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05/08/2010

_A pictorial history of Science Fiction_

A pictorial history of Science Fiction : David KYLE : 1986 (pour cette édition) : Tiger Books : ISBN-10 0-600-50294-5 : 173 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 25 USD pour un HC grand format illustré avec jaquette qui se trouve assez aisément d'occasion.

A pictorial history of SF.jpg

Tout d'abord, il convient de noter que cet ouvrage est en fait une nouvelle édition tardive d'un titre initialement sorti en 1976 chez Hamlyn sous une couverture différente mais avec (me semble t-il) un contenu identique. Du coup, cette véritable date de première parution le place fermement au milieu de la vague des ouvrages du même type du milieu des années 70. En effet, comme le Ash ou le Holdstock (traduits eux en VF), il s'agit d'un livre hybride qui mélange une étude sur le genre (historique dans ce cas) avec un "coffee-table book" caractérisé par son iconographie.

Reality forbidden (Ace Double G-609).jpg

Sous la plume de David A. Kyle, une des légendes du fandom (c'est un membre du "first fandom" mais aussi un des fondateurs de Gnome Press), ce livre est donc une histoire illustrée du genre. Logiquement, elle s'organise donc sous une forme chronologique en une suite de chapitres couvrant peu ou prou une décennie chacun, allant de la proto-SF au milieu des années 70. Seul un chapitre sur le fandom s'intercale dans cette progression. Muni d'une courte (une demie page) bibliographie et d'un index, cet ouvrage est majoritairement illustré (plus de la moitié des pages) par des images abondamment légendées de tous les formats (de la vignette à la pleine page) et généralement en N&B, ce qui est logique vu la part belle faite aux dessins intérieurs des pulps.

The darkness on Diamondia (Ace 1972).jpg

Comme souvent avec ce style d'ouvrage, la partie purement textuelle, même si elle est de qualité comme ici avec un tel conteur que Kyle qui connaît tous les recoins du genre, passe un peu au second plan au profit de la partie graphique. Dans ce domaine elle est de toute beauté avec des illustrations superbes et qui sortent souvent des sentiers battus même si l'on trouve parfois des choses déjà vues chez Sadoul ou Freewin.

Analog 1975-08.jpg

Au total c'est un livre fort plaisant qui conte une histoire de la SF certes schématique et centrée sur les pays anglo-saxons mais toujours très érudite et riche d'anecdotes (particulièrement dans les longues légendes des illustrations). Avec un aspect visuel parfaitement exécuté et maîtrisé, ce livre peut parfaitement faire office d'introduction au genre, en prenant seulement garde au fait que l'histoire qu'il raconte s'est arrêtée depuis presque 40 ans.

To challenge chaos (DAW 1972).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

30/06/2010

_Panorama de la science-fiction_

Panorama de la science-fiction : Les thèmes, les genres, les écoles, les problèmes : Jacques VAN HERP : 1975 : Marabout (Collection "Université" #270) : pas d'ISBN : 414 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûtait quelques francs pour un PB légèrement illustré en N&B, existe aussi en TP.

Panorama de la science-fiction.jpg

Cet ouvrage est le deuxième de son genre à être paru en VF. Après le Versins, il s'agit d'une autre tentative de cerner les contours du genre sur une longueur suffisamment importante pour tendre vers une certaine exhaustivité. Issu d'un projet initié avec Jacques Bridenne, ce livre est dû à la plume de Van Herp, un des grands spécialistes du genre à ses débuts et se veut donc un passage en revue historico thématique de la science-fiction au moment où celle-ci est en plein décollage.

