14/05/2010
_Modern science fiction : Its meaning and its future_
Modern science fiction : Its meaning and its future : Reginald BRETNOR (editor) : 1953 : Coward-McCann : pas d'ISBN : 294 pages (pas d'index) : coûtait 3.75 USD pour un HC avec jaquette non illustré.
Avec ce livre, nous plongeons dans la préhistoire des ouvrages de référence. Paru en 1953 (donc contemporain du Science-fiction handbook de De Camp), ce titre est en effet l'une des toutes premières tentatives sérieuses d'organiser une réflexion sur le genre, la première étant probablement le recueil Of worlds beyond rassemblé en 1947 par Eshbach. Il s'agit donc d'un ouvrager pionnier dans lequel on va trouver essentiellement des acteurs du genre comme des rédacteurs en chef (Campbell, Boucher) et des écrivains en activité (Asimov, Clarke, Wylie, De Camp) plutôt que des universitaires (qui ne s'intéressaient absolument pas à la SF à l'époque). A noter qu'il est composé d'inédits (sauf le Clarke et une partie du De Camp).
Ce livre rassemble 11 essais d'une grosse vingtaine de pages chacun. il est divisé en trois parties : "Science fiction today" (3 essais) qui dresse une sorte d'état des lieux tant en littérature que dans l'audiovisuel; "Science fiction as literature" (3 essais) qui réfléchit sur la position de genre par rapport à l'imaginaire et "Science fiction, science and modern man" (5 essais) qui traite des sujets plus divers (par exemple le concept de "Social SF" par Asimov ou le futur du genre par Bretnor). On remarquera l'absence d'index.
Ecrits par des pratiquants quotidiens de la SF, l'ensemble des contributions est logiquement d'un bon niveau de connaissance du genre. C'est d'ailleurs une des forces de l'ouvrage que de brosser un portrait assez fidèle de l'état (et de l'état d'esprit) de la science fiction au le début des années 50, à l'orée d'une courte période de prospérité et d'expansion (qui se terminera peu après avec le fameux "blight").
Sur le plan théorique, il est clair que les auteurs ont plutôt "le nez dans le guidon", ce qui nous vaut des réflexions finalement assez simples et qui montrent bien que le travail d'élaboration d'une théorie du genre restait encore à faire, même si certaines choses semblent ne pas avoir beaucoup évolué depuis (comme le montre l'essai de Moore sur les rapports entre mainstream et SF qui pourrait avoir été écrit de nos jours). En résumé, c'est un ouvrage dont l'apport est surtout historique, à la fois comme témoignage de l'état du genre à cette époque mais aussi comme un des jalons de son analyse.
Note GHOR : 1 étoile
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29/04/2010
_The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction_
The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction : Gary WESTFAHL : 1998 : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies" #15) : ISBN-10 0-85323-573-2 : 344 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 GBP pour un TP qui se trouve neuf, existe aussi en HC (-563-5).
La problématique de la date de naissance de la SF fait partie de ces grandes questions qui reviennent à intervalles réguliers (comme d'ailleurs la définition même de celle-ci). Traditionnellement, on trouve plusieurs écoles : ceux qui font commencer le genre à la Bible ou à tout autre texte légendaire (babylonien par exemple); ceux qui débutent à un point situé avant la révolution industrielle (un intervalle assez vaste qui va de Lucien à More); les Aldissiens qui comptent à partir de Frankenstein; les proto-SFistes qui partent de Wells ou Verne (on est alors dans la deuxième moitié du XIXème) et les modernes qui démarrent à partir du moment où le genre acquiert un nom (c'est à dire avec Hugo Gernsback). Ceux qui connaissent ses autres écrits ne seront pas surpris de voir que Westfahl se place fermement dans le dernier camp. Cette idée que l'invention de la SF a été délibérée et date de 1926 (ou à peu près) sous l'impulsion de Gernsback (ensuite relayé par Campbell) est donc la thèse que développe l'auteur dans ce livre.
Organisé en une dizaine de chapitres de taille variable (dont une partie avait déjà été publiée, surtout dans Foundation), cet ouvrage est organisé sur une base chronologique après une très copieuse (presque quarante pages) introduction qui démonte les autres théories existantes, en particulier Suvin et Aldiss. Westfahl déroule donc la genèse du genre des débuts d'Amazing à la fin de l'âge d'or d'Astounding (dans le début des années 50) en s'appuyant sur de nombreuses citations textuelles de l'époque étudiée. A noter que l'avant dernier chapitre est une étude spécifique de Beyond this horizon, le roman de Heinlein. Une liste des oeuvres citées et un index (par nom) terminent le livre.
