24/09/2010
_Science Fiction_ (Roberts)
Science Fiction : Adam ROBERTS : 2000 : Routledge (série "The new critical idiom") : ISBN-10 0-415-19205-6 : 204 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 15 USD pour un petit TP non illustré.
Science Fiction : 2nd edition : Adam ROBERTS : 2006 : Routledge (série "The new critical idiom") : ISBN-10 0-415-36668-2 : 159 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 20 USD pour un petit TP non illustré.
Ecrits par Adam Roberts, un des auteurs britanniques récents les plus intéressants (malgré le fait qu'une partie de sa production soit d'oeuvres alimentaires sous pseudonymes transparents), ces ouvrages (le second étant simplement une version retravaillée du premier) font partie de la catégorie des ouvrages d'initiation à la SF. Etant édités par Routledge, ils sont plutôt destinés à un public étudiant (option littérature) qui souhaite s'informer sur tel ou tel genre (la liste des titres dans cette série est assez longue).
Malgré leur nombre de pages différent, les deux éditions contiennent à peu près la même quantité de texte (la seconde possédant une police plus petite) et sont organisés de façon similaire. Après deux très courtes préfaces, les ouvrages sont divisés en six inégales parties principales : "Defining Science Fiction" (exercice obligé de la définition + partie sur Dune); "The History of SF" (comme son nom l'indique + partie sur Star wars); "SF and Gender" (sur les problématiques féministes + partie sur The left hand of darkness); "SF and Race" (idem mais sur le racisme + partie sur Butler); "SF and Technology" (thèmes technophiles classiques + partie sur Neuromancer) et enfin "Conclusion". Une bibliographie (primaire et secondaire) et un index clôturent l'ouvrage (à noter que la première édition comporte un glossaire non repris dans la seconde).
Roberts étant à la fois un pratiquant régulier et un théoricien confirmé du genre (il a écrit d'autres ouvrages de référence comme une histoire de la SF), il n'y a pas de mauvaises surprises avec ce livre malgré une qualité technique perfectible (pas mal de coquilles dans les noms propres qui seront corrigées dans la seconde édition). C'est maîtrisé et généralement agréable à lire avec une bonne prise en compte du domaine extralittéraire même si elle se limite au cinéma.
Le souci principal est que la cible visée et les objectifs de la collection entraînent de façon assez logique un grand classicisme et une nette impression de "déjà-vu". Une fois de plus, un part disproportionnée est consacrée aux les thèmes à la mode dans le milieu des études sur la littérature que sont le féminisme ou le post-colonialisme. De la même façon, le choix des textes mis en exergue par Roberts est franchement convenu avec des auteurs respectables (Le Guin, Butler ou Gibson) et des choses plus populaires (Star wars, Dune) qui n'offrent guère de surprises. Un livre qui remplit ses objectifs mais que le déjà amateur de SF pourra trouver assez fade.
Note GHOR : 2 étoiles
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23/09/2010
_Science Fiction_ (Luckhurst)
Science Fiction : Roger LUCKHURST : 2005 : Polity Press (série "Cultural history of literature") : ISBN-10 0-7456-2893-1 : vii+305 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait une vingtaine d'Euros pour un TP non illustré disponible en neuf chez l'éditeur (http://www.polity.co.uk/book.asp?ref=9780745628929) qui existe aussi en HC (-2892-3).
Ecrit par Roger Luckhurst, un professeur britannique à qui l'on doit déjà un ouvrage sur James G. Ballard (The angle between two walls), ce livre est une histoire du genre, ici abordée sous l'angle de l'histoire culturelle (c'est à dire la façon dont la SF se place par rapport aux valeurs culturelles d'une époque et d'un lieu). A noter que faute d'un texte "définitif" (comme pouvait l'être le C&N pour les encyclopédie dans les années 90), ce type de projet (raconter l'histoire du genre) revient régulièrement avec des angles d'attaques et des ambitions différents (cf. Roberts en 2007 ou Colson/Ruaud en 2009).
Après une courte introduction, le livre est divisé en trois grandes parties qui suivent l'histoire du genre dans un ordre (logique !) chronologique (malgré la présence d'apartés spécifiques à la scène britannique) et dont la taille va croissant. La première ("Emergence 19980-1945") traite en trois chapitres de la période qui va de la proto-SF jusqu'à la fin de la 2GM. La deuxième ("Elaboration 1945-1959") est consacrée à la SF technophile et à son évolution vers la critique sociale. "Decade studies" termine l'ouvrage avec un chapitre sur chacune des décades des 60 aux 90. Une bibliographie sélectionnée (ouvrages de référence) et un index clôturent le livre.
Comme toute tentative de ce type sur moins de trois cents pages, il est évident que Luckhurst a dû être amené à élaguer pas mal de parties de son discours. Cela se remarque tout d'abord par la place un peu disproportionnée (si on la met en rapport avec le corpus des textes) donnée à la proto-SF. C'est d'ailleurs un défaut récurrent qui légitime certes le tout mais dont, sur le fond, on peut contester la validité. Même si la SF est un genre en permanent dialogue interne, l'influence réelle de certains textes mineurs de Wells (par exemple) sur l'histoire du genre reste à démontrer.