Encyclopédie de l'utopie et de la SF.jpg

L'ouvrage est divisé en quatre grandes parties très inégales. La première qui occupe plus de la moitié du livre est une sorte d'histoire de la SF vue au travers du prisme de ses thèmes. Ceux-ci sont assez classique même si les libellés employés par Van Herp peuvent dérouter, comme par exemple "Les machines qui pensent" (= les ordinateurs). La deuxième identifie et définit plusieurs (sous)-genres : le SO, l'HF, la SF mythologique (c'est à dire Merritt et Lovecraft) et les juveniles. La troisième revient sur l'histoire du genre décrite ici sous un angle géographique avec la mention de trois "écoles" (américaine, française et soviétique). La dernière grande partie est un recensement des problèmes qui se posent à la SF dans ses rapports avec diverses forces (Religion, Science, Morale, etc.). Il y a plusieurs annexes : un liste de définitions et de jugements sur le genre, une bibliographie mais on notera l'absence d'index. Le tout est illustré de quelques petites reproductions en N&B.

Le monstre de métal (RF 1957).jpg

Même s'il s'agit d'un jalon important dans l'étude de la SF en langue française, ce livre a particulièrement mal vieilli. En effet cet ouvrage se concentre d'une façon prévisible (c'est d'ailleurs aussi le cas du Versins) sur la proto-SF européenne, sans doute faute de matériau anglo-saxon. Hors, comme son nom l'indique bien, la proto-SF n'est pas encore la SF et cet eurocentrisme forcené que l'on perçoit est un peu dommage pour l'analyse d'une littérature qui est, sous sa forme actuelle, extrêmement américanisée (que l'on le regrette ou pas). Du coup Van Herp tombe avec une incroyable facilité dans les clichés les plus éculés sur les américains incultes et violents comme il en fait l'étalage dans sa violente (et AMHA manquant de nuance) attaque de Poul Anderson qui donne parfois l'impression de lire une mauvaise critique du Fiction de la grande époque.

Les croisés du cosmos (Denoel 1975).jpg

Au final un ouvrage qui est bien trop passéiste et qui présente une cartographie du genre dont l'adéquation avec le terrain semble pour le moins douteuse. On croirait parfois lire une uchronie où la SF se borne à Verne, Renard, Rosny et Robida. Un ouvrage acceptable dans les années 70 mais inexploitable quarante ans plus tard (inexploitabilité d'ailleurs renforcée par la regrettable absence d'index) tellement ses préjugés le disqualifient.

Les navigateurs de l'infini (Rencontre).jpg

Note GHOR : 1 étoile

21/05/2010

_Les mondes de la science-fiction_

Les mondes de la science-fiction : Juillet 1981 : Revue Phosphore #6 : pas d'ISBN (titre presse) : 80 pages (pas d'index) : coûtait 22 F pour une revue copieusement illustrée en couleurs parfois trouvable mais plutôt par hasard (type de produit rarement collectionné).

Phosphore 6.jpg

La revue Phosphore était un titre du groupe Bayard Presse à destination d'un public scolaire (cf. son sous-titre "La revue des collégiens & lycéens") qui a commencé à paraître au début des années 80 et qui se trouvait à l'époque dans nombre de CDI. D'une façon assez logique vu le public visé, elle proposera rapidement un dossier spécial SF. Il ne s'agit bien sûr que d'une petite partie du contenu de la revue (une vingtaine de pages au total) même s'il a les honneurs de la couverture.

Blues pour Julie.jpg

Sous la direction du trio Duvic, Goimard & Guiot, ce dossier se divise en plusieurs parties : un reportage sur la semaine de la SF à Roanne (Goimard, deux pages) avec un extrait d'une étude de Cosem parue dans Univers 06 sur les lycéens et la SF; diverses études thématiques : les extra-terrestres (Guiot), les dystopies (Guiot), les savants fous (Duvic), Dieu (Goimard, un sujet prévisible chez Bayard); un dictionnaire des idées reçues (deux pages par Goimard); une interview de Pierre Pelot par Duvic et enfin une bibliographie primaire et secondaire (commentée) multimédia. Le tout est abondamment illustré en couleurs de photos de films ou d'images de BD.