Il est clair dès le début du livre que l'objectif de Westfahl est d'écrire une oeuvre polémique afin de secouer le cocotier des idées reçues sur la SF et ses origines que nombre de critiques et théoriciens semblent se croire obligés d'enjoliver en allant lui chercher un pedigree un peu plus prestigieux que des revues américaines aux couvertures criardes. A ce titre, sa charge contre des gens comme Aldiss, Suvin, Moskowitz ou Blish est parfois féroce même si elle est enrobée d'une méthodologie très pragmatique (uniquement basée sur les écrits de ces derniers). Même s'il arrive que cela tourne à l'opposition caricaturale entre fans (qui connaissent le genre parce que l'ayant lu) et universitaires (méprisants et en quête de respectabilité), le discours de Westfahl reste cohérent et plein d'une énergie à défendre la SF salutaire.
Quand à la validité des positions prises par l'auteur, il me paraît, en tant que Westfahlien orthodoxe, plus juste de laisser à chaque lecteur le soin de décider ce qu'il en est. En ce qui me concerne, je pense que, malgré une certaine dose d'attaques gratuites et parfois cruelles et un raisonnement qui élude parfois un peu vite certaines incohérences (comme une définition du genre assez peu exploitable), la thèse de Westfahl est une réaction saine contre cette tentation permanente d'une quête de reconnaissance (littéraire, professionnelle ou culturelle) qui se traduit par un lissage du côté "rugueux" du genre. De plus, confronté en élaborant ce blog à de nombreux textes académiques qui montrent une grande ignorance du genre par des gens qui pourtant écrivent à son sujet, je ne peux qu'estimer qu'un (gros) minimum de connaissances et de pratique de la SF sont des pré-requis incontournables pour qui veut la commenter ou l'analyser et qu'un tel bagage ne s'acquiert pas en un trimestre. A final, c'est un essai assez violent et parfois extrémiste, mais c'est un discours honnête et passionné qui mérite d'être entendu et qui a le courage de questionner certaines idées devenues canoniques sur les origines du genre ou l'apport de telle ou telle personne (en particulier ici celui de Gernsback).
Note GHOR : 3 étoiles
07:55 | 07:55 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (2) | Commentaires (2) | Tags : anglais, westfahl, 3 étoiles | Tags : anglais, westfahl, 3 étoiles
13/04/2010
_Une lecture de la science-fiction_
Une lecture de la science-fiction : Automne 1977 : Revue Opus International #64 : pas d'ISBN (titre presse) : 96 pages : coûtait 20 F pour une revue cartonnée copieusement illustrée (en N&B seulement pour la partie SF) qui a longtemps été disponible neuve chez les soldeurs.
Cet ouvrage est donc un numéro "Spécial SF" d'une revue (Opus International) d'art basée à Paris et liée aux éditions Georges Fall. Périodiquement, des revues de divers domaines (mais souvent artistique) décident de consacrer un de leurs numéros à la SF. On se rappellera des tentatives des revues Europe (tendance littéraire), Phosphore (pour lycéens) ou Revue de la BNF (comme son nom l'indique). D'une façon similaire à ce numéro, il est à noter que dans ces cas de figure, la partie SF est souvent minoritaire et s'apparente plus à un gros dossier.
La section consacrée à la SF dans cette revue comporte une dizaine d'article et remplit une quarantaine de pages. On y trouve la plupart des plumes françaises qui comptaient, chacune dans leur domaine de prédilection : Eizykman sur la BD, Louit sur le cinéma, Lecomte sur les femmes dans le genre, Guiot sur la politique, Klein sur la SF US (une synthèse de son fameux article Malaise dans la science-fiction), Goy sur les rapports entre science et SF, Goimard sur la SF soviétique, Curval sur les structures romanesques, Lemaire sur William Burroughs. A cela s'ajoute une courte interview de Ballard. L'ensemble est illustré par des couvertures (Fiction, Galaxie), des planches de BD ou des photographies de films (pour les articles qui leur sont dédiés) et des illustrations intérieures repiquées chez Sadoul (Hier l'an 2000) ou Aldiss (Graphismes SF).
