vonnegut, Bradbury). Un index complet (titres et auteurs) clôt l'ouvrage.

The martian missile (Ace Double D-465).jpg

Il est clair que ce livre ne peut en aucune façon prétendre à l'objectivité. Largement consacré aux livres parus sous sa direction, bourré de jugements à l'emporte-pièce, de petits règlements de comptes entre amis (avec Pohl) ou entre collègues (avec les autres éditeurs), il est plus à la fois un manifeste contre les évolutions du genre de l'époque (essentiellement la New Wave et un pessimisme généralisé) et une célébration d'un certain type de SF qu'une histoire raisonnée de la science-fiction. Du coup, c'est plutôt amusant à lire si l'on connaît le contexte et si l'on prend le recul nécessaire (il faut aussi oublier un certain nombre d'affirmations factuelles erronées).

The artifact (DAW 1990).jpg

On pourra aussi savourer les notes de bas de page de Versins, même si son habitude de traduire les titres des ouvrages qui n'étaient pas parus à l'époque force parfois à s'arrêter dans la lecture pour vérifier mentalement de quoi l'on parle, par exemple The long tomorrow de Brackett est traduit -littéralement- par Versins par Le long lendemain alors que ce texte sera finalement sorti en VF comme Le recommencement.

Alpha ou la mort & Le recommencement (OPTA 1976.jpg   The long tomorrow (Ace 1962).jpg

Très lisible et assez décapant, à prendre comme une position très personnelle sur le genre par un acteur majeur de celui-ci.

Le mystère des lunes de Mars (Daniber 1960).jpg

Note GHOR : 1 étoile