Univers 06 (JL 1976).jpg

Globalement, le résultat est conforme à ce que l'on peu attendre de ce type de dossier publié dans des revues non-spécialisées. Une présentation sympathique du genre faite par des gens qui le connaissent à destination d'un public néophyte. C'est plaisant à lire et joliment illustré (même si l'on peu regretter l'hégémonie visuelle des films de SF) mais cela ne va pas bien loin, ce qui est logique compte tenu de l'espace limité disponible pour le texte (l'équivalent d'une quinzaine de pages).

Splinter of the mind's eye (Del Rey 1978).jpg

Au final une revue sans grand intérêt pour l'amateur qui, de plus, pourra être irrité par certaines idées défendues par Goimard (justement dans son texte sur les idées reçues) où l'on sent poindre les querelles internes (le rôle de Gernsback, la Hard Science) et autres règlements de compte polémiques et partiaux. C'est d'ailleurs un discours qui jure plutôt au milieu d'un ouvrage assez consensuel.

Parabellum tango (JL 1980).jpg

Note GHOR : 1 étoile

14/05/2010

_Modern science fiction : Its meaning and its future_

Modern science fiction : Its meaning and its future : Reginald BRETNOR (editor) : 1953 : Coward-McCann : pas d'ISBN : 294 pages (pas d'index) : coûtait 3.75 USD pour un HC avec jaquette non illustré.

Modern SF its meaning and its future.jpg

Avec ce livre, nous plongeons dans la préhistoire des ouvrages de référence. Paru en 1953 (donc contemporain du Science-fiction handbook de De Camp), ce titre est en effet l'une des toutes premières tentatives sérieuses d'organiser une réflexion sur le genre, la première étant probablement le recueil Of worlds beyond rassemblé en 1947 par Eshbach. Il s'agit donc d'un ouvrager pionnier dans lequel on va trouver essentiellement des acteurs du genre comme des rédacteurs en chef (Campbell, Boucher) et des écrivains en activité (Asimov, Clarke, Wylie, De Camp) plutôt que des universitaires (qui ne s'intéressaient absolument pas à la SF à l'époque). A noter qu'il est composé d'inédits (sauf le Clarke et une partie du De Camp).

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Ce livre rassemble 11 essais d'une grosse vingtaine de pages chacun. il est divisé en trois parties : "Science fiction today" (3 essais) qui dresse une sorte d'état des lieux tant en littérature que dans l'audiovisuel; "Science fiction as literature" (3 essais) qui réfléchit sur la position de genre par rapport à l'imaginaire et "Science fiction, science and modern man" (5 essais) qui traite des sujets plus divers (par exemple le concept de "Social SF" par Asimov ou le futur du genre par Bretnor). On remarquera l'absence d'index.

Astounding 1950-09.jpg

Ecrits par des pratiquants quotidiens de la SF, l'ensemble des contributions est logiquement d'un bon niveau de connaissance du genre. C'est d'ailleurs une des forces de l'ouvrage que de brosser un portrait assez fidèle de l'état (et de l'état d'esprit) de la science fiction au le début des années 50, à l'orée d'une courte période de prospérité et d'expansion (qui se terminera peu après avec le fameux "blight").

Startling stories 1952-10.jpg

Sur le plan théorique, il est clair que les auteurs ont plutôt "le nez dans le guidon", ce qui nous vaut des réflexions finalement assez simples et qui montrent bien que le travail d'élaboration d'une théorie du genre restait encore à faire, même si certaines choses semblent ne pas avoir beaucoup évolué depuis (comme le montre l'essai de Moore sur les rapports entre mainstream et SF qui pourrait avoir été écrit de nos jours). En résumé, c'est un ouvrage dont l'apport est surtout historique, à la fois comme témoignage de l'état du genre à cette époque mais aussi comme un des jalons de son analyse.

La fin du rêve (OPTA 1976).jpg

Note GHOR : 1 étoile

29/04/2010

_The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction_

The mechanics of wonder : The creation of the idea of science fiction : Gary WESTFAHL : 1998 : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies" #15) : ISBN-10 0-85323-573-2 : 344 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 GBP pour un TP qui se trouve neuf, existe aussi en HC (-563-5).