Malgré la qualité indéniable des intervenants (c'est le dessus du panier du petit monde de la SF de l'époque), je ne suis jamais vraiment séduit ni surtout convaincu par ce type d'exercice imposé qui vise à présenter la SF à un public néophyte en quelques articles joliment illustrés. C'est à la fois forcément beaucoup trop schématique (comme Lecomte expédiant l'histoire de la participation féminine au genre en une dizaine de lignes) et surtout empreint d'une certaine attitude "honteuse" de la part de pratiquants du genre ("Regardez ce que l'on aime, c'est un peu débile ou infantile, mais cela nous plaît quand même."). Au lieu de textes militants, on a souvent une sorte d'auto ironie (Goy assassinant La tour de verre de Silverberg sous l'angle scientifique -le tout sans avoir vérifié la VO-) ou une sorte d'obligation de ressortir tous les clichés existant sur le genre (comme cette imagerie sexuelle évoquée à longueur de légendes à propos des illustrations).
Une telle attitude ne peut juste que renforcer les clichés véhiculés sur la SF. Non pas que cela ait une quelconque importance (la réputation du genre étant AMHA simplement irrécupérable, ce qui n'est d'ailleurs pas pour me déplaire) mais c'est juste une perte de temps et d'énergie, choses qui auraient pu être mieux utilisées ailleurs. Par exemple pour nettoyer le texte des nombreuses coquilles qui restent (M. Freas, Flat Land, Zeena Hendeson, Margareth St Clair) ou vérifier un peu ce que l'on écrit (comme le fait de dater de 1959 une illustration où s'affiche en toutes lettres un superbe Oct. 1939). Au final un dossier sans originalité, trop léger pour l'amateur et juste bon à conforter les préjugés sur le genre malgré quelques maladroites tentatives de récupération (Borges, Burroughs, Ballard).
Note GHOR : 1 étoile
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09/04/2010
_The known and the unknown : The iconography of science fiction_
The known and the unknown : The iconography of science fiction : Gary K. WOLFE : 1979 : Kent State University Press : ISBN-10 0-87338-231-5 : xvii+250 pages (y compris index) : coûtait 12.50 USD pour un HC avec jaquette non illustré, trouvable parfois d'occase.
Dans ce livre, Gary K. Wolfe, un des plus fins analystes (on lui doit plusieurs ouvrages de référence) et connaisseurs (il chronique pour Locus depuis des années) du genre propose une approche originale. Sa théorie est que certaines des images de la science fiction se sont, au fil du temps et du travail créatif effectué autour d'elles, sont devenues des "icônes". Elles dépassent alors le statut de simple accessoire pour devenir des éléments "pivotaux" des récits en marquant l'opposition du connu et de l'inconnu (d'où le titre du livre) et en devenant de véritables symboles structurants de croyances sociales et psychologiques. A noter que cette idée est apparue la première fois sous la plume de Wolfe dans un article que l'on peut trouver dans Many futures, many worlds de Clareson.
L'ouvrage se divise donc en trois parties et sept chapitres (et une introduction). Après avoir posé les bases de sa réflexion dans le premier chapitre, Wolfe présente une image (la barrière) et cinq icônes : le vaisseau spatial, la ville, les terres à l'abandon (une mauvaise traduction de ma part du terme Wasteland original), le robot et le monstre. S'appuyant sur un corpus de textes (les films sont peu abordés) des années 1930 à 1960 (peu ou prou l'âge d'or), Wolfe donne dans chaque chapitre des exemples de ces icônes, de leur évolution (certaines pouvant converger comme le vaisseau et la ville, parfois littéralement comme chez Blish) et de leur manipulation. Ce livre ne propose pas de bibliographie mais des notes assez copieuses (dix pages à la fin) et un index.
L'une des forces de la théorie de Wolfe est qu'elle permet parfois de comprendre l'attrait de certains livres. Par exemple, l'icône du vaisseau spatial est d'une telle puissance qu'elle peut expliquer pourquoi l'on peut discriminer les textes de "vraie" SF de ceux qui ne sont que des westerns ou des aventures maritimes déguisés. Dans les seconds, le navire est juste un moyen scénaristique de transporter les personnages d'un point A à un point B (c'est un strict analogue d'un chariot bâché ou d'un voilier) alors que dans les premiers il est certes un moyen de locomotion mais il se charge aussi d'autres significations tournant autour de l'externalisation de soi et de la confrontation avec l'inconnu dans lequel on peut renaître. Cela montre bien les différences que l'on peut percevoir inconsciemment entre la sci-fi et la SF qui utilise pleinement le potentiel de ces icônes.
