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27/04/2015

_Historical Dictionary of Science Fiction in Literature_

Historical Dictionary of Science Fiction in Literature : M. Keith BOOKER : 2014 : Rowman & Littlefield (série "Historical Dictionaries") : ISBN-13 978-0-8108-7883-9 (fiche ISFDB) : xxxv+397 pages (y compris chronologie et bibliographie) : coûte 95 USD chez l'éditeur () pour un hc non illustré.

anglais,1 étoile

Ecrit par M. Keith Booker, un professeur d'anglais dans une université américaine à qui l'on doit un certain nombre d'ouvrages de référence (voir la liste), ce volume récent fait partie d'une catégorie de livre assez fournie que cela soit sous le nom d'encyclopédie (par exemple ici D'Ammassa) ou sous des titres parfois très proches (comme celui de Stableford). Le but étant de présenter un panorama du genre sous la forme d'un dictionnaire avec une approche majoritairement par auteurs.

anglais,1 étoile

Après une très brève préface, le livre débute par une chronologie commentée d'une vingtaine de pages qui va de 1726 (Gulliver's Travels) à 2014 (Okafor & Bacigalupi). Suit une courte (10 pages) introduction générale qui résume l'histoire du genre et ses spécificités. On attaque ensuite le coeur de l'ouvrage à savoir environ les 300 entrées (d'une demie à trois pages). La grande majorité de celles-ci concerne des auteurs (de Adams à Zinoviev), mais on va aussi trouver quelques oeuvres marquantes (de Aelita à la trilogie Xenogenesis de Butler), les principaux sous-genres et revues et les habituels termes propres au genre (Clarion, Worldcon). On peut naviguer dans ce sous-ensemble par un classique système de références croisées. On trouve ensuite une copieuse (40 pages) bibliographie non commentée, qui liste une partie des textes et/ou ouvrages consacrés à un thème, un pays ou un auteur. On notera l'absence d'index.

anglais,1 étoile

Le premier choc à surmonter en ouvrant ce livre est son extrême ressemblance avec celui de Stableford : même police de caractère, même système de lien et surtout structure exactement superposable (le fait que son éditeur soit une filiale de Rowman & Littlefield doit y être pour quelque chose). Une fois cette sensation de "déjà-vu" passée, on remarquera alors un certain nombre d'irritants : quelques scories bibliographiques, des néologismes propres à l'auteur (il y a une entrée sur le Salvagepunk), une tendance à la redite parfois au sein d'une même entrée, des digressions hors-sujet (Tolkien, la Fantasy) et surtout une admiration sans borne pour un petit nombre d'auteurs et d'oeuvres. Booker apprécie tellement le "British Boom", Butler, Miéville et K. S. Robinson qu'il réussit l'exploit de parler d'eux et de leurs textes tout proprement géniaux dans à peu près toutes (j'exagère un peu) les entrées thématiques y compris par exemple celle consacrée aux arches stellaires. C'est certes amusant mais ça devient vite un peu lassant et cela pose la question de savoir quelle est la profondeur exacte des connaissances de Booker sur le genre.