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La problématique de la date de naissance de la SF fait partie de ces grandes questions qui reviennent à intervalles réguliers (comme d'ailleurs la définition même de celle-ci). Traditionnellement, on trouve plusieurs écoles : ceux qui font commencer le genre à la Bible ou à tout autre texte légendaire (babylonien par exemple); ceux qui débutent à un point situé avant la révolution industrielle (un intervalle assez vaste qui va de Lucien à More); les Aldissiens qui comptent à partir de Frankenstein; les proto-SFistes qui partent de Wells ou Verne (on est alors dans la deuxième moitié du XIXème) et les modernes qui démarrent à partir du moment où le genre acquiert un nom (c'est à dire avec Hugo Gernsback). Ceux qui connaissent ses autres écrits ne seront pas surpris de voir que Westfahl se place fermement dans le dernier camp. Cette idée que l'invention de la SF a été délibérée et date de 1926 (ou à peu près) sous l'impulsion de Gernsback (ensuite relayé par Campbell) est donc la thèse que développe l'auteur dans ce livre.

Hugo Gernsback and the century of science fiction.jpg

Organisé en une dizaine de chapitres de taille variable (dont une partie avait déjà été publiée, surtout dans Foundation), cet ouvrage est organisé sur une base chronologique après une très copieuse (presque quarante pages) introduction qui démonte les autres théories existantes, en particulier Suvin et Aldiss. Westfahl déroule donc la genèse du genre des débuts d'Amazing à la fin de l'âge d'or d'Astounding (dans le début des années 50) en s'appuyant sur de nombreuses citations textuelles de l'époque étudiée. A noter que l'avant dernier chapitre est une étude spécifique de Beyond this horizon, le roman de Heinlein. Une liste des oeuvres citées et un index (par nom) terminent le livre.

Beyond this horizon (Panther 1974).jpg

Il est clair dès le début du livre que l'objectif de Westfahl est d'écrire une oeuvre polémique afin de secouer le cocotier des idées reçues sur la SF et ses origines que nombre de critiques et théoriciens semblent se croire obligés d'enjoliver en allant lui chercher un pedigree un peu plus prestigieux que des revues américaines aux couvertures criardes. A ce titre, sa charge contre des gens comme Aldiss, Suvin, Moskowitz ou Blish est parfois féroce même si elle est enrobée d'une méthodologie très pragmatique (uniquement basée sur les écrits de ces derniers). Même s'il arrive que cela tourne à l'opposition caricaturale entre fans (qui connaissent le genre parce que l'ayant lu) et universitaires (méprisants et en quête de respectabilité), le discours de Westfahl reste cohérent et plein d'une énergie à défendre la SF salutaire.

Beyond this horizon (Signet).jpg

Quand à la validité des positions prises par l'auteur, il me paraît, en tant que Westfahlien orthodoxe, plus juste de laisser à chaque lecteur le soin de décider ce qu'il en est. En ce qui me concerne, je pense que, malgré une certaine dose d'attaques gratuites et parfois cruelles et un raisonnement qui élude parfois un peu vite certaines incohérences (comme une définition du genre assez peu exploitable), la thèse de Westfahl est une réaction saine contre cette tentation permanente d'une quête de reconnaissance (littéraire, professionnelle ou culturelle) qui se traduit par un lissage du côté "rugueux" du genre. De plus, confronté en élaborant ce blog à de nombreux textes académiques qui montrent une grande ignorance du genre par des gens qui pourtant écrivent à son sujet, je ne peux qu'estimer qu'un (gros) minimum de connaissances et de pratique de la SF sont des pré-requis incontournables pour qui veut la commenter ou l'analyser et qu'un tel bagage ne s'acquiert pas en un trimestre. A final, c'est un essai assez violent et parfois extrémiste, mais c'est un discours honnête et passionné qui mérite d'être entendu et qui a le courage de questionner certaines idées devenues canoniques sur les origines du genre ou l'apport de telle ou telle personne (en particulier ici celui de Gernsback).

Beyond this horizon (Roc 1997).jpg

Note GHOR : 3 étoiles