C'est donc un ouvrage important qui fournit non pas une théorie de la SF mais un ensemble de clés permettant de décrypter une partie des présupposés qu'implique l'utilisation de telle ou telle des icônes. On pourra regretter que l'échantillonnage sur lequel s'appuie Wolfe soit assez limité (mais c'est quand même le coeur du genre) ce qui pourrait indiquer une validité moindre de sa théorie qui ne serait alors valable que pour une certaine aire culturelle et géographique. Plus gênant sont surtout les trente ans passés du livre, un laps de temps qui pose la très intéressante question de l'évolution des ces icônes (la ville serait-elle devenue le cyberspace ?) et de l'apparition éventuelle d'autres pour les remplacer dans l'inconscient du genre.
Note GHOR : 4 étoiles
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24/02/2010
_Images de la science fiction_
Images de la science fiction : Steven EISLER : 1980 : Gründ : ISBN-10 2-7000-0304-7 : 96 pages (y compris index) : un HC grand format ("coffee-table book") avec jaquette et illustré en couleurs sur papier glacé qui se trouvait neuf chez les soldeurs, et facilement d'occase.
Cet ouvrage est la VF de Space wars : Worlds & weapons, un livre publé en 1979 par Crescent en Grande Bretagne. Un point intéressant est la détermination de son auteur. En effet, il n'existe quasiment pas d'autre trace d'un Steven Eisler dans le petit monde de la SF alors que le texte montre une connaissance du genre certaine. La conclusion logique est qu'il s'agit d'un pseudonyme. L'avis général est qu'il s'agit de celui de Robert Holdstock, auteur britannique récemment décédé. Rien de définitivement probant n'a été trouvé sur le sujet et les traces remontent à un article de Wikipedia (http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Holdstock) qui réussit l'exploit de citer une source (la note 8) qui, une fois consultée ne parle absolument pas de ce pseudonyme. Malgré tout, cette hypothèse est AMHA probablement juste, surtout quand on voit que ce livre évoque un nombre disproportionné de livres écrits par Holdstock sous ses pseudonymes attestés (Chris Carlsen, Ricahrd Kirk), un clin d'oeil bien dans la manière de l'auteur.
Commençant par une préface de Chris Foss, le livre est constitué de cinq chapitres sur les principaux thèmes du genre. Chacun d'entre eux allie un court texte théorique sur son traitement par la SF (ou la Fantasy) à des grandes (pas mal de pleines pages) illustrations en couleurs et quelques écorchés techniques qui ont la particularité (un peu comme dans Mechanismo) d'avoir des légendes fictives qui racontent une sorte histoire du futur. Un glossaire tout aussi fictif et un index (comportant les TO & les TF) concluent ce court livre. En matière de sources iconographiques, on a une prédominance d'artistes britanniques de l'école post-Foss que l'on retrouvera sur nombre de FNA mais aussi quelques choses plus originales (pulps, PB américains).
Pour un livre dont l'ambition principale est d'offrir un spectacle visuel, le résultat est probant avec des images magnifiques et parfaitement reproduites même si elles sont parfois victimes d'un cadrage aléatoire, certaines étant montrées sous leur forme complète (permettant de voir des parties coupées pour les couvertures de livres) alors que d'autres sont bizarrement coupées. A noter que la correcte attribution des images à leurs auteurs est assez difficile à faire.
Cette débauche visuelle ferait presque oublier le texte de Holdstock/Eisler. Il est court et sans grande originalité mais n'en est pas moins fort compétent et bien servi par une traduction qui a fait l'appréciable effort de retrouver efficacement les TF des oeuvres citées quand ils existent (l'index fournuit d'ailleurs les deux, chose rare). Le point faible est le mélange de la fiction (les légendes des images, le glossaire) et de la non-fiction qui conduit (pour moi) à un ouvrage déséquilibré qui aurait dû choisir entre la voie du pseudo-guide (comme la série de Cowley) ou de l'ouvrage sur la SF avec légendes adaptées. Du coup, on a là un bel objet mais qui est victime d'un placement trop écartelé pour être complètement satisfaisant.
Note GHOR : 1 étoile
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