anglais,1 étoile

Dans la mesure où le contenu des entrées est relativement consensuel (c'est à dire plutôt bibliographique et sans éléments critiques marqués), il est intéressant face à ce type d'ouvrage d'étudier les stratégies de choix d'inclusion (ou pas) de l'auteur. C'est ici que se révèle un biais très marqué (en plus de porter aux nues certains auteurs évoqués plus haut). Pour faire simple, on peut constater que la présentation faite par Booker est extrêmement "propre sur elle" et donne une fausse impression d'un genre parfaitement multiculturel, multi-ethnique, politiquement progressiste et gender-friendly. Soyons factuels : le chapitre "B" contient 24 entrées d'auteurs parmi lesquels des incontournables (Banks, Ballard, Blish, Brunner, Butler...) mais aussi des écrivains plus surprenants. On y trouve des très récents : Bacigalupi (ecologist-friendly), Beukes (Sud-africaine); des quasi inconnus : Max Barry (Australien et anticapitaliste), Breuer (un auteur des pulps pour lequel je sèche quant aux raisons de sa présence), Burdekin (une proto-féministe sous pseudo) dont la bibliographie se résume à peu près à un seul ouvrage; et les écrivains "à quota" : en effet si l'inclusion de Butler ne se discute pas, celle de Steven Barnes est pour le moins surprenante quand on voit que son presque homonyme John Barnes est oublié alors que sa stature dans le genre est tout autre (juste pour le fun et en restant dans les B sachez que Benford n'a visiblement pas été jugé assez important pour être mentionné, comme d'ailleurs Eric Brown qui est pourtant un membre important du "British Boom" si cher à Booker). Il est clair que seule la volonté de présenter un panorama bien "multicolore" du genre a conduit l'auteur à consacrer des entrées (sur un total de 200) à des auteurs comme George S. Schuyler (voir le livre de Degraw pour plus de détails) et Walter Mosley dont l'importance pour l'émancipation des minorités américaines est indiscutable mais qui sont des acteurs plus que mineurs (par exemple un seul roman pour premier) de la SF. Même si cela part d'une bonne intention, je trouve que travestir la réalité du genre avec ses défauts et son histoire pour lui donner bonne apparence est simplement une trahison. Au final un livre trop retouché pour être honnête auquel on préfèrera le Stableford, plus ancien mais plus érudit et surtout moins biaisé. D'ailleurs on peut penser qu'à 80 Euros la bonne conscience, cela devient un luxe de riches.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile

01/04/2015

_The Transcendent Adventure_

The Transcendent Adventure : Studies of Religion in Science Fiction/Fantasy : Robert REILLY (editor) : 1985 : Greenwood Press (série "Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy" #12) : ISBN-10 0-313-23062-5 : x+266 pages (y compris index et bibliographies) : coûtait (semble-t-il) 35 USD pour un hc non illustré et sans jaquette.

The transcendent adventure.jpg

Cet ouvrage est l'un des premiers de la série de titres publiés par Greenwood Press dans sa copieuse collection Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy (plus d'une centaine de livres sur une vingtaine d'années). Rassemblés par Robert Reilly (un professeur d'anglais à qui l'on doit quelques articles et critiques), ce recueil d'essais inédits (et qui le resteront sauf celui sur Farmer) part du constat que la foi en la science habituellement manifestée par le genre est moins représentée et que, à contrario, l'intérêt pour la religion (re)devient l'une des façons d'explorer les chemins de la transcendance.

Le silence de la Terre & Voyage à Vénus & Cette hideuse puissance (OPTA 1967).jpg

Après la classique introduction de l'assembleur du volume qui en précise le projet et la structure, l'ouvrage se présente sous la forme d'un recueil de quinze essais de taille assez variable (entre dix et vingt pages) séparés en quatre parties. La première est consacrée à des textes (il y en a quatre) de portée générale sur les rapports entre SF et religion. La deuxième, la plus courte (trois essais), se concentre sur C. S. Lewis et James Blish en étudiant la trilogie Vénus du premier et A Case of Conscience du second. La troisième partie, la plus étoffée, étudie un certain nombre d'auteurs ou de textes précis (dans l'ordre : PKD, Farmer, Herbert, Lessing, A Canticle For Leibowitz, Mockingbird (Tevis), Tolkien et Zelazny). La dernière partie est constituée des annexes : bibliographie primaire non commentée d’œuvres sur la religion, bibliographie secondaire sur le même sujet et index.

L'oiseau d'Amérique (JL 1981-10).jpg

On me pardonnera ce jeu de mots, mais le moins que l'on puisse dire est que l'ensemble n'est tout simplement pas transcendant. Tout d'abord, la simple quantité de matière n'est finalement pas très importante, avec une maquette assez aérée et un volume d'annexes élevé. Du coup, le vaste sujet qu'est l'analyse des rapports entre SF, science et religion n'est qu'effleuré, impression accentuée par la structure même du livre qui fonctionne essentiellement par petites touches en se focalisant sur quelques œuvres et quelques auteurs qui reviennent régulièrement.