De la même façon, le manque de place semble conduire l'auteur à minimiser la place accordée à la SF "non-littéraire" (essentiellement le cinéma) et à concentrer son discours sur certains textes certes emblématiques mais dont la seule étude n'est pas suffisante pour rendre compte des évolutions du genre (c'est la cas du Cyberpunk qui est presque égalé avec le roman Neuromancer). Il ne faudrait pas prendre ces critiques comme une condamnation du livre. L'ouvrage est très solide (on sent bien que Luckhurst aurait plus à dire) et ses limitations (de place) ne sont probablement pas le fait de l'auteur. C'est une très bonne histoire du genre (même si elle est trop courte) dont la force est de montrer les interactions entre celui-ci et la culture qui l'entoure.
Note GHOR : 3 étoiles
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01/09/2010
_Reading by starlight : Postmodern science fiction_
Reading by starlight : Postmodern science fiction : Damien BRODERICK : 1995 : Routledge : ISBN-10 0-415-09789-4 : 197 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 17 USD pour un TP non illustré.
Damien Broderick est un universitaire australien (même s'il réside aux Etats-Unis) qui a occupé de nombreuses fonctions dans le genre. Commençant par le fanzinat, il a été éditeur, anthologiste, essayiste, auteur de textes sur la science, écrivain de SF (il revient d'ailleurs sur le devant de la scène avec des nouvelles et sa duologie Godplayers & K-Machines) et bien sûr auteur d'ouvrages de référence (comme x, y, z, t: Dimensions of Science Fiction). Ce livre est une réflexion sur les rapports entre postmodernisme et SF qui s'appuie particulièrement sur l'oeuvre de Samuel Delany qui est pour Broderick l'exemple type de cette fusion.
L'ouvrage est divisé en deux parties. La première ("Modern science fiction"), qui comporte sept chapitres, est une sorte d'histoire du genre qui commence dans les années 30 et s'arrête avec le cyberpunk. La seconde ("Postmodern science fiction" sur cinq chapitres) cherche au sein du genre des exemples de SF présentant une sensibilité postmoderne et la trouve dans plusieurs romans de Delany (The Einstein intersection et Stars in my pocket like grains of sand) qui sont analysés en détail. A noter qu'une partie non négligeable de ces chapitres ont été pré-publiées sous une forme modifiée dans diverses revues d'étude sur le genre. L'ouvrage se termine par plusieurs pages de notes, une volumineuse bibliographie générale et un index.
Pour être franc, j'avoue n'avoir que très moyennement apprécié ce livre malgré l'érudition dont il fait preuve. Sans doute parce que le concept même de postmodernisme, tel que développé (ou expliqué) par Briderick me paraît globalement assez fumeux ou en tout tellement imprécis qu'il peut s'appliquer de façon sélective à peu près n'importe quel texte de SF du fait qu'elle est un genre essentiellement référentiel et donc une littérature particulièrement consciente d'elle-même.
Relativement "léger" en volume (il y a au plus 150 pages de texte) mais paradoxalement plombé par un style particulièrement lourd et abusant du jargon à la mode à l'époque, ce livre est un peu un pensum à lire. Entre le "name-dropping" intense, les redites de Delany (sur les protocoles de lecture propres au genre) et encore et encore du Delany à toutes les sauces (en fiction cette fois), l'ambiance est un peu étouffante. Sans doute n'ai-je simplement pas le bagage nécessaire pour apprécier pleinement le travail de Broderick.
Note GHOR : 1 étoile
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11/08/2010
_Les pirates du paradis : Essai sur la science-fiction_
Les pirates du paradis : Essai sur la science-fiction : Alexis LECAYE : 1981 : Denoël Gonthier (série "Bibliothèque Médiations" #212) : ISBN-10 2-282-30212-5 : 249 pages (y compris index) : coûtait quelques francs pour un poche non illustré aisément trouvable.
Paru hors des collections classiques et sous la plume d'un auteur qui sera par la suite connu pour son implication dans le roman policier, cet ouvrage est un essai de portée assez générale sur la SF. Un type de livre basé sur des parcours personnels dont sortiront un certain nombre d'exemples dans la décennie 70-80. On pensera par exemple au Gougaud (Démons et merveilles de la SF) dont ce titre est finalement assez proche.
Le principe choisi par Lecaye pour évoquer le genre étant de nature thématique, l'ouvrage se divise donc en 16 chapitres d'une quinzaine de pages qui abordent chacun un thème de société ou un aspect du genre et l'illustrent en faisant référence à de nombreux textes (en VF et VO). On y retrouve donc le spectre habituel des sujets généralement abordés par cette catégorie d'ouvrage : le temps, l'espace, les robots, le sexe, l'autre, la divin, la violence, la télépathie, le jeu, etc. Un index (nom propres seulement) clôture ce livre qui ne propose pas de bibliographie.