L'île des morts (OPTA 1971).jpg

En plus, la qualité même des articles est parfois assez quelconque. Ceux de la première partie versent par exemple plutôt dans une théologie assez fumeuse et émettent même de discrets relents de prosélytisme. Le deuxième partie a bien du mal à trouver des choses originales à dire sur des textes largement commentées depuis des décennies et parfois sur des longueurs bien plus conséquentes (par exemple par Ketterer en ce qui concerne Blish). Seule la troisième partie (la quatrième, les bibliographies, étant strictement anecdotique) offre des pistes de réflexion intéressantes sur des choses parfois peu souvent évoquées (Tevis) ou originales (l’influence perse sur The Lord of the Rings même si les éléments fournis semblent un peu légers). L'impression d'ensemble est toutefois celle d'un recueil d'essais sans grand relief ni originalité, ce qui est dommage au vu du tarif demandé.

anglais,1 étoile

 

Note GHOR : 1 étoile

31/03/2015

_Sci-Fi Chronicles_

Sci-Fi Chronicles : A Visual History of the Galaxy's Greatest Science Fiction : Guy HALEY (editor) : 2014 : Firefly Books : ISBN-13 978-1-77085-264-8 : 572 pages (y compris index) : coûte 30 USD pour un épais tp très largement illustré en couleurs disponible en neuf chez l'éditeur .

anglais,1 étoile

Sous la direction de Guy Haley (un auteur à qui l'on doit surtout des romans dans l'univers Warhammer et quelques standalones), qui s'est entouré de nombreux collaborateurs (presque une vingtaine, surtout de formation journalistique) cet ouvrage est une sorte de version modernisée des nombreuses encyclopédies "visuelles" qui ont fleuri dans les années 70-80 (Ash, Holdstock, Clute). Le but de cet ouvrage et de ses prédécesseurs est donc avant tout de célébrer la SF dans toutes ses composantes et ceux d'une façon la plus attirante possible.

anglais,1 étoile

Après une courte introduction de Stephen Baxter (qui a droit à sa propre entrée), l'ouvrage est divisé en cinq parties inégales correspondant plus ou moins aux diverses périodes de l'histoire usuelle du genre (1818-1925, 1925-1950, 1950-1970, 1970-1990 et 1990-présent). Au sein de chaque partie on rencontre, par ordre chronologique (la date choisie comme base correspond généralement à la première apparition du sujet : première oeuvre d'un auteur , premier item d'une série, premier film d'un univers, etc.), un certain nombre d'entrées  sur des types de sujets variables : auteurs, créateurs (réalisateurs, dessinateurs), oeuvres isolées ou faisant partie d'une série dans tous les supports connus, films et remakes ou ensemble de films, magazines, séries télévisées ou univers fictifs "multimédia". Chaque entrée fait en moyenne deux pages et est illustrée par des couvertures ou des affiches et propose une chronologie détaillée par support. Certaines (les plus copieuses) ont droit à diverses extensions (chronologie interne, fiche univers et pages de photographies). Le livre se termine par quelques annexes (silhouettes des principaux vaisseaux spatiaux, tableau chronologique général du genre, définitions) et un index.

anglais,1 étoile

Le livre est visuellement très coloré d'autant plus qu'il fait un large usage d'un système complexe de codes couleur en fonction des supports (livre, magazine, film, comics, etc.) utilisés et des sous-genres auxquels se rattachent les oeuvres évoquées. Cela tient plus du gadget qu'autre chose et augmente l'impression générale de fouillis qui se dégage de l'ouvrage. L'utilisation d'images généralement plus petites qu'un timbre-poste (et encore) n'arrange d'ailleurs pas les choses (même s'il n'y a rien à redire sur la qualité d'impression). On remarquera d'ailleurs la qualité de la recherche iconographique qui s'est visiblement efforcé de ne sélectionner que les éditions originales des livres papier (la sélection d'images de films est plus classique).

anglais,1 étoile

Pour le reste, il s'agit là d'un joyeux fourre-tout qui mêle toutes les facettes du genre avec des choix sans doute dictés plus par l'existence de diverses formes artistiques pour une même oeuvre que par la stricte qualité (par exemple la série Stepford de Levin) ce qui rend du coup certains choix assez étonnants ou discutables (le film Wall-E, la série Tripods de John Christopher, Lauren Beukes) dans une sélection qui doit être en dessous des trois cents entrées. Le livre est quand même largement dominé par les grandes "franchises" cinématographiques du type Star Wars, télévisuelles (l'univers Star Trek) ou par leurs équivalentes issues du monde des comics. Au total un ensemble joliment fait (qui demande toutefois une bonne loupe pour être pleinement apprécié dans sa dimension picturale) mais qui n'offre guère d'intérêt pour l'amateur un peu chevronné et qui manque parfois d'une certaine évaluation critique en mettant tout et n'importe quoi sur un même pied d'égalité.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile

20/03/2015

_Chaos Theory, Asimov's Foundations and Robots, and Herbert's Dune_

Chaos Theory, Asimov's Foundations and Robots, and Herbert's Dune : The Fractal Aesthetic of Epic Science Fiction : Donald E. PALUMBO : 2002 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of science fiction and fantasy" #100) : ISBN-10 0-313-31189-7 : x+240 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 70 USD pour un hc non illustré sans jaquette (pour mon exemplaire) qui est l'un des titres les plus difficiles à trouver de la série.

Chaos theory, Asimov's Foundations and robots, and Herbert's Dune.jpg

Dans son introduction, Donald Palumbo (un universitaire que l'on connaît surtout comme co-responsable de la série d'ouvrages de référence édités par McFarland) évoque la constance de la popularité de deux des séries phares de la SF : l'ensemble Robots/Fondation d'Asimov et la séquence autour de Dune de Frank Herbert. Le nombre d'éditions différentes de ces ouvrages et leur disponibilité quasi-permanente (voir par exemple le succès de la reprise chez Denoël des Asimov) atteste bien de la fascination que continuent à exercer ces textes. Pourtant, leurs qualités intrinsèques peuvent parfois (surtout pour le bon docteur) laisser à désirer. La thèse que Palumbo défend dans cet ouvrage est que l'attrait de ces métaséries (c'est son terme) est lié aux choix des auteurs de créer des ensembles de textes s'inspirant des théories du chaos et de proposer des sortes d'oeuvres fractales. La reconnaissance et l'appéciation par les lecteurs de ces éléments mathématiques expliqueraient donc leur popularité constante au sein du monde des amateurs de SF dont on peut penser qu'ils seraient particulièrement réceptifs à une telle démarche.

anglais,3 étoiles

Après une introduction qui se double d'une initiation à la théorie des fractales et à celle des systèmes chaotiques, l'ouvrage se divise en trois parties principales. La première est consacrée aux textes de la sous-série Fondation (en gros la trilogie initiale et les romans des années 50 situés dans l'empire de Trantor). La deuxième étudie les fictions relatives aux robots (nouvelles et romans autour d'E. Baley) puis s'élargit aux procédés d'intégration (essentiellement via plusieurs romans interstitiels) ayant permis à Asimov d'unifier son univers fictif dans les années 80 et 90. La dernière partie, un peu plus courte, se penche sur les textes d'Herbert de la série Dune principalement sous l'angle de leur utilisation du fameux monomythe de Campbell. Le tout dernier chapitre lui est d'ailleurs presque tout entier consacré par le biais d'une démonstration de sa nature intrinsèquement fractale. A noter que des parties du livre semblent avoir été précédemment publiées dans diverses revues d'études sur le genre (SFS, Foundation) et qu'une bibliographie sommaire et un index complètent l'ouvrage.