Malgré une visiblement très bonne connaissance du genre par l'auteur qui multiplie les références à un vaste spectre de textes dont certains relativement obscurs ou non traduits, cet essai ne m'a pas vraiment satisfait. C'est sans doute le manque de réflexion globale sur le genre qui m'a gêné. On a en effet l'impression de lire une longue suite d'exemples relatifs à tel ou tel thème (Wyndham sur le matriarcat, Blish sur la religion) qui montre certes l'étendue des approches pratiquées par le genre mais qui ne va pas plus loin, sauf dans la courte conclusion où la SF est considérée comme une littérature millénariste, une idée pas très neuve.
Il est à noter que la lecture de ce petit essai n'est pas facilitée par une pratique que l'on rencontre parfois chez certains auteurs VF à savoir une gestion des titres et des correspondances VO/VF pour le moins assez confuse. On trouve en effet de façon assez aléatoire : le TF, le TO, le TO même si le TF existe (le flemme de le chercher ?), le TF traduit du TO et qui ne correspond pas au "vrai" TF (un terrible Une peste de Pythons pour le roman A plague of Pythons aka L'ultime fléau). Cette véritable salade de titres n'est certes pas grave en soi mais peut laisser un doute sur la quantité de travail fourni et est parfois assez pénalisante lors de la lecture qui doit être arrêtée le temps de deviner de quoi parle l'auteur. De toute façon, la partie bibliographique n'est visiblement pas la tasse de thé de Lecaye vu le peu d'efforts et d'informations fournies dans ce domaine. Au final un ensemble qui n'est pas fondamentalement mauvais mais simplement sans grand relief et dont on peut se demander quel est le projet qui l'a impulsé.
Note GHOR : 1 étoile
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09/08/2010
_Pilgrims through space and time_
Pilgrims through space and time : Trends in patterns in scientific and utopian fiction : J. O. BAILEY : 1972 (pour cette édition) : Greenwood Press : ISBN-10 0-8371-6323-4 : ix+341 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 3.50 USD pour un TP avec quelques illustrations en N&B.
Ce livre est une des légendes du monde des ouvrages de référence sur la SF. Historiquement, il s'agit en effet du tout premier d'entre eux puisqu'il a été originellement publié en 1947 chez Argus Book tout en ayant été écrit dans sa majorité encore avant. C'est donc un texte fondateur (le prix annuel décerné à un chercheur par la SFRA porte d'ailleurs son nom) ce qui explique pourquoi il a été réédité en 1972 par Greenwood dans cette édition qui y ajoute simplement une introduction de Thomas D. Clareson. L'ambition de Bailey était tout simplement de raconter l'histoire de la SF (ou de la proto-SF) essentiellement dans le monde anglo-saxon jusqu'à l'orée de la deuxième guerre mondiale.
Ce livre est divisé en deux parties principales. La première suit un ordre à peu près chronologique et retrace l'histoire de la proto-SF en six chapitres et deux cents pages, allant d'un pamphlet de 1641 à une nouvelle de 1945 parue dans Astounding par George O. Smith (Identity). La seconde (5 chapitres et une centaine de pages) est une exploration du même ensemble de textes sous divers angles : structurel, thématiques, prospectif ou idéologique. Le tout est complété d'une bibliographie des oeuvres citées et d'un index complet (noms propres, titres et thèmes).
Au vu du climat peu propice au genre qui prévalait lors de la rédaction de cet ouvrage, on ne peut que louer le travail de Bailey et souligner encore une fois son côté précurseur qui ouvrira la voie à des centaines de travaux sur la SF. Vu la nouveauté de l'exercice, on comprendra aisément que la majorité du livre (en gros la première moitié) soit plus une suite de résumés d'intrigues de textes strictement inconnus qu'une histoire vraiment structurée des débuts du genre. En effet, avant de disserter sur la SF (ici la proto-SF) il convient tout d'abord de la cartographier, c'est là tout le travail accompli par l'auteur.
De la même façon que pour le Versins (qui fait montre parfois d'une certaine similitude), le revers de la médaille est que l'étude de Bailey fait l'impasse à peu près totalement sur la SF des pulps (à partir du moment où ils existent), ce qui handicape fortement la fidélité du portrait qu'il dresse en ce qui concerne les années 1926 à 1945. Il est frappant de voir que l'index ne comporte aucune mention de gens comme Asimov, Heinlein ou Van Vogt alors qu'ils sont déjà des géants du genre à l'époque de la parution initiale de cet ouvrage. On a donc une étude pionnière mais dont la pertinence et la justesse ne concernent vraiment que la proto-SF "littéraire", elle est donc à prendre comme telle et non comme une histoire globale du genre.
Note GHOR : 2 étoiles
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