anglais,3 étoiles

Cet ouvrage forme un ensemble assez jouissif à lire. Il est d'abord toujours agréable de retrouver le chaos et les fractales, symboles de la science mathématique des années 90, même si Palumbo (qui est un professeur d'anglais) tombe parfois dans l'erreur conceptuelle en mélangeant joyeusement les deux, en oubliant que le lien entre ces deux disciplines est plus de l'ordre de l'artefact de visualisation (certaines représentations d'attracteurs chaotiques dans l'espace des phases sont en effet des fractales) que d'une similarité philosophique (il n'y a rien de moins chaotique qu'une courbe de Koch). Voir Palumbo comparer diagrammes à l'appui la structure de la "multilogie" Robots/Empire/Fondation à un ensemble de Cantor (un objet mathématique célèbre que l'on retrouvera chez Egan par exemple) est un grand moment d'émerveillement qui force l'admiration. Sa démonstration de l'existence simultanée dans le corpus étudié d'une esthétique fractale où chaque séquence d'évènements est reproduite à des échelles variées (c'est le principe de l'auto-similarité à la base de la discipline), et d'une structure narrative basée sur la théorie du chaos (et donc de la dépendance forte aux conditions initiales) est un plaisir à lire et s'appuie sur une lecture extrêmement détaillée des textes de base qui, par exemple, pointe clairement chaque répétition d'un même motif (la victoire à la dernière minute, les fausses identités qui dissimulent d'autres fausses identités, etc.) même si celle-ci se fait à des niveaux différents de l'intrigue.

anglais,3 étoiles

On pourra aussi sourire en voyant Palumbo se livrer à un grand jeu de réécriture de l'histoire (AMHA ben sûr) quand il implique que, dès l'écriture de la trilogie originale (fin des années 40), Asimov avait déjà fait le choix délibéré d'une esthétique fractale (alors que Mandelbrot finissait à peine ses études). On savait Asimov brillant (et lui-même l'a souvent dit), mais à ce point c'est un exploit, exploit que les éléments bio-bibliographiques existants ne corroborent pas (du moins à ma connaissance). Parfois, l'argumentation de Palumbo pourrait bien se retourner contre lui, tellement elle est précise. En effet, en décortiquant les mécanismes scénaristiques d'Asimov et en montrant qu'ils se réduisent à une poignée de concepts et de situations systématiquement réemployés, il pourrait laisser supposer un certain manque d'originalité. De même le chapitre 6 dévoile assez bien les bricolages auxquels a dû se livrer Asimov pour parvenir à sa grande unification, ce qui donne finalement plus l'impression d'être face à un ensemble conçu après coup qu'à une idée développée sur des décennies, ce qui va à l'encontre de la théorie de l'essayiste.  

anglais,3 étoiles

J'ai personnellement trouvé la partie consacrée à Herbert plus faible, le lien avec la théorie du chaos se limitant le plus souvent au fait que l'écologie est une science du chaos (ah bon !) et la fractalité étant un peu oubliée. Le fil conducteur y est le monomythe Campbellien qui est présenté à la fois comme structure épique universelle (une sorte de couteau suisse) et comme objet fractal. En tout cas, tout cela m'a paru assez vague dans son application à l'univers de Dune qui est pourtant étudié avec force détails. Le dernier chapitre sort lui presque complètement du sujet du livre (les références à la SF se faisant même extrêmement rares au fil de la lecture) et vire quelque peu au fumeux avec les micro trous noirs qui côtoient les avatars de Bouddha et les motifs celtiques. Malgré cette fin un peu faible, c'est un ouvrage avec lequel on vraiment envie de dialoguer (éventuellement en le réfutant)  et qui peut même, de par son argumentation fouillée, éventuellement faire changer l'appréciation artistique d'un lecteur sur Asimov, Herbert et leurs oeuvres.

anglais,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

12/03/2015

_The Oxford Handbook of Science Fiction_

The Oxford Handbook of Science Fiction : Rob LATHAM (editor) : 2014 : Oxford University Press : ISBN-13 978-0-19-983884-4 : xv+620 pages (y compris index) : coûte 97 GBP pour un hc avec jaquette et illustré en n&b, disponible en neuf chez l'éditeur ici.

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Ce "manuel" (en tout cas telle est la traduction de son titre) est un exemple récent de cette catégorie de livres, souvent issus de presses universitaires, dont la vocation est de présenter le genre d'une façon "sérieuse" (mais voir aussi ici une autre approche du concept de "handbook" qui existait aussi sous forme de guides plus axés sur le côté pratique comme ceux écrits par De Camp). Ce volume, dirigé par Rob Latham (un professeur de littérature américain et un des editors de la revue SFS), fait partie d'une énorme collection qui aborde tous les sujets possibles et comporte plus de 450 titres (comme on peut le voir ici). Dans cet ouvrage qui se présente sous la forme d'un recueil d'essais, Latham s'est entouré de la fine fleur du monde de la réflexion sur le genre. Citons par exemple des gens comme Bould, Butler, Hollinger, Kilgore, Mendlesohn, Roberts, Seed, Westfahl, Wolfe ou Yaszek (et j'en oublie), même si Latham accueille aussi pas mal de nouvelles plumes extérieures au genre.

anglais,2 étoiles

Après une présentation des nombreux contributeurs et une introduction de Latham qui définit les contours du projet, l'ouvrage se présente sous la forme d'un recueil d'une quarantaine d'essais (inédits) d'une grosse dizaine de pages chacun. Il est divisé en quatre parties qui comportent chacune onze textes. La première : "Science fiction as genre" est (grossièrement) consacrée à une présentation du domaine (histoire, fandom, définition), la deuxième : "Science fiction as medium" explore les divers modes d'expression utilisés (de la littérature à l'architecture en passant par les parcs d'attraction), la troisième : "Science fiction as culture" explore l'interaction du genre avec d'autres domaines culturels ou sociétaux (la science, la sexualité, les UFOs) ou avec certains de ses propres sous-ensembles (Cyberpunk, Steampunk) et la dernière : "Science fiction as worldwiew" couvre les intersections de la SF avec d'autres philosophies ou approches du monde (féminisme, post-colonialisme ou post-humanisme). Chaque essai comporte une courte liste des oeuvres citées et un index clôture l'ensemble. On remarquera dans certains articles un petit nombre d'illustrations en n&b.

anglais,2 étoiles

Comme le dit bien Latham dans son introduction, ce livre n'a pas pour but de présenter un panorama synthétique du genre ni de refléter un éventuel consensus critique. Ceci donne du coup des essais qui sont généralement très pointus et offrent parfois une perspective assez étroite. Consacrer un essai entier aux quelques rares parcs à thèmes SF (dont certains sont même désaffectés depuis des années) est une approche certes originale mais dont la pertinence dans un ouvrage qui se veut quand même assez généraliste (si l'on en croît le matériel publicitaire) peut être aisément discutée. De passer à côté de pans entiers du genre est le risque corollaire de cette approche trop pointilliste. C'est parfois d'autant plus le cas que certains articles (surtout dans la troisième partie) peinent à se raccrocher à la SF (qui en quand même le sujet de l'ouvrage) tellement ils sont impliqués dans leur sujet principal (le design, l'armée ou la cyberculture par exemple).

anglais,2 étoiles

Comme les textes rassemblés sont donc délibérément plus conçus par les auteurs comme des points de départ d'éventuelles discussions que comme des panoramas systématiques, le lecteur un tant soit peu familier avec l'analyse et les écrits sur la SF peut avoir l'impression de lire seulement des ébauches ou des extraits de réflexions plus abouties et plus étoffées. Pour les textes de certains auteurs, j'ai parfois cru (re)lire le premier chapitre (et parfois la conclusion) d'autres ouvrages qu'ils avaient écrit. Roberts sur la philosophie des lumières, Kilgore sur l'astrofuturisme, Westfahl sur Gernsback, Yaszek sur le féminisme, tous ces essais font irrésistiblement penser aux livres entiers écrits par les mêmes auteurs sur les mêmes sujets (ici, , et aussi ). En fait, presque chacun des textes peut être relié ou comparé à un ou plusieurs livres existants (par exemple Resnick & Malzberg sur l'économie du genre ou Sanders sur le fandom) qui abordent le même sujet avec vingt fois plus d'espace. Non pas que les textes regroupés par Latham soient de mauvaise qualité, mais l'ensemble fait quand même "un peu court" et ce d'autant plus si l'on se souvient du prix de l'ouvrage (qui atteint ses 150 Euros). Même si la partie consacrée à la SF non-littéraire est intéressante, l'ouvrage n'offre sans doute pas un immense intérêt en tant que tel mais peut fournir matière à débattre (comme certaines des affirmations dans l'essai consacré aux pulps).

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (voire moins en fonction de la taille de sa bibliothèque de référence)